Soyez les bienvenus dans la vie éternelle, mes
amis.
Ce livre doit sa naissance à Harriet Wolff, une
journaliste allemande que j’ai rencontrée à Berlin il y a quelques
années. Avant de me poser ses questions, Harriet a souhaité me
raconter une petite fable. Cette fable symbolisait, selon elle, la
position d’écrivain qui est la mienne.
Je suis dans une cabine téléphonique, après la
fin du monde. Je peux passer autant de coups de téléphone que je
veux, il n’y a aucune limite. On ignore si d’autres personnes ont
survécu, ou si mes appels ne sont que le monologue d’un désaxé.
Parfois l’appel est bref, comme si l’on m’avait raccroché au
nez ; parfois il se prolonge, comme si l’on m’écoutait avec
une curiosité coupable. Il n’y a ni jour, ni nuit ; la
situation ne peut pas avoir de fin.
Sois la bienvenue dans la vie éternelle,
Harriet.