II
 
BALLADE VILLON

 

Roi des poètes en guenilles,

Ô gueux, maître François Villon,

Buveur de vin, coureur de filles,

Sonneur de joyeux carillon,

Grand mélancolique en paillon,

Tes vers sur ta tête honnie

Font flamber le sacré rayon,

Escroc, truand, marlou, génie !

 

Tu fus le père des bons drilles

Dont tu remplis le corbillon ;

Et pour de telles peccadilles

Tu faillis, quittant le sillon,

Au gibet comme échantillon

Pendre, figure racornie

Dont la pluie eût fait un bouillon,

Escroc, truand, marlou, génie !

 

Laisse les chercheurs de vétilles

Te piquer de leur aiguillon.

Sur leurs sermons tu dégobilles.

Amant de Margot la souillon,

Tu sus, môme à son cotillon,

Allumer l’étoile bénie

Qui fait resplendir ton haillon,

Escroc, truand, marlou, génie !

 

ENVOI

 

Prince, arbore ton pavillon.

Et tant pis pour qui te renie,

Roi des poètes sans billon,

Escroc, truand, marlou, génie !