Chapitre 25
Cincinnati, Ohio
Mardi 4 août, 23 h 30
Marcus se frotta les lèvres, qui le picotaient encore depuis le baiser qu’il avait échangé avec Scarlett dans le parking de l’hôpital. Enfin ! songea-t-il. Cela faisait neuf mois qu’il se disait qu’il ne pouvait que l’entraîner dans sa propre chute — et voilà que la voix de la prudence venait enfin de se taire dans sa tête.
Mais il y avait un hic : elle n’avait fait aucune allusion à l’enlèvement et à la mort de Matty. Il se demanda si elle avait pris le temps de faire une recherche en ligne, comme il le lui avait suggéré. Elle avait été très occupée, après tout. Il ne voulait pas lui poser la question frontalement. Car si elle ne l’avait pas fait, et si, avec un peu de chance, cela lui était sorti de la tête, Marcus préférait ne pas le lui rappeler.
Sauf qu’elle avait le droit de savoir. Il ne pouvait pas lui cacher quelque chose d’aussi important. Il se promit de tout lui raconter quand cette affaire serait terminée. Quand il aurait appris à mieux la connaître. Quand, après avoir passé au minimum une nuit entière avec elle, ils se réveilleraient dans le même lit. Il aurait au moins un bon souvenir d’elle à conserver si, par malheur, ces révélations pénibles creusaient un fossé infranchissable entre eux.
Mais peut-être qu’elle ne changerait pas d’avis sur lui. C’était possible. N’avait-elle pas réagi aux révélations sur les activités clandestines du Ledger avec une étonnante ouverture d’esprit ? Certes, mais il s’agissait d’un tout autre problème. Son équipe d’enquêteurs du Ledger ressemblait à une version moderne de celle de Mission impossible. Ils n’avaient jamais tué qui que ce soit — même si Marcus et Diesel avaient bien failli le faire en quelques occasions.
Or ce qu’il avait fait après la mort de Matty était complètement différent. Il avait tué quelqu’un — même si ce n’était pas lui qui avait appuyé sur la détente. Il regarda le pistolet qui était posé sur ses cuisses. C’était peut-être l’arme du crime. Il n’en était pas sûr. Et ne voulait pas l’être.
Mais il savait que chaque fois qu’il la portait sur lui, il prenait un risque. S’il n’avait eu à s’inquiéter que pour sa propre personne, cela ne l’aurait pas gêné. Mais il n’était plus seul. Scarlett avait mis sa carrière en jeu pour lui. Elle se tenait à ses côtés, faisait front avec lui.
Il se promit de ranger ce pistolet dans son coffre-fort, où il ne pourrait nuire à personne. Il le sortit du holster de poche et passa doucement la main sur le canon. Il se rendit compte qu’il avait caressé la peau de Scarlett de la même manière, quelques minutes plus tôt.
Cela faisait longtemps que cette arme était devenue plus qu’un simple pistolet pour lui. C’était un talisman, tout comme son couteau de combat — mais pour d’autres raisons. J’aurais du mal à m’habituer à un autre pistolet, songea-t-il. Mais si cela facilitait ne serait-ce qu’un peu sa relation avec Scarlett, ce ne serait pas cher payé. Maintenant qu’il avait tenu Scarlett dans ses bras et savouré le goût de ses lèvres… Maintenant qu’il l’avait fait jouir… Et maintenant qu’elle l’avait serré contre elle avec cette tendresse fusionnelle… Il savait qu’il ferait tout pour la garder.
Il glissa le pistolet entre son siège et la portière, à portée de main. Puis il sortit son ordinateur portable et ouvrit la liste des menaces. Il l’expurgea de toute référence nominative aux autres membres de l’équipe ou aux actes les plus illégaux qu’ils avaient commis. Il inséra ensuite sa carte wi-fi dans la prise USB et envoya la liste ainsi remaniée à Scarlett.
Un petit bruit le fit sursauter. Sa main saisissait déjà la crosse de son pistolet, mais il se détendit lorsqu’il constata que ce n’était que Scarlett, qui tapotait contre la vitre de la voiture. Il déverrouilla les portières et elle s’installa à côté de lui. Elle portait un gilet pare-balles de combat sur son T-shirt et tenait son blouson à la main.
— Excuse-moi d’avoir mis tant de temps, dit-elle.
Son teint était empourpré, et une fine couche de sueur luisait sur son visage.
— Tu as couru ? demanda Marcus.
Elle jeta son blouson sur la banquette arrière.
— Un peu. Je ne voulais pas que tu t’inquiètes.
— D’où sors-tu ce gilet ?
— C’est Lynda qui me l’a donné.
Marcus fronça les sourcils.
— Tu aurais dû en porter un quand on est allés à l’hôpital, dit-il avec une pointe de reproche.
— J’ai oublié le mien chez moi, après que nous… Après qu’on a fait l’amour sur le canapé.
— Tu ne devrais pas te laisser troubler autant, dit-il en s’en voulant de ne pas avoir remarqué cet oubli. Pourquoi est-ce que tu ne portes pas un gilet en kevlar sous tes vêtements, comme moi ?
— Premièrement, parce que ça démange. Deuxièmement, parce que je n’ai pas de vêtements assez amples. Troisièmement, parce que ça me fait crever de chaud. Et, quatrièmement, parce que, moi, je n’ai pas promis à ma mère d’en porter un… Je préfère porter ce gilet de combat par-dessus mon T-shirt. Et puis, c’est toi la cible, pas moi.
— Promets-moi d’en porter un en permanence.
— Je te promets d’en porter un toute la journée, mais seulement jusqu’à ce que ce type soit hors d’état de nuire, déclara-t-elle très sérieusement en le regardant dans les yeux.
— On renégociera ça quand le type sera sous les verrous, marmonna-t-il.
Elle ne put s’empêcher de sourire.
— On verra… Bon, tu peux démarrer, maintenant. Pourquoi est-ce que tu n’as pas mis la clim ? Tu as dû cuire là-dedans.
— J’ai servi en Irak, lui rappela-t-il. Je suis capable de supporter un peu de chaleur.
Il ferma son ordinateur, le posa au pied de la banquette arrière et démarra.
— Moi aussi, monsieur le macho, j’en suis capable, mais je ne préfère pas, dit Scarlett en tournant à fond le bouton de la climatisation. Tu as fini de refaire la liste ?
— Oui. Je l’ai envoyée sur ta boîte mail.
Scarlett se cala sur son siège et ouvrit son téléphone, tandis que Marcus manœuvrait l’Audi hors du parking. Il s’engagea dans la rue et se mit à rouler en direction de la maison de Scarlett sur la colline.
— Je l’ai, dit-elle.
Elle la parcourut du regard pendant quelques instants, tapota sur l’écran tactile, rangea l’appareil dans l’une des poches de son gilet pare-balles et dit :
— Je l’ai envoyée à Isenberg, pour qu’elle la fasse analyser.
Il la regarda du coin de l’œil et dit :
— Je croyais que tu ne devais pas aller dans ton bureau.
— Isenberg m’a appelée pendant que j’étais au labo. Deacon et l’agent Coppola revenaient de chez toi. Et Adam Kimble, l’inspecteur qui dirigeait la recherche de Mila et d’Erica, venait, lui aussi, de rentrer au CPD. On s’est brièvement réunis pour faire le point. Je me suis éclipsée dès que j’ai pu.
— Qu’a dit Deacon ?
— Que les enregistrements des caméras de sécurité de ton immeuble ont filmé le tueur au moment où il est sorti, cinq minutes après y être entré en même temps que Phillip et avoir abattu le gardien.
— Quelle heure était-il ?
— 20 h 40.
— Merde… Il est parti une ou deux minutes avant mon arrivée. Phillip m’a dit qu’il était grand et afro-américain.
— La caméra n’a pas filmé son visage. Il portait une cagoule et une casquette, ainsi que des gants. Le peu de peau qu’on distingue autour de ses yeux était foncé, c’est tout ce qu’on sait.
— On demandera à Phillip de nous en dire davantage quand il reprendra connaissance.
— Oui. Quand le tueur est sorti de ton appartement, il est descendu par l’escalier et il a vérifié que la voie était libre avant de traverser le hall. Il avait une serviette enroulée autour du bras, et on voyait nettement le manche d’un couteau planté dedans… Ce qui corrobore ce que Phillip t’a dit.
— Il ne voulait pas laisser de traces de sang.
— Mais la serviette était déjà toute rouge. Phillip a enfoncé la lame bien profondément.
Marcus songea à Phillip et à Edgar qui, en cet instant même, luttaient tous deux contre la mort.
— Tant mieux, dit-il froidement.
— L’agent Coppola a interrogé tous tes voisins. Personne n’a rien vu. Le tireur s’est servi d’un silencieux.
— Les silencieux adaptables aux Ruger sont très rares, observa Marcus. Il l’a peut-être fait faire sur mesure. Mais il ne s’en est pas servi dans la ruelle… Pourquoi ?
— Bonne question. Par ailleurs, il est certain que le fusil avec lequel il a tué l’agent Spangler et tenté de nous abattre chez Anders était équipé d’un silencieux, dit-elle d’un air pensif.
— Qu’est-ce que tu en déduis ? demanda Marcus.
— Le chirurgien m’a dit que le tireur avait fait feu à deux reprises sur Phillip. Dans le flanc et l’abdomen. Deacon n’a pas trouvé la balle qui lui a transpercé le bras. Il n’y avait que la douille. Selon le chirurgien, le tireur a extrait la balle qui s’était logée dans le flanc. Il a ensuite tenté de récupérer celle qui s’était fichée dans l’abdomen, mais il a fini par renoncer.
— Parce qu’il perdait son sang. Ce qui est clair, c’est qu’il ne voulait pas que la police trouve les balles. Or le type qui m’a tiré dessus dans la ruelle a laissé les balles derrière lui. Mais, si c’est bien le même homme, on dirait qu’il a voulu empêcher les experts en balistique d’établir avec certitude que celles qu’il a tirées sur Phillip provenaient de la même arme. Les balles tirées avec le fusil dont il s’est servi cet après-midi chez Anders ne pouvaient bien sûr pas être identiques à celles qu’il a tirées avec le Ruger… Mais tout ça n’a aucun sens. Pourquoi a-t-il pris la peine d’extraire ces balles ? Il devait se douter que la police déduirait qu’elles ont été tirées par le même homme.
— Mais est-ce qu’on en est sûrs ? demanda-t-elle. Tala connaissait son assassin. Je l’ai lu dans ses yeux.
— Moi aussi, murmura-t-il. Quand j’ai regardé la vidéo, je n’avais aucun doute là-dessus. Ce ne serait pas le même tireur, alors ? Il n’y aurait aucun lien entre les deux ?
— Peut-être. Et on veut nous faire croire que c’est le même… On sera bientôt fixés. L’experte est en train d’analyser les balles et de les comparer. Elle ne travaille pas de nuit, d’habitude. Mais elle va faire des heures supplémentaires.
— Parce qu’un agent du FBI a été tué, c’est ça ?
— Non, dit-elle avec force. Parce qu’un assassin et trafiquant d’esclaves sévit dans cette ville. Face à cela, personne ne refuse de faire des heures supplémentaires.
— Excuse-moi. Je n’aurais pas dû dire ça.
— Ce n’est pas grave.
Elle posa une main sur la cuisse de Marcus. Elle cherche une fois de plus à me réconforter, se dit-il.
— Il arrive que ce soit vrai, ajouta-t-elle. Mais pas cette fois.
— Et l’équipe de maîtres-chiens, qu’est-ce qu’ils ont trouvé ?
Elle lâcha un soupir.
— Ils ont perdu la trace des deux fugitives. Apparemment, Mila et Erica sont montées dans un véhicule après avoir longuement marché. Les services de l’immigration nous ont fourni leurs photos ainsi que celles du mari et du fils de Mila. Nous les avons transmises à tous les agents en patrouille. Ils ont pour consigne d’approcher ces femmes avec douceur et de leur montrer les photos du mari et du fils, ainsi qu’une photo de Malaya, prise par l’assistante sociale. Isenberg a fait légender ces trois photos avec la phrase « elles sont vivantes et en sécurité », en anglais et en tagalog.
— J’espère qu’elles ne vont pas disparaître dans la nature…
— Moi aussi, murmura-t-elle d’une voix peinée.
Il tourna la tête vers elle.
— Quel est le problème ? demanda-t-il.
— Je pense à l’enquête… Rien ne colle dans cette affaire, et ça me donne la migraine.
— Attendons le rapport d’expertise balistique. On saura si c’est bien la même arme qui a servi contre Tala et Phillip.
— Tu as raison.
Mais Marcus sentait bien qu’elle n’arrivait pas à penser à autre chose. Lui non plus, d’ailleurs. Il n’arrêtait pas de réfléchir à ce qui s’était passé chez lui.
— J’essaie de me souvenir si j’ai déjà croisé un type correspondant à la description que Phillip m’a faite, dit-il. Mais ça ne me dit vraiment rien.
— Deacon pourrait t’aider…
— Deacon ? s’étonna Marcus. Mais comment ?
— Il a été formé à l’hypnose. Cela lui sert à aider les gens à se souvenir d’événements enfouis dans leur mémoire. Je l’ai vu à l’œuvre, avec Faith, il y a neuf mois. Depuis, il a aidé trois autres victimes à se remémorer des détails oubliés. Ne t’inquiète pas, dit-elle en le voyant faire la grimace. Il ne te fera pas glousser comme une poule… C’est juste une technique de relaxation.
— Je ne crois pas que ça marchera avec moi. Cela ressemble trop à un interrogatoire ou à un lavage de cerveau, et… Non, malheureusement, dans mon cas, ça ne fonctionnera pas…
— Quand tu étais dans l’armée, tu as été entraîné pour résister aux techniques de manipulation mentale, hein ?
— Je n’ai jamais dit ça, protesta-t-il.
Et pourtant, elle avait vu juste.
— Allez, Marcus, avoue. Tu te déplaces comme un ninja. Je pense être douée pour sentir quand quelqu’un s’approche de moi par-derrière, et je me suis laissé surprendre deux fois par toi… Soit tu es un super-héros, soit tu as reçu un entraînement spécial.
— On ne peut rien te cacher, concéda-t-il avec un petit rire.
— Tu es un super-héros ? le taquina-t-elle.
Il tourna dans la rue escarpée qui menait à la maison de Scarlett et dut rétrograder, faisant tousser le moteur de l’Audi.
— Tu regretteras peut-être que je n’en sois pas un si cette épave nous lâche en pleine côte. On aura peut-être besoin de l’escalader avec des crampons.
— Espèce de mauviette. Je grimpe cette pente en courant tous les jours, quand je m’entraîne pour une course.
— Ah bon ?
Il y réfléchit un instant, heureux de pouvoir penser à autre chose qu’à des blessures par balles, des cadavres et des femmes portées disparues. Un coup d’œil à Scarlett lui apprit qu’elle n’était pas mécontente non plus de changer de sujet. Ses yeux pétillaient, et elle arborait un petit sourire — ce sourire serein qu’il aurait tant voulu contempler tous les matins en ouvrant les yeux.
— J’aimerais bien te voir courir, ajouta-t-il. Surtout si je cours derrière toi.
Une vision de Scarlett en short et en sueur lui traversa l’esprit et lui mit l’eau à la bouche.
— On peut faire ça demain matin, dit-elle. Très tôt. Je te mets au défi…
Il secoua lentement la tête, ayant en tête une tout autre activité.
— Ce sera sans moi, dit-il.
— Quoi ! Tu te dégonfles ?
Il s’engagea dans l’allée de la maison de Scarlett, coupa le moteur et posa les avant-bras sur le volant.
— Moi ? Je ne me dégonfle jamais, inspectrice…
Marcus détacha sa ceinture de sécurité d’une main et posa l’autre sur la nuque de Scarlett, puis l’embrassa longuement sur la bouche.
— Mais, ajouta-t-il, je crois que demain matin je n’aurai pas très envie de gaspiller mon énergie en remontant cette côte en courant.
Elle lui caressa le menton d’une main tremblante.
— Dans ce cas-là, on peut reporter…
Ils échangèrent de nouveau un long baiser passionné. Lorsque Scarlett décolla ses lèvres, elle sourit et chuchota :
— Mme Pepper nous observe.
Il recula la tête et scruta les alentours.
— Comment le sais-tu ? demanda-t-il.
— J’ai vu le reflet de la lampe de sa terrasse sur ta vitre. Réfugions-nous vite dans la maison avant qu’elle ne vienne nous parler…
Il sortit de la voiture et alla ouvrir la portière de Scarlett, et sa galanterie la fit rire. Il l’aida à sortir de l’Audi et lui rendit ses clés en disant :
— Déverrouille la porte du garage. Je vais l’ouvrir pour que tu puisses rentrer ta voiture.
— Je peux le faire moi-même, Marcus.
— Je sais, dit-il.
Il lui saisit doucement le menton et l’embrassa avec ardeur, puis couvrit son visage de baisers, la faisant gémir de plaisir lorsqu’il lui mordilla le lobe de l’oreille. Il aurait voulu caresser ses courbes, mais l’épais gilet pare-balles le gênait. En outre, il aperçut du coin de l’œil Mme Pepper qui les épiait sans la moindre gêne derrière les rideaux de son salon.
— Laisse-moi quand même ouvrir cette porte, murmura-t-il. Ne serait-ce que pour faire croire à Mme Pepper que je suis un gentleman… J’aimerais qu’elle m’ait à la bonne. Il paraît qu’elle fait des gâteaux délicieux.
Scarlett se laissa convaincre, déverrouilla la porte et le laissa remonter le lourd rideau de fer. Il attendit qu’elle ait garé la voiture et coupé le moteur pour refermer le rideau. Ils se retrouvèrent dans la pénombre. Et dans l’intimité la plus totale. Enfin.
Marcus la prit aussitôt dans ses bras. Ils restèrent collés l’un à l’autre pendant un long moment.
Il tremblait comme un adolescent lors de son premier rendez-vous galant.
— Ce matin, murmura-t-il, tout était différent.
— Je sais…
Elle se dressa sur la pointe des pieds et l’embrassa doucement.
— Ce matin, nous étions différents. Je ne savais presque rien de toi. J’ignorais qui tu étais vraiment…
— Un super-héros ? suggéra-t-il en souriant.
— Non, répondit-elle.
Elle lui mordilla la lèvre supérieure puis la titilla du bout de la langue.
— Tout simplement, l’homme que j’espérais tant que tu sois, ajouta-t-elle.
— Je ne suis pas un héros, Scarlett.
— Moi non plus. Je suis moi-même, voilà tout.
Il lui rendit son baiser, tout doucement — car si son corps brûlait de désir, son esprit lui soufflait de ne pas se précipiter. Le moment était trop important.
— Et je t’aime comme tu es, dit-il.
— Attention, il m’arrive d’être imbuvable…
— Il n’y a pas de roses sans épines, philosopha-t-il.
Elle esquissa un sourire puis se figea, subitement très sérieuse.
— J’ai vécu seule très longtemps, Marcus, et je m’y suis habituée. Mais maintenant… avec toi… je ne me sens plus seule… Et ça me fout la trouille. Cet après-midi, on a fait l’amour, et c’était bon… Très bon même. Et très simple. Mais là, maintenant… C’est… plus intense.
Il lui embrassa le cou, la faisant frissonner de désir, et chuchota :
— Je veux que ça soit plus intense.
— Tant mieux, articula-t-elle. Ce serait nul si j’étais seule à le vouloir.
Il dégrafa son gilet pare-balles et demanda tout bas :
— Que veux-tu, Scarlett ? Un mari, des enfants ? Un pavillon avec un grand jardin ?
— Oui, répondit-elle. Tout ça à la fois.
— J’aime les jardins, et j’ai toujours eu envie d’avoir des enfants. Et une femme. On a les mêmes désirs…
Il glissa une main sous l’épais gilet, trouva un sein bien ferme et sentit le téton durcir dans le creux de sa paume.
— Et là, tout de suite, de quoi as-tu envie ? demanda-t-il.
Elle lâcha un petit rire essoufflé.
— J’ai envie de t’attirer dans mon lit et de faire plein de trucs très osés avec toi, répondit-elle.
Marcus chavira. Il l’embrassa avec fougue — trop de fougue. Mais elle ne s’en plaignit pas, bien au contraire. Et c’est avec autant d’ardeur qu’elle lui rendit ses baisers, au point qu’il craignit de jouir précocement dans ce garage. Il se décolla d’elle, haletant.
— Par quoi on commence ? demanda-t-il, l’œil luisant.
— Avant, il faudrait que je promène Zat. Et j’aimerais bien prendre une douche…
— Moi aussi. On se retrouve à l’intérieur. Où est ta chambre ?
— À l’étage.
Elle l’embrassa encore une fois avant de se diriger vers la porte.
— Elle est violette.
— Quoi donc ?
— Ma chambre. Elle est peinte en violet. Te voilà prévenu… Bon, je me dépêche.
— D’accord, marmonna-t-il.
Il récupéra son pistolet et son ordinateur portable ainsi que le blouson de Scarlett et son holster, pénétra dans la maison et se rendit tout droit à l’étage. Son cœur battait à tout rompre d’excitation et d’impatience, mais il se sentait détendu et serein, en paix avec lui-même.
Cincinnati, Ohio
Mardi 4 août, 23 h 55
D’habitude, Scarlett laissait Zat gravir les marches seul sur ses trois pattes — mais, ce soir-là, elle n’en eut pas la patience. Elle entendit la douche couler et sentit ses genoux faiblir en imaginant Marcus nu sous le jet. Elle prit Zat dans ses bras et monta en courant à l’étage, au moment même où le bruit de la douche cessait.
Retenant son souffle, elle déposa doucement son chien et marcha jusqu’à la porte ouverte de la salle de bains.
— Oh ! soupira-t-elle, admirative.
Elle l’avait déjà vu torse nu. Et, dans l’après-midi, elle avait eu un aperçu de son sexe quand ils avaient fait l’amour sur le canapé.
Mais elle n’avait pas imaginé, même dans ses rêves les plus fous, quel spectacle délicieux pouvait offrir Marcus O’Bannion, nu et trempé. Les muscles de ses larges épaules, parfaitement dessinés, se contractaient tandis qu’il se séchait les cheveux à l’aide d’une serviette, aspergeant de gouttelettes sa poitrine velue. Ce qui donna envie à Scarlett de l’embrasser avidement, puis de promener sa langue plus bas, et plus bas encore… Cet homme était un fantasme en chair et en os. Le regard de Scarlett s’attarda un instant sur son sexe dressé. Se rappelant ce qu’elle avait ressenti quand, brûlant et dur, il l’avait pénétrée, elle sentit son bas-ventre se contracter avec tant de force qu’elle en frissonna.
Bientôt, il sera de nouveau en moi…
Marcus acheva de s’essuyer la tête puis épongea doucement le pansement qu’il avait toujours à la tempe. Soudain, il prit conscience de la présence de Scarlett qui le dévorait des yeux. Un large sourire creusa ses joues d’adorables fossettes que Scarlett n’avait pas remarquées jusque-là. Il avait l’air heureux. Et très détendu — sauf pour son érection, qui ne cessait de croître.
— Je n’ai pas utilisé beaucoup d’eau chaude, dit-il. Je ne connais pas la taille de ton ballon.
Subitement, Scarlett s’appuya contre le cadre de la porte, s’efforçant de garder son flegme… Tout en sachant qu’elle n’y arriverait pas.
— Il n’y a pas de ballon, répondit-elle. C’est un chauffe-eau. On peut gaspiller toute l’eau qu’on veut…
— C’est bon à savoir.
Il écarta les bras, aiguillonnant le désir de Scarlett.
— Donc, tu peux me rejoindre, ajouta-t-il. Puisqu’il y a de l’eau chaude à volonté.
— Dans un instant. D’abord, je veux te regarder… Tu es tellement… Comme je t’imaginais.
— Inspectrice, tu es beaucoup trop couverte, dit-il d’un ton taquin.
Elle entra dans sa chambre pour se déshabiller.
— Non, non, protesta-t-il. Reste là. À moi de te regarder.
— Une minute, fit-elle.
Elle enleva son gilet pare-balles, posa son téléphone portable sur la table de nuit et rangea son pistolet dans le tiroir. Elle fut tentée de ne pas consulter sa messagerie, mais le fit quand même. Heureusement, il n’y avait aucun nouveau message. C’était un moment de répit, et elle comptait bien en profiter.
Elle revint à la porte de la salle de bains et ôta son T-shirt, exhibant son soutien-gorge de dentelle rose. Elle l’avait choisi pour lui.
Le sourire de Marcus s’estompa, et son regard redevint fixe, semblable à celui qui avait attisé le désir de Scarlett dans le parking de l’hôpital.
— Viens ici, dit-il tout doucement.
Les jambes flageolantes, elle se dirigea vers lui. Marcus parcourut d’un doigt taquin la bordure festonnée de son soutien-gorge.
— C’est joli, ça, souffla-t-il.
Puis il leva les yeux et ajouta :
— Très joli… Enlève-le vite, avant que je le déchire.
Le soutien-gorge s’ouvrait par l’avant et Marcus lâcha un petit grognement lorsqu’elle s’exécuta.
— Si j’avais su que c’était aussi facile…, fit-il.
Elle laissa le soutien-gorge tomber à terre avec un petit rire.
— Mince, haleta-t-il.
Il lui prit les deux seins à pleines mains, et se mit à les caresser doucement. Puis il les couvrit de baisers avant de s’écarter, serrant les poings.
— Continue à te déshabiller, murmura-t-il, mais dépêche-toi, ça me rend fou…
Scarlett n’obéit pas et prit son temps pour se débarrasser une à une des épingles à cheveux qui maintenaient sa tresse en place. Il la regardait sans dire un seul mot, subjugué. Elle retira la dernière épingle et sa longue tresse vint frôler ses reins. Elle empila les épingles sur le rebord du lavabo et commença à défaire la tresse, mais Marcus arrêta son geste.
— Laisse-moi faire, chuchota-t-il.
Il entreprit de démêler les cheveux entrelacés d’une main fébrile.
— J’ai envie de faire ça depuis la première fois que je t’ai vue, fit-il. Dans mes fantasmes, tes cheveux étaient étalés sur mon oreiller… et sur mon corps.
L’excitation de Scarlett ne cessait de croître. Elle ôta ses chaussures, déboutonna son pantalon et le laissa tomber sur ses chevilles. Elle ne portait plus que sa petite culotte rose assortie à son soutien-gorge, ses chaussettes et son holster de cheville.
— C’est mignon, dit-il d’un ton bourru. Surtout le holster de cheville. Ça te donne un petit air canaille…
— Oui, mais compensé par la dentelle rose, dit-elle en glissant son petit doigt sous le fin cordon qui reliait les deux triangles de soie de sa petite culotte.
— C’est l’effet de contraste, dit-il doctement. Les deux vont très bien ensemble, crois-moi. Ta petite culotte est mouillée ?
— Comme à chaque fois que tu t’approches de moi.
Elle mit un genou à terre pour se débarrasser du holster puis se releva.
— Je reviens tout de suite, dit-elle.
— Fais vite.
Elle ne se le fit pas dire deux fois et fourra promptement le holster et le pistolet dans le tiroir de la table de nuit. Quand elle se retourna, elle vit que Marcus s’était adossé au mur carrelé de la cabine de douche et qu’il se caressait doucement le sexe.
— Tu as commencé sans moi ! protesta-t-elle.
— Je t’avais bien dit de te dépêcher, répliqua-t-il.
Scarlett arracha ses chaussettes et sa petite culotte, et le rejoignit dans la cabine. Puis elle referma la porte et tourna le robinet, faisant jaillir l’eau du pommeau au-dessus de leurs têtes.
Il prit un peu de shampoing dans le creux de sa main, se plaça derrière Scarlett et entreprit de lui laver les cheveux, lui massant délicatement le cuir chevelu. Ronronnant sous cette caresse, elle colla son dos contre le ventre et la poitrine de Marcus. Les muscles de ses épaules se décontractèrent, tandis qu’une sensation plus agréable encore naissait au contact du sexe rigide qui se frayait un passage entre ses cuisses.
— Tu as de bien longs cheveux, inspectrice, lui chuchota-t-il dans le creux de l’oreille.
Ses mains savonneuses glissèrent lentement sur ses seins avant de plonger entre ses cuisses. Il enfonça doucement un doigt dans la fente trempée de Scarlett, explorant progressivement son intimité. Le petit cri qu’elle poussa le fit rire.
— Ça va prendre un peu de temps, fit-il.
Elle n’aurait su dire s’il parlait du lavage de ses cheveux ou de la caresse qu’il lui prodiguait. Peu importait. Elle ne pensait plus à rien, elle s’offrait tout entière à lui et savourait passionnément cet instant. Il ne se hâtait pas, la caressant langoureusement, jusqu’à ce qu’elle se trémousse et se frotte contre lui pour l’inciter à accélérer. Oui… Plus vite… Plus fort…
Elle lâcha un grognement frustré lorsqu’il cessa de la caresser pour lui rincer les cheveux. Puis il se mit à humer l’un après l’autre les flacons de gel douche, en prenant volontairement son temps.
— Dépêche-toi, Marcus ! le supplia-t-elle d’une voix rauque.
— Ah, voilà celui que j’aime tant, dit-il en choisissant le gel douche parfumé au chèvrefeuille.
Il savonna consciencieusement Scarlett, ne négligeant aucun centimètre carré de peau et stimulant son désir sans pour autant le porter à son comble.
— Espèce de sadique ! On dirait que ça te fait plaisir, protesta Scarlett, exaspérée par une telle cruauté autant que par le désir impérieux et lancinant qui lui vrillait le bas-ventre.
Il fit mine de ne pas avoir entendu et s’accroupit pour lui masser les mollets et les pieds. Puis il décrocha le pommeau de la douche et, un petit sourire aux lèvres, s’en servit pour la rincer.
— Pas toi ? demanda-t-il.
— Oui … Mais… Oh ! mon Dieu…
Les mots lui manquèrent lorsqu’il s’agenouilla et plaqua ses mains sur ses fesses, enfouissant son visage entre ses cuisses.
— Oui… C’est bon… Oui… Continue… Encore…
Sa langue lui arracha immédiatement des gémissements de plaisir. Elle enfouit ses doigts dans les cheveux de Marcus, folle de désir, et s’abandonna complètement à lui. Elle était tout près de jouir. Mais il se releva brusquement, arrachant un « non ! » désespéré à Scarlett, au bord de l’orgasme. Elle posa ses mains sur les épaules de Marcus pour le forcer à s’agenouiller de nouveau. Elle voulait qu’il finisse ce qu’il avait commencé. Mais, à ce moment-là, elle aperçut l’expression sur son visage…
Il ne souriait plus. Ses yeux bruns luisaient de désir. Sans détourner les yeux, il ferma le robinet, la plaqua contre le mur de la cabine et l’embrassa avec tant de passion que la vision de Scarlett se troubla. Il se décolla, lui permettant de reprendre son souffle, et ouvrit la porte de la cabine de douche d’un coup d’épaule. Il la prit dans ses bras et elle enroula les jambes autour de ses hanches, se frottant contre lui comme pour engloutir le sexe érigé de Marcus dans le sien, trempé d’excitation. Il la porta dans la chambre et la déposa délicatement sur le lit, alors qu’ils étaient tous deux encore ruisselants d’eau.
Mais elle n’eut pas le temps de s’en soucier, car il se coucha aussitôt sur elle puis glissa le long de son corps, jusqu’à ce que sa bouche rencontre à nouveau son sexe et que sa langue se remette à la lécher. Cette fois, il se concentra sur le clitoris, le suçant habilement jusqu’à ce qu’elle se mette à crier. À cet instant, il plongea un doigt dans sa fente, puis deux, et la caressa de plus en plus vite, de plus en plus fort, sans cesser de sucer son clitoris.
L’orgasme explosa dans ses entrailles. Les mains crispées sur les draps, elle s’arc-bouta et chercha à reprendre son souffle, mais l’air resta bloqué dans ses poumons. Marcus ne s’arrêta pas pour autant de la sucer et de la caresser, jusqu’à ce que la vague de plaisir retombe enfin et qu’elle s’affaisse, pantelante, sur le matelas. Des larmes lui voilèrent le regard puis coulèrent sur ses joues. Un sanglot naquit au fond de sa gorge. Immédiatement, Marcus se pencha sur elle et essuya doucement ses larmes.
— Je t’ai fait mal ? demanda-t-il d’une voix rauque.
— Pas du tout.
Incapable de s’arrêter, elle lâcha les draps et lui caressa la poitrine.
— C’était… bon, Marcus, articula-t-elle. Si bon…
Elle inspira puis, en relâchant son souffle, elle sentit ses muscles se détendre et son cœur battre à nouveau plus ou moins normalement.
— Je n’avais jamais joui comme ça… C’était tellement… intense. Laisse-moi le temps d’atterrir.
Mais il l’ignora et se remit à l’embrasser avec une avidité renouvelée, lui faisant presque mal. Elle planta ses ongles dans les épaules de Marcus et lui rendit son baiser, savourant ainsi le goût de sa propre excitation. Il jouait des hanches et des reins, et son sexe bandé vibrait entre les cuisses de Scarlett.
D’une main fébrile, il attrapa un préservatif, posé en évidence sur la table de nuit.
— Quand as-tu mis ça là ? demanda-t-il.
— Avant de te rejoindre sous la douche.
Marcus l’embrassa de nouveau avidement, puis il se redressa. Elle le regarda dérouler le préservatif sur son membre, et une nouvelle pensée lui traversa l’esprit. La fellation ne l’avait jamais particulièrement attirée, mais la vision de son sexe si gonflé, si dur, l’excitait d’une manière qu’elle n’aurait jamais crue possible. Elle voulait à son tour le faire jouir dans sa bouche, comme lui venait de le faire pour elle, avec tant de virtuosité et de passion.
Elle leva les yeux et s’aperçut qu’elle avait aiguillonné son désir en contemplant sa verge dressée. Il avait deviné.
— Plus tard, grogna-t-il d’une voix rauque. Il faut que je te prenne… Tout de suite…
Prenant appui sur ses bras, il joignit le geste à la parole et s’enfonça d’un seul coup en elle. Et elle gémit de plaisir, suffoquée, heureuse d’être pénétrée ainsi. D’être prise par cet homme. D’être sienne.
Il lui fallut un instant pour se rendre compte qu’il s’était immobilisé en elle.
— Je t’ai fait mal ? demanda-t-il, haletant, en fronçant les sourcils.
— Pas du tout. Au contraire… Ne t’arrête pas…
— Comme tu voudras…
Et il se mit à aller et venir en elle.
— C’est si bon, Scarlett… Je n’aurais pas pu me retirer.
Mais ils savaient tous deux que s’il lui avait fait mal, il se serait interrompu. Car il n’avait pas perdu sa maîtrise de soi. Et il le prouva, réglant ses mouvements sur le plaisir de Scarlett. Elle était autant excitée par ce qu’il lui faisait que par son regard fervent. Il était exalté et possessif, fier et lascif… Mais pas seulement…
Il est aussi plein de respect, songea-t-elle, sentant l’émotion lui contracter de nouveau la gorge. Il lui faisait l’amour avec une sorte de déférence, totalement en symbiose avec elle. Sous ses assauts, elle se cabra, gémit et l’implora, impatiente de jouir et de le faire jouir. Mais il tint bon.
Il tenait à l’évidence à s’assurer qu’elle était comblée avant de prendre son propre plaisir, mais Scarlett aurait préféré qu’il perde tout contrôle. Et que la tempête qu’elle voyait couver dans ses yeux, et par laquelle elle voulait être emportée, se déchaîne enfin.
— Vas-y, chuchota-t-elle. Prends-moi comme tu en as envie. Je le veux aussi… Je ne te dirai pas d’arrêter, je te le jure…
— Impossible, dit-il en frissonnant. Je te désire trop fort. Je te ferais mal…
Ce moment était crucial, Scarlett le savait d’instinct. Il allait donner le ton à tous ceux qui viendraient ensuite. Elle le fit brusquement rouler de côté et il se retrouva sur le dos, son membre toujours en elle. Scarlett lut dans ses yeux d’abord de la surprise, puis un désir accru. Il serra les mâchoires et l’agrippa brutalement par les hanches. Mais la douleur qu’elle ressentit était elle-même délicieuse, et son plaisir grandit encore lorsqu’il lui pressa les fesses pour s’enfoncer au plus profond d’elle.
Elle se pencha et lui mordit la lèvre.
— Ne t’arrête pas, ordonna-t-elle. Prends-moi plus fort…
Elle se redressa et le chevaucha toujours plus vite, lui arrachant un sourd grognement. Puis il la fit rouler à son tour sur le matelas et, reprenant la position du missionnaire, il accéléra ses coups de boutoir, si âprement qu’ils frôlaient la bestialité. Elle les encaissa tous voluptueusement et l’encourageait des yeux à aller plus vite, plus fort, plus profond.
C’est comme ça qu’il faut me faire l’amour, songea-t-elle. C’est comme ça que ça marche entre nous, en tout cas.
Ils restèrent l’un et l’autre muets, les yeux dans les yeux. Marcus prit la main de Scarlett. Quel contraste entre la tendresse de ce geste et leur étreinte passionnée !
Si l’orgasme précédent avait été une explosion, celui-ci fut un raz-de-marée progressif et puissant, annihilant sur son passage toute pensée, toute notion du réel, et ne laissant dans son sillage que la plus pure extase.
Elle s’y abandonna en criant le nom de Marcus. Elle savait confusément qu’il l’avait regardée jouir, se retenant pour qu’elle puisse le voir jouir à son tour. Elle lui saisit les mains et serra son membre en elle comme en un étau.
— Maintenant, dit-elle, à moi de te voir jouir.
Cela fut aussi magnifique, aussi fulgurant que dans tous les fantasmes de Scarlett. Les muscles de Marcus se raidirent, son membre vibra en elle, son corps tout entier fut parcouru de spasmes successifs. Il relâcha son souffle et frissonna sous l’effet d’une ultime réplique du séisme orgastique. Il lui lâcha la main et posa doucement son front sur le sien.
— Scarlett, articula-t-il d’une voix à peine audible mais qui avait retrouvé toute sa douceur.
Du bout des doigts, elle lui caressa les joues, lui effleura les lèvres.
— C’était sublime, murmura-t-elle.
— Oui… Je savais que ce serait bon, mais je ne m’attendais pas à ça.
Et il l’embrassa longuement, lascivement, délicieusement.
— Je voudrais passer toute ma vie allongé là, à tes côtés, soupira-t-il ensuite.
Elle posa la main sur le cœur de Marcus, lui caressa la poitrine et chuchota :
— Alors, reste encore un peu là, avec moi…