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Il ne fallait pas plus de trois minutes pour prendre une douche sèche, mais Le'Ace resta dans la cabine trois fois plus longtemps, laissant le brumisateur d'enzymes la récurer comme un sou neuf. Elle aurait pu y demeurer une heure de plus que cela n'aurait pas suffi. Elle se sentait sale, depuis toujours, et cela ne risquait pas de changer.
Le fait d'avoir reçu un coup de fil de son boss, juste après avoir quitté Jaxon, n'arrangeait rien. Un autre job l'attendait. Du rapide, du facile, avait-il annoncé. Rapide et facile pour lui, oui... Au cours des trois nuits passées, l'un des Schôn avait été repéré dans un bar du centre. Ce soir-là, elle était supposée entrer dans ce même bar et l'attendre. S'il se montrait, elle devrait attirer son attention et engager la conversation. Au moins n'avait-elle pas - encore - reçu l'ordre de coucher avec lui.
Le'Ace avait espéré passer la soirée avec Jaxon. Il avait beau la repousser encore et encore, elle se sentait attirée par lui comme un papillon de nuit par la lumière. Elle ne pouvait rêver meilleure place que d'être à ses côtés.
Le front appuyé contre le mur carrelé gris et froid, Le'Ace prit sa tête entre ses mains. Si l'une d'elles possédait la tiède douceur de la chair, l'autre n'avait à lui offrir que la dure froideur du métal. D'origine extraterrestre, celui-ci avait été fondu à même son bras, afin de revêtir d'une carapace indestructible la coûteuse merveille bionique qu'il recelait. À l'époque, elle avait crié, pleuré, supplié. Rien n'y avait fait. Son corps ne lui appartenait pas et on pouvait lui greffer un bras de métal contre son gré.
Lorsque l'on avait été comme elle, créée et élevée en laboratoire, il ne fallait pas s'attendre à autre chose. Son ADN lui-même ne lui appartenait pas. Il avait été manipulé à dessein, modifié en vue des plus grandes performances. Elle était un concentré de science et de technologie. Elle n'était rien.
— La vie est belle, murmura-t-elle.
À l'exception des spécialistes sélectionnés pour lui apprendre les arts du combat et de la séduction, elle n'avait côtoyé que des médecins et des scientifiques durant les premières années de son existence. Ils lui avaient fait subir des tests en permanence. Quelle dose de souffrance pouvait-elle encaisser ? Combien de temps pouvait-elle rester sans dormir ? Sans bouger ? Sans manger ni boire ?
Parce qu'elle n'avait connu que cette vie durant l'enfance, elle s'était imaginé que tous les enfants étaient soumis à ce genre de tortures. Ce n'est qu'en quittant enfin son laboratoire de naissance pour ses premières missions qu'elle avait pu découvrir ce dont elle avait été privée : l'affection, le respect, la liberté. Mais déjà, la puce avait été implantée dans son cerveau, la privant d'une éventuelle échappatoire. On pouvait la traquer où qu'elle irait, et la tuer en appuyant sur un bouton.
Comment s'étonner que la haine vive en elle comme une sœur ?
La conscience de son impuissance ne la quittait jamais, conditionnant presque tous ses actes. Que n'aurait-elle pas donné pour un simple moment de liberté ? Un instant rien qu'à elle, au cours duquel elle aurait fait l'expérience de ce que le reste du monde considérait comme acquis : le plaisir d'être soi-même.
Le'Ace inspira à fond et souffla lentement. Les hommes avec lesquels elle avait dû coucher étaient tous différents : origine, physique, intentions n'avaient jamais été les mêmes. Certains avaient été des brutes sadiques. D'autres ne pensaient à rien d'autre qu'à jouir. Rares étaient ceux qui avaient tenté de lui apporter du plaisir. Aucun n'y était parvenu, car elle les haïssait tous. Pour elle, ils n'avaient été que des missions à accomplir, des missions qu'elle n'avait pas choisies. Séduisants ou laids, bien ou mal intentionnés, ils la rendaient malade.
Pas Jaxon. Lui, elle aurait pu le choisir. Ils n'avaient passé ensemble que quelques semaines - quelques jours, si elle ne prenait en compte que ses phases d'éveil -, pourtant, il l'attirait. Ses cicatrices témoignaient de la relation intime qu'il entretenait avec la douleur, ce qui établissait un lien entre eux, même s'il ne s'en rendait pas compte. Ses cicatrices à elle étaient internes. Le courage et sa détermination de cet homme forçaient le respect. Elle aurait bien aimé être comme lui.
Était-il attiré par elle ?
Parfois, elle aurait juré que c'était le cas ; cette chaleur brûlante dans ses yeux ne pouvait être que du désir. À d'autres occasions, il ne lui offrait que des regards neutres et inexpressifs. Le'Ace poussa un soupir rêveur. La femme qui aurait le bonheur d'être aimée de lui serait en sécurité, chérie comme un trésor pour le reste de sa vie. Elle sentit son cœur se serrer à cette idée. Jalousie ? Envie de lui ?
Oui, tout simplement, réalisa-t-elle soudain. Une envie telle qu'elle n'en avait jamais connu. Quelqu'un l'aimerait-elle un jour comme Jaxon pourrait aimer ?
— Bon sang, non ! maugréa-t-elle.
Le spray inodore en profita pour s'insinuer dans sa bouche, provoquant une sensation de picotement dans sa gorge. Elle aurait pu programmer une senteur quelconque, comme n'importe quel humain, mais celle-ci aurait contrasté avec la fragrance « naturelle » dont ses créateurs l'avaient dotée.
— Jaxon n'est pas pour toi, ajouta-t-elle à voix haute. Sors-le de ta tête. Tu as du boulot.
Après un dernier soupir, Le'Ace désactiva le brumisateur et sortit de la cabine. Ignorant le sécheur corporel, elle sortit humide de la salle de bains et se figea.
Jaxon était là, dans sa chambre. Ses pensées avaient-elles suffi à l'attirer jusqu'à elle ? Assis au bord de son lit, il avait repoussé dans un coin son fauteuil roulant. Ses narines frémirent et, l'espace d'un instant, une expression sauvage déforma ses traits. Seule la lumière de la table de chevet éclaboussait la pièce d'une lueur dorée irréelle.
Le'Ace en eut le souffle coupé. Son cœur se mit à battre et une douleur sourde se fit entre ses jambes. Elle se retrouvait nue devant lui. Il pouvait voir chaque détail de son corps, chaque défaut. Pourtant, elle demeurait rivée sur place, incapable de foncer chercher quelque chose pour se couvrir.
— Qu'est-ce que tu fais là ? parvint-elle à croasser. Le regard de Jaxon glissa lentement le long du corps de Le Ace avant de revenir se fixer sur les pointes de ses seins dressées. Elle vit ses pupilles se dilater et il déglutit péniblement avant de murmurer :
— Je suis venu, euh... te parler.
— Mes seins en sont flattés, se força-t-elle à répondre. Mais je doute qu'ils puissent te renseigner sur les sujets que tu évoquais tout à l'heure.
Jaxon s'empourpra et la fixa au fond des yeux.
— C'est toi qui te balades à poil ! lança-t-il, accusateur.
— C'est toi qui t'introduis dans ma chambre pour jouer les voyeurs ! rétorqua-t-elle.
— Tu as raison, reconnut-il en soupirant. Je suis désolé. Je n'aurais pas dû.
Il était sincère : son embarras en était la preuve. La plupart des hommes n'auraient pas pris la peine de s'excuser, aussi Le'Ace fut-elle surprise qu'il le fasse.
— Mais je ne le regrette pas, ajouta-t-il.
Sa remarque signifiait-elle qu'il appréciait ce qu'il voyait ? Un frisson la parcourut.
— J'ai tenté d'engager la conversation il y a un quart d'heure de cela, reprit-elle. Tu m'as répondu que nous n'avions rien à nous dire.
— Je mentais. Qu'est-il arrivé à ton bras ?
Merde ! Le'Ace s'empressa de cacher le membre de métal dans son dos.
— Souvenir d'un alien solitaire... dit-elle, lui servant son propre mensonge.
Jaxon plissa les yeux, l'air dangereux.
— Pourquoi...
— Écoute, l'interrompit-elle. Tu as mal choisi ton moment pour faire la causette.
Elle se dirigea vers sa commode le plus naturellement du monde même si, en passant, elle eut une folle envie de se jeter sur lui.
— Je suis attendue, reprit-elle. Tu vas devoir passer la soirée seul, et c'est probablement un soulagement pour toi.
Un petit hoquet de surprise échappa à Jaxon.
— Quoi, encore ? lança-t-elle avec un coup d'œil pardessus son épaule.
Comme hypnotisé par ce qu'il découvrait, il s'humecta les lèvres. Soudain, Le'Ace eut envie de sentir cette langue dans sa bouche, sur elle, en elle.
— Ton dos.
Bon Dieu, j'avais oublié... D'un geste brusque, elle rejeta ses cheveux en arrière pour cacher son tatouage et les cicatrices qu'il maquillait.
— Qu'est-ce qu'il a, mon dos ? s'enquit-elle avec une nonchalance feinte.
— Le dessin est magnifique. Vraiment magnifique... Il s'était exprimé d'une voix basse et rauque.
Ment-il ? s'entendit-elle demander à la puce.
L'élévation de la température corporelle tend à prouver qu'il dit la vérité.
Les yeux agrandis par la stupeur, Le'Ace sentit ses jambes faiblir. Jaxon appréciait donc réellement ce qu'il voyait ? Elle en était profondément touchée.
— Merci.
Cette fois, impossible de masquer la surprise et le plaisir que lui inspirait cette appréciation. Par nécessité autant que pour se donner une contenance, elle enfila son gant jusqu'au niveau de l'aisselle pour cacher le métal de son bras.
— Pourquoi dois-tu partir ?
Le sourire de Jaxon ne suffisait pas à atténuer la tension que trahissait cette question. Une lueur de convoitise scintillait dans ses yeux. Le'Ace se maudit en réalisant qu'une fois de plus elle lui faisait face, nue. Elle se retourna et sélectionna des sous-vêtements noirs dans sa commode.
— Mon boss m'a appelée, répondit-elle sèchement. Je suis attendue pour une autre mission.
— Où ça ?
— Quelque part.
— Et la dentelle noire ?
— J'aime ça.
— Nom de Dieu, vas-tu me dire où tu vas ?
Il n'avait fait aucune tentative pour dissimuler une fureur bien réelle. Être débarrassé d'elle n'était donc pas un soulagement pour lui ?
— Quelque part, répéta-t-elle en enfilant sa culotte.
— Dis-moi où ! insista-t-il d'un ton dur. Et avec qui !
— Qu'est-ce que ça peut te faire ?
Les mains un peu tremblantes, Le'Ace mit en place le soutien-gorge assorti avant d'ajouter :
— Peu importe. Cette conversation n'a aucun sens ni aucune justification. Nous ne sommes ni amants ni amis.
Elle préférait ne pas imaginer de quoi il la traiterait s'il connaissait la nature réelle des « missions » qu'on lui confiait parfois. De traînée, de salope, de pute... Les hommes étaient les rois de l'hypocrisie. Ils se glorifiaient de coucher à tout va et méprisaient les femmes qui agissaient de la sorte.
Le'Ace n'avait pas besoin d'entendre sa condamnation. Son propre jugement lui suffisait.
— Manifestement, tu vas retrouver un homme, hasarda-t-il. Un petit ami ?
— Non.
Elle fit volte-face, volontairement cette fois, et se retint de crier en découvrant son visage. La réserve soigneusement affichée depuis si longtemps avait disparu. Une sauvagerie sans bornes se lisait sur ses traits. Il paraissait capable de tout : d'infliger la souffrance la plus extrême comme le plaisir le plus intense.
Ils s'affrontèrent du regard un long moment. Le'Ace, la gorge serrée, se sentit traversée par un nouveau frisson.
— Viens ici !
Jaxon n'avait pas élevé la voix. Impossible, pourtant, de ne pas obéir à cet ordre. Le'Ace savait qu'elle aurait dû le planter là, s'en aller. Il aurait été incapable de la suivre. Comme un automate, elle marcha vers lui, envoûtée par cette injonction à le rejoindre. Le souffle coupé par l'émotion, elle s'arrêta entre ses jambes écartées. La voix de la raison lui hurlait de prendre ses jambes à son cou. Qu'est-ce que tu fais ? Il ne faut pas ! Même s'il lui offrait un peu de plaisir maintenant, plus tard comment ferait-elle pour supporter son mépris ?
Jaxon posa ses mains sur les hanches de la jeune femme. Elle tressaillit, sentant la chaleur de sa peau sur la sienne. Par quel miracle le contact de cet homme ne la dégoûtait-il pas ? Pourquoi son corps tout entier criait-il pour qu'il la touche ?
— Qu... qu'est-ce que tu veux ?
On bafouille, Le'Ace ?
— Je vais te dire ce que je veux. Je ne veux pas que tu t'en ailles.
Vérité ?
Affirmatif.
Un battement de cils trahit sa surprise.
— Je d... il le faut, bafouilla-t-elle de nouveau.
Elle sentit les doigts de Jaxon s'enfoncer dans la chair de ses hanches.
— Embrasse-moi d'abord ! ordonna-t-il.
Le'Ace mourait d'envie de s'exécuter, mais il lui était impossible de se laisser commander ainsi. Surtout par lui. Il lui fallut donc répliquer sèchement :
— Ne me dis plus jamais ce que je dois faire !
— Ce n'était pas un ordre ! s'insurgea-t-il, les yeux flamboyants de colère. C'était une putain de supplique !
Le'Ace sentit une grande douceur l'envahir.
— Un baiser n'y changera rien, précisa-t-elle, le souffle court. Je devrai quand même partir.
— Je m'en balance ! D'accord ? Dès l'instant où je t'ai vue, j'ai voulu savoir quel goût avaient tes lèvres.
Vérité ?
Affirmatif.
Le'Ace déglutit avec peine. Une boule d'angoisse lui serrait la gorge. Timidement, elle posa ses mains sur les épaules de Jaxon. Sentir ses muscles tressaillir sous ses paumes la bouleversa. Plusieurs secondes s'écoulèrent sans qu'elle puisse se résoudre à se pencher pour l'embrasser.
Elle se retrouvait soudain plus effrayée qu'elle ne l'avait jamais été. Et si elle faisait tout de travers ? Et si ce baiser qu'elle s'apprêtait à lui donner ne lui procurait aucun plaisir ? Son pouls battait à un rythme frénétique, incontrôlable. Tu sais comment faire, se reprocha-t-elle mentalement. C'est stupide !
Mais c'était la première fois que susciter le plaisir chez un homme lui importait autant. Et qu'elle se retrouvait tremblante et excitée.
— Mishka... murmura Jaxon.
Il leva ses mains et enfouit ses doigts dans ses cheveux. Elle faillit perdre la tête. Il n'a pas dit Le'Ace ! Jamais encore il ne l'avait appelée par son prénom. Et il était le premier homme à l'avoir fait.
Éperdue de désir, elle se laissa lentement tomber à genoux entre ses jambes et posa ses lèvres sur les siennes.
Jaxon eut l'impression qu'il aurait pu jouir au premier effleurement de leurs lèvres.
Il se mêlait au parfum de jasmin de Mishka une senteur poivrée qui l'étourdissait. Il sentait ses ongles s'enfoncer dans ses épaules. S'il avait été torse nu, elle aurait pu l’écorcher vif et il aurait aimé cela. Sans doute même, en aurait-il redemandé...
Il avait pris soin de revêtir un tee-shirt pendant qu'elle était sous la douche, comme une protection. Non parce qu'il la craignait, mais parce qu'il redoutait de ne pouvoir lui résister. Il n'aurait pu la séduire si elle se mettait en tête de le faire elle-même... ce qui était bien près de se produire.
Tu n'as pas beaucoup de temps. Dépêche-toi !
— Je veux t'embrasser à ma manière.
La stricte vérité...
Jaxon la vit déglutir de nouveau et acquiescer d'un timide hochement de tête. Il prit les choses en main avec un peu plus d'ardeur. Du bout de la langue, il dessina le contour de ses lèvres closes. Si tendres... Si douces... Il ferma les yeux, toute volonté de résistance annihilée en lui.
Il ne lui avait pas menti en affirmant qu'il ne voulait pas qu'elle s'en aille. Il la voulait près de lui. Non pas pour lui soutirer des informations ni pour remédier à une abstinence de plusieurs mois. Il voulait qu'elle reste parce que l'idée qu'un autre homme puisse la regarder, la toucher, l'embrasser ainsi suffisait à lui faire voir rouge. À croire que ses faux souvenirs de mariage continuaient à l'influencer...
Rien d'autre ne pouvait expliquer le fait que pour le moment peu lui importait de savoir qui elle était. Il se fichait même qu'elle puisse l'utiliser et chercher à le faire parler. Elle était une femme, il était un homme. Ici, à cette minute, rien d'autre ne comptait que le plaisir qu'ils pouvaient s'offrir.
— Ouvre-moi ta bouche... susurra-t-il contre ses lèvres.
Pour ne pas l'effaroucher, il s'empressa d'ajouter :
— S'il te plaît.
Entre ses jambes, il la sentit trembler. Puis, lentement, elle lui obéit. Jaxon introduisit sa langue entre ses lèvres et gémit de plaisir. Une saveur ensorcelante de femme, de menthe et de désir lui fit tourner la tête. Son sexe se cabra violemment sous la toile de son jean. Le désir en lui se fit lancinant, mais pour rien au monde il n'aurait mis un terme à ce baiser - pas tout de suite, peut-être même jamais.
— C'était bon ? s'enquit-elle, essoufflée, lorsque leurs lèvres se séparèrent.
— Exquis.
Jaxon la sentit frissonner. Du bout des doigts, il traça un chemin jusqu'à sa chute de reins. Le fait de savoir qu'il caressait ainsi son tatouage ne faisait qu'accentuer son excitation. Par-dessus l'épaule de la jeune femme, il remarqua l'arrangement coloré de fleurs qui ornait son dos - lys, roses, orchidées et feuillage luxuriant, d'un vert émeraude - et présentait par endroits un aspect irrégulier. Ce tatouage cachait-il quelques cicatrices ? Sans aucun doute. Il caressa cette peau meurtrie avec une infinie tendresse.
Entre ses bras, il la sentit de nouveau frissonner. Son corps réagissait-il ainsi lorsqu'elle était excitée ? Probablement. Il l'avait constaté pas moins de trois fois au cours de ces dernières heures, réalisa-t-il avec un sentiment de triomphe. Jaxon se sentait capable de supporter bien des choses, mais pas d'être rejeté. A ses yeux, à cette minute il n'y avait plus qu'elle, et tout ce qu'il découvrait le captivait un peu plus.
Elle possédait un bras bionique et avait le dos couvert d'un exubérant canevas de fleurs et de feuilles. Elle était capable de tuer un homme sans sourciller, mais l'éventualité d'un baiser la rendait aussi nerveuse qu'une adolescente. C'était cette timidité qui l'étonnait le plus. Il était décidé à ne pas la brusquer, même si son corps désespérait de la faire sienne dans l'instant, aussi bestialement que possible.
Jaxon pencha la tête sur le côté et approfondit leur baiser. Il sentit la langue de Mishka s'aventurer timidement contre la sienne et grogna sourdement. Tout doux : ne l'effraie pas... s'intima-t-il. Peut-être simulait-elle ces manifestations d'indécision, mais il n'en avait cure. D'une main, il remonta le long de sa poitrine, jusqu'à la courbe délicieuse d'un sein - menu, comme il l'avait deviné, ferme et tendre à la fois. Un autre grognement lui échappa tandis qu'instinctivement son bas-ventre se portait en avant.
— Jaxon... protesta-t-elle, le souffle court.
Elle le repoussa légèrement et il faillit la prendre par la nuque pour l'obliger à se rapprocher. Il avait désespérément besoin de ses lèvres. Il avait besoin de la saveur unique de Mishka, comme on dépend d'une drogue. N'oublie pas : tout doux, pour ne pas l'effrayer. Lentement, sa main revint se poser sur sa hanche.
— Trop vite, trop fort ? s'enquit-il doucement. Plutôt que de lui répondre, elle s'humecta les lèvres.
En apercevant ce petit bout de langue rose - j'ai caressé cette langue, je l'ai goûtée ! - son érection se fit plus impérieuse encore et presque douloureuse.
— Peut-être, reconnut-elle enfin. Voudrais-tu... pourrais-tu faire comme si... c'était mon premier baiser ?
Elle posa ses yeux sur son torse et ajouta :
— Pourrais-tu... me dire ce que tu comptes faire... avant de le faire ?
Jaxon se figea en la découvrant si fragile, si vulnérable devant lui. Saisi par un doute, il demanda :
— Serais-tu vierge, Mishka ?
On avait déjà vu des choses plus étranges se produire. Elle fit non de la tête et ses longs cheveux caressèrent les cuisses de Jaxon.
— C'est juste que... commença-t-elle, avant de se raviser. Ça ne fait rien. Admettons que je n'ai rien dit.
Les joues empourprées, elle fit mine de se relever, coupant tout contact entre eux. D'instinct, Jaxon la serra plus fort contre lui.
— Attends un peu, ordonna-t-il. S'il te plaît... Jouer avec elle à ce petit jeu n'était pas pour lui déplaire. Bien au contraire, cela rendait la situation plus excitante encore. Mais toute son attitude - son aversion des contacts physiques, ses hésitations, et à présent cette demande - lui faisait suspecter quelque sombre drame.
— Mishka ? demanda-t-il. Aurais-tu été violée ? Elle garda le silence, mais un long frisson la trahit.
Un noir tourbillon de fureur ébranla Jaxon, qui s'efforça de garder son calme. Plus tard, seul, il pourrait laisser libre cours à son indignation.
— Pose tes genoux au bord du lit, bébé... ordonna-t-il d'une voix rassurante. De chaque côté. Seulement si tu le veux... s'empressa-t-il d'ajouter.
Pourvu qu'elle veuille ! Jaxon n'avait jamais eu à supplier une femme pour obtenir ses faveurs. Pour elle, il se serait prosterné.
Mishka se mordilla la lèvre. Ses dents laissèrent dans la chair carmin une empreinte plus pâle et humide, comme dans un synthé-fruit que l'on mord. Dieu ce qu'il aurait aimé goûter de nouveau à ce festin ! Elle le quitta des yeux un instant pour contempler le matelas. D'abord, il crut qu'elle allait rechigner devant l'obstacle et s'en aller. Elle finit par s'exécuter, plaquant son entrejambe contre sa braguette.
À ce contact, le même gémissement de plaisir s'échappa de leurs lèvres. Comme incapable de s'en empêcher, Mishka pressa ses seins contre le torse de Jaxon.
— Je vais devoir enlever ton soutien-gorge, prévint-il d'une voix tendue. Arrête-moi si je fais quoi que ce soit qui te déplaît. D'accord ?
— D'accord.
Elle se redressa précautionneusement. Jaxon leva les bras, tout aussi lentement. Il l'avait regardée faire et savait que le soutien-gorge s'ouvrait par-derrière. La peau de Mishka se hérissait partout où ses mains expertes se posaient. Après avoir défait l'agrafe, il marqua une pause.
— Prête ? demanda-t-il.
L'effrayer par trop de précipitation lui semblait soudain plus insupportable que la perspective de la voir partir et de devoir lutter dans la solitude contre sa frustration.
— Oui, répondit-elle dans un souffle.
Il dessina du bout des doigts un chemin jusqu'au sommet de ses bretelles. Il les fit glisser le long de ses épaules avec une savante lenteur. Le soutien-gorge tomba, révélant ses seins dans toute leur splendeur. En les contemplant, Jaxon comprit qu'il venait d'embrasser une nouvelle religion : la vénération de Mishka Le'Ace. Les pointes étaient plus roses et fermes que lorsqu'elle avait passé la porte. Deux petites baies appétissantes qu'il se promettait d'épuiser avant la fin de la nuit.
— Ça te dirait que j'enlève mon tee-shirt ? s'enquit-il.
Dieu merci, elle lui donna son assentiment d'un nouveau hochement de tête. Jaxon aurait préféré goûter à ses seins, mais il prit le temps de se dévêtir partiellement. Puis il glissa les mains dans le dos de Mishka et l'attira à lui sans qu'elle n'émette aucune résistance. Au contact de sa poitrine si douce contre son torse, il ferma les yeux et soupira de plaisir. Il dut résister à l'envie de la renverser sur le lit et de la posséder, là, tout de suite.
— J'ai envie d'embrasser tes seins, annonça-t-il d'une voix que le désir faisait trembler.
— D'accord.
Jaxon goûta du bout des lèvres l'un des boutons de rose, puis l'autre. Comme il s'y était attendu, il les trouva délicieux. Il aurait pu poursuivre ainsi longtemps encore, l'adorer telle une déesse païenne, mais il la sentit se raidir. D'accord. Pas les seins. Pas encore.
— Je veux t'embrasser sur la bouche, reprit-il. Quand je le ferai, il se pourrait que je te caresse entre les jambes.
Peut-être apprécierait-elle davantage cela ?
— Oui, répondit-elle. D'accord.
Passant sa main sur la nuque de Le'Ace, Jaxon l'attira à lui. Contre les siennes, il sentit ses lèvres s'entrouvrir et sa langue s'introduire avidement dans sa bouche. Il n'en fallut pas davantage pour qu'ils s'embrasent de désir. Une éternité s'écoula, au cours de laquelle ils se perdirent l'un dans l'autre.
— Prête à aller plus loin ? s'enquit-il, pantelant.
— Oui ! gémit-elle. Je suis prête. Je suis... en feu. Ces quelques mots eurent sur son sexe dressé l'effet d'une allumette sur un bâton de dynamite.
— Parfait... grogna-t-il. Mais je te veux plus brûlante encore.
Un autre baiser, plus doux, plus tendre, unit leurs lèvres. Leurs langues se frayèrent un passage. Jaxon se sentait grisé par la saveur de la bouche de Mishka. À chaque baiser, l'expérience lui semblait inédite, face à l'enthousiasme grandissant de Mishka.
Elle pencha la tête sur le côté, l'invitant en silence à se montrer plus hardi encore. Il se fit un devoir de répondre. Prenant ses joues entre ses mains, il redoubla d'ardeur. Mishka laissa échapper un gémissement et lui empoigna les cheveux. Par petits coups de reins saccadés, comme si elle perdait le contrôle d'elle-même, elle frotta son pubis contre le sexe de Jaxon érigé sous son jean. Il s'en fallut de peu pour que cette hardiesse ait raison de lui. Avec audace, il fit une nouvelle tentative pour caresser ses seins. Sur ses paumes, les mamelons pointaient. Entre deux doigts, il les pinça doucement.
— Ça fait mal ? s'inquiéta-t-il en la voyant tressaillir.
— C'est bon ! souffla-t-elle. Encore...
Mishka rejeta la tête en arrière, exposant sa gorge et la légère pulsation, à sa base de son cou, qui trahissait l'emballement de son pouls. Jaxon y porta les lèvres sans cesser de titiller les pointes durcies de ses seins.
— Est-ce que tu mouilles pour moi, bébé ?
— Je... je le crois, oui... balbutia-t-elle. Lui-même en était convaincu. Une senteur poivrée et enivrante trahissait son excitation. Lentement, Jaxon laissa ses doigts se diriger vers le bas-ventre de Mishka et ne se laissa arrêter que par la ceinture de sa culotte. Dentelle et soie noire : exactement ce qu'il avait imaginé la première fois qu'il l'avait vue. Elles moulaient ses rondeurs féminines à la perfection. À travers le tissu - humide, comme il s'y était attendu -, il caressa son clitoris. Un petit cri étranglé monta des lèvres de Mishka. Fébrile, Jaxon ne put se contenir plus longtemps et glissa sa main dans la culotte. Seigneur !
Au contact de ces secrets replis féminins lubrifiés par le désir, ses muscles se raidirent comme s'il venait de mettre les doigts dans une prise.
— Jaxon !
En l'entendant, dressée contre lui, crier son nom, Jaxon fit entrer un doigt en elle. Dieu ce qu'elle est étroite... étroite et brûlante !
— Ça va ? s'enquit-il d'une voix blanche.
— Encore ! gémit-elle. Encore...
Jaxon fit aller et venir son doigt, avant d'en introduire un deuxième.
— Chevauche ma main, bébé ! la pressa-t-il. C'est toi qui décides du tempo.
Aussitôt, elle porta les hanches en avant et s'empala sur ses doigts. Elle se retira un instant plus tard, avant de remettre cela. Seigneur Dieu ! Elle mouille tant que ma main est trempée ! Le constater suscita en Jaxon une fierté possessive et typiquement masculine. C'est moi qui lui fais cet effet... Elle me désire, moi et mes caresses.
Mishka s'animait contre lui, murmurant son nom, lui tirant les cheveux, griffant son dos.
— C'est bien, bébé ! l'encouragea-t-il. Laisse-toi aller, c'est tout à fait ça.
Jaxon mourait d'envie de mettre son sexe à la place de ses doigts. Son sang bouillonnait dans ses veines. Il n'aurait pas été surpris de jouir et le redoutait, ne voulant pas interrompre cet instant où il l'admirait, transfigurée au-dessus de lui. Elle avait fermé les yeux. Ses longs cils dessinaient des ombres portées sur ses joues. Elle se mordait la lèvre au sang et de temps à autre poussait un petit cri.
— La prochaine fois, ce sera avec ma bouche que je te caresserai, promit-il. Et ma queue remplacera mes doigts.
Tout en parlant, il lui massait le clitoris avec le pouce. Mishka s'agita sur lui avec plus d'urgence et de frénésie encore. Enfin, elle se figea. Avant d'exploser. Jaxon la regarda crier et sentit le fourreau de son sexe se contracter sur ses doigts.
A cet instant, le plaisir le submergea. La fougue de Mishka, sa fragilité, sa sensualité avaient eu raison de son sang-froid. Elle était un rêve devenu réalité. Sa semence se répandit dans son pantalon. Jamais, lui semblait-il, il n'avait connu d'orgasme aussi violent. Bon Dieu ! Et tout cela, sans même la pénétrer ! C'est bon, si bon, tellement bon... Pantelant, il resta ainsi, les yeux clos, grognant de plaisir.
Jaxon ne reprit contact avec la réalité qu'en la sentant s'écrouler contre lui et poser sa tête sur son épaule. Elle demeura ainsi un long moment, les jambes écartées, sur son giron, gardant ses doigts enfouis en elle. Il n'aurait pu bouger même si on avait braqué un flingue sur sa tempe. Jamais une relation sexuelle ne lui avait apporté un tel sentiment de plénitude. Ce qui ne pouvait qu'être inquiétant - terriblement inquiétant. Comme un adolescent à sa première étreinte, ne venait-il pas de juter dans son jean ?
— C'était terriblement bon ! lui susurra-t-elle à l'oreille. Je veux le refaire, encore et encore. Je veux...
Une sonnerie l'interrompit. Mishka se figea et jeta un coup d'œil à la tête du lit. Jaxon sentit ses tripes se serrer, sans parvenir à chasser totalement son état de béatitude. Il suivit son regard et découvrit sur la table de chevet le téléphone portable qui équipait tout agent du gouvernement.
— Je vais devoir m'en aller, annonça-t-elle d'une voix brisée.
— Non ! Tu restes ici.
Avec moi.
Mishka s'écarta de lui, se libérant avec hâte de ses doigts. Jaxon serra le poing, qu'il vit luire de ses sécrétions intimes. L'envie lui vint de se lécher les doigts, mais il ne s'accorda pas ce luxe.
— Tu ne comprends pas, reprit-elle en enfilant son soutien-gorge.
Jaxon assena un coup de poing dans le matelas.
— Alors explique-moi !
La sonnerie se fit de nouveau entendre. Mishka se dirigea vers le portable tout en se rhabillant.
— Je suis une marionnette dont on vient de tirer les fils ! répliqua-t-elle sèchement. C'est plus clair ?
Sans lui laisser le temps de répondre, elle s'empara du téléphone, prit l'appel et aboya :
— Je suis en route !
Après avoir écouté son correspondant un instant :
— Oui.
Nouvelle pause, puis :
— Je le sais, bon sang ! Je vous dis que je suis en route.
Sur ce, elle raccrocha et se recroquevilla, comme dans l'attente d'un châtiment divin. Ne sachant que penser, Jaxon l'observa longuement et décréta :
— Je vais avec toi.
— Non, certainement pas !
Mishka alla fouiller dans un placard et en tira une petite robe noire moulante.
— Ça veut dire quoi : « Je suis une marionnette » ? demanda Jaxon, les dents serrées.
— Si je ne fais pas ce qu'on me demande de faire, je ne suis plus rien. D'accord ? Satisfait, maintenant ?
Rapidement, elle enfila la robe, après avoir fixé plusieurs lames sur ses cuisses. Puis elle chaussa ses boots dans lesquelles elle cacha un flingue de poche et trois étoiles de ninja.
Jaxon ignorait pourquoi, mais la voir s'armer ainsi l'excitait. En fait, il y avait peu de chose en elle à ne pas lui faire cet effet.
— Si tu quittes cette maison, je te suis, menaça-t-il.
— Tu ne pourras pas me retrouver.
Au moins lui avait-elle fait grâce de souligner le ridicule d'une telle prétention pour un homme en fauteuil roulant.
— Tu veux parier ?
Les yeux étrécis, les mains sur les hanches, elle le fixa d'un air menaçant et demanda :
— Vais-je devoir te mettre K-O ?
— Essaie un peu, pour voir !
Jaxon se sentait suffisamment en colère pour triompher d'elle au corps à corps et l'attacher au lit. Exaspérée, Mishka jeta les bras en l'air.
— Voilà pourquoi j'évite toute relation avec un homme ! s'exclama-t-elle.
Elle s'empara d'une brosse qu'elle commença à passer vigoureusement dans ses cheveux. Quand ils furent démêlés, elle les rassembla en un chignon lâche, qu'elle fit tenir à l'aide de petites épingles d'aspect meurtrier.
— Si tu penses que cet orgasme te donne le pouvoir de me dire ce que je dois faire, tu te trompes ! reprit-elle.
— N'oublie pas l'anneau, répliqua-t-il sans tenir compte de ses paroles. Tu pourrais en avoir besoin.
Sur la table de chevet, Jaxon s'empara de la bague truquée qui lui avait servi à l'endormir et la lui tendit. Mishka le passa à son doigt en rougissant.
— Ce n'est pas le seul de mes anneaux que tu as à craindre, dit-elle en attrapant deux autres bagues.
En les mettant en place, elle les lui montra et expliqua :
— Celui-ci te ferait vomir tes tripes. Et celui-là te ferait halluciner jusqu'à te filer l'envie de t'écorcher vif.
— Je vois, répliqua-t-il amèrement. Et je suppose que je devrais me réjouir que tu aies choisi de ne te servir que du premier.
— Oui, tu devrais.
Le ton qu'elle avait employé était aussi intraitable que l'expression de son visage.
Jaxon détestait avoir à l'affronter pour d'autres motifs que des motifs professionnels. Sans doute n'appréciait-elle cela pas plus que lui, car il l'entendit ajouter :
— Écoute... Il n'y a rien à négocier : je dois partir et tu dois rester. Cela ne changera pas. Alors veux-tu me dire comment ces femmes ont-elles été contaminées par les Schôn, ou dois-je aller le découvrir par moi-même ? Jaxon vit rouge.
— C'est ça que tu dois faire ce soir ? s'insurgea-t-il. Partir à la chasse au Schôn ?
Mishka se raidit mais s'abstint de lui répondre.
— Tu vas rester ici avec moi ! Tu m'entends ?
Dans son accès de fureur, il s'était levé. Une vague de douleur monta de sa jambe blessée jusqu'à son cerveau. Il chancela.
— Pour le moment, je suis plus rapide que toi, dit-elle en se détournant. Tu ne parviendras pas à m'arrêter et tu le sais.
Un silence tendu s'installa.
— Pourquoi ai-je l'impression de m'être fait avoir ? s'interrogea-t-il enfin à haute voix. Tu me laisses te contempler dans la jouissance, et ensuite tu exiges de moi des informations confidentielles susceptibles de te sauver ?
Sa propre crédulité lui arracha un rire caustique.
— Mais il y a mieux, conclut-il. Pourquoi n'ai-je pas envie de te le faire payer ?
À cela, elle ne répondit rien ni ne tenta de se justifier.
— À quand remontent tes dernières règles ? s'enquit-il.
— Euh... pardon ?
— Contente-toi de répondre à ma foutue question !
— Je n'ai jamais eu de règles.
Pris de court par cette révélation, Jaxon sentit sa colère s'atténuer.
— Pour quelle raison ? s'étonna-t-il.
— C'est ainsi que j'ai été conçue, répondit-elle d'une voix monocorde.
Malgré lui, Jaxon sentit cette réponse l'attendrir.
— Tu ne peux donc pas avoir d'enfant ?
— Pourquoi me poser ces questions ? s'insurgea-t-elle, les poings serrés. Ce n'est pas tes oignons !
Cet accès de colère ne fit que l'attendrir un peu plus.
— Ne laisse aucun Schôn t'embrasser ou te pénétrer. Compris ? Et cela n'a rien à voir avec... nous.
Mensonge et tragique vérité.
— Contente-toi d'éviter ça, maugréa-t-il. C'est tout. Mishka acquiesça d'un signe de tête. Ses poings se décrispèrent quand elle conclut :
— Écoute... je ne vais coucher avec personne d'autre que toi ce soir. Mais à l'avenir... je ne peux rien te promettre. Pour survivre, je dois faire ce qu'on m'ordonne de faire, Jaxon. Pas toi ?
Sans attendre sa réponse, elle lui tourna le dos et quitta la pièce.