Daniel25,13
Le départ de Marie23 me trouble davantage que je
ne l’avais escompté ; je m’étais habitué à nos
entretiens ; leur disparition m’occasionne comme une
tristesse, un manque, et je n’ai encore pu me résoudre à rentrer en
contact avec Esther31.
Le lendemain de son départ, j’ai imprimé les
relevés topographiques des zones que Marie23 aurait à traverser en
direction de Lanzarote ; il m’arrive fréquemment de songer à
elle, de l’imaginer sur les étapes de son parcours. Nous vivons
comme entourés d’un voile, un rempart de données, mais nous avons
le choix de déchirer le voile, de briser le rempart ; nos
corps encore humains sont tout prêts à revivre. Marie23 a décidé de
se séparer de notre communauté, et il s’agit d’un départ libre et
définitif ; j’éprouve des difficultés persistantes à accepter
l’idée. En de telles circonstances, la Sœur suprême recommande la
lecture de Spinoza ; j’y consacre environ une heure
journalière.