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Mais ce n'était pas le monde des Psychlos qui riait. C'était Terl.

Quand Jonnie s'éveilla, la cage était baignée par le soleil du matin. Terl était assis devant la deuxième table et tripotait les livres d'homme en riant.

Jonnie se redressa, drapé dans ses peaux.

Tu as fini avec ça, animal ?

Jonnie, sans répondre, gagna le bassin et se mouilla le visage. Depuis un mois, il avait réussi à persuader Terl de laisser couler en permanence un filet d'eau propre. L'eau était froide et il reprit très vite ses esprits.

Il y eut un grondement violent au-dessus de sa tête et, une seconde, il crut que quelque chose venait d'exploser. Mais ce n'était que le drone de reconnaissance qui passait.

Depuis quelques jours, il passait vers le milieu de la matinée. Ker lui avait expliqué à quoi servait cet engin : à la détection du minerai et à la surveillance. Il pouvait prendre des vues du terrain en permanence et il était télécommandé.

Toute sa vie, Jonnie avait vu passer ce genre d'engins dans le ciel. Il avait pensé qu'ils étaient des phénomènes naturels pareils aux comètes, ou au soleil et à la lune. Mais ceux qu'il avait vus passaient une ou deux fois par semaine, alors que celui-ci les survolait régulièrement tous les jours. Ceux qu'il connaissait n'émettaient pas un grondement en s'approchant du fond de l'horizon et ne causaient pas d'explosion en passant au-dessus de votre tête comme celui-ci. Jonnie pensait que cela avait quelque rapport avec la vitesse, mais Ker n'avait su le lui dire. Ces engins étaient très rapides. Impossible de les arrêter en plein vol ou de les faire dévier de leur course. On pouvait uniquement les guider et ils devaient faire le tour complet de la planète pour revenir à leur point de départ. C’était le cas de celui-ci. Il tournait une fois par jour autour de la planète et l'explosion qu'il produisait était terriblement désagréable.

Terl leva brièvement les yeux d'un air indifférent. Le personnel n'aimait pas le drone.

- Pourquoi tous les jours ? demanda Jonnie, les yeux levés au ciel. Cela faisait partie de son plan d'évasion. La chose se contentait de prendre des clichés du sol, mais cela serait suffisant pour ce qu'il avait en tête.

- Je t'ai demandé si tu en avais fini avec ces livres, gronda Terl.

Le drone de reconnaissance se perdait au loin et Pécho de son grondement balayait les grandes plaines à Pest. Il était venu tout droit des montagnes.

Jonnie se confectionna un breakfast de viande froide et d'eau, tandis que Terl entassait les livres entre ses pattes avant de se diriger vers la porte de la cage.

Il s'immobilisa sur le seuil et dit d'un ton indifférent :

- Si ces montagnes te passionnent autant, tu trouveras une carte du relief de toute cette région dans la bibliothèque de cette ville qui se trouve au nord. Tu veux y jeter un coup d'œil ?

Jonnie fut instantanément sur ses gardes, mais n'en interrompit pas pour autant son repas. Lorsque Terl se montrait accommodant, il fallait se méfier, parce qu'il avait toujours une idée derrière la tête. Mais la chance qui s'offrait était telle qu'il n'avait même jamais osé y songer.

Il avait imaginé bien des plans pour que Terl raccompagne à l'extérieur. Ensuite, il lui suffirait de déverrouiller une porte, de laisser entrer l’air extérieur tout en appuyant sur la touche d'alarme et de braquer son arme sur le Psychlo. C’était un plan désespéré, mais il avait une chance d'aboutir.

- Je n'ai rien de particulier à faire aujourd'hui, reprit Terl. Ton entraînement est fini. On pourrait aller jusqu'à la ville, regarder cette carte du relief. Et même chasser un peu. On pourrait aussi essayer de chercher ton cheval.

Ce Terl féru de randonnées était nouveau pour Jonnie. Est-ce que le monstre était au courant de quelque chose ?

- Je voudrais te montrer quelque chose, ajouta-t-il. Prépare tes affaires. Je serai là dans une heure. J'ai plusieurs choses à vérifier. Mais sois prêt à mon retour, animal.

Jonnie s'activa. Tout cela était quelque peu prématuré et dérangeait ses plans mais, d'un autre côté, c'était une chance inespérée, un don du ciel. Il fallait qu'il s'enfuie, il fallait qu'il rejoigne son peuple et qu'il arrête Chrissie, au cas où elle aurait tenu sa promesse. Ensuite, il conduirait les siens dans des lieux plus sains. Avant deux semaines, les constellations reprendraient la place qu'elles avaient lors de son départ.

Il glissa Parme dans sa besace, le tranchoir de métal contre sa cheville, et prit un morceau de bœuf fumé. Puis il mit ses vêtements de daim.

Une heure s'était écoulée quand un véhicule s'approcha en grondant et s'arrêta devant la cage. Jonnie l'observa, intrigué. Ce n'était pas le tank Mark III qu'il connaissait, mais un simple camion tel que l'on en utilisait pour transporter du matériel. La cabine pressurisée était à l'avant et l’arrière était ouvert, entouré de pieux. Sa seule ressemblance avec le tank était l'absence de roues : il flottait à environ un mètre du sol.

C'est alors que Jonnie se dit que cela pourrait bien être à son avantage. Car l'engin n'avait pas d'armement ni de détecteurs thermiques.

Terl vint ouvrir la cage.

- Mets tes affaires derrière, animal. Tu vas voyager avec elles.

Il défit la laisse et poussa Jonnie pour qu'il monte à l'arrière. Il sortit un soudeur de poche et attacha la laisse à la cabine.

- Comme ça, dit-il, je n'aurai pas à supporter l'odeur de ces peaux !

Il riait en grimpant dans la cabine. Il ôta son masque et ouvrit l’arrivée de gaz. Jonnie prit soudain conscience qu'il n'avait aucun moyen de neutraliser Terl : il était dans l’impossibilité d'ouvrir la porte.

Le camion démarra. Il allait plus lentement que les tanks et il n'était pas bien amorti contre les dénivellations, car il ne transportait rien.

Jonnie se cramponnait, la tête au-dessous du toit de la cabine, essayant de s'abriter du vent de leur course qui soufflait à cent vingt kilomètres à l’heure.

Il réfléchit rapidement. Il pourrait peut-être s'emparer du camion. Il avait eu le temps d'entr'apercevoir les commandes et elles n'étaient guère différentes de celles qu'il connaissait. Chez les Psychlos, tout était affaire de leviers et de boutons.

Quel soulagement ce serait d'être enfin libéré de son collier ! Son cœur battait plus fort. Oui, s'il ne commettait pas d'erreurs, il serait libre !

Terre champ de bataille - 01 - Les derniers hommes
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