Longtemps mon frère m’a aidé à surmonter mes peurs. Une pression de sa main sur mon bras, ses doigts qui ébouriffaient mes cheveux et je trouvais la force de franchir les obstacles. Sur les bancs de l’école le contact de son épaule contre la mienne me rassurait et souvent, si l’on m’interrogeait, le murmure de sa voix à mon oreille me soufflait la bonne réponse.

 

Il affichait la fierté des rebelles qui balayaient les obstacles, des héros de cour de récréation suspendus au vol d’un ballon, des conquérants qui escaladaient les grilles. Je les admirais, le dos collé au mur, incapable de rivaliser avec eux, attendant la cloche libératrice pour retrouver enfin mes cahiers. Je m’étais choisi un frère triomphant. Insurpassable il l’emportait dans toutes les disciplines pendant que je promenais ma fragilité sous le regard de mon père, ignorant l’éclair de déception qui le traversait.