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— Pauve Mariette que je suis, je sais plus que faire je fais que soupirer même que j'ai plus envie de café, il y a deux jours que ça dure, elle est plus la même, silence et silence, et je sais pas pourquoi, j'ose pas y demander la raison, avant-hier que ça a commencé sa mérancolie, le demain du jour qu'au contraire elle était tellement contente, oui, deux jours qu'elle est comme ça, Madeleine au pied de la croix, prenant plus qu'un bain le matin, elle qu'elle s'en appuyait des deux et trois, plus de goût à s'habiller, restant au lit avec des livres qu'elle lit même pas, les yeux au plafond d'un air d'attendre, parce que forcément je surveille la serrure, étant que c'est mon devoir vu qu'elle est orpheline, parlant plus chantant plus que j'aimais bien l'écouter, maintenant dans son lit à rien faire, il y a anguille sous cloche, mais je sais pas quoi, ça serait la personne à ça je dirais chagrin d'amour, mais je crois pas, j'aurais remarqué, c'est comme je vous dis, toujours dans son lit et mangeant pas que c'est affreux, ça va pas madame Ariane? jui ai dit deux trois fois pensant qu'elle me dirait la raison, mais elle toujours répondant je suis fatiguée j'ai mal à la tête, et c'est tout, et à sa tête je vois bien que c'est marqué défendu d'y demander, elle se fâcherait si je faisais la curieuse, c'est possibe que c'est une 576

maladie des nerfs comme son papa que des jours il disait pas un mot, toujours réfréchissant, moi pauvrette je fais ce que je peux, des fois lui disant des bêtises pour la faire rigoler mais elle rigole pas, hier matin pour ui changer les idées jui fais madame Ariane ça vous dirait qu'on aille un peu à la mer Côte d'Azur, parce que toujours ça a été sa passion la mer, le paysage, enfin des idées, quoique moi la mer vous savez ça m'a jamais rien dit, on peut pas se savonner dedans, ça mousse pas, ça vous dirait que jui fais, alors elle m'a fait non avec la tête et elle m'a dit qu'elle est beaucoup fatiguée, toujours la même chanson, et puis mangeant trois fois rien, tenez, pour vous dire, hier soir jui ai préparé un souper un peu fantaisie, rien que des hors-d'œuvre, pour ui faire envie, que jui ai porté dans son lit avec la petite tabe à malade, bien commode cette tabe et puis pliante quand on se la sert pas, des radis, olives, sardines, beurre et puis aussi de la jolie andouille que ma cousine de Nanteuil m'a envoyée, ferait mieux de me rembourser ce qu'elle me doit, un peu de thon mayonnaise avec de la paprique pour la gaieté, céleri rémoulade, tout bien servi, olives noires des grosses grosses, et puis des barquettes faisant bateau à l'artistique avec cheminée pour l'amuser et dedans fourré anchois, des œufs durs mayonnaise faisant figure de bébé pour l'amuser, avec deux câpres pour les yeux et de la paprique pour la bouche, du jambon Parme, enfin des flatteries pour le goût, plateau bien arrangé avec des fleurs, faisant mon possibe pour ui changer les idées, et puis le principal que j'oubliais, du saumon fumé que je suis vite été esprès en ville, au magasin cher, bandits et compagnie mais bien chalande, faut dire ce qui est, deux cents grammes, et de l'estra celui d'en haut qu'il est pas trop salé, pas besoin de tout manger madame Ariane, juste ce qui vous dira, mais elle a rien voulu, rien que du thé elle a pris, ça fait que c'est 577

moi que j'ai dû tout me manger dans la tristesse, pour quand même pas que ça se perde, et tout à l'heure quand jui ai porté son petit déjeuner au lit elle a même pas levé la tête, faisant des dessins avec son doigt sur la couverture, voilà un petit café au lait bien chaud, madame Ariane, attendez je vais vous mettre un autre oreiller que vous soyez bien aisée, alors me regardant comme si j'existais pas, juste un peu de café noir elle a pris, une gorgée, et ces jolis croissants, vous leur dites rien madame Ariane? non merci Mariette, j'ai pas faim, mais madame Ariane ça se mange sans faim un petit croissant, ça va pas plus loin que le gosier, c'est pas du vrai manger, non merci chère Mariette, et puis les yeux au plafond d'un air de dire qu'on me parle plus, qu'on me laisse seule, pour moi elle fait une crise de quelque chose, jui ai dit d'aller au docteur, elle a même pas répondu, on peut pas lui parler même avec des pincettes, oui, chère Mariette elle m'a dit, pauvre poupée, mais j'aimerais mieux qu'elle me dise vieille salope et qu'elle mange un peu, jui dis madame Ariane vu que jui ai toujours dit mademoiselle du temps de sa tante, mademoiselle Valérie voulant pas que jui dise seulement Ariane quand elle est venue un peu grande, question respect, enfin ça a été une habitude, d'abord mademoiselle et après forcément madame, mais quoique ça c'est ma petite chérie, étant veuve sans enfants, ça remplace, enfin un peu ma fille pour de dire, parce que mes nièces c'est des rien du tout, coureuses, bouffant tout le temps, alors ces deux c'est pas l'appétit qui leur manque, enfin on verra à midi, peut-être que ça ui dira, jui ferai des côtelettes d'agneau, peut-être que le simple ui dira mieux, avec une bonne purée et une jolie salade bien croquante avec de l'extragon, il y a rien de tel comme l'extragon pour charmer une salade, allez madame Ariane jui dirai, juste deux petites côtelettes pour vous fortifier le sang, le docteur que j'ouvrais la porte

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chez lui il me disait que de pas manger ça encrasse le sang et il trouve plus sa place et ça fait venir des glandes, voilà ce qu'il me procramait le docteur, alors voilà, faut que je me dépêche, sans vous froisser vous me retardez, bien contente de vous avoir vue, alors au revoir, merci, d'être venue, ça fait toujours plaisir, passez peut-être me dire un petit bonjour chez moi ce soir, on prendra le café.