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L'air désinvolte, Jonnie faisait le tour du camp avec Fend-le-Vent. Il avait les nerfs tendus. Ce qu'il faisait était dangereux mais, à le voir ainsi chevaucher paisiblement, nul ne s'en serait douté. C'était le jour du transfert bisannuel et tout le personnel de l'exploitation s'agitait. Les gestes étaient brusques et les expressions inquiètes.

Jonnie avait mis en place un picto-enregistreur dans un arbre qui dominait l'exploitation et il avait dissimulé une télécommande dans la besace accrochée à sa ceinture. L'enregistreur était chargé avec un disque à longue durée, ce qui ne voulait pas dire qu'on pouvait le laisser tourner des heures durant. D'où la télécommande, car Jonnie voulait emmagasiner autant d'informations que possible. Il savait que Robert le Renard l'aurait désapprouvé car il faisait là le travail d'un éclaireur, purement et simplement. Et si jamais Terl venait à découvrir le picto-enregistreur ou la télécommande, il pourrait y avoir des répercussions.

Jonnie avait décidé de remettre à plus tard le rapport qu'il devait faire à Terl, s'appuyant sur les instructions du Psychlo lui-même : « Environ une fois par semaine. » C'était Ker, toujours aussi bavard, qui lui avait appris la date du transfert bisannuel.

Jonnie lui avait demandé de venir examiner le moteur du petit avion. Il était essentiel de savoir ce qu'il en était exactement. S'il s'agissait d'une panne, c'était une chose, mais si l'appareil était trop fragile pour leur mission, c'était une autre affaire, bien plus grave.

Ker était arrivé en grommelant un peu : après tout, il était officier des opérations et non mécanicien. Mais c'était Terl en personne qui lui avait donné l'ordre de venir.

La mauvaise humeur du petit Psychlo fut cependant tempérée lorsque Jonnie lui offrit un petit anneau d'or qu'un éclaireur avait découvert au « doigt » d'un vieux squelette tombé en poussière depuis longtemps.

- Pourquoi me donnes-tu ça ? avait-il demandé d'un air soupçonneux.

- C'est un simple souvenir, avait dit Jonnie. Sans grande valeur.

Mais l'objet avait une valeur certaine. Celle d'un mois de salaire.

Ker donna un léger coup de croc dans l'anneau pour vérifier qu'il s'agissait bien d'or pur.

- Tu as besoin de quelque chose, n'est-ce pas ? demanda-t-il enfin.

- Mais non. J'avait deux de ces anneaux, alors je t'en donne un. Après tout, il y a un moment qu'on travaille ensemble, non ? On est du même puits.

En termes psychlos, cela désignait un ami qui vous avait tiré d'un accident de mine ou d'une mauvaise bagarre.

- Oui, c'est vrai, approuva Ker.

- De plus, ajouta Jonnie, il est possible que je désire qu'on tue quelqu'un.

Ker partit d'un rire joyeux. Il aimait les bonnes plaisanteries. Il glissa l'anneau dans une poche et se pencha sur le moteur de l'avion.

Une demi-heure plus tard, il rejoignit Jonnie qui s'était allongé à l'ombre.

- Tout marche bien. S'il a chauffé, c'est parce qu'on l'a trop poussé. Mais il faudra faire attention. Si tu y vas trop fort, il va terminer en fumée.

Jonnie le remercia. Ensuite, ils se mirent à bavarder. Ker, surtout. Il se plaignait d'être trop pressé par les horaires et Jonnie lui posa une question d'un air indifférent :

- Que se passe-t-il au 91e Jour de la nouvelle année.

- Où est-ce que tu as appris ça ?

- C'est affiché dans le camp.

Un instant, Ker gratta la toison grasse de son cou.

- Tu as sûrement dû mal lire. Ça doit être le 92e Jour. C'est la date du transfert bisannuel. Il a lieu dans sept jours exactement. Et ça crée beaucoup de soucis...

- Pourquoi ? Il est différent des autres transferts ?

- Ah, tu as bien dû y assister déjà, quand tu étais dans ta cage, là en bas. Tu sais bien, les transferts bisannuels...

Jonnie se dit qu'il avait certainement dû assister à cet événement mais, à l'époque, il n'avait rien compris. Il afficha une expression stupide.

- C'est un transfert lent, reprit Ker. Il n'est pas question de minerai, mais de personnel. Ceux qui arrivent et ceux qui repartent. Y compris les morts.

- Les morts ?

- Oui, les Psychlos qui meurent ici sont renvoyés chez eux. A cause de leur salaire qu'il faut décompter et aussi parce qu'on ne veut pas que des étrangers puissent les disséquer, je suppose. C'est le règlement de la Compagnie. Complètement dingue. Ça nous crée des tas de problèmes. On les met dans des cercueils et on les garde à la morgue jusqu'à ce que... Bon sang, Jonnie ! Tu connais la morgue... Pourquoi je te raconte tout ça ?...

- Ça vaut mieux que de travailler, dit Jonnie.

Ker eut un éclat de rire pareil à un aboiement.

- Ça, c'est bien vrai ! En tout cas, un transfert lent, ça veut dire trois minutes de préparation et ensuite zip ! Deux fois par an, pour l'échange de personnel et le transfert des morts, on maintient une tension entre ici et la planète mère. Ils nous expédient d'abord les nouveaux, et deux heures après, on leur envoie le personnel rapatrié avec les morts.

Tu sais, continua-t-il, il vaudrait mieux que tu ne traînes pas trop dans le coin pendant les transferts ordinaires. Je t'ai vu te balader à cheval quelquefois. Pour le minerai et les messages, il n'y a rien à craindre, mais n'importe quel être vivant serait déchiré, réduit en morceaux. C'est ça, la différence. Pendant un transfert lent, les corps restent intacts, vivants ou morts, Si jamais tu as dans l'idée de gagner Psychlo. Jonnie, n'y va surtout pas avec le minerai !

Ker parut trouver cette réflexion particulièrement drôle et rit longtemps.

Evidemment, un humain n'avait pas la moindre chance de survivre plus de deux minutes sur Psychlo, à cause de l'atmosphère et de la pesanteur.

Jonnie rit également. Il n'avait pas l'intention de se faire transférer sur Psychlo.

- Mais ils enterrent vraiment les corps, là-bas ? demanda-t-il.

- Absolument. Et ils ont droit à des tombes avec leur nom et tout ça... Ça fait partie du contrat de tous les employés. Bien sûr, le cimetière est situé à l'extérieur de la ville dans un ancien dépotoir et personne ne va jamais le visiter. Mais ça fait partie du contrat. C'est idiot, non ?

Jonnie acquiesça.

Ker le quitta de très bonne humeur.

- N'oublie pas de me dire qui tu voulais faire tuer, dit-il.

Et il s'éloigna dans son vieux camion en hurlant de rire.

Jonnie leva les yeux vers la fenêtre derrière laquelle Robert le Renard s'était tenu caché pour enregistrer la conversation.

- Vous pouvez arrêter, dit-il.

- C'est fait, dit Robert en se penchant par la fenêtre.

- Je crois savoir comment Terl a l'intention d'expédier l'or sur Psychlo. Dans les cercueils !

Robert le Renard acquiesça.

- Aye ! Tout cadre ! Il les charge ici, et plus tard, il profitera d'une nuit sombre sur sa planète pour tout récupérer. Quel vampire !

Pour toutes ces raisons, Jonnie était donc présent à proximité du site de transfert afin de recueillir toutes les informations qui pourraient s'avérer nécessaires.

Le transfert de la planète mère n'était pas encore arrivé et Terl s'activait de tous côtés pour assurer l'organisation. Les employés administratifs et le personnel médical étaient prêts à accueillir les nouveaux venus. Il avait la certitude qu'il y en aurait pas mal, car Nurnph empochait pour chaque employé et avait en outre annoncé un nombre important de recrues.

Pour l'heure, les techniciens s'activaient à vérifier le réseau de câbles qui entourait l'aire de transfert. Une lampe blanche s'alluma. Jonnie, qui se trouvait à mi-pente, fit arrêter Fend-le-Vent et déclencha la télécommande du picto-enregistreur.

Une autre lampe, rouge celle-là, clignota au-dessus du dôme des opérations. Une sirène mugit et un haut-parleur lança :« Ecartez-vous ! Ecartez-vous ! »

Les câbles se mirent à bourdonner doucement. Jonnie consulta la montre psychlo qu'il portait au poignet, aussi grosse qu'un navet, et nota soigneusement l'heure.

Un grondement s'éleva qui allait s'accentuant. Les arbres se mirent à vibrer au rythme du sol. Et l'air, à son tour, entra en résonance avec un pouls électrique.

Tous les employés avaient évacué la plate-forme. Toutes les machines et tous les moteurs étaient stoppés. Il ne restait plus désormais que ce grondement qui allait crescendo.

Au-dessus du dôme, une grande balise violette s'illumina.

L'image de la plate-forme se déforma comme sous l'effet de vagues d'air chaud. Et trois cents Psychlos s'y matérialisèrent.

Ils demeurèrent sur place avec: leurs bagages en un troupeau disparate, coiffés de leurs casques respiratoires, tournant la tête de tous côtés. Titubant légèrement. L'un d'eux s'effondra.

Une lampe blanche se mit à clignoter.

- Coordonnées maintenues ! appela le haut-parleur.

Les infirmiers se précipitèrent en direction du Psychlo évanoui avec une civière pendant que des porteurs convergeaient sur la plate-forme. Les gens de l'administration, pour leur part, étaient occupés à regrouper les nouveaux venus en un troupeau compact qu'ils transformèrent très rapidement en une longue file d'attente.

Terl s'empara d'une liste que lui présentait un employé et entreprit de palper les uniformes, en quête d'armes ou de marchandises de contrebande. Il travaillait rapidement, un détecteur dans une main. Il extrayait parfois un article qu'il jetait sur une pile d'objets interdits qui grandissait rapidement. Il procédait par gestes vifs, mécaniques, comme s'il mitraillait la file.

Les nouveaux arrivants étaient conduits par les employés vers des transports ou en direction des logements du camp. Ils évoquaient des géants assoupis : ils avaient acquis l'habitude de ce processus et n'accordaient que peu d'attention à ce qui se passait autour d'eux. Ils ne protestaient même pas lorsque Terl s'emparait de certains objets. Ils n'étaient ni hostiles, ni coopératifs.

Jonnie les observait du haut de son tertre et se faisait la réflexion que ces nouveaux Psychlos formaient un contraste absolu avec les Ecossais passionnés par la vie et par les choses.

Et puis, soudain, il remarqua quelque chose et observa attentivement. Terl était à présent aux deux tiers de la file et venait de s'arrêter. Il observait attentivement un arrivant. Brusquement, il recula et fit signe à tous ceux qui attendaient encore dans la file de passer. Il les laissa défiler devant lui sans esquisser le moindre geste pour les fouiller.

Quelques minutes plus tard, tous les nouveaux étaient installés dans les baraquements ou se tenaient prêts à partir vers d'autres mines.

- Coordonnées et liaison maintenues en phase deux ! gronda le haut-parleur.

Au sommet du dôme, la lampe blanche se mit à émettre des éclairs intermittents. Les appareils qui transportaient les nouveaux venus lancèrent leurs moteurs et décollèrent.

Jonnie comprit alors qu'aucune interférence ne pouvait intervenir sur la fréquence de liaison. A partir de ce qu'il connaissait sur la téléportation, il en conclut que les moteurs ne pouvaient fonctionner pendant un transfert. C'était là un point important. Les moteurs à principe de téléportation créaient des interférences pendant les transferts entre la Terre et Psychlo.

C'était pour cette raison que les Psychlos utilisaient des transporteurs pour acheminer le minerai : parce qu'ils ne pouvaient pas le téléporter localement d'un point à un autre. Il existait une différence essentielle entre les petits moteurs à téléportation des avions et la téléportation de minerai entre les planètes et les univers.

Vraisemblablement, si un moteur tournait à proximité de l'aire de transfert alors que les câbles vibraient, il perturbait l'espace local et le transfert risquait d'échouer.

Jonnie comprenait que ce qu'il observait là était une liaison entre l'espace de Psychlo et celui de la Terre. Et une liaison secondaire maintenait les coordonnées soudées. Il eut une vision des techniciens, dans la tour de contrôle, pianotant un staccato sur les touches afin de maintenir l'alignement des deux mondes pour le second lancement.

C'était celui qui intéressait tout particulièrement Jonnie. Apparemment, le moment n'était pas encore venu et il arrêta son picto-enregistreur. Après un certain laps de temps — il avait mesuré exactement une heure et treize minutes — la lumière blanche du dôme se mit à clignoter sur un rythme très rapide.

Ecartez-vous pour le lancement de retour sur Psychlo ! lança le haut-parleur.

Le transfert bisannuel requérait apparemment une consommation d'énergie bien plus importante. Un bourdonnement léger persistait dans l'air. Les techniciens avaient mis en place des perches auxiliaires sur les grands poteaux.

Des engins-balais sillonnaient en ronronnant la plate-forme pour la nettoyer de tous les débris que les nouveaux arrivants auraient pu y abandonner.

Jonnie remarqua que personne n'était en poste aux détecteurs de la courroie de transport et que tous les appareils de traitement du minerai étaient également abandonnés. Il avait espéré passer devant le crible avec son échantillon d'or dans la poche pour voir s'il contenait de l'uranium, mais ce n'était pas possible, puisque tous les appareils étaient arrêtés.

Terl se dirigeait de son pas lourd vers la morgue. Jonnie appuya sur la touche de télécommande pour remettre en marche le picto-enregistreur. Les Psychlos s'activaient à nouveau autour de la plate-forme de transfert. Le haut-parleur annonça : « Coordonnées et liaison maintenues en phase deux ! » Ils étaient toujours alignés avec Psychlo.

Jonnie imagina la lointaine planète, à des univers de distance, pareille à un énorme chaudron bouillonnant, épais et violet, infectant les mondes, propageant la souffrance. Là, sous ses yeux, il y avait quelques parcelles de cet univers, de cet espace lié à l'espace de la Terre. Il eut l'image de ce parasite tellement plus grand que l'hôte qu'il, minait : vorace, impitoyable. Un monde où le mot « cruauté » n'existait même pas.

A présent, Terl ouvrait la morgue. Des élévateurs passèrent devant lui et entrèrent dans la morgue. Terl tenait une liste dans une patte. Quand le premier élévateur sortit de la morgue, chargé d'un cercueil, Terl vérifia le numéro inscrit sur le couvercle et cocha sa liste. Puis l'élévateur fila jusqu'à la plate-forme où il déposa son chargement avec un bruit mat. Déjà un deuxième élévateur sortait de la morgue. Une fois encore, Terl vérifia le numéro porté sur le couvercle, puis laissa partir le cercueil vers la plate-forme. Un troisième et un quatrième se succédèrent rapidement. Déjà, le premier revenait prendre en charge un nouveau cercueil.

C'est ainsi que, sous le regard attentif de Jonnie, seize cercueils furent chargés sans ménagement sur la plate-forme de transfert.

Les employés rapatriés s'étaient rassemblés en ligne après avoir débarqué d'un engin de transport avec tous leurs bagages. Terl procéda à l'inspection de leurs vêtements et de leurs affaires personnelles. Ils étaient douze en tout. L'instant d'après, ils prirent place à bord de camions avec leurs bagages et gagnèrent l'aire de transfert.

Maintenant, la lampe blanche ne clignotait plus.

Coordonnées en phase un ! Stoppez les moteurs !

Les douze Psychlos rapatriés se tenaient immobiles, debout, ou bien assis sur leurs bagages, avec les seize cercueils.

Jonnie fut tout à coup frappé par le fait que personne ne faisait le moindre signe d'adieu. Des compagnons de travail repartaient et cela ne semblait rien signifier pour ceux qui restaient. A moins que... songea-t-il en examinant plus attentivement la scène. Car les conducteurs des divers engins semblaient avoir des gestes encore plus sauvages qu'à l'ordinaire. A cette distance, il était impossible de distinguer leurs expressions sous leurs casques, mais Jonnie avait le sentiment très net qu'ils enviaient ceux qui repartaient.

. Une sirène résonna et une lampe rouge se mit à clignoter au-dessus du secteur des opérations.

- Interdiction d'approcher ! lança le haut-parleur.

Dans le bourdonnement des câblages, Jonnie consulta sa montre psychlo.

Le sol se mit à vibrer, un frémissement parcourut le feuillage des arbres. Le ronronnement se changea en un vrombissement.

Deux minutes passèrent.

La lampe violette s'alluma.

Un nuage de brume palpitante se forma au-dessus de la plate-forme. Les Psychlos avaient disparu, avec leurs bagages et les seize cercueils. Jonnie perçut une onde sonore ainsi qu'une espèce de frémissement qui émanait du réseau de câbles. Ça ressemblait à un effet de recul.

Il y eut un appel de sirène sur un ton différent. Une lampe blanche clignota et le haut-parleur lança :

- Fin du lancement. Relancez les moteurs. Retour à l'activité normale !

Terl était occupé à fermer la morgue. Puis il s'engagea sur la pente. Jonnie coupa le picto-enregistreur et commença à s'éloigner. Terl paraissait très absorbé dans ses pensées, mais le mouvement de Jonnie attira néanmoins son attention.

- Ne traîne pas dans le coin ! lança-t-il.

Jonnie se dirigea vers lui.

- Je ne veux plus te voir par ici, ajouta le Psychlo.

- Et les filles ?

- Je m'en occupe. Je m'en occupe.

- Je voulais faire mon rapport.

- Tais-toi !

Terl regarda tout autour d'eux. Etait-il effrayé ? Il se rapprocha de Jonnie.

- Je viendrai te voir demain, ajouta-t-il. Mais désormais, ne rôde plus dans le coin !

- Mais je...

- Regagne ton véhicule et retourne à ta base. Immédiatement !

Cette nuit-là, ce ne fut pas une mince affaire que d'aller récupérer le picto-enregistreur sur l'arbre où il était dissimulé. Mais Jonnie y parvint en utilisant une tenue antithermique.

Qu'était-il donc arrivé à Terl ? se demandait-il.

Terre champ de bataille - 01 - Les derniers hommes
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