CHAPITRE XV
Mark suivi de Ray avançait toujours dans la caverne qui ne semblait pas vouloir se terminer. Soudain la lumière de sa puissante torche électrique se refléta sur une immense structure métallique.
Moins de cinq minutes plus tard, les deux compagnons arrivaient devant un long cylindre qui occupait la presque totalité de la galerie, ne laissant sur le côté qu'un étroit passage.
-Si je ne pensais la chose impossible, je dirais que cela ressemble à une fusée interplanétaire! murmura Mark.
-Ce type de vaisseau n'a jamais été répertorié dans nos archives, répondit l'androïde. Il semble d'un modèle assez ancien et mes détecteurs enregistreurs signalent une charge nucléaire encore en activité !
Longeant la paroi rocheuse, ils parvinrent à un sas dont la porte extérieure était simplement poussée.
-Je ne perçois aucune onde biologique, dit Ray. L'occasion est idéale pour compléter notre documentation sur ce curieux bâtiment. Toutefois, vérifie ton écran protecteur et prends ton pistolaser !
Ray se hissa le premier dans le sas, puis une étroite coursive mena les explorateurs vers l'avant à une vaste cabine qui ressemblait fort à un poste de pilotage. En franchissant le seuil, une lumière s'alluma automatiquement. Toute une paroi était couverte d'écrans, de cadrans et d'interrupteurs. De nombreuses inscriptions étaient gravées mais les signes étaient incompréhensibles pour les Terriens.
-Enregistre tout, dit Mark.
-Merci du conseil, c'est déjà fait ! répondit Ray.
L'androïde devenait de plus en plus humain et maniait même l'ironie. Brusquement il interrompit ses examens.
-Je perçois une onde biologique très faible, émit-il pour ne pas faire de bruit.
Désignant une porte il ajouta :
-C'est probablement là derrière que se tient la créature. L'épaisseur des parois métalliques a empêché les ondes de se propager. Tiens-toi en retrait, prêt à tuer tandis que j'ouvrirai.
Sans discuter, Mark se déplaça silencieusement, l'arme au poing tandis que Ray faisait glisser aussi doucement que possible un énorme verrou dont il ne comprenait pas l'utilité. D'un mouvement sec, l'androïde ouvrit brutalement la porte qui donnait sur une cabine de modeste dimension. Un humanoïde, allongé sur la couchette, se redressa en sursaut. Il était grand, mince, vêtu d'une combinaison noire. Son visage possédait des traits réguliers mais sa peau avait une curieuse coloration ardoisée et les cheveux étaient presque mauves. Ses yeux, très jaunes, brillaient étrangement en dévisageant les intrus qu'il interpella dans le dialecte de Vork.
-J'ignore comment vous avez pu pénétrer dans le domaine des envoyés de Dieu mais fuyez vite, sinon sa colère sera terrible.
L'humanoïde se leva lentement et étendit la main en un mouvement plein de noblesse.
-Attention, avertit sèchement Mark, ne bougez pas ! Au premier mouvement suspect, je serai obligé de tirer.
Un éclair étonné traversa le regard de l'humanoïde qui fixa l'arme du Terrien. Un discret sourire étira les lèvres bien dessinées de l'homme.
-Ne craignez rien, dit-il. Je n'ai pas d'arme. J'ignore d'où vous venez mais vous n'êtes pas originaires de cette planète. Je connais un peu la civilisation de Tor et vos costumes m'ont abusé un instant, mais le reste de votre équipement n'a pu être fabriqué ici ! Je commence à croire que c'est réellement le ciel qui vous envoie! Sortons d'ici avant que les Kruss nous surprennent !
Interrompant le mouvement en avant qu'esquissait l'humanoïde, Mark lança :
-Auparavant, j'aimerais obtenir quelques explications.
Une certaine anxiété apparut sur le visage de l'Humanoïde.
-Plus tard, supplia-t-il. Cela fait vingt ans que je prie pour avoir une chance de m'évader et je ne peux risquer de la compromettre.
L'être paraissait sincère et Mark n'avait pas manqué d'être étonné du gros verrou qui fermait la porte de la cabine et ne pouvait se manoeuvrer que de l'extérieur !
-Allons, accepta-t-il mais prenez garde, mon compagnon vous surveillera sans cesse.
Un triste sourire voila la face de l'étranger.
-Je ne commettrai pas l'erreur, murmura-t-il, d'attaquer les deux seuls êtres qui peuvent peut-être éviter aux habitants de cette planète de connaître un sort pire que la mort !
Sur un acquiescement de Mark, l'humanoïde sortit de sa cabine. Aussitôt arrivé dans le poste de pilotage, il ouvrit un petit placard et en retira un cube noir de quelques centimètres de côté puis se dirigeant vers une vaste console, il enfonça sans hésiter plusieurs touches.
-Nous pouvons partir, dit-il, les yeux brillants !
-N'oubliez pas les explications que vous nous avez promises, rappela Mark.
L'étranger ouvrit la bouche, hésita, puis murmura :
-Vous ne me croirez jamais ! Malgré les risques, la seule solution est que vous vous rendiez compte par vous-même de la situation.
Désignant deux combinaisons grises métallisées suspendues à une cloison, il dit :
-Enfilez ces tenues et surtout n'oubliez pas de poser sur vos têtes les casques polarisants.
Les Terriens s'habillèrent rapidement et bouclèrent les casques cylindriques qui réfléchissaient la lumière extérieure mais qui étaient totalement transparents pour ceux qui les portaient.
Précédés de l'humanoïde, ils gagnèrent l'extérieur de la fusée puis longèrent la paroi, s'enfonçant toujours plus profondément dans les entrailles de la terre. Une centaine de mètres après la fusée, ils se heurtèrent à une porte métallique hermétiquement close.
L'étranger sans hésiter montra aux Terriens le mécanisme d'ouverture mais il chuchota :
-A partir de maintenant, regardez mais ne faites aucun geste brusque. Normalement, les Kruss ne devraient pas être étonnés de me voir escorté par deux individus habillés comme vous puisque j'ai régulièrement traversé leur antre en cette même compagnie. L'arme dont vous me menaciez est probablement un laser.
-Exact!
-N'avez-vous rien de plus puissant ?
-Mon ami a également des grenades à très fort pouvoir incendiaire.
-Parfait ! Espérons seulement que vous n'aurez pas à vous en servir! Je vous préviens toutefois qu'en aucun cas, je me laisserai à nouveau capturer vivant et que je préférerais vous entraîner tous dans la mort !
Avançant la main vers le système d'ouverture, il ajouta :
-Maintenant regardez l'enfer des Kruss !