Chapitre XXIV
Les époux Goudar quittèrent Paris le deux mai 1765. Mes espions me rapportèrent qu'ils avaient longtemps fait le siège de Lebel avant de plier bagage17. J'étais tranquille. Du moins je le croyais, car, dans la vie, un souci s'avance rarement seul. À la fin du printemps, je reçus une longue lettre d'Adélaïde, ma cousine, qui me donnait des nouvelles du pays. Elle en faisait ainsi presque chaque année depuis mon départ, me contant parfois ce qu'elle savait de ma famille. Je vous l'ai déjà dit, je crois, il m'importait peu d'avoir la chronique de Lévignac, mais je ne suis pas un homme dénaturé. Et le détail du courrier d'Adélaïde ne fut pas sans occuper quelque temps mon esprit. Elle y racontait comment le domaine était au bord de la ruine : ni ma femme ni mes sœurs n'étaient capables d'en mener la gestion. La misère frappait même à la porte de notre manoir, écrivait ma cousine. Chon et Bischi avaient fait le voyage de Toulouse pour mendier des secours auprès d'elle, se plaignant qu'elles ne pouvaient se séparer de quelque partie que ce fût du domaine, puisque j'en étais le seul propriétaire. Quant à mon frère, la maladie l'avait obligé à quitter la marine, et son maigre pécule suffisait tout juste à faire survivre ce petit monde. Mais il y avait plus grave. Mon épouse, dont le caractère était depuis longtemps altéré par sa mélancolie, envisageait d'aller abriter sa peine au couvent. L'idée n'était pas des plus sottes pour qui la connaissait ; toutefois, il faut se rappeler que j'avais également un fils qui allait sur ses seize ans.
Je vous le dis, il me restait suffisamment de morale pour ne pas l'oublier. Par ailleurs, il eût été pénible pour ma réputation qu'on puisse dire que j'avais laissé mourir de faim ma progéniture. Pour cette raison, et pour seulement celle-là, je me décidai à solliciter de M. de Richelieu qu'il intervînt pour faire une place à mon fils chez les pages de Versailles. Je pris la précaution de faire établir la demande sous le patronyme de mon épouse, le mien n'étant pas la meilleure des introductions à la Cour. Au bout d'un mois, M. de Richelieu me remit le brevet de page. Il me restait à le transmettre à Lévignac. Évidemment, la chose n'était pas des plus simples. J'eus recours une nouvelle fois à mon imagination que vous savez fertile lorsqu'il s'agit de duper ma famille. J'écrivis à Adélaïde, à qui je ne cachai – presque – rien, pour l'informer du détail de mon plan. Elle porterait à Lévignac le brevet, accompagné d'une lettre de ma part où j'expliquais sans trop m'attarder que le destin m'avait privé de leur compagnie pour de puissantes raisons auxquelles mon bon vouloir n'avait pu se soustraire. Je racontai ensuite une fable où je me donnai un très beau rôle et où je mélangeai un peu de tout ce qui occupa mes dix dernières années, mais en omettant l'essentiel. De cette soupe, je tirai le motif de mon silence pendant tout ce temps. Toutefois, ni la distance ni le temps ne pouvaient me les faire oublier. La preuve, aujourd'hui, je leur témoignais mon affection en faisant parvenir à mon fils ce brevet, ainsi qu'une somme de cinq mille livres pour subvenir aux besoins de la famille. Dans leur campagne, c'était bien suffisant. Je précisai enfin qu'il m'était impossible pour le moment de venir leur prouver mon attachement, aussi je leur demandais un peu de patience avant de nous revoir. Et puis, j'espérais bientôt de leurs nouvelles par Adolphe, mon fils, conclus-je.
À d'autres, cette missive aurait donné des ailes pour venir voir à Paris de quoi il retournait, et surtout pour exiger des explications sur ma fugue. Cependant, je connaissais bien mes parents. Ce n'étaient pas mes sœurs qui auraient tenté le voyage, encore moins mon épouse, au fond d'elle-même possiblement heureuse de ma disparition. Quant à Guillaume, sa carrière dans la marine l'avait sûrement un peu dégrossi ; cependant, je le savais incapable d'une telle initiative. Malgré son ressentiment, l'argent que j'envoyai suffirait à le cantonner dans sa médiocrité.
Les choses se passèrent comme je vous l'ai dit. À Lévignac, mon courrier surprit la maisonnée, bien plus que si on leur avait annoncé le retour des Rois mages, m'écrivit Adélaïde. Comme je l'avais supposé, mon frère et mes sœurs empochèrent les cinq mille livres, mais ne firent pas le moindre préparatif de départ pour venir demander la suite des comptes. Ils firent ce qu'ils savaient le mieux : attendre. Au début de septembre, mon fils prit le chemin de Versailles. Je le fis venir à Paris trois semaines plus tard, assez curieux de savoir à quoi il ressemblait. Nous nous rencontrâmes dans les jardins des Tuileries. J'étais avec Jeanne. Le garçon avait à peine seize ans, mais je dois avouer qu'il ne manquait pas d'allure. Belle taille, bonne mine, la jambe bien faite, il ne faisait pas honte à ma lignée. Au moins pour l'apparence. Au moral, il semblait en revanche avoir hérité de la tempérance de la famille de sa mère. D'un naturel doux, il plut beaucoup à Jeanne, qui a un faible pour les fragiles. Nous ne nous attardâmes pas. Et après lui avoir expliqué qu'il recevrait désormais de ma part deux cents livres par mois, il fila rejoindre son service à Versailles.
La nature est curieuse. J'ai un fils – le seul reconnu, pour les autres, je n'ai pas d'avis –, mais je ne me suis jamais senti la fibre paternelle. Je connais des gentilshommes qui donneraient une fortune pour serrer sur leur cœur le fruit de leurs œuvres. À moi, cela m'importe sincèrement très peu. Avoir un enfant est une loterie dont rien ne garantit que le lot sera conforme à celui espéré. Et quand bien même répondrait-il aux attentes, il m'a toujours paru ridicule de souhaiter de sa progéniture qu'elle vous perpétue, voire qu'elle réussisse là où vous avez échoué. Comme si ces beaux espoirs pouvaient racheter les parents de leur médiocrité. Non, mon fils deviendra ce qu'il voudra : cela ne changera rien pour moi. Je ne lui en souhaite pas moins beaucoup de satisfactions, et bon vent pour la suite. Pas plus. Voilà pour clore le chapitre sur ma descendance.
*
Très vite, ma maison fut connue par la bonne société comme un endroit où l'on jouait gros jeu. La présence de Jeanne aimantait la curiosité, attirant chez moi amateurs de cartes et collectionneurs de bonne fortune, d'autant que mes autres protégées étaient aussi de la partie. Nous organisions trois fois par semaine des soupers à partir de neuf heures du soir, avant d'ouvrir une table dont je tenais généralement la banque pour débuter. Bientôt, la bonne réputation du lieu attira de nouveaux joueurs, si bien qu'il fut nécessaire d'aménager un autre salon afin d'installer deux ou trois tables supplémentaires. Jeanne allait d'une à l'autre, dispensant une œillade par-ci, un bon mot par-là, laissant dans son sillage des promesses aux perdants, des rendez-vous aux gagnants. Et elle a souvent récupéré dans une alcôve ce qu'il m'arrivait de perdre sur le tapis. Ainsi marchaient mes affaires sur un train fort convenable quand un malentendu manqua tout renverser.
Depuis plus d'une année que Jeanne était dans cette maison, la belle avait occupé beaucoup de mon temps comme vous venez d'en juger. Hormis quelques entretiens intimes avec mes protégées, je me tenais assez sage et lui restais fidèle, à peu de chose près. Jeanne m'avait d'ailleurs fait promettre de lui avouer chacune de mes aventures. Elle attachait beaucoup de prix à ce que je fusse sincère avec elle. Notre relation ne s'embarrassait pas de respecter les bonnes mœurs, mais elle la désirait fondée sur l'honnêteté : j'avais l'usage de son corps pour mes affaires, tandis qu'elle voulait en regard l'exclusive de ma personne. Je trouvais cela charmant et paraphais ce contrat moral de bon cœur, si cela pouvait me l'attacher un peu plus.
Pourtant, vous me connaissez, il n'y a pas beaucoup d'engagement de cette sorte qui m'ait longtemps tenu lié. Les mois passant, je retrouvai quelques occasions de faire parler de moi dans mes lieux de débauche favoris. Jeanne s'en douta mais ne dit rien. Elle savait mieux qu'une autre comment un homme peut s'absenter du foyer sans pour autant l'abandonner. Elle-même était habituée du fait, certes pour les besoins de notre cause. Les choses allaient ainsi lorsqu'un de mes soirs de découche, je rencontrai une adorable jeune fille chez la Préville, en son bordel de la rue Mazarine. Je me l'offris pour la nuit. C'était une rousse piquante, à l'œil vert et au corps de nymphe dont le duc de Lauzun avait longtemps fait sa pitance, bien qu'elle n'eût encore que dix-sept ans. Elle avait commencé très tôt dans la carrière. En dessous de Jeanne pour le charme comme la grâce, elle me séduisit tout de même assez pour qu'il me prît l'envie de la visiter régulièrement. Elle habitait dans un petit appartement rue Saint-Fiacre, dont je fis un repaire une ou deux fois par semaine. Je me gardai cependant d'en parler à Jeanne, la chose n'étant, je le savais, qu'une tocade comme il m'en arrive souvent. Et puis cette jeunette n'entra jamais un quelconque instant dans les plans que vous connaissez. C'était mon bon plaisir, voilà tout. J'omettais simplement une réalité : comme toutes les favorites, Jeanne était devenue jalouse de sa place auprès de moi. Un matin d'octobre, alors que je m'apprêtais à sortir – justement pour aller rue Saint-Fiacre –, elle vint me le signifier sur un ton qu'elle ne m'avait encore jamais montré.
— Mon ami, vous voilà bien matinal, engagea-t-elle d'une mine maussade.
— On m'attend au Palais-Royal, pour une affaire urgente.
— Ah… dites-m'en plus.
Sans me troubler, j'inventai une fable dans l'instant, cela ne m'a jamais été une peine.
— M. de Richelieu, dis-je, m'a chargé de…
— Porter de ses nouvelles à une jeune femme ? me coupa-t-elle.
— Pardon ?
— Vous vous rendez chez une femme, je le sais.
Passablement surpris de sa sortie, je restai un instant sans voix.
— Vous vous méprenez, ce n'est pas à une femme qu'il m'a demandé de rendre visite mais à…
Elle m'interrompit à nouveau en tripotant nerveusement un mouchoir : — Mon ami, épargnez-moi une de vos belles histoires. Vous oubliez qu'elles me sont familières.
Cette fois, je m'agaçai :
— Jeanne, vous voilà bien vindicative aujourd'hui. Je me rends où je dois me rendre et je n'ai pas à vous en donner d'explications, répondis-je vivement, en tournant les talons.
— Monsieur, – elle ne m'appelait généralement que mon ami ou des choses plus douces encore –, nos accords sont clairs : j'accepte d'être infidèle à la condition que vous me soyez fidèle.
— Cessons ces enfantillages. Que dites-vous là ?
— Je dis qu'il me revient que vous voyez une jeune femme en secret depuis plus d'un mois. Ce n'est plus une passade mais une liaison. Et si je n'avais peur de faire rire, je dirais que vous avez une maîtresse.
— C'est risible en effet.
— Eh bien riez, monsieur. Je ne céderai pas sur ce point. Puisqu'une rivale vous inspire des mensonges, j'estime notre contrat caduc, lâcha-t-elle en me plantant là.
Jeanne paraissait fort sérieuse. Qui donc avait pu lui faire part de mes incartades ? S'il n'avait été aussi sot, j'aurais pensé à Simon, qui me menait généralement chez la jeune femme en question. Mais ce n'était pas possible et je n'ai jamais su comment Jeanne fut au courant. Le jour même, trois portefaix vinrent chercher ses malles.
Voyez comme les grands desseins tiennent à peu de chose lorsqu'ils dépendent d'une femme. Alors qu'elle n'avait jamais hésité à se laisser brocanter de droite et de gauche, Jeanne me quittait car elle estimait que je lui étais déloyal. Elle, si soumise à ma loi, fit valoir des droits d'épouse qui se croyait remplacée. Je signale au passage que si une honnête femme a du mérite de se garder à son seul mari, une putain plus encore car ses charmes ont un prix et sa fidélité lui coûte de l'argent. Elle retourna chez sa brave mère. Anne Rançon avait du jugement et lui fit la morale, mais rien ne valut. Elle était piquée dans son orgueil, ou dans son amour, peut-être, je ne l'ai jamais bien su. À moins qu'elle n'ait eu l'espoir secret de mener sa carrière toute seule. Jeanne avait du caractère et avec ce coup d'éclat, l'occasion était belle de s'affranchir de ma tutelle.
Je fus très inquiet mais je ne montrai rien18. En ce genre de crise, l'indifférence est le meilleur des remèdes. Je le dis pour le lecteur attentif à mes conseils car se traîner aux pieds d'une maîtresse en colère ne l'engage généralement qu'à vous piétiner un peu plus. Je vaquai donc à mes occupations sans rien changer à mes habitudes, les meilleures comme les pires. Au bout de quelques semaines de ce régime, Jeanne ne donnait toujours aucun signe de vouloir revenir chez moi. J'appris qu'elle s'était même essayée à sortir au théâtre en compagnie d'un galant, un obscur conseiller au parlement, me rapportèrent mes espions. Car vous pensez bien qu'il me tenait à cœur de savoir avec qui elle frayait. Elle alla aussi chez la Brissault, mais n'étant pas dans les petits papiers de cette digne maquerelle que l'on surnommait la Présidente, elle n'y fit pas de bonne levée. Il m'arriva aussi de la croiser une ou deux fois ailleurs, sans qu'elle ne manifestât de gêne ni de pudeur à s'afficher avec d'autres gentilshommes. Je restai sur ma ligne de conduite, bien qu'il me faille vous avouer que je n'avais aucune idée de la manière de la reconquérir.
Deux mois passèrent ainsi sans plus de nouvelles de Jeanne qu'une visite d'Anne Rançon, qui s'inquiétait de la franche diminution des subsides qu'elle recevait de sa fille. Elle me dépeignit les médiocres rencontres de cette dernière, regrettant les belles heures passées où, disait-elle, mon entregent ouvrait les meilleures fréquentations à Jeanne. Désormais, elle devait se contenter de quelques petits marquis, quand ce n'était pas des roturiers à peine enrichis qui profitaient de l'aubaine. Jeanne savait se donner mais pas se vendre : il lui fallait un tiers pour faire le courtier. Et il ne faudrait pas attendre longtemps pour qu'une maquerelle lui mette le grappin, s'inquiétait sa brave mère. Je répondis qu'il m'était difficile d'intervenir, attendu que Jeanne ne souhaitait plus me voir. Anne Rançon ne s'en consolait pas et me promit qu'elle tenterait de gagner sa fille à ma cause si elle en avait l'occasion. Nous nous quittâmes bons amis. Une semaine plus tard, elle m'envoyait un billet me priant de venir le lendemain soir chez elle pour une affaire urgente. J'en conclus qu'il devait être question de Jeanne et j'allai au rendez-vous. Je la trouvai effectivement au logis de sa mère. Elle avait une mine affreuse. Anne Rançon nous laissa seuls.
— Madame, l'air de la liberté n'a semble-t-il pas que des avantages, entamai-je sans précaution.
— Que voulez-vous dire ? demanda Jeanne, sur la défensive.
— Vous êtes moins belle qu'il y a deux mois, c'est tout – j'exagérai mais j'avais décidé de ne pas l'épargner.
— Vous êtes bien cruel, monsieur.
— Autant qu'il me plaira puisque nous ne sommes plus rien.
— Cela ne vous donne pas tous les droits.
— Ni vous celui de demander ma charité.
— Je ne vous demande rien du tout.
— Alors que fais-je là ?
— C'est ma mère qui vous a fait venir.
— Mais c'est vous que je trouve au logis.
— J'habite ici.
— Pas tout le temps, de ce que l'on me dit.
— Il m'arrive de découcher, c'est vrai. Comme vous…
— Encore cette amertume. L'aigreur ne vous va pas au teint, madame. Vous méritez mieux.
Un silence se fit après cette première passe d'armes. Je la laissai reprendre la parole.
— Puisque vous êtes là, donnez-moi au moins de vos nouvelles, dit-elle, un peu radoucie.
— Je me porte on ne peut mieux, comme vous pouvez le voir.
Un nouveau silence s'installa.
— Vous n'êtes donc pas affecté de vous passer de ma compagnie ? me demanda tout à coup Jeanne.
Elle ne savait pas jouer la rancune. Encore moins l'indifférence. Et sa mère semblait avoir bien travaillé.
— Pas plus qu'il ne me semble que la mienne vous manque, rétorquai-je d'un air de défi.
— Détrompez-vous, mon ami, dit-elle doucement.
— Je ne comprends pas, madame. Il y a peu, j'avais perdu votre estime, il me semble.
— Vous aviez pris une liberté qu'il m'aurait été agréable de vous donner si vous me l'aviez demandé. Cela m'a contrariée.
— Et aujourd'hui ?
— Cela me peine toujours, mais…
— Mais ?
— Mais je ne goûte pas longtemps le chagrin, vous le savez.
— Et ?
— Je veux bien vous pardonner, dit-elle dans un léger soupir.
— Pour quelle faute ? répondis-je, en poussant mon avantage.
— Eh bien… pour m'avoir laissée partir, glissa-t-elle en ouvrant bien grands ses yeux.
Son culot me tira un sourire.
— N'êtes-vous point liée à un autre parti ? lui demandai-je.
— À part l'amour, je ne me connais pas de maître. Je ne dis pas que quelques-uns n'aient essayé ces temps-ci, mais en vain.
— Voudrez-vous alors revenir dans ma maison ?
— Sans doute.
— Vous montrer plus docile ?
— Vous ai-je jamais déçu sur ce point ?
— Non pas, mais je parlais de me laisser la bride.
— Désormais, dites-moi vos écarts, je ne vous cacherai pas les miens.
— Fort bien. Pour le reste, nos accords demeurent donc les mêmes.
— Oui. Et maintenant fermons cette parenthèse, mon ami, conclut-elle avant de sceller nos retrouvailles à sa manière.
Sa mère eut la courtoisie de ne pas rentrer tôt ce soir-là. Le lendemain, j'envoyai Simon chercher les malles de Jeanne. Je n'étais pas dupe sur le fond des raisons de son retour, mais Noël arriva comme si rien n'était advenu. Ou presque. Car je dois dire qu'à partir de cette époque notre lune de miel s'acheva pour faire place à un ménage où l'affection céda le pas à l'intérêt. Mais il en va souvent ainsi des unions fructueuses – dommage si je choque les jeunes époux.
17Le comte a bâti de toutes pièces cette fable sur la présumée maladie honteuse de Sarah Goudar. Cela suffit à décourager Lebel d'y aller voir plus avant. Le couple Goudar quitta la France pour Naples.
18Les rapports de police de Louis Marais sont d'un autre ton. Il explique que Jeanne quitta le comte car elle ne voulait plus dépendre de lui dans son commerce. Elle se serait installée rue Montmartre, non loin de chez sa mère, pour œuvrer en toute indépendance. Les causes de son départ se situent sûrement à mi-chemin entre l'histoire racontée par Jean et le rapport de Marais.