La mère prieure chassée de Port-Royal, interrogée sur le lieu où elle souhaite être conduite, répond que cela lui est égal : « J’espère trouver Dieu partout où je serai. »
Toute la fortune du chêne est à ses pieds, des centaines de pièces d’or.
Je suis vivant, assis devant une table en bois, je regarde la lumière pleuvoir sur le jardin — qu’irais-je demander d’autre ?
Pas de joie plus grande que de trouver le mot juste : c’est comme venir au secours d’un ange qui bégaie.
Une seconde de relâchement et le papillon posé sur la phrase s’envole à jamais.
Madame de Gironde, quand elle évoque ses nombreux amants, parle de ses « mourants ».
De la bouche des gueux comme de celle des rois sortaient chaque jour des rameaux d’or.
À onze ans Marie-Charlotte revêt l’habit des pensionnaires de Port-Royal. L’enfant est d’une humilité farouche. Elle meurt à quatorze ans, saisie de frayeur à la vue d’un lézard qui s’était caché dans sa robe. Le lézard et la petite sainte disparaissent du monde à la vitesse de l’éclair.
La couronne d’épines du Christ ressemble à l’armature d’un nid d’oiseau.
La première neige est le sourire des morts.
Une neige de papier blanc éclairait le ciel au-dessus du Creusot. Je parlais avec ma mère et ma sœur. Ma cousine est venue. La vie la plus banale est la plus profonde. Nous parlions si gaiement de choses si légères que nous traversions sans la voir notre mort à venir et que l’éternité nous entourait avec ses anges volant au-dessus des toits émerveillés de l’usine.
Un livre du dix-septième siècle prétend que les Norvégiens, plus friands de pain dur que de pain « tendre », en cuisent un entre deux pierres qui se garde plusieurs dizaines d’années, « de sorte qu’à la naissance d’un enfant on mange du pain qui a été cuit à la naissance de son aïeul ». Le même ouvrage dit que les Norvégiens peuvent, trois jours durant, se nourrir d’une poignée de neige. Les anges en ce temps-là sont assez répandus.
Furetière appelle « neige » une dentelle faite mécaniquement, de peu de valeur. Il donne le même nom à des confitures rafraîchissantes.
Nous sommes quelques-uns à porter en triomphe le cercueil vide d’André Dhôtel à travers la nuit du monde, tandis que son âme brille au zénith comme l’étoile fantaisiste de la vie bonne et sans calculs.
Mourir est une saveur que nous connaîtrons tous, un pain de lumière dont nous sommes les moineaux effrayés.