Les marchands de marrons allument leurs fourneaux
Aux encoignures des mastroquets, dans les brumes.
Voici le dernier cri des chandes de cerneaux
Annonçant l’hiver et ses rhumes.
Les petits va-nu-pieds qui n’ont pas de logis
Aux fourneaux à marrons viennent chauffer leurs pattes
Et la porte de feu met sur leurs nez rougis
Des rayonnements de tomates.
Quand le vieux Savoyard tourne ses gros yeux ronds
Pour voir ce qui se passe au fond de la boutique,
Les petits effrontés lui chipent des marrons
À la barbe de la pratique.
Ces mômes corrompus, ces avortons flétris,
Cette écume d’égout, c’est la levure immonde
De ce grand pain vivant qui s’appelle Paris
Et qui sert de brioche au monde.