La comtesse se laissa déshabiller sans façon. Elle revenait des appartements du roi, et sa peau sentait encore le fameux parfum à l'huile de bergamote dont le monarque usait abondamment. Nous échangeâmes peu de mots. Lorsqu'elle fut entièrement nue, je l'entraînai vers un petit canapé placé dans un angle du salon, en regard d'une fenêtre d'où l'on pouvait admirer la cour de Marbre. La nuit était déjà bien engagée, seuls quelques flambeaux éclairaient timidement les façades de Versailles. Dans cette presque obscurité, l'admirable corps de Mme du Barry semblait comme un reflet de lune sur l'eau claire. J'étais debout devant elle, son beau visage à la hauteur de mon ventre. Je la priai de bien vouloir me dévêtir à son tour. Elle accomplit d'une main experte son labeur : en un clin d'œil nous fûmes à égalité. Je n'en dirai pas plus sur la suite, mais à ceux que cela intéresse, qu'ils laissent vagabonder leur imagination sans se brider. Pour notre part, c'est ce que nous fîmes. La comtesse venait d'accomplir son office chez le roi ; cependant, sa belle santé lui autorisait à remonter sur scène après un bref entracte. Elle rejoua la pièce avec entrain, agrémentant sa magnifique éloquence de quelques improvisations du meilleur goût. Le canapé fut vite un décor trop étroit pour son répertoire : nous continuâmes sur les tapis. Je lui donnai la réplique jusqu'au milieu de la nuit. Il y eut trois rappels avant que le rideau ne tombe. Contente de nous, Mme du Barry m'embrassa avec cet air de soumission dont elle savait qu'il plaisait tant. Toujours nue, elle se rendit ensuite dans le boudoir attenant au salon, puis en revint quelques secondes plus tard avec un coffret en émaux. Il contenait une bonne dizaine de petits diamants dont j'estimai la valeur à dix mille livres, au bas mot. Elle me remit le tout : c'était bien le moins pour ma peine. Je ne la remerciai pas…