CHAPITRE XLIV

Les deux appareils montaient dans la fumée et la nuit brûlante, zigzaguant pour échapper au feu ennemi qui arrosait de nouveau Kachirho. Starstone, Filli, Cudgel et Chewbacca étaient entassés dans le cockpit du transport. Le Wookiee était coincé dans le siège du pilote, sa tête frôlant le plafond. La Jedi serrait les accoudoirs du siège d’accélération.

Elle ne pouvait se résoudre à lever les yeux pour regarder par le pare-brise, de peur de ce qu’elle verrait.

Comme s’il pouvait lire ses pensées, Cudgel dit :

— Vous ne pouviez pas sauver toute une planète, petite. Même si vous avez essayé.

Chewbacca confirma cette remarque d’un grondement sourd, frappant de ses grosses pognes le manche de l’appareil pour plus d’emphase.

— Les Wookiees savaient que leurs jours en tant que peuple libre étaient comptés, traduisit Cudgel. Kashyyyk n’est que le premier monde non humain à être mis en esclavage.

Chewbacca lança le transport fatigué dans une manœuvre d’évasion serrée, manquant les faire tous tomber de leurs sièges. Par la vitre, Starstone aperçut la navette noire de Vador, qui tombait vers le sol. Le Wookie lutta pour prendre de l’altitude et éviter l’explosion en forme de champignon.

La voix d’Archyr résonna dans les haut-parleurs, la navette apparaissant à bâbord.

— On a eu chaud !

Grondant son irritation, Chewbacca contrôla rapidement les systèmes.

— La queue est un peu roussie, dit Cudgel à Archyr dans le micro, mais à part ça, ça va.

La navette volait toujours à côté du transport.

— La moitié de la terrasse a disparu, continua Archyr. On peut encore s’y poser, mais il va falloir faire vite. Quoi que Olee ait à l’esprit, elle devra se dépêcher !

Cudgel se tourna vers elle.

— Vous avez entendu ?

Elle hocha la tête tandis que la plate-forme ravagée entrait dans son champ de vision. C’était encore pire que ce qu’elle avait imaginé. Tout le tour avait disparu, et ce qui s’accrochait encore au tronc avait été troué et roussi par les turbolasers. Les cadavres des Wookiees et des clones étaient léchés par les flammes.

— Je ne vois ni Shryne ni Vador, dit Archyr.

— Les turbos pourraient les avoir éliminés…, commença Cudgel.

Mais Starstone le coupa.

— Non, je le saurais.

Chewbacca la regarda et poussa un braiment d’assentiment.

— Il est d’accord avec vous, dit Cudgel.

Starstone se pencha vers le Wookiee.

— Croyez-vous pouvoir nous amener en bas ?

Il émit un son dubitatif, puis acquiesça. Actionnant le levier du répulseur avec un doigté extraordinaire, il les approcha du wroshyr. L’appareil était près de se poser quand, soudain, ce qui restait de la terrasse se détacha du tronc massif, en emportant plusieurs autres, plus basses, dans sa chute.

Starstone haleta quand Chewbacca dégagea le transport d’un geste vif. À moitié hors de son siège, elle se concentra sur l’ouverture qui donnait à l’intérieur de l’arbre creux et étendit sa perception grâce à la Force.

— Ils sont à l’intérieur ! Je les sens.

Filli la força à se rasseoir.

— Nous ne pouvons rien faire.

La voix d’Archyr aboya quelque chose dans le haut-parleur.

— Navettes de combat en approche !

Cudgel força la jeune femme à le regarder.

— Qu’est-ce que Shryne voudrait que vous fassiez ?

Elle n’eut pas besoin d’y réfléchir. Exhalant d’un coup, elle dit :

— Chewbacca, sortez-nous de là.

Filli et Cudgel poussèrent des soupirs soulagés. Chewbacca lâcha un grondement sourd plein de mélancolie, puis il fit prendre de l’altitude au transport.

— Évitez le lac, prévint Archyr. (La navette était revenue à côté d’eux pour les couvrir de ses feux.) Nous n’avons qu’un mince vecteur, nord, nord-ouest.

Esquivant les tirs ennemis, les deux appareils volèrent vers un coucher de soleil orange, puis montèrent vers les étoiles au milieu de dizaines de ferries et de cargos. Les vaisseaux de guerre en orbite les canardaient à coups de turbolasers en même temps que la planète au-dessous, ravagée par le feu.

Hululant son angoisse, Chewbacca abattit son gros poing sur la console, puis indiqua une zone dévastée par un immense incendie.

— Rwookrrorro, dit Cudgel, sa ville natale.

Les étoiles perdaient leur brillant quand la console de communication bipa. Filli passa la communication sur les haut-parleurs.

— Heureuse de voir que vous êtes revenus à la raison, dit Jula. Roan est-il à bord de l’un des appareils ?

— Négatif, Jula, répondit tristement Filli.

Pendant un long moment, ils n’entendirent que la statique, puis Jula reprit :

— Après Alderaan, il n’y a rien que j’aie pu dire… (Sa voix mourut, mais elle reprit très vite, n’ayant pas terminé.) Aucun de nous n’est encore tiré d’affaire. Qui que soit l’officier en charge – que ce soit Vador ou un autre – il a de nombreux Interdictor en orbite. Aucun vaisseau n’a encore pu sauter dans l’hyperespace.

— La Danseuse Ivre a-t-elle assez de puissance de feu pour prendre un croiseur ? demanda Cudgel.

— Filli, fit Jula, informe cette personne que je n’ai pas l’intention d’échanger de tir avec un Detainer CC-2002.

Alors qu’ils atteignaient la limite de l’atmosphère de Kashyyyk, ils virent des centaines de vaisseaux pris dans la gravité artificielle générée par les projecteurs puissants des Interdictor. Les carcasses noircies des appareils des Séparatistes flottaient au milieu de la pagaille.

— Dommage que nous ne puissions pas faire repartir, l’un de ceux-là, se lamenta Cudgel. Ils ont des armes assez puissantes pour s’occuper d’un croiseur.

Starstone et Filli s’entre-regardèrent.

— Nous connaissons peut-être un moyen, dit-il.