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Mace et Kit avaient appris ce qui s’était passé sur la plate-forme d’atterrissage dans le torpilleur qui les ramenait en direction de Sah’c. Ils n’avaient pas mis longtemps à assembler les pièces du puzzle : les Séparatistes étaient parvenus à subtiliser un torpilleur de la République et à s’introduire dans le complexe de bunkers en calant leur arrivée sur celle du vaisseau transportant Palpatine, Shaak Ti et les autres. Un commandant CRA leur confirma que le torpilleur volé avait bien été piloté par des droïdes, mais il ne put ni infirmer, ni confirmer la présence de Grievous à son bord.
Cela, en premier lieu, était source d’inquiétude.
Mace et Kit pensaient avoir deviné ce qui s’était produit ; ils espéraient se tromper.
Dans la lumière blanchâtre des projecteurs, le torpilleur abattu n’était plus qu’un mastodonte enflammé suspendu au bord de la rampe d’atterrissage. Du vaisseau qui avait amené Palpatine au complexe, il restait moins encore. Les victimes de l’attaque surprise – une parmi bien d’autres aussi terribles désormais – avaient été déplacées ailleurs, mais une compagnie de renfort avait déjà envahi la rampe, accompagnée de deux NA-TT largués par des canonnières d’assaut à basse altitude.
Cette fois, Mace et Kit n’attendirent même pas l’atterrissage du torpilleur pour s’en extraire. Sautant d’une hauteur de cinq mètres, ils traversèrent en hâte la plate-forme d’atterrissage illuminée pour se rendre directement au tunnel d’accès. Là, leurs pires inquiétudes se concrétisèrent aussitôt : trois soldats étaient en train de traîner à l’extérieur un MagnaGarde atteint par davantage de décharges de blaster qu’il n’en aurait fallu pour démolir un skimmer de police.
Le torpilleur dérobé avait porté secours à Grievous lorsque celui-ci était tombé du maglev, se dit Mace. Quant à savoir si sa chute avait été délibérée – partie prenante d’une ruse incroyablement élaborée – où si Grievous avait vraiment prévu d’enlever Palpatine dans le train…
Dans les deux cas, comment le cyborg avait-il su combien de troupes engager pour mener à bien une opération aussi osée ?
À moins, bien entendu, qu’il n’ait bénéficié d’un espionnage préalable quant au nombre exact de Gardes Rouges autour de Palpatine, et à celui des soldats en poste dans le complexe des bunkers.
Chaque mètre du tunnel apportait à Mace et Kit une nouvelle preuve du combat féroce qui y avait eu lieu. Des commandos massacrés, démembrés, décapités, choqués à mort par des armes EMP…
Mace en arrêta le décompte au bout de quarante.
La lourde entrée hexagonale qui terminait le tunnel ensanglanté était ouverte. Si le combat dans le tunnel leur avait paru féroce, celui à l’intérieur du bunker ne l’avait pas moins été, bien au contraire. Le visage et les mains cloqués, ses robes roussies, Stass Allie s’était agenouillée parmi les dépouilles des quatre Chevaliers Jedi avec lesquels Mace avait brièvement parlé pendant l’évacuation du maglev. Seul Grievous pouvait être tenu pour responsable de ce qui leur était arrivé. Un constat également valable pour les Gardes Rouges aux corps déchiquetés par le feu de sabres laser.
Grievous était parti avec les lames de ses victimes.
Deux carcasses de MagnaGardes complétaient le tableau.
Aucune trace de Palpatine.
— Général, le Chancelier Suprême avait disparu à notre arrivée, lui expliqua un commando. Ses ravisseurs sont sortis du complexe par les tunnels sud.
Mace et Kit considérèrent la porte menant aux dits tunnels, puis se tournèrent face à Shaak Ti, qui se tenait devant la table d’holoprojection du complexe, comme perdue. Lorsque Mace l’eut rejointe, elle s’effondra pratiquement dans ses bras.
— J’ai combattu Grievous sur Hypori, dit-elle faiblement. Je savais de quoi il était capable. Mais ceci… et le rapt de Palpatine…
Mace la soutint.
— Il n’y aura aucune négociation. Le Chancelier Suprême ne le permettrait pas.
— Le Sénat ne le verra peut-être pas sous cet œil, Mace.
Shaak Ti se calma et regarda alentour.
— Grievous a reçu de l’aide. De la part de quelqu’un très bien placé.
Kit hocha la tête.
— Nous découvrirons qui. Mais notre priorité est la libération du Chancelier Suprême.
Mace considéra le commando.
— Comment ont-ils quitté le complexe ?
— Je peux vous montrer, répondit Shaak Ti à sa place. Après avoir fait demi-tour, elle activa un enregistrement de sécurité sur lequel on voyait Grievous et plusieurs de ses gardes humanoïdes tirer Palpatine jusqu’à la rampe d’atterrissage sud, abattre la poignée de soldats postés là, grimper dans une navette à trois ailes en attente, pour enfin s’élever dans les nuages du crépuscule…
— Comment ont-ils obtenu l’autorisation de traverser le bouclier ? demanda Mace au commando.
— De la même manière que lorsqu’ils ont pénétré dans le bunker, Général.
Mace n’avait même pas pensé à s’en enquérir. Il les avait imaginés en train de prendre d’assaut…
— Ils avaient les codes d’entrée en leur possession, Général, de même que les codes leur permettant d’abaisser l’écran. Des codes renouvelés quotidiennement.
Mace et Kit échangèrent un regard où se mêlaient colère et incompréhension.
— Où se trouve la navette à présent ? demanda Kit.
Le commando fit apparaître une image 3D de l’holoprojecteur.
— Secteur 1-30-3, Général. Autonavigation sortante en direction du P-70. Des torpilleurs à ses trousses.
Les yeux de Mace s’agrandirent.
— Vos artilleurs ont-ils été prévenus que le Chancelier Suprême se trouvait à bord ? Savent-ils qu’ils ne peuvent pas tirer sur la navette ?
— Ils ont reçu l’ordre de la mettre hors de combat si possible, Général. De toute façon, cette navette est bien armée et protégée par un bouclier.
— Qui d’autre est au courant de l’enlèvement ? eut la présence d’esprit de demander Kit. A-t-on déjà transmis l’information aux médias ?
— Oui, Général. Il y a déjà un moment.
— Qui l’a ordonné ? fulmina Mace.
— Les proches conseillers du Chancelier Suprême.
Shaak Ti s’obligea à expirer.
— Tout Coruscant va sombrer dans la panique. (Mace redressa les épaules.) Commandant, faites décoller tous les chasseurs stellaires disponibles. Ce vaisseau ne doit pas atteindre la flotte Séparatiste.