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ARCUS Valerius Messala Barbatus Appianus – ce n’est pas une plaisanterie, mais le nom complet du second mari de Claudia.

Son premier époux, Paul Æmile Lépide (faisons-le court !), avait rendu l’âme sitôt nommé censeur ; il voyait ce poste comme le couronnement de sa carrière, c’en avait été l’achèvement. Ayant toujours vécu couché, ce brave était mort dans son lit. Bonheur rare dans une situation si enviée… Il n’avait pas eu le temps de faire un enfant à la charmante petite peste épousée deux ans plus tôt. Cette nièce de vingt printemps, son « bon oncle » l’a vite remariée. À la famille de Messala, cette fois.

Messala Corvinus (surnommé officiellement « Petit corbeau », mais, officieusement, « Pot de chambre » par Marcella et les enfants du Palatin), Corvinus n’était plus libre. Ou bien, redoutant l’esprit railleur des filles d’Octavie, il n’entendait pas se libérer. On se rabattit donc sur un cousin, surnommé Barbatus, « le Barbu ». Un Claude en fait, et même un Claude-Appien (la branche maîtresse) adopté sur le tard par un Messala sans descendance, désireux de transmettre son nom avec sa fortune. D’où ce Marcus Valerius Messala Barbatus Appianus… « Par tous les dieux, avait écrit Marcella à sa cadette, par tous les dieux te voilà donc “Pot de chambre” malgré toi ! Je te souhaite de mettre au monde une tendre Messaline et, pour satisfaire ton mari, une foule de petits Barbati. Sans barbe, ces petits, puisque les Barbati ne sont quand même plus des Barbari ! » Marcella avait encore, en ce temps-là, le goût des calembours et le cœur à rire. Heureuse en Orient avec son Agrippa (ils venaient de recevoir avec faste le roi Hérode dans leur quartier général de Mytilène), elle n’allait pourtant pas tarder à déchanter.

Lorsque Agrippa reçut la lettre lui enjoignant d’embarquer immédiatement pour la Sicile (le Prince l’attendait à Syracuse), elle comprit que les ennuis commençaient. Dès l’escale du Pirée, où ils trouvèrent un message plus explicite, elle fut fixée. Elle pleura dans les bras d’Agrippa. « Et nos deux filles, disait-elle, me privera-t-on aussi de nos deux filles ? » Son mari s’efforçait de la rassurer. « Tout de même, protestait-elle, je ne veux pas coucher avec Iullus ! Emmêler mes jambes avec les siennes, non ! Jamais !

– Pourtant, tu l’aimes bien…

– Oui, mais pour moi, c’est toujours un petit garçon, le bébé auquel j’ai appris à jouer à la mourre ou au trigon – presque un frère, et, en plus, un frère cadet ! Je ne peux pas, je ne veux pas… Garde-moi, je t’en prie, je t’en supplie !

– Tu sais bien que c’est impossible, mon moineau. Sois raisonnable. Obéis… »

 

Marcella est rentrée seule à Rome tandis que son futur ex-mari rejoignait Auguste en Sicile, cette province mal romanisée où les dégâts causés par les pirates durant les guerres civiles n’étaient toujours pas réparés.

Marcella plie bagage. Quitte ce palais des Carènes qu’elle vient de faire reconstruire à son goût et qu’elle aime comme on aime la maison de son enfance. Agrippa vient, sur l’ordre d’Auguste, de donner la maison au jeune Tibère. Compensation ? Peut-être. Car si, comparé aux vastes demeures que s’offrent sur la Colline des Jardins les patriciens enrichis, ce vieux palais implanté dans le quartier populaire des chaudronniers manque un peu d’attraits, il garde une valeur symbolique. Il suffit de consulter la liste de ses propriétaires successifs : Pompée, Antoine, Agrippa… Tibère, s’il n’a pas encore pris date, prend déjà rang parmi eux. À moins, bien sûr, qu’il s’agisse d’une simple avance sur la dot de Vipsania ? En ce cas, c’est un pas de plus dans la voie de cet engagement-là ; le Prince y a certainement pensé : en logeant Tibère aux Carènes, il verrouille l’avenir…

Pour Julie, cette femme-enfant délicieuse qui n’a que cinq ans de plus que sa propre fille, Agrippa fait construire un nouveau palais sur l’autre rive du Tibre. Plus spacieux et plus moderne, avec vue sur le fleuve et jardins en terrasses. Julie la joyeuse, consolée de son deuil, veut suivre la mode – et même la précéder. Non seulement la décoration de sa maison sera égyptisante, avec chameaux dorés, crocodiles, Pygmées et fleurs de lotus, mais elle va bâtir, pour la première fois à Rome, une maison ouverte sur l’extérieur, tout en façades, comme à Baïès ou comme, dit-on, les palais de Cléopâtre à Alexandrie.

La fille du Prince sait qu’elle innove, et, candide, elle croit qu’elle invente – comme si l’art était une cause première ! En vérité, cette ouverture sur le dehors, ces larges baies ne sont qu’un effet indirect de la rude fermeté augustéenne. La face de velours de la « main de fer » : plus d’embuscades dans les rues de Rome ni de nervis à la solde d’un clan attaquant à la hache le palais d’un autre, forçant les portes, violant, pillant, assassinant, et détruisant jusqu’aux images sacrées des ancêtres. Fin des guerres privées : on peut rouvrir les fenêtres. Dans cette société « pacifiée », la mort violente est redevenue un monopole d’État.

Si l’on tire encore le glaive, c’est seulement aux frontières. Contre les Barbares, les sauvages. À l’intérieur, c’est la « paix d’Auguste » : les citoyens ordinaires respirent, vont et viennent en sécurité, et les femmes sont à leur affaire – les sénateurs écrivent des vers, les spadassins roucoulent. Julie, tendre et libertine, généreuse et fantasque, sera la plus belle des « cent fleurs » poussées sur le terreau de la dictature paternelle, la plus belle et la plus aimée du peuple romain.

Pour l’heure, n’écoutant que son bon cœur, elle se désole pour sa cousine Marcella. Elle n’a pas voulu, dit-elle, lui prendre son vieux mari. Et si on lui avait demandé son avis, elle aurait autant aimé, quant à elle, épouser Iullus, qui a vingt ans et qui n’est pas laid. « Tais-toi ! chuchote Prima (elles se rendent visite entre “dames”). À force de dire tout ce qui te passe par la tête, tu t’attireras des ennuis ! Et puis je t’en prie, Julie, cesse de te tourmenter pour le logement de Marcella : en attendant son remariage, elle est très bien chez moi. »

Marcella n’a pas souhaité retourner vivre chez sa mère. Elle lui en veut d’avoir accepté encore une fois de tout sacrifier à son frère. « Une Iphigénie, sanglote la jeune répudiée, je suis une Iphigénie que sa mère n’ose même pas défendre contre la raison d’État ! » Que dirait-elle, la malheureuse, si elle savait comment la partie s’est jouée ?

 

Dames de Rome sur un damier. Pièces maîtresses, ou simples pions ? Qui mène le jeu ? En tout cas, Livie n’a pas gagné. Mais est-ce qu’elle a perdu ? Non, puisqu’elle feint maintenant de n’avoir pas joué. Elle est ravie, dit-elle, du mariage de Julie avec Agrippa, quelle bonne idée ! Cette petite avait justement besoin d’un homme d’âge pour la gouverner – ah, tout ce que fait le Prince est bien fait…

Par principe, Livie ne boude jamais. Quoi qu’il arrive, elle sourit, reste affable, élégante – une Claude de la tête aux pieds. Au reste, elle a reçu d’Auguste un joli dédommagement : pour la première fois de leur vie commune, il l’emmène en voyage avec lui ! Plus de Terentilla dans ses bagages, ni de Salvia Titisenia, mais sa femme légitime. Au programme, un long voyage en Orient. Après Syracuse, ce sera Sparte et Athènes. Puis Éphèse et Samos, où ils vont passer tout l’hiver – en tête à tête dans « l’île des roses », comme deux amoureux. Ensuite, aux beaux jours, on poussera jusqu’à la Syrie, la Judée, la mer Noire peut-être, ou même l’Arménie.

Livie emmène avec elle Drusus, son fils cadet, et Vipsania. « Pourquoi ne pas emmener aussi ta nièce Antonia ? a-t-elle suggéré à son mari. La maison d’Octavie est bien triste en ce moment pour cette pauvre enfant… Elle sera contente de voyager. Son âge en fera d’ailleurs une excellente compagne pour Vipsania. Et tu sais comme elle s’entend bien avec notre Drusus ! Emmenons-la. »

Octavie n’a pas eu le cœur de retenir sa fille : « Athènes, Mamma, je verrai Athènes !

– Oui, ma chérie. Demande là-bas à Athéna, la déesse aux yeux pers, de t’aider à grandir en sagesse. Rappelle-lui, pour l’attendrir, que tu fus conçue dans sa ville, il y a… il y a quinze ans. »

Il y a un siècle… Octavie, la belle Octavie, a les cheveux tout blancs, le teint rance, les yeux creux. Elle flotte comme un spectre dans ses vêtements noirs. Octavie fuit la lumière, fuit le monde, et le monde fuit la maison d’Octavie. À commencer par les otages, qui furent longtemps le signe de sa puissance : peu à peu, sa collection se défait… Auguste a pris dans son escorte le jeune Tigrane, le prince arménien que sa sœur élevait depuis neuf ans. Et, juste avant le départ de l’expédition, Hérode, accompagné de Nicolas de Damas qu’il a nommé premier conseiller, est venu chercher ses deux fils – il veut, paraît-il, les marier : Alexandre sera bientôt fiancé à une Grecque, fille du roi de Cappadoce, et Aristobule à une Juive, sa cousine Bérénice, fille de Salomé.

Aristobule a pleuré dans les bras de Séléné. « Ne pleure pas, lui disait-elle, tu vas revoir Jérusalem, revoir ta patrie, c’est une chance que je t’envie.

– Je ne me souviens pas de Jérusalem.

– Mais tu la reconnaîtras sitôt que tu la verras, on n’oublie jamais sa cité, il suffit d’y revenir… »

Nicolas l’a interrompue : « Peut-être ne reconnaîtra-t-il pas sa ville, en effet. Le roi y a fait de grands changements. Il a bâti un théâtre et des arènes où nous voyons combattre des hommes contre des bêtes féroces.

– N’est-ce pas contraire à notre religion ? a demandé Aristobule, surpris.

– Ne fais pas ton Juif, a grondé Nicolas, ton père n’aime pas les esprits étroits ! Prépare-toi plutôt à le féliciter pour la reconstruction du Temple : il s’élèvera si haut qu’on en verra les corniches à des miles à la ronde ! Quant au nouveau palais qu’il a construit au point le plus élevé de la ville, il est tout éclatant d’or, et le plus bel appartement y a reçu le nom d’Auguste. Mais en attendant l’arrivée de la princesse de Cappadoce, c’est hors de la cité, dans la forteresse Antonia, que vous vivrez, ton frère et toi. »

Le jeune Aristobule ne voulait pas se détacher de Séléné : « Viens avec nous, ma sœur. Ne m’abandonne pas », et, tout bas : « Cette forteresse dont parle Nicolas, c’est une prison, j’en suis sûr. Le roi a tué ma mère. Maintenant que nous sommes grands, il nous tuera… »

 

La maison est vide. Les filles se sont envolées, les otages d’âge viril aussi, et ceux qui ne sont encore qu’à l’âge des jetons de calcul et des tablettes prégravées ont été confiés à Messala : ils courent sur la Colline des Jardins. Seule Cléopâtre-Séléné est restée. Prisonnière qu’aucun parent, aucune nation ne réclamera, vierge dont nul ne dénouera la ceinture… Elle erre dans les cours désertes, d’où même les paons ont disparu. Leur cri rappelait à Octavie les souffrances d’Alexandre-Hélios empoisonné et l’agonie de son propre fils telle qu’elle l’imagine aujourd’hui : les paons, jusqu’au dernier, ont été sacrifiés à Junon-Reine.

Plus de jeux dans la maison, plus de rires, plus d’oiseaux. Le silence n’est troublé que par l’appel intermittent des porteurs d’eau, les aboiements du liseur d’horloge et le mugissement lointain des bœufs les jours de marché. Même les esclaves parlent bas. Sauf Diotélès qui, toujours sur les talons de sa « pupille », proteste et soupire bruyamment.

« Tu es vraiment grossier, dit Séléné.

– Je m’ennuie…

– De quoi te plains-tu ? Octavie te nourrit et tu manges plus qu’à ta faim.

– Octavie ? Elle pleure toute la journée ! Bon, elle a perdu son fils et s’est brouillée avec Marcella, en voilà une affaire ! Elle pleure, elle pleure, on dirait qu’elle aime sa tristesse, et moi je m’ennuie. Où sont les fillettes d’antan ? leurs petits rires chatouillés ? C’est sinistre ici ! »

Diotélès ignore la compassion. C’est le sentiment le plus étranger au monde antique : dans une vie dure et brève, chacun a bien assez de soucis à lui sans entrer dans ceux des autres. « Faut-il que je t’aime pour rester là, attaché à mon piquet ! Parce que, moi, après tout, je ne suis pas prisonnier… », et, fièrement, il montre à son auriculaire l’anneau des affranchis. « Si tu savais comme je me fatigue à traîner sans but toute la journée ! Encore, si je voyais mon ami Musa ou ce brave Pollion… Mais la maîtresse ne reçoit plus personne, quelle égoïste ! Toi, tu lis, tu tisses, tu écris à tes sœurs… Moi, pendant ce temps, qu’est-ce que je dois faire ?

– Prendre un bain, crasseux ! Et en profiter pour laver ta tunique. Tu es si sale que tu finiras par avoir l’air d’un philosophe, et de la pire espèce – celle de Diogène ! Je demanderai à Octavie de te nourrir avec des graines de lupin et de te faire coucher dans une jarre ! »

 

Même ses filles, Octavie ne les reçoit plus que sur rendez-vous. Les visites l’épuisent, surtout celles de Claudia – qui tranche de tout, sait tout : les affaires du monde, les histoires d’amour, les grossesses des autres, les catastrophes, les ragots, les prodiges, les veaux à cinq pattes et les vaches à deux têtes. La comète qui menace le roi d’Arménie et la nouvelle concubine du roi des Parthes, c’est elle qui les voit la première… Comment une petite fille si discrète a-t-elle pu devenir en peu d’années cette jeune matrone cancanière et malveillante ? Les enfants sont des anges qui meurent à douze ans… Ils meurent parce qu’un autre, brusquement, se glisse sous leur peau, enfle et les étouffe – car, Octavie en est sûre, elle n’avait pas accouché de cette Claudia-là.

Marcellus… Marcellus, au moins, ne l’a jamais déçue. En lui, par miracle, l’enfant avait survécu. Rien n’avait altéré sa pureté.

Elle pleure. Avant de partir, Auguste l’a grondée : « Même la douleur a sa décence, Octavie. Dans les larmes, fixe-toi une limite. » Elle fait appeler Séléné pour que la jeune fille lui chante quelque chose. La maison, désormais, est interdite aux comédiens et aux chanteurs ; mais quand elle a besoin d’une voix…

De sa collection d’enfants, l’Égyptienne est la seule pièce qui lui reste – trop dangereuse, personne ne veut d’elle. Mais Octavie n’est pas fâchée, finalement, de l’avoir gardée à ses côtés : cette fille-là a l’expérience du malheur, elle ne prétend pas distraire les affligés, elle chante si on l’ordonne, se tait quand on se tait. Agréable à entendre, d’ailleurs, et pas déplaisante à regarder. Il s’en faut de peu qu’elle ne soit une beauté… Mais elle n’ose pas. On dirait un bouton de rose sur lequel le gel est passé. De toute façon, dans sa situation, c’est le bon choix – vierge sage. Vêtement modeste, coiffure simple, absence d’éclat. Une parente pauvre, qui n’exige rien. Du coup, sa compagnie est reposante.

D’autant qu’elle n’est pas sotte : la première fois qu’Octavie l’a fait appeler dans sa galerie de musique, elle a choisi d’elle-même de chanter le « bouclier d’Achille » en évitant les élégies qui pourraient amollir un cœur triste. Elle se garde bien aussi de psalmodier ces « lamentations d’Hécube » qui furent autrefois son morceau de bravoure : ce ne serait ni le temps ni le lieu de célébrer les mères d’enfants assassinés…

Non, l’Iliade est plus sûre, à condition d’esquiver les scènes de funérailles qui abondent dans ce poème guerrier.

Octavie apprécie l’habileté de la jeune fille. Un jour où, lassée du grec, elle lui demandait quelques vers latins, la fille de Cléopâtre a même poussé la complaisance jusqu’à chanter ces strophes de Virgile qu’aux beaux jours les maîtres d’école font seriner à leurs élèves à tous les coins de rue : « César Auguste se dresse, menant les Italiens au combat. Héros né d’un dieu, il étendra son empire au-delà des Indes, là où Atlas, porteur du ciel, fait tourner sur ses épaules l’axe du monde » (comme tout un chacun, le poète officiel est persuadé que le Prince, parti pour l’Orient, va attaquer les Parthes).

Eh bien, mais dites donc, elle ne lésine pas sur l’hyperbole, cette petite Séléné ! Pour la première fois depuis longtemps, Octavie a dû réprimer un sourire. Tout en admirant la souplesse morale (ou l’instinct de survie) de la jeune Égyptienne, elle n’a pu s’empêcher de la taquiner : « J’aime bien, dit-elle, la façon dont Virgile chante mon frère. Toi aussi, je vois… Te souviens-tu de tes parents ? »

Séléné se rembrunit : « Pas du tout.

– Tu as pourtant une excellente mémoire…

– Pour les vers, oui. Pas pour le passé.

– Alexandrie, tout de même ? Le Palais ?

– Non.

– Le Grand Phare, alors ? L’une des sept merveilles du monde ! Nicolas de Damas prétendait t’y avoir emmenée…

– S’il le dit… Peut-être, en effet. Il y avait du vent, je crois. Beaucoup de vent. Je n’ai pas vu la ville. Je ne me souviens que du vent. »

Ce vent (« un vent très blanc », avait précisé la jeune fille) avait séduit Octavie. C’était justement ce dont elle avait besoin. Un grand vent pour tout balayer.

Les dames de Rome
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