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Terl était heureux comme un bébé psychlo gavé de kerbango. Le jour touchait à sa fin. Il allait prendre la route !

Il lança le Mark II sur la rampe, franchit le sas atmosphérique et se retrouva à l'extérieur.

La plaque fixée devant le siège du pilote disait :

SITUATION DE COMBAT A OBSERVER EN PERMANENCE !

Bien que cet habitacle soit sous compression atmosphérique, conservez vos masques faciaux et vos systèmes respiratoires autonomes. L'utilisation à titre personnel et non autorisée est interdite. (signé) Département politique, Compagnie Minière Intergalactique, Vice-directeur Szot.

Terl eut un sourire. En l'absence d'officiers politiques — sur une planète où il n'y avait pas de problèmes politiques avec les indigènes — et en l'absence d'un département de la guerre — sur une planète où il n'y avait personne à combattre — le chef de la sécurité cumulait ces fonctions. L'existence de cet engin de combat sur cette planète prouvait qu'il devait être très, très vieux et que, de plus, il avait dû faire partie d'une attribution fixe de véhicules pour chacune des exploitations de la Compagnie. Les employés des services de la planète 1, galaxie 1, n'étaient pas toujours très bien informés quand ils débitaient leurs éternelles instructions destinées aux lointains avant-postes de l'empire commercial. Terl lança son masque et son réservoir atmosphérique sur le siège du mitrailleur, à côté de lui, et, satisfait, frotta son visage rugueux.

Quel bonheur ! Le vieil engin filait comme une foreuse bien graissée. Il était petit, guère plus de neuf mètres de long sur trois de hauteur, et glissait au-dessus du sol comme un oiseau sans ailes. D'habiles mathématiciens avaient conçu sa surface extérieure pour que les projectiles ricochent. Des meurtrières de verre à l'épreuve des missiles permettaient de très bien voir le terrain. Même les bouches des canons étaient adroitement dissimulées. Le revêtement intérieur, quoique usé et déchiré par endroits, était d'un beau violet réconfortant.

Terl se sentait bien. Il disposait de cinq jours de carburant et d'atmosphère ainsi que de cinq jours de rations réparties en paquets de dix livres. Il avait pris soin de vider jusqu'au dernier papier de ses corbeilles et n'avait entamé aucun « programme urgent ». Il disposait d'un analyseur de minerai avec picto-enregistreur qu'il avait « emprunté » et qui pouvait donner de très bons clichés quand on l'employait à d'autres fonctions. Il était parti !

Un moment d'évasion dans la morne existence d'un chef de la sécurité sur une planète qui ne connaissait pas l'insécurité. Une planète qui offrait bien peu de possibilités à un chef de la sécurité ambitieux rêvant de promotion.

Quand on lui avait assigné ce poste sur la Terre, ca avait été un rude coup. Sur le moment, il s'était demandé ce qu'il avait bien pu faire, qui il avait insulté par inadvertance, qui il avait bien pu se mettre à dos. Mais on lui avait assuré qu'il ne s'agissait de rien de tout cela. Il était jeune. La durée moyenne de vie d'un Psychlo était de 190 ans et Terl n'en avait alors que 39. On lui avait fait remarquer qu'il y avait peu de fonctionnaires de la sécurité qui soient devenus chef aussi jeunes. Et cela apparaîtrait comme un bon point dans son dossier. A son retour de mission, on verrait. Les bons coins, les planètes dont l'atmosphère était respirable revenaient aux plus anciens.

Mais il n'avait pas été abusé. Personne, parmi les stagiaires de récole de sécurité, n'avait voulu entendre parler de ce poste. Il imaginait déjà très bien la future entrevue.

- Dernier poste ?

- La Terre.

- Quoi ?

- La Terre. Etoile de la périphérie, troisième planète, dans la galaxie secondaire n° 16.

- Oh... Et qu'y avez-vous fait ?

- C'est dans mon dossier.

- Justement, il n'y a rien dans votre dossier.

- Mais il doit bien y avoir quelque chose. Laissez-moi voir.

- Non, non. Les dossiers de la Compagnie sont confidentiels.

Puis, l’horreur finale :

- Employé Terl, il se trouve que nous avons un poste vacant sur une planète périphérique de la galaxie 32. C'est un endroit tranquille. Pas d'indigènes. Pas d'atmosphère.

Ou pire encore :

- Employé Terl, l'Intergalactique est depuis quelque temps en baisse à la bourse et nous avons reçu des instructions dans le sens de l'économie et de la restriction. Je crains que votre dossier ne permette pas de continuer à vous employer. Ne nous appelez pas. C’est nous qui vous appellerons.

Il y avait déjà eu des signes avant-coureurs. Un mois auparavant, il avait appris que sa mission allait être prolongée et qu'il n'était nullement question de le relever. Un sentiment d'horreur l'avait effleuré, la vision d'un Terl à 190 ans cloué sur la même planète, depuis longtemps oublié par sa famille et ses amis, finissant ses jours à demi fou d'ennui sous le dôme, porté jusqu'à une tombe étroite, son nom rayé des registres par un employé qui n'avait jamais vu son visage,

La perspective d'un tel destin appelait une réaction - une réaction rapide.

Mais il lui arrivait aussi de rêver à des choses plus gaies : il attendait dans un grand hall, les soldats se mettaient au garde-à-vous et l'un d'eux chuchotait à l'oreille de son voisin :

- Qui c'est ?

Et l'autre de répondre

- Comment, tu ne sais pas ? Mais c'est Terl, voyons !

Alors, les grandes portes s'ouvraient.

- Le président de la Compagnie vous attend, monsieur. Si vous voulez bien me suivre.

Les rapports de reconnaissance indiquaient qu'il y avait une ancienne autoroute dans la direction du nord. Terl passa en pilotage automatique et déplia une grande carte. Oui, l'autoroute était bien portée. Elle allait d'est en ouest. Et c'était à l'ouest qu'il voulait aller. Elle devait être passablement détériorée et envahie par les herbes, peut-être même difficile à repérer, mais elle constituait un terrain relativement plat et elle le conduirait tout droit dans les montagnes. Il avait tracé un grand cercle autour de la prairie qui était son objectif.

L'« autoroute » apparut droit devant.

Il repassa en pilotage manuel en tâtonnant quelque peu. Il n'avait plus conduit ce genre de véhicule depuis l'école de sécurité, des années auparavant. L'engin fit une embardée.

Il franchit le bord de la route, tira sur la poignée des gaz en appuyant sur le frein. Le véhicule toucha le sol dans un geyser de poussière, au milieu de l'autoroute. Sans douceur, certes, mais ce n'était pas si mal que ça, pas si mal... L'habitude reviendrait.

Il mit en place son masque et sa réserve de gaz. Puis il appuya sur le bouton de décompression afin que les réservoirs récupèrent l’atmosphère de l'habitacle. Il y eut un bref instant de vide, un peu pénible pour les os-tympans, puis, avec un soupir, l’atmosphère extérieure envahit la cabine.

Terl souleva le capot et se redressa, le tank vibrant et craquant sous son mouvement. Il sentit un vent frais sur son visage, autour du masque.

Il regarda au loin avec quelque répugnance. Le panorama était immense. Immense et vide. Il n'entendait que le bruissement de l’herbe sous le vent. Et le silence, un silence vaste et absolu, rendu plus lourd encore par l'appel d'un oiseau solitaire au loin.

Le sol était brun et roux. L'herbe et les rares buissons étaient verts. Le ciel était d'un bleu intense, semé de nuages blancs. Etrange paysage. Là-bas, sur sa planète, les gens n'auraient pu le croire : rien de violet nulle part.

Obéissant à une inspiration soudaine, Terl prit le picto-enregistreur et le promena selon un large cercle. Il enverrait la bobine à ses amis. Ainsi, ils le croiraient quand il leur dirait quelle atroce planète c'était, et peut-être le plaindraient-ils.

« Mon spectacle quotidien », dit-il dans l'enregistreur en terminant son panoramique. Et ces mots, résonnant sous son masque, avaient une sonorité grave et triste.

Pourtant, il distinguait quelque chose de violet. Droit à l’ouest, il y avait des montagnes et elles semblaient violettes. Il posa l'enregistreur et regarda les montagnes lointaines avec un sourire. C'était mieux qu'il ne l'avait espéré. Pas étonnant que les hommes vivent dans ces montagnes. Elles étaient violettes. Peut-être ces hommes étaient-ils intelligents, après tout. Il l'espérait mais sans trop de confiance. Il était probablement optimiste. Mais cela donnait quelque substance à ses plans par ailleurs nébuleux.

Comme il observait l'horizon d'ouest, il distingua soudain un détail dans le paysage, quelque part entre lui et les montagnes. Une forme lointaine qui se dessinait dans les rayons du soleil déclinant. Il actionna un levier sur le côté de son masque afin d'obtenir une vue rapprochée. La forme parut bondir à sa rencontre. Oui, il ne se s'était pas trompé. C'étaient les ruines d'une ville. Les bâtiments étaient imprécis, à peine distincts, mais ils semblaient très hauts. Et la ville était très grande.

Le vent fit claquer sa carte. Oui, l'autoroute allait tout droit vers l’ouest jusqu'à cette ville. Il se pencha pour saisir un épais volume au sommet de la pile qu'il avait disposée sur le siège arrière et rouvrit à un passage qu'il avait marqué. Il y avait un dessin sur la page, exécuté par un artiste du département de la culture, des siècles auparavant.

Le département culturel de la Compagnie avait autrefois mis en poste des Chinkos parce qu'ils étaient capables de respirer de l'air. Les Chinkos étaient originaires de la galaxie 2. Ils avaient la taille des Psychlos, mais ils étaient minces comme des fils et très délicats. C'était une race très ancienne et les Psychlos admettaient difficilement que c'était des Chinkos qu'ils tenaient leurs quelques connaissances dans le domaine des arts. Si les Chinkos respiraient de l'air et s'ils étaient légers comme des plumes, ils étaient par contre faciles à transporter et ne coûtaient pas cher. Hélas, ils n'étaient plus. Même dans la galaxie 2, on n'en trouvait plus : avaient déclenché une grève générale - incroyable, mais vrai ! - et l'Intergalactique les avait effacés de l'univers. Mais cela s'était passé bien longtemps après que l'on eut mis un terme à l’existence du département de la culture et de l'ethnologie sur Terre. Et Terl n'avait jamais vu un Chinko. Pour dessiner ainsi, les Chinkos avaient sans doute été des êtres remarquables. Et toutes ces couleurs... Quelle idée de vouloir dessiner des choses !

Il compara la forme qu'il distinguait au loin avec le croquis. Il ne vit aucune différence, à l'exception des traces laissées par les ans.

Le texte disait : A l'est des montagnes, on trouve les ruines d'une cité humaine, remarquablement préservées. Cette cité-d'homme s'appelait « Denver ». Esthétiquement, elle ne présente pas autant d'intérêt que les cités du centre ou de ?est. On trouve peu ou quasiment pas de décorations sur les portes miniatures. Les intérieurs évoquent des maisons de poupée en un peu plus grand. Le concept architectural semble avoir été dominé par le sens pratique plutôt que par l’ambition artistique. On y trouve trois cathédrales qui étaient apparemment dédiées à différents dieux domestiques, ce qui prouve que cette culture n'était pas monosectaire, bien qu'elle ait peut-être été dominée par une prêtrise. Un dieu en particulier, « banque », semble avoir été particulièrement populaire. On y a découvert une bibliothèque-d'homme remarquablement approvisionnée. Le département a fait sceller les différentes salles après avoir prélevé les volumes les plus importants afin de les archiver, particulièrement ceux concernant l'exploitation minière. Aucun filon n'ayant été détecté sous les fondations et aucun minerai précieux n'ayant été employé par les constructeurs de la cité, celle-ci demeure remarquablement p. réservée, grâce en grande partie au climat particulièrement sec. Un budget de restauration a été requis.

Terl eut un rire silencieux. Pas étonnant que le département de la culture et de technologie ait été banni de cette planète : il avait exigé des crédits pour reconstruire les cités-d'homme ! Il entendait d'ici la réaction des directeurs de la Compagnie. Ils avaient dû creuser des puits de mine dans la tête de tous ces artistes !

En tout cas, qui sait ? Ce genre d'information pouvait lui être très utile.

Il revint à ses préoccupations immédiates. Il se trouvait au milieu de l’autoroute qui s'étirait vers l’horizon. A cet endroit, elle devait être large d'une soixantaine de mètres et il en discernait clairement le tracé. Elle devait être recouverte d'une couche de sable de cinquante centimètres, mais l'herbe était uniforme et les buissons, sur les bas-côtés, constituaient un repère très net.

Terl, une fois encore, regarda tout autour de lui. Il distingua un troupeau ainsi qu'une horde de chevaux dans le lointain. Rien qui méritât d'être abattu : aucun Psychlo ne pouvait manger la chair des animaux vivants ayant un métabolisme terrestre. Et il n'y avait rien là qui fût assez dangereux pour présenter un intérêt sportif. En tout cas, c'était un luxe que d'être équipé pour la chasse et d'avoir le temps d'y songer sans avoir à la pratiquer ! Le gibier qu'il traquait était plus important.

Il reprit place dans le siège de pilotage et commanda la fermeture du capot de l'habitacle. L'air irrespirable fut expulsé de la cabine pour être remplacé par l’atmosphère psychlo. Terl ôta son masque facial envers et contre toutes les règles et le posa sur le siège du mitrailleur. Il fut soulagé en retrouvant l'intérieur violet.

Maudite planète ! Même au travers du pare-brise mauve, elle avait Pair hostile !

Terl se pencha à nouveau sur la carte. Maintenant, il allait avoir besoin de chance. Il savait qu'il ne pourrait s'engager dans ces montagnes à cause de l'uranium que les drones de reconnaissance avaient toujours repéré dans cette région. Mais ils avaient également indiqué que les choses-hommes s'aventuraient parfois jusqu'au pied des collines, qui étaient une région sans danger.

Terl récapitula ses plans. Ils étaient splendides. Richesse et pouvoir. Car les drones lui en avaient appris plus qu'aux autres. Leurs faisceaux-sondeurs avaient repéré une veine d'or quasiment pur qui avait échappé aux reconnaissances de l'Intergalactique à la faveur d'un glissement de terrain. Une veine précieuse, fabuleusement riche, à découvert. Un filon dont la Compagnie ignorait totalement l’existence. Car le glissement de terrain était récent et Terl avait pris soin de détruire les archives. Et il riait encore d'avoir entendu Zzt lui demander de supprimer les reconnaissances sur cette région.

Les gisements d'uranium étaient très importants dans les montagnes et, par conséquent, les Psychlos ne pouvaient exploiter l'or. Il suffisait de quelques traces de poudre d'uranium pour provoquer l'explosion de l'atmosphère psychlo.

Terl, en songeant à son plan génial, eut un sourire. Tout ce qu'il lui fallait, c'était une chose-homme, plus quelques autres. Eux pourraient creuser, et il n'aurait plus à se soucier de l'uranium. Ensuite, il arriverait bien à trouver un moyen d'emporter l’or jusque chez lui. Il avait quelques idées sur la question. Et alors, à lui le pouvoir et la richesse ! Cette planète ne serait plus qu'un mauvais souvenir.

Le plus important, pour le chef de la sécurité, était d'empêcher les autres de soupçonner ce qu'il faisait en réalité, d'invoquer des motifs absolument différents. Et Terl était un expert dans cette discipline.

S'il avait vraiment de la chance, il arriverait à capturer une chose-homme sur ce côté de la prairie. Il ne disposait pas de suffisamment de temps pour guetter à l'affût. Mais il avait le sentiment que la chance était avec lui.

Il était parti très tard et le soleil était déjà bas sur l'horizon. Il passerait la nuit dans cette cité-d'homme et dormirait dans son véhicule.

Il démarra et le Mark II fila au ras de la chaussée de l’ancienne autoroute.

Terre champ de bataille - 01 - Les derniers hommes
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