III
 
LES GRANDS

 

Dans le ciel clair, à tire-d’aile,

Les hirondelles

De l’autre année

Reviennent à leurs cheminées.

 

Et nous, nous revenons aussi,

Et nous voici

Par les chemins,

Les va-nu-pieds tendant la main.

 

Après le pain et la piquette

Toujours en quête,

Nous ons la gorge

Plus rouge qu’un brûlant de forge.

 

Donnez du pain, donnez des sous !

Car nous sons soûls

D’aller à pied

Sans avoir rien dans le gésier.

 

Du pain de son ! des sous de cuivre !

C’est pour nous vivre.

Mais va-t’-fair’ fiche !

On nous prend pour des merlifiches.

 

Des sous ! Des sous ! ou nous volons

Les beaux p’tiots blonds,

Les beaux amours,

Qu’on les vend cher aux faiseux d’tours.