VII
 
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Dégager la doctrine philosophique contenue dans ce mot de Platon : img4.png

Sujet de dissertation latine.

 

 

Faut-il tant penser ? C’est sot,

Et ça fait mal à la tête.

De Platon je tiens un mot

Qu’avec Platon je répète :

Bast ! Zut ! img5.png !

À l’hasard de la fourchette !

Bast ! Zut ! img6.png !

J’ vas fourrer mes doigts dans l’ pot.

 

Autrefois chez Paul Niquet

Fumait un vaste baquet

Sur la devanture.

Pour un ou deux sous, je crois,

On y plongeait les deux doigts,

Deux, à l’aventure.

Les mets les plus différents

Étaient là, mêlés, errants,

Sans couleur, sans forme,

Et l’on pochait, sans fouiller,

Aussi bien un vieux soulier

Qu’une truffe énorme.

 

Faut-il hésiter ? C’est sot.

Risquons nos deux sous, Lisette.

De Platon je tiens un mot

Qu’avec Platon je répète :

Bast ! zut ! img7.png !

À l’hasard de la fourchette !

Bast ! zut ! img8.png !

J’vas fourrer mes doigts dans l’pot.

 

Que la vie est bien cela !

On pêche, ont tire et voilà

Misère ou bombance.

Chacun n’a payé qu’un sou ;

L’un part à jeun, l’autre soûl.

Ainsi va la chance.

Au plus affamé parfois

Rien ne reste entre les doigts

Qu’une asperge à l’huile.

Un vieux, qui n’a qu’une dent,

Au bout d’un tendon pendant

Tire un os fossile.

 

Faut-il en pleurer ? C’est sot.

Que j’aie os ou vinaigrette,

De Platon je tiens un mot

Qu’avec Platon je répète :

Bast ! zut ! img9.png !

À l’hasard de la fourchette !

Bast ! zut ! img10.png !

J’vas fourrer mes doigts dans le pot.

 

Comme un autre j’eus mon jour

Où je croyais à l’amour

Sans un et sincère.

J’ai vu depuis ce que c’est.

Il dure le temps qu’on met

À vider un verre.

Ta maîtresse, si tu veux,

Sur un signe de tes yeux

À tes pieds se vautre.

Vile esclave, à deux genoux

Elle t’aime… Tournons-nous,

Elle en baise un autre.

 

Faut-il en pleurer ? C’est sot.

La femme se vend. Achète !

De Platon je tiens un mot

Qu’avec Platon je répète :

Bast ! zut ! img11.png !

À l’hasard de la fourchette ?

Bast ! zut ! img12.png !

J’vas fourrer mes doigts dans l’ pot.

 

J’ai fait, quand j’avais quinze ans,

Des rêves éblouissants

Qui parlaient de gloire.

Dans ma tête j’avais mis

Que j’étais grand ; mes amis

Me disaient d’y croire.

Aujourd’hui j’écris ces vers.

Ils vont droit ou de travers :

Lequel ? peu m’importe.

Ça m’amuse qu’ils soient lus ;

Mais à qui me promet plus

Je ferme ma porte.

 

Faut-il en pleurer ? C’est sot.

Que je sois ou non poète,

De Platon je tiens un mot

Qu’avec Platon je répète :

Bast ! zut ! img13.png !

À l’hasard de la fourchette !

Bast ! zut ! img14.png !

J’vas fourrer mes doigts dans l’ pot.

 

J’ai passé plusieurs hivers

À lire en jargons divers

Plus d’un philosophe.

Ils sont de noir habillés,

Et leurs esprits sont taillés

Dans la même étoffe.

 

Des mots, des mots et des mots !

Nous sommes des animaux,

Voilà mon système.

Qu’on le prenne par un bout

Ou par l’autre, le grand Tout

Est toujours le même.

 

Faut-il tant penser ? C’est sot,

Et ça fait mal à la tête.

De Platon je tiens un mot

Qu’avec Platon je répète :

Bast ! zut ! img15.png !

À l’hasard de la fourchette !

Bast ! zut ! img16.png !

J’ vas fourrer mes doigts dans l’ pot.