BERNADETTE ET LE DIABLE
« Aucun détail n'est trop petit pour Dieu, qui compte les cheveux sur la tête de chaque homme... »
Cette phrase pourrait être un verset de l'Ancien Testament, ou du Coran ou encore un proverbe chinois. En tout cas, elle est de style ancien et l'on comprend qu'elle ait pu impressionner des esprits simples.
Aux assises de Zurich en janvier 1969, Dieu était cité comme témoin de la défense. Il ne s'est pas présenté. Il faut dire qu'un prêtre était accusé de meurtre, qu'une religieuse était complice, et qu'on avait tué le diable...
Dieu ne répondant en outre à aucune convocation, il eût été surprenant qu'il vînt secourir un escroc-exorciste-assassin, qui se prétend envoyé par lui. Or, en 1956, non seulement Joseph Stocker se prétend envoyé par Dieu, mais il prédit la fin du monde pour 1957. Les voies de Dieu étant impénétrables, il est aujourd'hui en prison.
En 1956, Joseph Stocker a soixante ans. Il porte un prénom biblique et il est temps qu'il s'en serve. Il y a quelques années, il était prêtre à Fribourg-en-Brisgau. Le Vatican avait l'œil sur lui, car ce prêtre avait une vie privée incompatible avec son sacerdoce. Cette vie privée s'appelait Maria Magdalena Kohler. Un prénom tout aussi biblique, et qui va bien servir aussi. Pour l'heure, Joseph et Marie-Madeleine ont fait des enfants. Le Vatican n'a pas apprécié. Joseph n'est donc plus prêtre. Qu'à cela ne tienne. Défroqué de l'Église catholique, il va créer sa propre Église en 1956. Celle de la fin du monde.
Joseph est maigre, chétif, il l'a toujours été. Son visage brûle, comme on dit, « d'un feu intérieur ». Regard glacial, bouche pincée, il a le faciès du prédicateur angoissé, un style qui marche très bien dans la région. Il pratique avec sainteté la pénitence et l'autoflagellation.
Marie-Madeleine, sa compagne, est aussi pieuse que laide. Son père l'a empêchée de prendre le voile à seize ans, préférant que sa fille se dévoue pour son bien-être. Contrariée dans sa vocation religieuse, Marie-Madeleine se transcende. La sainteté ayant bon dos, elle aussi se flagelle avec méthode.
La rencontre de ces deux fanatiques de l'expiation va donner naissance à un mariage mystique et secret. D'après eux, Dieu seul est au courant, ils s'aiment à travers Dieu, Dieu s'occupe de tout, jusqu'au moindre détail. Par exemple, Dieu dit à Joseph et Marie-Madeleine : « Vous irez à Rome à vélo ! » Joseph et sa compagne pédalent donc mystiquement jusqu'à Rome, où ils sont bénis par le pape, au passage, et dans la foule.
Ils se rendent ensuite en pèlerinage à Jérusalem, et c'est là, au couvent Saint-Charles-Borromée, que nos deux pèlerins vont tomber sur l'affaire du siècle.
Sœur Stella, religieuse allemande exilée à Jérusalem, a vu la Vierge. Plusieurs fois. Et, depuis ces apparitions incontrôlables, sœur Stella écrit des pages et des pages de prédications diverses, de menaces, et d'encouragements à la pénitence en prévision du déluge prochain.
Joseph Stocker trouve très intéressant ce que raconte sœur Stella. Il y voit sinon la vérité de Dieu, du moins des perspectives humaines. Que fait-on en cas de déluge ? On embarque sur l'arche de Noé. Et si on faisait payer les passages ?
Entreprise utopique aux yeux du commun des mortels. Justement, Joseph Stocker est hors du commun, et voici ce qu'il entreprend avec l'aide de Marie-Madeleine : Il persuade sœur Stella de quitter son couvent et de venir avec eux en Europe, car il faut absolument porter la prophétie aux foules inconscientes.
Sœur Stella, convaincue de la mission que la Vierge lui a confiée sur terre, arrive à Singen, en Suisse allemande, en compagnie de Joseph et de Marie-Madeleine. Le terrain est bon, et tous trois parlent la langue. Il faut bien porter le Verbe où il est compris. Ils s'installent dans la ferme de Marie-Madeleine, transformée en couvent, et créent « la communauté familiale internationale pour l'encouragement de la paix ».
Nous sommes en 1956. Vingt ans plus tard, les sectes se sont multipliées. Heureusement, elles n'aboutissent pas souvent aux mêmes crimes. Car Joseph et Marie-Madeleine ne vont pas se contenter de gruger des adeptes.
Joseph est un prédicateur-né. Il a ce flot de paroles ininterrompues et monotones, insistant et dangereux, qui répète toujours la même chose : « Dieu nous voit, Dieu nous attend, etc. » Tout le génie, justement, consistant à improviser interminablement l'et caetera. Il a le secret de la litanie. Il présente aux villageois ébahis sœur Stella, Marie-Madeleine et sa propre personne comme la Sainte Famille. On le croit.
Il réclame la confession des fidèles de la paix. Les fidèles se confessent. Il demande que les fidèles nourrissent la sainte Famille, ils la nourrissent. Bientôt, il compte des dizaines de fidèles. Ce n'est pas assez. Il faut mener le troupeau jusque-là où l'on veut.
Voici donc que sœur Stella, qui reçoit désormais directement des ordres de Jésus-Christ, a reçu la mauvaise nouvelle : « La fin du monde est pour le 25 août 1957. Ce sera un déluge, et celui-là, définitif. » Les fidèles en sont aussitôt persuadés.
C'est ici qu'intervient la grande idée de Joseph Stocker : il faut reconstruire l'arche de Noé. Il faut mettre en chantier la nouvelle arche. Elle sera gigantesque, mais les places seront quand même restreintes. Il faut faire vite et réserver à l'avance. Joseph s'adresse ainsi à ses fidèles. « La maison de Marie-Madeleine sera notre arche de Noé! Cet ordre, je le tiens de sœur Stella ! Notre arche sera le refuge du pape et de tous ceux qui croiront à la vérité de notre mission ! Comme il n'y a pas un instant à perdre, et qu'il faut agrandir notre arche de Noé, les travaux seront très coûteux, et il faut de l'argent, beaucoup d'argent ! et tout de suite. »
Cela marche encore de nos jours, pourquoi cela n'aurait-il pas marché en 1956 ? C'est ainsi qu'une femme de dentiste en Allemagne remet au père spirituel un demi-million d'anciens francs pour son sauvetage. En pleine dépression nerveuse, elle croit dur comme fer au départ imminent de l'arche de Noé.
C'est ainsi qu'un médecin, croyant jusqu'à la stupidité, fait don d'une statuette de la Vierge de Fatima d'une très grande valeur négociable. Un paysan déboise entièrement sa forêt, pour une valeur de 50000 Marks (6 millions d'anciens francs), somme destinée au père Stocker et à son arche ! Et les millions s'ajoutent aux millions. Dans la maison de Marie-Madeleine, les provisions et les dons s'entassent pour le grand voyage des rescapés du déluge.
Et la fin du monde arrive. A la date annoncée, on scrute le ciel. La matinée s'avance. Ce sera peut-être pour midi, ou après le déjeuner. C'est quand même curieux, le ciel reste clair, désespérément bleu. La terre ne tremble pas, les oiseaux ne s'arrêtent pas de chanter. Le fond de l'air n'est même pas froid. C'est bizarre, pensent les fidèles. Mais le père Joseph ne se démonte pas et prêche de plus belle. « Si la fin du monde ne survient pas en 1957, ce sera pour 1958 à la même date ! Ne relâchons pas notre effort ! » Certains fidèles, malgré tout, répandent le doute dans la communauté. Le père Joseph se fâche, d'une colère sainte, et jette sur les incroyants un redoutable anathème : « Qui se refuse à donner de l'argent pour l'arche de Noé ne survivra pas à la catastrophe universelle ! » Ce n'est pas le moment que l'affaire s'écroule, car le père Joseph prépare avec sa compagne un voyage de propagande aux États-Unis. Le marché, là-bas, est réputé important pour ce genre d'entreprise. On doit pouvoir lutter contre la prédiction locale en important sœur Stella. Le tout est de disparaître de Suisse allemande avec les honneurs de la foi.
Mais si la fin du monde n'arrive pas, celle de la crédulité approche. Ils seront deux. Deux seulement sur des centaines, à déposer plainte pour escroquerie. Et certaines instances ecclésiastiques vont quand même s'émouvoir à leur tour, d'une façon assez peu orthodoxe.
Jusque-là, on avait laissé agir le « père Stocker » avec une indulgence distraite. Mais voilà que le révérend père supérieur du couvent Saint-Charles Borromée, où se trouvait sœur Stella à Jérusalem, s'adresse par oracle... à la célèbre stigmatisée Thérèse Neumann, pour savoir si l'entreprise de Stocker est sérieuse ! Or, dans son extase, la stigmatisée répond : « Cette affaire est diabolique. »
De son côté, un homme, le dentiste époux de la généreuse donnatrice déprimée, prend le taureau par les cornes : il enlève tout simplement sœur Stella ! Ainsi, plus de sœur Stella, plus de Jésus-Christ, plus de quête. Sœur Stella est remise entre les murs d'un couvent d'où elle ne sortira plus. Et ce n'est pas tout. Galvanisé par ce succès de commando, le dentiste décide de récupérer l'argent de tout le monde. Mais le père Stocker, sentant le vent tourner, a déjà sauté dans sa luxueuse voiture et disparu avec Marie-Madeleine.
Hélas, Interpol ne les retrouve pas, et la justice mettra la main sur eux trop tard.
Car nous entrons dans le domaine de l'épouvante.
Après la fuite de Joseph et de Marie-Madeleine, un seul homme se retrouve devant le tribunal, en octobre 1958. Il s'appelle Joseph Hasler, c'est le président élu par Stoker à la tête de la « communauté familiale internationale pour l'encouragement de la paix ».
Joseph Hasler, marié, représentant en machines à laver, est père de deux filles et de deux garçons. L'aînée s'appelle Bernadette. Elle a dix-sept ans. Soupçonné d'escroquerie, Hasler est finalement acquitté, considéré lui-même comme une victime du père Joseph, et les neuf mois de prison qu'il a faits à titre préventif suffisent au jury, qui le renvoie dans son foyer.
Les deux coupables étant introuvables, l'affaire de l'arche de Noé devrait retomber dans l'oubli. Mais voici venir Bernadette, la fille aînée de Hasler. A dix-sept ans, c'est une jeune fille innocente, qui tient son journal naïvement. Elle écrit : « Je voudrais apprendre le violon, et avoir une amie de mon âge. Je voudrais quelqu'un à qui parler, un chat, ou un perroquet. J'aimerais sortir avec un garçon... » Elle travaille bien à l'école. Tous les soirs elle rentre sagement chez ses parents.
Et, un soir, en rentrant, elle trouve chez ses parents deux réfugiés de la foi : Joseph Stocker et sa compagne Marie-Madeleine. Le père de Bernadette, décidément incurable après ses neuf mois de prison, est resté convaincu, et inconditionnel des contemplateurs de l'arche de Noé ! Il les cache chez lui, au sein de sa famille.
Il ne sait pas ce qu'il fait. En l'espace de quelques semaines, la famille Hasler est sous la coupe de ces deux malfaisants. Les deux fils versent à Marie-Madeleine la totalité de leurs salaires. La bonne est punie par principe, tous les jours, et battue. Elle restera des journées entières le visage maculé de boue en signe de pénitence, car elle a des rapports jugés diaboliques avec son fiancé !
Marie-Madeleine, devenue « mère Magdalena », devient de plus en plus exigeante. Les parents n'ont plus le droit d'avoir des rapports physiques. Magdalena entend chacun en confession tous les jours. Elle exige des confessions intimes et détaillées, qu'elle note scrupuleusement. Elle prétend « qu'il faue connaître le péché pour le combattre ».
Et, un jour, elle décide que le péché est en Bernadette. Elle l'a surprise en train de laver « des parties de son corps où habite le diable ». Dès ce moment, Bernadette devient l'impure. Magdalena s'acharne sur elle et convainc ses parents de lui confier ce qu'elle nomme « l'éducation » de l'adolescente.
On a pu reconstituer le quotidien de cette « éducation ».
Un tel sadomasochisme à couverture mystique ne doit pas étonner. Il existe encore.
« Avoue que tu as le diable en toi ! »
Et Bernadette avoue.
« J'ai le diable en moi...
— Avoue que tu lui parles, et qu'il te répond !
— Il me parle !
— Parle-lui devant moi ! »
Et Bernadette parle avec le diable, et le diable répond à travers elle. Le diable dit : « Bernadette est une chienne, elle a envie de se donner à tous les hommes qu'elle voit, Bernadette fait l'amour avec le diable toutes les nuits, Bernadette se roule avec délices dans la fange ! » Complètement hystérique, la sainte mère Magdalena décide alors de séquestrer la jeune fille pour lui extirper des confessions plus détaillées. Les parents acceptent. La communauté se réfugie dans un chalet de Rinquill, qu'un adepte, bon gros épicier stupide, vient d'acheter pour la secte. S'y rassemblent donc les époux Hasler et leurs enfants, l'épicier et quatre membres d'une famille voisine, les Barmettler, trois frères et une sœur. Et l'atmosphère devient démente.
Bernadette, qui n'est pas suffisamment obéissante, est enfermée dans une pièce. Le saint père Joseph Stocker, halluciné, distribue ses bénédictions quotidiennes aux membres de la communauté, et l'on décide de procéder à l'exorcisme de Bernadette.
Il va durer quatre semaines. Quatre semaines de flagellation savamment dosée, de tortures invraisemblables, de conditionnement psychologique aberrant. Entre chaque séance d'exorcisme, la jeune fille écrit, sous la dictée du diable bien sûr, une confession de plus de trois cents pages, dont le saint père et la sainte mère se délectent en commun. Chaque désir malsain que le diable suggère y est consigné avec un luxe de détails que ne renierait pas le pire scénario pornographique. Cette blonde petite jeune fille naïve est devenue, selon le couple de fous, la plus horrible pécheresse que le diable ait enfantée.
Et les parents y croient ! Le père et la mère de Bernadette sont persuadés que leur fille est la maîtresse du diable. Joseph Stocker et sa compagne décident alors de pratiquer une ultime séance de désenvoûtement.
En mai 1966, dans le chalet de Rinquill, à une vingtaine de kilomètres de Zurich, commence alors la grande nuit de la purification. Les parents ne sont pas là.
Les adeptes pénètrent dans la chambre de Bernadette. En tête, l'épicier Bettio, derrière lui les quatre Barmettler. Le père Joseph donne sa bénédiction, et l'on oblige la pauvre fille à s'accroupir nue sur le lit.
L'épicier commence. Armé d'un tuyau de caoutchouc, il se met à frapper méthodiquement, en psalmodiant des injures. Les coups s'abattent sur le dos, le ventre, les seins, avec une régularité affreuse. Magdalena soutient le tortionnaire de ses imprécations : « Frappez, frappez! Elle guérira ! »
Joseph Stocker prend le relais avec une cravache. Il retourne Bernadette qui hurle de douleur, l'oblige à s'allonger sur le dos et se met à frapper à son tour en hurlant: « Demande grâce ! »
On devine la suite logique, le refoulement sexuel étant évidemment la cause de tout. Une véritable hystérie s'empare de cette assemblée de sadiques, de meurtriers. Rien ne sera épargné à Bernadette, par aucun d'entre eux.
Enfin Joseph Stocker met fin à la cérémonie, car la jeune fille ne crie même plus. « Il faut la laisser dormir, dit-il, le froid la réveillera. »
Le lendemain dimanche, Joseph Stocker informe les parents de Bernadette d'une très mauvaise nouvelle : « En voulant la réveiller, je l'ai trouvée morte dans son lit. » Et il ajoute, toujours prudent : « Il ne faut pas la laisser là. Il faut la transporter chez les Barmettler et prévenir un médecin, mais ne pas parler de nous. »
Alors, et c'est encore pire que tout, les parents viennent chercher le corps de la jeune fille, ils l'installent entre eux, dans leur voiture, assise, et l'emmènent jusqu'au domicile des Barmettler, à quatre-vingt-dix kilomètres de là, avec l'accord de ceux-ci, bien sûr. Ils couchent le cadavre sur le lit et téléphonent à un médecin. « Notre fille était en vacances chez des amis, depuis Pâques, et, ce matin, nous l'avons trouvée morte. »
Cette tentative de camouflage imbécile ne tient évidemment pas devant le médecin, pour qui il n'est pas question de délivrer un permis d'inhumer, mais au contraire de prévenir la police.
Le rapport de l'autopsie de l'institut médico-légal de Bâle évoque le « crime rituel, commis avec acharnement ». On relève sur le corps de la jeune fille une multitude d'hématomes qui ont provoqué la mort par arrêt cardiaque. L'agonie fut courte, précise le médecin légiste, mais les souffrances ont manifestement été longues.
C'est effrayant. Mais, ce qui est plus effrayant encore, c'est le procès. Onze personnes sont arrêtées : Joseph Stocker, Marie-Madeleine, les trois frères et la sœur Barmettler, les frères de Bernadette et ses parents. Le juge Gut, au tribunal de Zurich, a bien du mal à démêler la part de la folie dans les agissements des « contemplateurs de l'arche de Noé ». Il est gratifié d'un festival d'imprécations. « Il faut chercher le diable là où il se trouve ! » clame Stocker. Et la sainte concubine d'ajouter : « Chaque pensée est impure, chaque pensée est aussi grave qu'un acte. L'innocence vient de Satan ! »
Dix ans de réclusion pour l'un et l'autre. Dix ans seulement. Trois ans pour l'épicier sadique, trois ans pour les autres...
Une clémence dont bénéficient les parents. Ils sont acquittés : Ils n'étaient pas là le jour du crime. Ils ne pensaient pas « que le diable irait si loin ». Bernadette était si désobéissante, qu'ils ont cru « bien faire » ! .
Une petite inculpation, quand même, sanctionna le fait qu'ils ont transporté le cadavre de leur fille et tenté d'éviter la justice. Mais la prévention a suffi. Le 4 février 1967, papa et maman Hasler sont libres.
En 1976, tout ce monde est en liberté. Joseph Stocker et Marie-Madeleine devraient justement sortir de prison ces temps-ci. C'est peut-être déjà fait. Si sœur Stella est encore au couvent, on doit l'y tenir discrètement. L'épicier au tuyau de caoutchouc, les frères et sœurs, tous les comparses font à nouveau partie du quotidien, ainsi que tous les anciens de l'arche de Noé. On parle de plus en plus de sectes, même si le style a changé. Le diable court toujours et Bernadette, que l'on sache, n'a pas été béatifiée...