Les mannequins de seize ans avec leurs yeux d’assiettes creuses sont les martyrs du rien. Les gens de Port-Royal, nous regardant depuis leurs fenêtres éteintes, parlent d’une « fascination de la frivolité ».

 

C’est en octobre 1647 que les religieuses de Port-Royal adoptent comme habit le scapulaire blanc avec la grande croix écarlate. Les mannequins de Dieu ont une allure folle.

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Une reine couverte de poux.

 
 

Le fourneau des étoiles.

 

Les lys blancs ne supportent pas la moindre impureté. À la première tache ils désertent. Port-Royal ne pouvait être que pur — ou rien.

 

Il y a la mode et il y a le ciel, et entre les deux, rien. Ce qui rend la lecture de la vie difficile, c’est qu’il y a des modes de tout, même du ciel.

 

Les Suites pour violoncelle de Bach, avec la spirale aérienne de leurs notes, révèlent l’architecture commune au brin d’herbe et à l’âme attentive, ce besoin de ciel qu’il y a partout, même dans les pierres.

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Le savant casse les atomes comme un enfant éventre sa poupée pour voir ce qu’il y a dedans. Le poète est un enfant qui peigne sa poupée avec un peigne en or. Il y a la même différence entre la science et la poésie qu’entre un viol et un amour profond.

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À l’entrée du Creusot, des vaches dans un pré, si blanches qu’elles semblent sculptées dans de la neige. Elles brillent comme les phrases aveuglantes d’un livre de sagesse.

 

Les pissenlits n’ont qu’une seule chose à dire, ils sont tout entiers centrés sur elle.

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Monsieur de Vaubecourt aime l’or plus que tout. Son régiment pillard est surnommé « happe-tout ». Sa femme dévote, tandis qu’il entre en agonie, lui fait porter un cilice et un habit de moine. Il se réveille, se découvre dans cet habit, jure, « voulez-vous que j’aille au paradis en masque ? » puis meurt sur ces mots.

 

Le coiffeur ralenti par l’âge et la fatigue me coupait les cheveux avec une lenteur délicieuse, comme on doit couper l’herbe au paradis.

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Les moineaux par leurs chants construisent des monastères qui durent une seconde. L’âme surprise dans leurs cloîtres ne craint plus de mourir.

 
 

Quand je serai mort je serai chez moi.