AU PAYS DE LARGONJI

I
 
LES MÔMES

 

Les marchands de marrons allument leurs fourneaux

Aux encoignures des mastroquets, dans les brumes.

Voici le dernier cri des chandes de cerneaux

Annonçant l’hiver et ses rhumes.

 

Les petits va-nu-pieds qui n’ont pas de logis

Aux fourneaux à marrons viennent chauffer leurs pattes

Et la porte de feu met sur leurs nez rougis

Des rayonnements de tomates.

 

Quand le vieux Savoyard tourne ses gros yeux ronds

Pour voir ce qui se passe au fond de la boutique,

Les petits effrontés lui chipent des marrons

À la barbe de la pratique.

 

Ces mômes corrompus, ces avortons flétris,

Cette écume d’égout, c’est la levure immonde

De ce grand pain vivant qui s’appelle Paris

Et qui sert de brioche au monde.