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BALLADE POUR LES PAUVRES PETITS PIERROTS

 

La neige tient, décidément.

Àpeine le soleil s’allume

Vers midi, dans le firmament

Couleur de suie et de bitume.

On fait bien du feu ; mais ça fume !

Les glaçons brouillent les carreaux.

Quel temps, ce froid dans cette brume,

Pour les pauvres petits pierrots !

 

Quand on va dehors un moment

À travers l’onglée et le rhume,

On en voit tomber lourdement,

Comme un caillou dans de l’écume,

Sur la neige qui les inhume.

Sa blancheur les rend tout noirauds.

L’hiver dans la mort se résume

Pour les pauvres petits pierrots.

 

Dans les mansardes mêmement

Il en est d’autres que consume

L’ogre, de chair fraîche gourmand.

Des bébés, que l’on a coutume

D’emmailloter en blanc costume,

Gèlent tous nus sous des sarraux.

Leurs mères sont dans l’amertume

Pour les pauvres petits pierrots.

 

ENVOI

 

Prince, tu te sers, je présume,

D’édredons. Fais-y des accrocs

Et tires-en un peu de plume

Pour les pauvres petits pierrots.