21
— Le Général Grievous a quitté l’aire d’atterrissage, annonça un lieutenant de la Fédération du Commerce à Gunray dans ses accueillants quartiers situés à bâbord du vaisseau de contrôle.
— Laquelle ? demanda Gunray dans le microphone du comlink. Celle de la tour ?
— Affirmatif, vice-roi.
Gunray pivota sur lui-même jusqu’à se retrouver face à Rune Haako.
— Il sera là d’un moment à l’autre !
Il promena son regard sur un large écran circulaire qui affichait une vue en temps réel de l’antichambre située à l’extérieur de sa suite. Les quatre gardes neimoidiens stationnés là avaient eux aussi été prévenus de l’arrivée de Grievous. Armés de fusils blasters plus grands qu’eux-mêmes, ils portaient des armures encombrantes allant du torse aux genoux, ainsi que des casques en forme de pot qui laissaient exposer leurs yeux rouges et leur visage vert.
— Ça ne peut être que pour la mécanochaise, gémit Gunray en faisant les cent pas devant l’écran.
— Que lui avez-vous dit ? demanda Haako.
Gunray s’arrêta.
— Dès que Shu Mai m’a informé du rendez-vous de Belderone, j’ai contacté Grievous pour lui exprimer ma colère de ne pas avoir été tenu au courant personnellement. Je l’ai accusé de me laisser sciemment hors du circuit de commandement.
Haako était horrifié.
— Vous lui avez dit ça ?
Gunray hocha la tête.
— Il prétend avoir essayé d’entrer en contact avec moi par l’intermédiaire du transceveur hyperspatial de la mécanochaise. Je lui ai dit que je n’avais jamais reçu sa transmission.
— Ils arrivent ! s’écria Haako en pointant un doigt tremblant sur l’écran d’affichage.
Gunray constata que Grievous était suivi de quatre de ses magnagardes d’élite, de redoutables droïdes de combat bipèdes conçus selon de minutieuses spécifications. Aussi grands que le Général, ils étaient équipés de bâtons de combat équipés de générateurs d’impulsion électromagnétique. De leurs capes blindées qui tombaient en diagonale sur leurs larges épaules, émergeait le sommet de leur tête métallique. Bénéficiant de la programmation de Grievous, comme de l’instruction que le Général avait reçue de la part de Dooku, ces soldats d’élite entraînés aux arts Jedi étaient de redoutables adversaires.
Les quatre Neimoidiens tinrent néanmoins leur position, et levèrent leurs fusils jusqu’à l’épaule en guise d’avertissement.
Les droïdes ne prirent même pas la peine de ralentir. Une fois face aux Neimoidiens, ils firent voleter leurs bâtons électriques à double tranchant si vite et avec une telle précision que les sentinelles de Gunray se retrouvèrent littéralement soulevées du sol comme s’il s’était agi d’enfants.
Grievous considéra les lentilles de l’holocaméra montée à l’extérieur de l’écoutille.
— Laissez-nous entrer, vice-roi. À moins que vous ne préfériez que j’ordonne à mes troupes de réduire en cendres tout ce qui se trouve entre vous et moi.
Haako pivota sur ses talons et commença à courir en direction de l’écoutille arrière de la suite.
— Où pensez-vous aller comme ça ? lui demanda Gunray. S’enfuir constituerait un aveu de culpabilité.
— Mais nous sommes coupables ! lança Haako par-dessus son épaule.
— Il n’en sait rien.
— Vice-roi ! grinça Grievous.
Haako s’immobilisa un instant sur le seuil de l’écoutille.
— Il finira bien par le savoir. Et il disparut.
Gunray arpenta un moment la pièce en se tordant les mains, puis après avoir remis d’aplomb ses robes et sa mitre, il redressa les épaules et pressa le gros bouton d’ouverture de la cabine.
Le Général se précipita d’un pas furieux dans la pièce, les quatre magnagardes se déployant dans son sillage, prêts au combat.
— Que signifie cette intrusion ? lança Gunray du centre de la pièce principale. Vos maîtres ne toléreront pas qu’on me traite ainsi !
Grievous lui adressa un regard noir.
— Ils s’en réjouiront quand ils auront appris ce que vous avez fait.
Gunray se toucha la poitrine.
— De quoi parlez-vous, espèce… d’abomination. Lorsque le Seigneur Sidious apprendra que vous n’avez pas tenu votre promesse de nous fournir un monde…
Un des magnagardes fit un pas en avant et approcha son arme à moins d’un millimètre du visage de Gunray.
— La marionnette en métal de Seigneur Sidious, ajouta Gunray d’une voix chevrotante. Sans la Fédération du Commerce, vous n’auriez aucune armée à commander.
Grievous leva sa griffe droite qu’il pointa sur Gunray.
— La mécanochaise. Je veux la voir.
La gorge de Gunray se serra.
— Dans un accès de colère, j’ai ordonné qu’on la détruise puis qu’on l’expulse du vaisseau.
— Vous mentez. Je n’ai rencontré aucun problème de mon côté. La chaise vous a transmis mon message.
— Qu’est-ce que vous sous-entendez ?
— Que la chaise n’est plus en votre possession. D’une manière ou d’une autre, elle est tombée dans les mains de l’ennemi, ce qui a permis à la République d’avoir connaissance de mon plan d’attaque.
— Vous avez perdu l’esprit.
Saisissant Gunray par le cou, Grievous le souleva à plus d’un mètre du sol.
— Lorsque je partirai d’ici, vous m’aurez dit tout ce que je souhaite savoir.