Cinq jours que la femme-coquelicot n’était pas reparue. Le dernier après-midi, Maxime s’était retenu pour ne pas corriger l’insupportable fillette ; il se demandait avec inquiétude s’il existait des points communs entre la mère et l’enfant. À son soulagement, il n’en trouva aucun.

— Elle doit ressembler à son père !

— Quel père ? De qui parles-tu ? demanda Omar-Jo.

— De cette Thérèse. Elle fait faire à sa mère tout ce qu’elle veut. Si elle était à moi…

— Tu oublies que c’est toi qui lui as offert un tour de piste gratis.

— Ce n’était pas pour cette petite garce !

— Ah ?… C’était pour qui ?

— Ne prends pas l’air innocent, Omar-Jo. Au fait, comment s’appelle-t-elle ?

— Qui ça ?

— Eh bien, sa mère !… Vous n’en finissiez pas de vous parler. Elle t’a certainement donné son nom.

— Elle s’appelle : Cheranne.

— Cheranne ? C’est encore une invention à toi, ce nom-là !

— Appelle-la : Cheranne. Je parie qu’elle te répondra.

— Tu ne manques pas de toupet, Omar-Jo. Dès qu’ils te plaisent tu traites les inconnus comme des amis, tu les tutoies comme s’ils avaient ton âge !

— Pourquoi perdre du temps, Maxime ? Elle est courte la vie.

— Dire ça à douze ans ! Tiens, tu aurais mérité quelques bonnes corrections toi aussi. Tu n’en as jamais reçu de ton père ? Tu ne réponds pas, tu as du mal à t’en souvenir. Ça ne devait pas être très souvent. Dommage, ça t’aurait fait du bien !