12
Le'Ace soutint le regard de Jaxon et parvint à articuler :
— Pas question que nous le fassions.
Tout en elle se rebellait contre ce renoncement. L'envie la faisait trembler, mais elle était trop lâche pour y céder. Elle savait comment faire face à la douleur, pas au plaisir. Les conséquences étaient trop difficiles à gérer.
Un feu ardent faisait scintiller de désir l'argent des prunelles de Jaxon.
— Pas question que nous fassions quoi ? fit-il mine de s'étonner.
Ses mains viriles vinrent se plaquer contre les tempes de la jeune femme, l'immobilisant. Sous sa robe, les pointes de ses seins durcirent instantanément.
— Ça, répondit-elle d'un air buté. Toi et moi. Baiser.
Tu ne peux pas. Tu ne dois pas ! Tu le sais bien...
Dès le lendemain, on allait les séparer et il ne lui serait plus permis de le revoir. Accepter la nuit de plaisir qu'il lui offrait, c'était se condamner à une vie de remords. Après ce qui s'était passé entre eux la veille, elle ne doutait pas que le souvenir en serait mémorable. Pourtant, elle savait au fond d'elle-même que cet épisode sans lendemain ne ferait que plonger un peu plus sa vie dans le chaos.
Déjà, elle le voulait rien qu'à elle. Jaxon était devenu une obsession. Si elle n'y mettait pas bon ordre, elle en viendrait dans quelque temps à se ronger de l'intérieur en se demandant où il se trouvait, ce qu'il pouvait bien faire et en compagnie de qui.
Un rire amer fusa dans son esprit. Pourquoi te tourmenter ainsi ? Qui te dit qu'il voudrait encore de toi, une fois qu'il aurait tiré son coup ?
— Tu en es bien sûre ? susurra-t-il.
Il était la séduction incarnée. D'un souple mouvement de hanches, il fit frotter sur toute sa longueur son sexe dressé contre son pubis et ajouta :
— Je me sens au mieux de ma forme.
Les dents serrées, Le'Ace lutta pour ne pas se laisser submerger par le désir.
— Ça ne veut rien dire, maugréa-t-elle. Je suis la seule femme dans le coin, alors je fais l'affaire.
Elle sentit les griffes d'une jalousie maladive se planter en elle. Dès le lendemain, s'empresserait-il d'aller se fourrer dans les bras d'une autre femme ? Irait-il se consoler avec l'insupportable et geignarde Cathy ?
Jaxon se pencha et déposa un baiser sur une de ses tempes, comme s'il avait voulu ainsi la proclamer sienne.
— Tu n'as qu'un mot à dire, assura-t-il. Dis-moi de partir et je m'en irai. Et tu te leurres si tu t'imagines que tu n'es pour moi qu'un choix par défaut. Parmi des milliers d'autres, c'est toi que je choisirais.
La réponse cinglante qu'elle aurait voulu trouver refusa de sortir. Une minute s'écoula, puis une autre encore.
Le corps de Jaxon pesa plus lourdement sur le sien. Instinctivement, Le'Ace écarta un peu plus les jambes, lui offrant un meilleur accueil. Son odeur virile emplissait ses narines, ses poumons, se diffusait ensuite à chaque cellule de son corps.
— Que suis-je pour toi ? demanda-t-elle.
La pause qui s'ensuivit lui fut pénible. Jaxon laissa son regard dériver loin du sien, jusqu'à la tête de lit.
— Je ne te mentirai pas en te disant que je tiens à toi, répondit-il enfin. Tu es... honnêtement, je suis incapable de dire ce que tu es pour moi.
— Je ne suis pas ta petite amie.
Cela n'avait rien d'une question, et ces paroles ne s'adressaient pas à lui. N'oublie pas que cela t'est impossible. Jamais.
La tête penchée sur le côté, Jaxon reporta son attention sur elle et la dévisagea attentivement en lui demandant :
— Aimerais-tu l'être ?
Oui ! La haine que lui inspirait Estap grimpa d'un cran quand Le'Ace dut lui répondre :
— Non. Bien sûr que non !
Elle le vit déglutir, comme s'il lui fallait ravaler un aliment particulièrement désagréable.
— Tu dis ça avec un tel air de dégoût... maugréa-t-il. Suis-je aussi détestable que ça à tes yeux ?
Le'Ace sentit son estomac se nouer. Est-ce que je viens réellement de le blesser ?
88 % de probabilité. Production de corticotrophine et d'épinéphrine en brusque augmentation.
— Eh bien ? insista-t-il sèchement.
Elle aurait pu lui répondre par l'affirmative. Ce faisant, il serait sorti sans qu'elle ait à le pousser. Ils n'auraient pas fait l'amour, et elle n'aurait pas eu à gérer les conséquences. Elle n'aurait pas eu à s'inquiéter de savoir ce qu'il pensait d'elle. Elle aurait su sans équivoque possible qu'il la haïssait.
Sans doute dut-elle se trahir d'une manière ou d'une autre, car elle le vit se détendre et s'enquérir d'une voix radoucie :
— Dis-moi ce qui se passe. Dis-moi ce que tu ressens.
— Écoute... Ce n'est pas toi qui es en cause. C'est moi. D'accord ? Je ne suis pas faite pour une relation amoureuse.
Jaxon eut un rire sarcastique.
— Ce n'est pas la première fois que j'entends ça ! Et c'est une phrase que j'ai moi-même servie bien souvent.
Après avoir secoué la tête de dépit, il commença à se redresser. Incapable de s'en empêcher, Le'Ace referma les bras autour de sa taille pour le retenir. Elle sentit ses muscles se nouer sous ses paumes. Elle était partagée entre deux impératifs contradictoires. Ne pas goûter aux caresses de cet homme ; ne pas le blesser en le rejetant sans s'être expliquée avec lui.
— Je ne t'ai pas encore confié mon plus lourd secret. Le'Ace passa la langue sur ses lèvres sèches. Son cœur battait fort. Était-elle réellement sur le point de se trahir ?
— Si nous couchons ensemble, je ne pourrai te rester fidèle, se força-t-elle à avouer.
Ce fut à peine si Jaxon arqua un sourcil. Elle sentit quant à elle ses joues flamber sous le coup de l'humiliation.
Accouche ! Avoue-lui le reste !
— Quand on m'ordonne de coucher avec une cible pour l'amadouer ou la faire parler, je m'exécute.
Quelques instants plus tôt, elle voulait par-dessus tout éviter de le blesser. Pourtant, elle n'avait pu s'empêcher de lui jeter ces paroles comme des poignards. Plutôt que du dégoût - ou pire encore : de la pitié -, elle préférait lui inspirer de la fureur.
Mais, sans manifester la moindre réaction, Jaxon demanda :
— Pourquoi fais-tu ça ?
Un instant plus tard, il écarquilla les yeux et elle les vit étinceler de rage quand il ajouta :
— À cause de la puce, pas vrai ?
Cependant, sa fureur n'était pas dirigée contre elle. C'était Estap qu'elle visait.
— Dis-le-moi ! insista-t-il avec détermination.
Les lèvres pincées, Le'Ace hocha la tête.
— Oui, murmura-t-elle. La puce.
— C'est de la prostitution ! s'emporta-t-il. Du viol !
De part et d'autre de sa tête, les poings de Jaxon agrippèrent si violemment le drap que Le'Ace sentit sa tête se soulever légèrement.
— Ce salaud... dis-moi qui c'est !
Le'Ace n'était pas disposée à lui livrer le nom de son boss. Si Jaxon se pointait dans le bureau d'Estap, c'était elle qui allait en faire les frais. Aussi répondit-elle :
— Autrefois, j'étais sous le contrôle du groupe de scientifiques qui m'a créée, eux-mêmes placés sous la houlette d'un officiel du gouvernement. J'étais comme un animal savant pour eux, sauf qu'on ne me récompensait pas avec des friandises quand je réussissais un tour.
— Et tu étais persuadée que tu méritais ces mauvais traitements, je suppose ?
Il avait posé la question avec nonchalance, et sans se douter de l'impact que cette question pouvait avoir sur elle. Il y avait bien, enfoui au fond d'elle-même, la conviction que, pour supporter de tels châtiments, elle devait l'avoir mérité.
— Je... j'ai cessé de leur résister. Je...
— Tu as cessé de leur résister pour survivre, ma douce. Ne te punissaient-ils pas quand tu te rebellais contre eux ?
Ma douce...
Ce petit mot doux la bouleversait. Au fil du temps, elle avait entendu nombre d'hommes s'adresser avec tendresse à leur compagne. Chaque fois, elle en avait eu le cœur serré, consumée par l'envie. Et à présent qu'on s'adressait à elle de cette manière, elle semblait toucher le paradis.
— Ce n'est donc pas par faiblesse que tu as cédé, conclut-il avec conviction. Et cela ne veut pas dire que tu méritais ton sort. Tout ce qu'on peut en conclure, c'est que ces types sont des enfoirés qui méritent la mort. Pas étonnant que tu détestes être touchée.
Une flopée de jurons jaillit de ses lèvres, proférés si bas et si violemment qu'ils faisaient un effet terrible.
— Chaque fois qu'on t'a ordonné de faire ça, tu t'es fait violer ! résuma-t-il, hors de lui.
Son regard se riva au sien, impérieux et brûlant, avant qu'il ne poursuive :
— Tu ne retourneras pas te jeter dans la gueule du loup, tu m'entends ?
Sans lui laisser le temps répondre, il ordonna :
— Des noms ! Donne-moi leurs noms !
— Les noms de qui ? De ceux qui m'ont créée ?
— Oui.
— Ils sont morts.
— Quelqu'un te tient aujourd'hui encore sous sa coupe. Il vient de t'appeler. Tu l'as toi-même admis. Comment s'appelle-t-il ?
— Tu comptes faire quoi ? Le pourchasser ? Le tuer ?
— Bon Dieu oui ! Lentement et le plus douloureusement possible. Je commencerai par arracher la chair de ses os et je finirai par lui donner sa propre queue à bouffer ! Son nom ! Maintenant !
Curieusement, la véhémence dont il faisait preuve avait sur elle un effet apaisant. Au fil du temps, elle était arrivée à se convaincre que ses créateurs l'avaient dépouillée de toute trace d'humanité. Et voilà qu'à présent une source de tendresse jaillissait en elle, menaçant de détruire la froide carapace dont elle s'était dotée pour survivre dans le monde cruel et glacial qui était le sien.
La tendresse, ce n'est pas pour toi. Tu es dure et implacable. Rien ne t'atteint. C'est ainsi.
Des larmes brûlantes lui embuaient les yeux.
Jaxon grogna sourdement, baissa la tête et posa sa tempe contre la sienne.
— Ne pleure pas, bébé... murmura-t-il. S'il te plaît, ne pleure pas.
— Je ne pleure pas, protesta-t-elle d'une voix rauque. Je dois avoir une fuite quelque part... N'oublie pas que je suis pour moitié une machine.
Jaxon eut un petit rire amusé, mais cette touche d'humour noir fit long feu. Se redressant sur les coudes, il la dévisagea, l'air grave et concentré.
— Nous avons jusqu'à demain matin. Je trouverai quelque chose, OK ? Je ne laisserai pas cet homme te remettre le grappin dessus.
Le'Ace ne se faisait aucune illusion. Elle ne doutait pas de sa sincérité, mais il ne pouvait rien pour elle.
— Tu ne pourras pas m'emmener, assura-t-elle. A chaque instant, où que je sois, il sait où me retrouver.
La technologie qui la rendait virtuellement invulnérable était aussi celle qui prolongerait indéfiniment son agonie.
— Dans ce cas, je resterai avec toi, décréta-t-il.
— Sois raisonnable.
L'un d'eux devait l'être. Aussi ajouta-t-elle :
— Nous ne nous connaissons que depuis quelques jours.
— Quelques semaines !
— Au cours desquelles tu étais souvent inconscient.
— Eh bien, je suis parfaitement réveillé, désormais. Et je compte bien rattraper le temps perdu.
Le visage de Jaxon s'était peu à peu rapproché de celui de Le'Ace, de telle sorte que leurs bouches se retrouvaient proches à se toucher. Le souffle court, elle passa sa langue sur ses lèvres. Repousse-le ! Tu ne peux pas !
— Coucher ensemble ne résoudra rien, objecta-t-elle.
— Peut-être. Peut-être pas. Mais cela nous permettra de nous sentir sacrement mieux !
Son souffle chaud lui caressait le nez et les joues. Elle se troubla et un frisson la parcourut, ce qui le fit sourire.
— J'aime quand tu frissonnes.
Les mains de Jaxon se refermèrent sur son visage. Le'Ace eut l'impression de se noyer dans ses yeux, lave d'argent en fusion.
— Je veux te faire oublier tous les autres ! lança-t-il dans un souffle. Crois-moi, tu ne le regretteras pas.
Un désir incoercible faisait trembler sa voix rauque et tentatrice. À cet instant, Le'Ace comprit que sa résistance était vaine. Elle ne se remettrait peut-être pas de le perdre ? Et alors ? La jalousie risquait de la consumer dans les semaines à venir ? La belle affaire... À cette minute, la décision de lui céder ou non n'appartenait qu'à elle. En prendre conscience fit souffler sur son esprit un vent de liberté qui la combla de joie. L'espoir avait réussi à se frayer un chemin en elle, un affranchissement dangereux - voire fatal. Pourtant, pour une seule nuit, la tentation était trop grande de vivre enfin et de se laisser aller en toute confiance entre ses bras. Demain serait venu le temps des regrets.
— Tu sais bien que je n'ai aucun doute là-dessus, lui dit-elle doucement. Avec toi, ce n'est pas comme avec les autres. Je... j'ignore pourquoi.
Les pupilles se Jaxon se dilatèrent, au point que l'espace d'un instant, le noir domina la couleur.
— Moi je sais pourquoi, assura-t-il.
— Alors explique-le-moi.
Lentement, très lentement, Le'Ace laissa ses mains remonter jusqu'à son cou, derrière lequel ses doigts se joignirent et caressèrent les courtes boucles soyeuses de ses cheveux. Jaxon eut un petit hoquet étranglé. Contre son ventre, elle sentit son sexe bondir.
— Excuse-moi, reprit-il d'une voix tendue. J'ai eu un moment d'absence. De quoi parlions-nous déjà ?
Le'Ace s'aperçut avec surprise qu'elle souriait. Le désir pouvait donc s'accommoder d'un peu d'humour ?
Cela lui sembla aussi étonnant que merveilleux. Il lui arrivait si rarement de se laisser aller à rire... Manifestement, avec la liberté de conduire sa vie à sa guise, c'était également celle de s'amuser qu'on lui avait confisquée.
— Voyons voir... feignit-elle de réfléchir. Tu étais sur le point de me révéler pourquoi j'aime que tu me touches.
Un voile de sueur couvrait le front de Jaxon, visiblement au comble de l'excitation, mais il prit le temps de l'embrasser. Il semblait décidé à ne pas brusquer les choses et à continuer à faire comme si pour elle c'était la première fois.
Lorsque leurs lèvres se séparèrent, il frotta son nez contre sa joue et murmura tout bas :
— Je ne trouve pas mes mots. Je crois que je vais devoir te montrer.
Jaxon redressa la tête. Leurs regards se verrouillèrent, aimantés par le désir. Le'Ace sentit la pointe de ses seins durcir un peu plus contre le tissu de sa robe.
— Prête ? s'enquit-il.
Soudain muette, elle acquiesça d'un hochement de tête.
L'une des mains de Jaxon glissa le long de son flanc et ne s'arrêta qu'en atteignant son sein. Du bout du pouce, doucement, tendrement, il caressa la pointe dressée.
— Si je fais quoi que ce soit qui te déplaît, la prévint-il, tu n'as qu'à me le dire. J'arrêterai tout de suite.
Le'Ace déglutit péniblement.
— Ça me plaît, assura-t-elle d'une voix étranglée. Jamais son corps, tendu dans l'attente de ce qui allait suivre, ne lui avait à ce point échappé. Pourtant, elle ne paniquait pas. Bien au contraire, elle exultait. C'était Jaxon qui la caressait, parce qu'elle en avait envie, et parce qu'elle l'avait choisi.
— Écarte les jambes un peu plus pour moi, bébé...
Elle lui obéit sans hésiter. Sa robe remonta jusqu'à ses hanches. Sous la toile du jean, elle sentit son sexe long et dur se presser avec urgence contre son clitoris. Un petit hoquet de surprise lui échappa. Un grondement rauque monta des lèvres de Jaxon, qui s'empara de la bouche de Le'Ace et y introduisit sa langue avec fougue. La sentant fiévreuse comme lui, il pencha la tête sur le côté et redoubla de passion.
— Ta bouche... murmura-t-il. Et ton corps... Bon Dieu !
Jaxon prit au creux de sa main le globe menu d'un sein et ajouta d'une voix troublée par le désir :
— Tu es la perfection incarnée.
Elle savait avoir été conçue davantage pour les besoins de la guerre que pour ceux du plaisir, aussi son compliment lui alla-t-il droit au cœur, apaisant une plaie d'amour-propre béante. Ses créateurs lui avaient expliqué qu'au sein de leur équipe le débat avait fait rage. Certains, favorables à la doter d'une poitrine opulente, avaient dû se ranger à l'avis de ceux qui voulaient écarter toute gêne lors de ses combats.
— Je dois les voir ! reprit-il d'une voix tremblante d'émotion, en se redressant au-dessus d'elle. Je peux ?
Il paraissait si ému, à cette perspective, comment aurait-elle pu refuser ?
— Oui.
Centimètre après centimètre, il fit glisser sa robe jusqu'à ce qu'apparaisse la dentelle noire. Elle se cambra pour que, d'un geste, il fasse sauter l'agrafe.
— Magnifique... murmura-t-il.
Sans attendre, avec gourmandise, il prit entre ses lèvres chacun des bourgeons de chair, l'un après l'autre. Le'Ace se tendit sous lui, accentuant la pression du sexe de Jaxon entre ses jambes.
— Tu aimes ? s'inquiéta-t-il tout bas.
— Encore !
Rassuré, il se pencha de nouveau, la titilla avec ses dents et sa langue. Le'Ace gémit de plaisir et enfouit ses doigts dans ses cheveux.
— Jaxon ! s'écria-t-elle quand elle ne put en supporter davantage.
— À présent, je vais te déshabiller... annonça-t-il, le souffle court. Tu veux bien ?
— Oui...
Vite ! Le'Ace voulait sentir ses doigts en elle. Elle le voulait, lui, au plus profond de son corps, aussi l'aida-t-elle de son mieux. Il la dépouillait de ses armes, qu'il déposait sur la table de chevet.
— Combien en portes-tu à la fois ? s'amusa-t-il.
— Autant que je peux en cacher.
— Et que vais-je trouver, sous cette petite culotte sexy ?
— Uniquement moi.
Un autre grognement rauque passa les lèvres de Jaxon, qui envoya valser la culotte en un tournemain. Les yeux rivés sur les replis de son sexe offert, il se redressa, caressant distraitement l'érection qui distendait la toile de son jean.
Voyant que ce geste avait attiré son attention, il lança :
— Bientôt, c'est ta main que je voudrai là.
— Alors enlève ça tout de suite ! ordonna-t-elle.
— Pas encore. Je n'aurai alors qu'une envie : m'enfouir en toi.
Le'Ace ne voyait pas où était le problème.
— C'est exactement là que je te veux, avoua-t-elle. Fascinée, elle ne pouvait détacher son regard de la braguette distendue, au sommet de laquelle pointait le gland congestionné et lubrifié de Jaxon. Aussi vite que le lui permettaient ses récentes blessures, il se débarrassa de son tee-shirt. Ses aréoles dessinaient deux pointes plus sombres sur son torse bronzé. Il n'y avait, pour déparer la perfection de ce torse, qu'une légère toison de poils foncés et quelques cicatrices en forme de croix, mais Le'Ace les aimait.
— Je veux te goûter, annonça-t-il d'une voix rauque.
Doucement, il souleva les jambes de Le'Ace pour les placer sur ses épaules et ajouta :
— Me laisseras-tu faire ? Tu n'as qu'à dire oui.
— Oui !
C'était sans la moindre hésitation qu'elle lui avait donné son consentement. Pourtant, elle n'avait jamais laissé aucun homme prendre ce type de liberté avec elle. C'était un acte beaucoup trop intime, au-delà même de ce que supposait un rapport sexuel. Avec Jaxon, la question ne se posait pas. Elle mourait d'envie de sentir ses lèvres, sa langue au plus profond d'elle-même.
Un battement de cœur plus tard, il exauça son désir. Le'Ace, les doigts crispés dans la chevelure de Jaxon, se cambra sur le matelas pour mieux s'offrir à la caresse. Elle vit des étoiles exploser sur l'écran de ses paupières closes. Et lorsqu'il introduisit un doigt en elle, s'amusant avec un autre à chatouiller son deuxième orifice, elle fut prise d'un long frisson. Pas un instant sa langue ne cessa de la caresser, l'amenant toujours plus près de l'orgasme. Mais chaque fois qu'il la sentait prête à jouir, Jaxon marquait une pause et attendait que le plaisir retombe... pour tout recommencer à zéro.
— Assez ! finit-elle par supplier.
Le'Ace était en nage. Elle ne parvenait plus à reprendre son souffle et n'aspirait plus qu'à la délivrance. Jaxon lui aussi était manifestement sous pression.
— Je n'ai pas terminé, objecta-t-il cependant. Un deuxième doigt alla rejoindre le premier.
— Je veux te faire perdre la tête, reprit-il en redoublant ses caresses. Je veux qu'il n'y ait plus que moi pour toi.
— C'est déjà le cas !
— Prouve-le.
— Jaxon... gémit-elle. Jaxon, Jaxon, mon Jaxon !
— N'oublie jamais.
Quand il marqua une nouvelle pause, elle faillit crier.
— À cet instant, ici même... reprit-il en cherchant son regard. Je te jure, Mishka, que jamais je ne te ferai de mal. Tu peux me faire confiance.
Sur ces quelques paroles, cette solennelle et érotique promesse, il n'y eut plus rien pour faire barrage à son plaisir. Il fondit sur elle comme un rapace sur sa proie. L'orgasme la submergea, d'une intensité nouvelle. Un long cri d'extase lui échappa, libérateur.
Lorsque Le'Ace reprit ses esprits, une éternité plus tard, elle découvrit Jaxon au-dessus d'elle. Son corps nu luisait de sueur. Il ne souriait plus et ne paraissait plus capable de la moindre gentillesse. Tel qu'elle le découvrait, il avait tout d'un guerrier partant au combat.
— Accepterais-tu de te retourner ? Pour moi...
Sous le coup de la surprise, Le'Ace écarquilla les yeux.
Tourner le dos à un homme pendant l'amour ? Comme s'il avait deviné son hésitation, Jaxon lui adressa un rapide sourire un peu crispé et ajouta :
— Je ne te ferai pas mal. Aie confiance en moi. S'il te plaît...
Jamais elle n'avait adopté une telle position. L'idée de s'y résoudre l'inquiétait et l'excitait à la fois. Mais c'était Jaxon qui le lui demandait. Celui qui lui avait donné plus de plaisir en deux jours que n'importe qui d'autre au cours de toute son interminable existence. Aussi, sans aucune idée de ce qu'il avait en tête, elle s'allongea sur le ventre.
Sous son corps, le drap était chaud et humide de leurs ébats. Elle sentit que Jaxon s'installait à califourchon au-dessus d'elle, ses genoux encadrant ses hanches. Doucement, il écarta ses cheveux et laissa ses doigts courir le long de son dos. Un frisson la secoua.
— Je sais que je me répète, mais ce tatouage est magnifique, dit-il tout bas, d'un ton rêveur.
— Merci.
Les interventions chirurgicales qu'elle avait dû subir pour améliorer son « efficacité » lui avaient laissé le dos lacéré de nombreuses cicatrices. Il lui était impossible de les voir, à moins de se contorsionner devant un miroir, mais le simple fait de les savoir là avait été pour elle un constant rappel de ce qu'elle était réellement. Le tatouage de motifs fleuris l'avait aidée à faire abstraction de ces stigmates.
— J'aurais quand même préféré que tu n'aies pas à souffrir, ajouta-t-il.
Penché sur elle, Jaxon embrassa doucement certaines des cicatrices. Le contact chaud et humide de sa bouche sur sa peau lui donnait la chair de poule. Elle le sentit également suivre du bout de la langue les contours du dessin comme pour y inscrire une proclamation invisible : à moi, tu es à moi !
Elle le sentit ensuite embrasser sa nuque. Il lui murmura à l'oreille ce qu'il voulait lui faire, combien elle était belle, forte, douce, comment il mourait d'envie de s'enfouir en elle. Bientôt, n'y tenant plus, Le'Ace se contorsionna sous lui, désespérant qu'il en finisse.
— Mets-toi à quatre pattes, bébé... lui ordonna-t-il tout bas. Pour moi. S'il te plaît.
Le'Ace se surprit à lui obéir sans la moindre hésitation. Il lui agrippa les hanches, l'attira contre lui, pressant son torse et son ventre contre son dos, avant de demander :
— Prête ?
— Oui ! lâcha-t-elle dans un souffle.
— Si tu veux que j'arrête, dis-le-moi, ajouta-t-il. Ce sera pour moi une torture, mais je t'obéirai.
Il positionna l'extrémité de son sexe dressé sur sa croupe. Puis, passant un bras autour de sa taille, il posa sa main à l'endroit où leurs corps allaient s'unir.
— N'arrête pas, gémit-elle. Surtout n'arrête pas !
Alors, d'une poussée lente et régulière, Jaxon la pénétra. Une sensation de plénitude l'envahit lorsqu'il s'immobilisa enfin.
— Bon Dieu, c'est si bon ! gémit-il. .
Son sexe s’était lové en elle comme s'il y trouvait tout naturellement sa place, pieu d'acier sur un tapis de velours. Il le distendait délicieusement. Mais déjà, ce n'était plus assez. Le'Ace recommença à s'agiter. Elle en voulait plus, toujours plus !
Et lorsqu'il fit rouler sous ses doigts son clitoris gonflé de plaisir, il lui arracha un long gémissement, suivi d'un autre et d'un autre encore.
— La prochaine fois, nous ferons ça différemment ! promit-il d'une voix grave. Tes jambes seront sur mes épaules, et je te prendrai vite et fort, jusqu'à ce que tu cries mon nom.
Le'Ace n'avait aucun mal à se représenter la scène qu'il décrivait. Lui, au-dessus d'elle, le corps bandé comme un arc prêt à décocher sa flèche. Elle, éperdue de plaisir, roulant des hanches pour hâter la délivrance.
Il n'en fallut pas davantage pour la faire jouir une deuxième fois. Cambrée sur le lit, elle s'entendit crier le nom de Jaxon, comme il l'avait souhaité. Il ne cessait d'aller et venir en elle au même rythme lent qu'il avait adopté, prolongeant son plaisir indéfiniment.
— Mishka... l'entendit-elle enfin gémir, tandis que sa semence se déversait en elle.
Ses bras se refermèrent autour d'elle pour ne plus la lâcher. Sur sa nuque, son souffle brûlant faisait danser des mèches folles.
— Tu es à moi... ajouta-t-il d'une voix que le plaisir faisait trembler. Toute à moi !