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Ils braquèrent une lampe vers le bas. La fissure, à une dizaine de mètres de l'ancien rebord, s'était simplement ouverte sous l'effet du séisme et le pan de la falaise s'était abattu au fond de la gorge.

La falaise n'était plus en surplomb, mais inclinée vers eux.

Dans le faisceau de lumière, la large saillie du filon de quartz était nettement visible. Elle était d'un blanc absolument pur !

Il ne restait pas la moindre trace d'or dans la veine. La poche avait disparu dans la secousse !

Mais, en cet instant, Jonnie n'avait qu'une pensée : l'équipe ! Ils n'avaient pas encore atteint la fissure puisque l'affaissement n'avait pas révélé le tunnel.

S'ils étaient encore en vie, ils étaient pris au piège quelque part sous le rocher.

Jonnie courut jusqu'à l'entrée du puits. Il s'arrêta devant le trou de ténèbres silencieux, profond d'une trentaine de mètres.

Il promena sa lampe autour de lui et s'exclama :

- Le treuil ! Où est passé le treuil ?

Il ne restait pas trace du dispositif qu'ils avaient installé pour assurer la circulation des hommes et la remontée du minerai.

D'autres lampes explorèrent le flanc de la montagne, sans rien découvrir. Jonnie se pencha au-dessus du trou. Il distingua alors les marques laissées par les poutrelles qui avaient soutenu le treuil.

L'appareil était tombé au fond du puits.

- Ne faites pas un bruit, recommanda Jonnie.

Puis il mit ses mains en coupe, se pencha un peu plus en avant et appela :

- Hé là, en bas ! Quelqu'un de vivant ?

Ils prêtèrent tous l'oreille intensément.

- Je crois avoir entendu quelque chose, murmura le pasteur.

Jonnie répéta son appel. A nouveau, ils guettèrent une réponse. Mais ils ne perçurent rien. Rien de certain. Jonnie décrocha la radio de sa ceinture et répéta son appel dans le micro. Toujours sans réponse. Il se tourna alors vers Angus, qui se trouvait parmi l'équipe de secours.

- Angus ! Lance un câble d'intercom dans le puits !

Tandis qu'Anges et deux de ses aides exécutaient son ordre, il prit un picto-enregistreur dans le matériel, se procura du câble et confectionna une rallonge.

Angus et ses hommes avaient déjà fait descendre l'intercom vers le fond du puits. Jonnie adressa un signe au pasteur. A présent, le site baignait dans la clarté des lampes qui avaient été installées sur des tripodes. D'une main tremblante, le pasteur se saisit du micro de l'intercom.

- Hé, de la mine !

Le micro, à l'autre extrémité du câble d'intercom, pouvait capter le plus infime murmure. Mais ils n'entendirent rien.

- Continuez, dit Jonnie.

Il entreprit de faire descendre le picto-enregistreur vers le fond. Robert le Renard apporta l'écran.

Dans un premier temps, ils ne virent que la paroi du puits, puis un fragment de poutrelle, un entremêlement de câbles. Et le treuil !

Jonnie fit pivoter le câble tout en passant en grand angle.

La benne du treuil était vide.

Des soupirs de soulagement s'échappèrent de toutes les bouches et la tension se relâcha : personne n'avait été tué dans la chute du treuil.

A plus de vingt-cinq mètres de fond, le picto-enregistreur tournait au bout du câble. Les regards étaient fixés presque douloureusement sur l'écran, guettant le moindre signe de vie.

- La galerie ! s'écria Jonnie. On ne voit plus l'entrée ! Dans leur chute, le treuil et la benne ont dû provoquer un éboulement qui a obstrué l'entrée !

Rapidement, une plate-forme volante fut mise en place avec trois hommes. Robert le Renard interdit à Jonnie de participer à l'opération. Ils descendirent vers le fond, fixèrent des crochets sur le câble de la cage. Trente-trois minutes plus tard - délai dûment mesuré par MacDermott qui s'était débrouillé pour faire partie de l'expédition - ils avaient réussi à remonter le treuil à l'aide d'une grue et de poulies.

Ils l'extrayèrent du puits et le déposèrent sur le côté, puis Jonnie fit redescendre le picto-enregistreur et ce qu'il vit confirma ses soupçons. Au fond du puits, l'entrée de la galerie avait été obstruée par la chute du treuil et de la benne.

Ils attachèrent des seaux au filin de la grue et, quelques instants après, quatre hommes étaient déposés au fond. Dont Jonnie qui, cette fois-ci, n'avait pas écouté Robert le Renard.

Ils s'attaquèrent aux blocs de roche à mains nues et les entassèrent dans les seaux au fur et à mesure qu'on les faisait descendre jusqu'à eux. Ils reçurent aussi un appoint d'outils, dont des masses et des marteaux, qui furent les bienvenus.

Deux heures passèrent. Jonnie demeurait en permanence au fond tandis que deux relèves se succédaient.

Ils travaillaient à toute allure dans le fracas des coups de masses et la poussière. L'éboulis était plus important qu'ils ne l'avaient cru tout d'abord.

Ils eurent bientôt pénétré sur plus d'un mètre cinquante et finirent par se demander si ce n'était pas toute la galerie qui s'était effondrée !

Une nouvelle relève. Jonnie ne remonta toujours pas.

Trois heures et seize minutes s'étaient écoulées depuis leur arrivée lorsque Jonnie perçut une sorte de soupir lointain. Il leva la main pour intimer le silence absolu à ses compagnons.

- Hé, la mine !

Très faiblement, il entendit une bribe de réponse :

- ... trou d'air...

- Répétez !

- ... creuser...

Rapidement, il s'empara d'un foret très long. Il essaya de repérer l'endroit où l'éboulis pouvait être le plus mince dans la muraille de roc blanc, mit la pointe du foret en place et se tourna vers l'homme qui était au moteur :

- Fais tourner !

Ils s'arc-boutèrent à deux sur les poignées. Sans nul doute, de l'autre côté, les autres allaient les entendre et ils s'écarteraient.

Avec un sifflement suraigu, le foret entama la roche, puis la traversa. Ils le retirèrent avec difficulté et Jonnie cria :

- Le tuyau d'air !

Ils firent passer l'extrémité du tuyau de l'autre côté et lancèrent aussitôt le compresseur. Ils reçurent en plein visage une bouffée d'air vicié venu de la galerie.

Il leur fallut encore vingt et une minutes pour dégager le haut de l'éboulis et libérer les hommes.

Pour le dernier, Dunneldeen, il fallut agrandir un peu plus la brèche : il avait une cheville cassée et plusieurs côtes brisées.

Il était le seul blessé de l'équipe des dix-sept hommes.

Lentement, prudemment, on les remonta à la surface à l'aide des seaux.

Jonnie fut le dernier à sortir, couvert de sueur et de poussière. Le pasteur lui jeta une couverture sur les épaules. Les rescapés de la galerie étaient assis dans la neige. L'une des vieilles femmes leur avait servi une boisson chaude qu'elle avait apportée dans une grande cruche. Le pasteur avait remis en place la cheville de Dunneldeen et s'occupait à présent de ses côtes.

Thor, en guise de conclusion, déclara sombrement

- Nous avons perdu le filon.

Et personne ne trouva rien à ajouter.

Terre champ de bataille - 01 - Les derniers hommes
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