Angélique Arnauld vers ses quinze ans, lasse de la vie monacale, entre en maladie. Sa famille la reprend, la soigne puis la remet au couvent. Le prêche d’un capucin lui fait soudain aimer cette vie retirée : elle décide de soulever chaque pierre du couvent pour le refonder dans le ciel. Le capucin était un homme fade, bientôt défroqué. Dieu aime parler à travers des bouches édentées, c’est son charme.
Les fleurs des champs sont des saintes qui s’arrachent au néant et s’élancent vers le ciel de toute la force de leurs tiges.
Les livres sont la résidence secondaire de l’âme. Quand elle pousse les volets de papier contre le mur, une lumière entre partout dans la pièce.
Un proverbe du dix-septième siècle dit, d’un homme qui a grand-faim, que « le soleil luit dans son ventre ».
Dans la brasserie à Vichy la serveuse s’était soudain tournée vers son collègue qui venait de finir son service : « À demain Didier ! » Elle avait lancé ces mots de rien avec tant de gaieté que je les ai reçus comme une page de théologie vivante, un coup d’éclat mettant la mort échec et mat : il y aura toujours un « demain » et les visages familiers reviendront, passé la nuit de leur disparition.
Les genêts envahissent le pré en friche comme des soleils à retardement.
Les pissenlits se multiplient devant la maison comme les notes dans les Variations Goldberg de Bach : d’abord quelques-uns, isolés, timides, et soudain une chaude pluie d’or partout sur l’herbe verte.
Il n’y a aucune différence entre croire et vivre.