7

Des cygnes. Des cygnes blancs volant par couples sur un ciel d’un azur invraisemblable.

Tobin se mit sur son séant, le cœur battant, sans trop savoir de quelle chambre il s’agissait là.

Atyion. La chambre de mes parents.

Les courtines du lit n’étaient pas fermées, et la fenêtre découvrait une aube brumeuse. Pelotonné entre les pieds de Tobin, Queue-tigrée découvrit ses crocs en bâillant voluptueusement, puis se mit à ronronner.

 « Ki ? »

L’autre côté de l’immense couche n’était même pas froissé, et aucune empreinte de tête ne se voyait sur les oreillers rebondis.

Tobin dégringola de son perchoir et examina la vaste pièce avec une inquiétude croissante. Il n’y avait pas plus de paillasse à terre que d’alcôve pour serviteur, et pas la moindre trace de Ki. Où pouvait-il bien être ? Tobin se dirigeait déjà vers la porte quand une image en mouvement dans le grand miroir en pied capta son regard et le retint.

Elle était là, finalement, l’inconnue qui l’avait jadis dévisagé dans la source de Lhel. Il fit un pas pour se rapprocher d’elle, écartelé entre la stupeur et le ravissement. L’inconnue fit de même, une grande fille gauche à l’air effrayé, vêtue d’une longue chemise de nuit en lin. Ils avaient en commun la marque de sagesse pourpre au bras gauche et la cicatrice au menton.

Tobin remonta lentement sa chemise. Le corps n’avait pas tellement changé, toujours aussi anguleux, tendineux, si l’on exceptait toutefois le renflement des petits seins juste au-dessous de la croûte qui marquait l’emplacement de la plaie. Plus bas, toutefois ...

Quelque servante attentionnée avait placé un pot de chambre bien en vue près du lit. Tobin l’eut à peine repéré qu’il s’effondra à quatre pattes, secoué de nausées sèches.

L’accès terminé, elle se contraignit à retourner devant le miroir. Queue-tigrée s’enroula autour de ses chevilles nues. Elle le ramassa et l’étreignit bien fort.

 « C’est moi. Je suis dorénavant Tamir », chuchota t-elle dans la fourrure. Son visage n’était pas tellement différent non plus, un peu radouci, peut-être, mais toujours on ne peut plus quelconque et sans rien de remarquable, hormis les yeux, d’un bleu intense. Quelqu’un l’avait soigneusement nettoyé des derniers vestiges de sa peau d’avant, et l’on avait également brossé ses cheveux. Ils encadraient ses traits d’ondulations souples. Elle essaya de se les figurer entretressés de perles et de faveurs.

 « Non ! » Fuyant à nouveau son reflet, elle chercha ses vêtements. En vain. Aussi gagna-t-elle le placard le plus proche et s’empressa-t-elle de l’ouvrir. Les velours et soieries de Mère miroitèrent dans le petit jour. Elle claqua les vantaux et, se dirigeant vers la penderie suivante, y pêcha au hasard l’une des tuniques poussiéreuses de Père et l’enfila, mais elle y flottait pitoyablement. Elle l’arracha d’un geste véhément puis, faute de mieux, décrocha un manteau noir dans lequel elle s’enveloppa.

Son cœur martelait sa poitrine quand elle se rua vers la porte en quête de Ki.

Elle faillit trébucher sur lui. Il sommeillait sur une paillasse en travers du seuil, le dos appuyé au mur et l’échine ployée. Sa sortie en trombe le réveilla. Deux soldats qui montaient le quart claquèrent des talons en se mettant au garde-à-vous pour la saluer, mais elle les ignora.

 « Que diable fais-tu là-dehors ? » demanda-t-elle âprement, tout en détestant d’emblée le timbre inconnu qu’avait pris sa voix. Il lui parut sur le coup affreusement perçant.

 « Tob ! » Ki rassembla ses pieds vaille que vaille pour se lever. « Je ... C’est-à-dire, il ne semblait pas convenable ...

Où sont passés mes vêtements !

— Nous ne savions trop ce que tu voudrais porter.

— Ce que je voudrais porter ? Mais mes vêtements, parbleu ! Ceux avec lesquels je suis arrivé ! »

Ki se tourna vers le plus proche des gardes et bafouilla: « Va mander à l’intendant Lytia que Tob ... , que la princesse ... , que Tamir réclame ses vêtements - ceux qu’on a lavés. »

Tobin l’entraîna là-dessus dans la chambre et claqua la porte. « Je suis Tobin, Ki ! C’est toujours moi, non ? »

Ki s’arracha un sourire vaseux. « Ben ... , oui et non. Je veux dire, je sais que c’est toujours toi, mais ... Enfin, Tob ! par les couilles à Bilairy, je ne sais plus quoi penser, moi... »

L’embarras qu’elle lut dans ses yeux ne fit qu’alimenter sa peur grandissante. « C’est pour cette raison que tu as couché dans le corridor ? »

Il haussa les épaules. « Ç’aurait l’air de quoi, dis, si je me glissais, moi, dans le lit d’une princesse ? - Arrête de m’appeler de cette façon !

— C’est pourtant ce que tu es. »

Tobin se détourna pour s’éloigner, mais Ki la rattrapa et l’empoigna par les épaules. « C’est ce que tu dois être. Tharin et moi, nous avons eu une longue conversation avec Arkoniel pendant que tu dormais.

 

Ça fait des tas de trucs à digérer, et la façon dont tout s’est passé me semble quand même louche, mais toujours est-il que nous en sommes là, sans espoir de retour. » Il laissa glisser ses mains le long de ses bras pour saisir les siennes, et leur seul contact la fit frissonner.

Il ne parut pas s’en apercevoir. « C’est pire pour toi que pour moi, je le sais bien, mais n’empêche que c’est sacrément dur, reprit-il d’un air manifestement angoissé. Je suis toujours ton ami, Tob. Tu sais que je le suis. Simplement, je vois très mal ce que ça va finir par signifier.

— Ça signifie la même chose que toujours, riposta Tobin en se cramponnant à ses mains. Tu es mon premier ami - mon meilleur ami - et mon écuyer juré. Le reste ne change rien. Je me fous de ce qu’en peut penser qui que ce soit ! On peut me donner tous les noms qu’on veut, pour toi, je suis toujours Tobin, d’accord ? »

Un petit coup discret à la porte les interrompit, et Lytia entra, les bras chargés des vêtements demandés. « Tharin m’a priée de vous avertir que les premières troupes étaient rassemblées. J’ai pris la liberté de fouiller dans le trésor du château pour vous trouver une armure séante, puisque vous avez dû laisser la vôtre à Ero. Je vous la ferai monter aussitôt qu’on l’aura nettoyée, ainsi que de quoi déjeuner.

— Je n’ai pas faim du tout.

— Eh bien, tant pis. » Elle pointa un doigt menaçant vers Tobin. « Je ne vous laisserai pas sortir de la pièce avant que vous ayez tous les deux mangé un morceau. Et pourquoi pas un bain, en plus ? J’ai fait votre toilette du mieux que j’ai pu pendant que vous dormiez, mais s’il vous plaisait qu’on vous apporte une baignoire, je n’aurais qu’un ordre à donner. »

Tobin s’empourpra. « Non. Dites à Tharin qu’il me faut lui parler, je vous prie. Et à Arkoniel aussi.

— Très bien, Votre Altesse. »

Aussitôt qu’elle fut ressortie, Tobin rejeta son manteau et entreprit de s’habiller. Elle était en train de lacer ses braies quand elle s’aperçut que Ki lui tournait le dos. Il avait les oreilles écarlates.

Se redressant, elle rejeta ses épaules en arrière.

 « Regarde-moi, Ki. - Non. Je ...

— Regarde-moi ! »

Il pivota, et elle eut la certitude qu’il s’efforçait tant bien que mal de ne pas loucher sur ses petits seins pointus. « Je n’ai pas demandé à avoir ce corps, mais il va me falloir vivre avec lui, et toi aussi, dès lors. »

Il exhala un gémissement. « Pas ça, Tob ... Par pitié, ne m’impose pas ça.

— T’imposer quoi ? »

Ki se détourna de nouveau. « Tu ne peux pas comprendre. Simplement..., couvre-toi, veux-tu ? »

Passablement secouée, elle enfila sa tunique et jeta un regard circulaire afin de repérer ses bottes, mais la pièce se brouilla, et elle s’effondra sur le bord du lit, refoulant ses pleurs. Queue-tigrée sauta dans son giron puis d’un coup de tête lui fit relever le menton. Ki vint se poser auprès d’elle et l’enlaça d’un bras, mais d’une manière tellement pataude que même ce geste la chagrina.

 « Je suis ton ami, Tob. Je le serai toujours. Mais d’une façon différente, et cela m’effraie tout autant que toi. Ne pas pouvoir partager un lit, ne pouvoir même plus n’être que nous deux..., je ne sais pas comment je vais le supporter.

— Rien ne nous oblige à ce qu’il en soit ainsi !

— Bien sûr que si. Ça m’est odieux, mais tout l’exige. » Il parlait maintenant d’une voix très tendre, mais avec des intonations d’une tristesse qu’elle ne lui avait jamais soupçonnée. « Tu es une fille, une princesse, et je suis un homme adulte, pas un petit page qui puisse dormir à tes pieds comme ... , comme ce chat-là, tiens. »

C’était vrai, et elle le comprit. Subitement intimidée, elle lui reprit la main et la serra bien fort. La sienne était toujours hâlée, mais sa paume avait beaucoup perdu de sa rugosité durant la métamorphose. « Je vais devoir me refaire tous ces cals partout, dit-elle d’un timbre trop perché, terriblement instable.

— Ça ne devrait pas te prendre beaucoup de temps.

Ahra m’a toujours fait l’effet d’une vieille botte de cuir. Souviens-toi d’elle. Tu restes et demeures un guerrier, exactement comme elle. » Il lui pétrit un biceps et s’épanouit. « Rien de perdu là. Il te sera toujours possible de fracasser les doigts d’Alben, au cas où ça s’imposerait. »

Tobin lui adressa un hochement de gratitude puis repoussa Queue-tigrée pour se lever. Puis elle tendit la main et dit : « Tu es toujours mon écuyer, Ki. Et je saurai m’en souvenir, crois-moi ! J’ai besoin de t’avoir à mes côtés. »

Ki se mit à son tour debout pour lui serrer la main. « Aussi près de toi que ton ombre. »

Là-dessus, le monde sembla recouvrer son ordre accoutumé, du moins pour l’instant. Tobin jeta un coup d’œil tourmenté vers la croisée tout illuminée. « Pourquoi m’a-t-on laissée dormir si longtemps !

— C’est toi qui ne nous as pas laissé l’embarras du choix. Tu n’avais pas fermé l’œil depuis deux jours, et puis avec ce que tu as subi hier soir, hein ? Ça t’a bel et bien sonnée, ça, plus personne ! Alors, Tharin a dit de te laisser te reposer pendant qu’il rameutait la garnison. Il nous aurait fallu attendre, de toute façon. Ce qui me suffoque, moi, c’est que tu arrives à seulement tenir debout ! »

Tobin se hérissa. « Parce que je ne suis qu’une fille ? - Oh ! pour l’amour du Ciel... ! Si j’avais dû m’ouvrir la carcasse et puis me débarrasser de ma peau, moi, je doute fort que je me serais relevé si vite, et aussi frais et dispos ! » Il se rembrunit à nouveau. « Tudieu, Tobin ! je ne sais pas quel genre de magie c’était, mais on aurait juré pendant une minute que tous les feux du soleil s’étaient abattus juste à l’endroit où tu te tenais ! Ou bien les flammes des Busards ... » Il grimaça. « C’était douloureux ? »

Elle haussa les épaules. « Je ne me souviens pas de grand-chose, en dehors des reines. - Quelles reines !

— Les fantômes. Tu ne les as pas vues !

— Non, rien d’autre que Frère. Et pendant cette fameuse minute, je vous ai crus tous les deux fichus, rien qu’à la tête que vous faisiez. Il est vraiment parti, pour le coup, n’est-ce pas !

— Oui. Mais pour aller où !

— À la porte de Bilairy, j’espère. Je te l’avoue, Tob, je ne suis pas fâché de l’avoir vu là pour la dernière fois, malgré le coup de main qu’il t’a donné de temps à autre.

— Je le conçois, murmura Tobin. N’empêche qu’il est tout ce qu’il me reste de ma famille, non ? »

Lorsqu’elle reparut, Lytia n’était pas seule. En plus d’Arkoniel et de Tharin, plusieurs domestiques l’accompagnaient, porteurs de volumineux paquets enveloppés de linges.

 « Comment te sens-tu ? » s’enquit le magicien en lui cueillant le menton dans sa main pour examiner son visage.

Tobin se dégagea. « Je ne sais pas encore.

— Elle a faim, décréta Lytia qui déposait un plantureux déjeuner pour ses protégés sur une table auprès du feu. M’est avis qu’il faudrait peut-être avant toute autre chose laisser la princesse se restaurer.

— Je n’ai pas faim, jappa Tobin, et puis ne me désignez pas sous cette appellation ! »

Le capitaine se croisa les bras et lui décocha un regard sévère. « Rien d’autre, tant que tu ne mangeras pas. »

Elle s’empara d’une galette d’avoine et n’y mordit à pleines dents que pour lui complaire, mais cette première bouchée lui révéla qu’elle était en fait affamée.

Toujours sans s’asseoir, elle en engloutit une seconde, puis harponna une tranche de foie frit avec son poignard. Ki se joignit à elle, avec le même appétit d’ogre.

Tharin se mit à glousser. « Tu sais, tu n’es pas tellement différente au grand jour. Tu ressembles un peu plus à ta mère, peut-être, mais ce n’est pas une mauvaise chose. Je parie que tu seras une beauté quand tu te seras vaguement étoffée, une fois ta croissance achevée. »

Tobin émit un reniflement, la bouche pleine de brioche à la cardamome; le miroir lui avait tenu un tout autre discours.

 « Peut-être que ceci contribuera à te réconforter. » Tharin se dirigea vers le lit et défit l’un des paquets que les serviteurs avaient déposés dessus avant de se retirer. Avec un geste théâtral, il exhiba un haubert chatoyant. Les mailles en étaient d’une telle finesse que les doigts admiratifs de Tobin eurent l’impression de palper une peau de serpent. Un petit motif d’or, mais sobre, sans chichis, de simples lignes entrecroisées comme pour une treille, en soulignait le bas, le col et les manches. Les autres paquets recelaient une cuirasse d’acier et un heaume de dessin similaire.

 « Du travail aurënfaïe, précisa Lytia. On en avait fait présent à la grand-mère de votre père. »

La cuirasse arborait en or ciselé le rouvre d’Atyion.

Elle et le haubert lui allaient aussi bien que s’ils avaient été réalisés d’après ses mesures. La maille était d’une inconcevable légèreté, et d’une souplesse digne des tricots de Nari.

 « Les femmes du château se sont dit que vous auriez également plaisir à porter ceci, fit Lytia en déployant à bout de bras un surcot tout neuf. Elles y ont joint un justaucorps matelassé, ainsi que des bannières à vos couleurs. Nous n’allions quand même pas laisser le Rejeton d’Atyion se jeter dans la bataille comme un quelconque hobereau sans nom.

— Merci ! » s’exclama Tobin en passant le surcot par-dessus son haubert. Elle se rendit devant le miroir et s’y inspecta pendant que Ki lui ceignait l’épée. Les traits qu’encadrait la coiffe séculaire n’étaient plus ceux d’une jouvencelle atterrée mais ceux qu’elle s’était toujours connus.

Des traits de guerrier.

Ki lui sourit dans le miroir. « Vu ? En cet équipage, tu n’as pas changé du tout !

— Il se pourrait que ce soit tant mieux, dit Arkoniel. Je doute qu’Erius soit enchanté d’apprendre qu’il a une nièce au lieu d’un neveu. Tharin, assurez-vous bien qu’aucun de nos soldats ne l’ignore: à Ero, le nom de Tamir ne doit être prononcé par personne jusqu’à nouvel ordre.

— Je me demande bien ce que va dire Korin, lâcha Ki.

— Voilà une bonne question ... », dit Arkoniel d’un air rêveur.

Tobin fronça les sourcils à l’adresse de son reflet. « Je n’ai pas arrêté de me le demander, moi, depuis que vous et Lhel m’avez révélé la vérité. Il n’est pas seulement mon parent, Arkoniel, il est mon ami. Comment pourrais-je me permettre de le blesser, alors qu’il s’est toujours montré si bon pour moi ? Cela n serait pas bien, mais je n’arrive pas à me tracer d ligne de conduite. Il n’est pas vraiment du genre céder tout bonnement sa place, hein !

— Non, reconnut Tharin.

— Tant vaut laisser cela dans le giron des dieux fut l’avis d’Arkoniel. Pour l’heure, peut-être vaut décidément mieux que ce soit le prince Tobin qui retourne au secours d’Ero. Il faudra bien que le reste se démêle, après.

— Si après il y a, souligna Ki. Les Plenimariens n vont pas non plus céder tout bonnement la place, et il ont leurs nécromanciens et des tas de soldats. Sakor est seul à savoir combien !

— En fait, nous nous sommes débrouillés pour faire un brin d’espionnage en ta faveur, dit le capitaine que l’air ahuri de Tobin dérida malicieusement. Il en existe, des magiciens qui peuvent se rendre tout à fait utiles quand ils veulent bien ...

— Tu te souviens de la fois où je t’ai fait survoler Ero ? demanda Arkoniel.

— C’était une vision.

— Un charme voyeur, ça s’appelle. Je ne suis pas général, mais avec un rien d’aide de sa part, ce cher Tharin et moi sommes parvenus à estimer que l’ennemi doit avoir dans les huit mille hommes.

— Huit mille ! Et combien en avons-nous ici !

— La garnison comprend cinq cents cavaliers plus deux fois presque autant de fantassins et d’archers disponibles, dit le capitaine. Il faudrait en laisser quelques centaines d’autres pour tenir le château s’il était attaqué. Mon cousin Oril te tiendra lieu de gouverneur de la place, et...

— Quinze cents ! Nous sommes loin du compte !

— Il ne s’agit là que de la garnison permanente.

Dès notre arrivée, on a fait avertir les barons et les chevaliers des environs. Deux milliers supplémentaires sont susceptibles de nous suivre d’ici demain avec le train des fournitures. » Il s’interrompit pour lui sourire d’un air grave. « Et puis que pouvons-nous faire d’autre que nous débrouiller avec ce que nous avons !

— Grannia m’a chargée de vous demander si vous autoriseriez les femmes guerriers à faire partie de votre avant-garde, intervint Lytia.

— Oui, bien sûr. » Tobin réfléchit un moment, la tête farcie des leçons du Corbeau. « Informez-la seulement que la première ligne ne doit comporter que des combattants de toute première force. Les autres auront à rester dans le rang jusqu’à ce qu’elles soient bien aguerries. Il n’y a pas de honte à cela. Dites-leur que Skala a besoin d’elles vivantes et l’arme au poing. Elles sont trop peu nombreuses pour qu’on les gaspille en folies. » Voyant que Lytia se disposait à repartir, elle demanda : « Vous comptez venir avec nous ? »

Elle éclata de rire. « Oh non, Votre Altesse ! Je n’ai rien d’un guerrier, moi. Mais le vieil Hakoné m’a enseigné à ravitailler une armée. Nous avons vu partir votre grand-père et votre père pour maintes batailles. Vous ne manquerez de rien.

Merci à vous toutes. Quoi qu’il puisse advenir après tout cela, je suis heureuse d’avoir de telles amies avec moi. »