CHAPITRE II
 
Le Club des Cinq fait des projets

 

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LES AUTRES regardèrent Claude avec surprise.

Elle devint toute rouge.

« Oui, c’est une bonne idée ! s’écria Mick transporté.

— Oh ! Oui ! Une roulotte pour nous tout seuls ! Ce serait trop beau ! dit Annie, dont les yeux brillaient de joie à cette pensée.

— Pourquoi pas ? dit François en souriant. Ce serait intéressant d’aller à la découverte en roulotte… Où donc est ce lac Vert ? Je n’en ai pas encore entendu parler. Il est vrai qu’il y a tant de lacs dans la région ! J’aimerais le trouver. Nous pourrions faire connaissance avec les gens du cirque. »

Claude se frottait les mains. Elle jubilait.

« Voilà un bon programme de vacances ! dit-elle. Ce garçon qu’on appelle Pancho me plaît. Il est sympathique.

— Oui, c’est vrai, approuvèrent les autres.

— Mais je n’aime pas son oncle, ajouta Mick. Il a l’air désagréable, et puis il semble bien sévère pour Pancho.

— Croyez-vous que nos parents nous donneront la permission d’aller camper en roulotte ? demanda Annie.

— Nous pouvons toujours leur en parler, répondit François. Je ne crois pas qu’ils refuseront. Je suis assez grand pour veiller sur vous.

— Peuh ! fit Claude. Je n’ai pas besoin qu’on veille sur moi. D’ailleurs, personne ne peut le faire mieux que Dagobert ! Je parie que les grandes personnes seraient enchantées d’être débarrassées de nous pendant une semaine ou deux. Elles pensent que les vacances d’été sont trop longues.

— Nous prendrions Nestor, notre cheval, pour tirer la roulotte, proposa Annie. Regardez-le, là-bas ! Je crois qu’il s’ennuie, tout seul dans son pré. De temps en temps, bien sûr, on le fait travailler, mais ce n’est pas gai…

— Oui, nous pourrions l’emmener, dit Mick. Mais comment ferions-nous pour nous procurer la roulotte ? Est-ce que cela se loue ?

— Je le crois, déclara François. Tu te souviens de Philippe, notre camarade de lycée, n’est-ce pas, Mick ? Il va souvent camper avec ses parents pendant les vacances. Ils louent une roulotte, à ce qu’il paraît. Je pourrais savoir par lui comment ils s’y prennent.

— Papa le saura, dit Annie. Ou bien maman… J’aimerais une grande roulotte rouge, avec des fenêtres de chaque côté et une porte derrière, des marches pour entrer dedans… »

Les autres l’interrompirent en donnant leurs propres préférences, et bientôt ils furent si absorbés par leur discussion qu’ils n’entendirent pas quelqu’un s’approcher d’eux…

« Ouah ! » fit Dagobert d’un ton poli.

Les enfants, étonnés, levèrent les yeux.

« C’est toi, maman ? demanda François. Tu arrives bien. Nous voulions te faire part d’une idée qui nous est venue. »

La maman s’assit, souriante.

« Qu’est-ce donc ? demanda-t-elle.

— Voilà, dit Annie avant qu’un autre ait pu prendre la parole. Nous aimerions partir dans une roulotte pour faire un petit voyage. Ce serait si drôle ! Oh ! maman ! Ne dis pas non !

— Tout seuls ? demanda la maman, sans enthousiasme.

— François veillera sur nous, avança Annie, prudemment.

— Dagobert aussi, ajouta Claude.

— Ouah ! » fit le chien.

Bien sûr qu’il pouvait veiller sur eux ! Ne le faisait-il pas depuis des années ? Ne partageait-il pas toutes leurs aventures ?

« Je dois en parler avec votre père, dit Mme Gauthier. Ne prenez pas cet air déçu ! Je ne peux pas décider de cela toute seule, sur-le-champ… Votre père doit se rendre bientôt à Paris, et il souhaite que je l’accompagne. Donc, votre idée a des chances de lui plaire. Je vais lui en parler ce soir.

— Nous emmènerions Nestor pour tirer la roulotte, maman ! s’écria Mick avec animation. Tu ne crois pas qu’il en serait ravi ? Il a une vie si monotone, à présent !

— Nous verrons, nous verrons, répondit Mme Gauthier. Maintenant, il est l’heure du goûter. Venez tous. Annie, qu’as-tu fait pour être si décoiffée ? On dirait que tu as marché sur la tête ! »

Claude, François, Mick et Annie coururent se laver les mains, tout joyeux. La maman n’avait pas dit non ! Elle pensait même que leur projet pouvait réussir. Partir en roulotte dans la montagne, faire la cuisine à leur fantaisie, emmener Nestor, le brave cheval, et Dagobert aussi, bien entendu ! Ne serait-ce pas merveilleux ?

Ce soir-là, malheureusement, M. Gauthier rentra fort tard. Les enfants l’attendirent longtemps ; ils voulaient savoir s’ils pourraient ou non partir. Finalement, ils durent se résigner à aller se coucher sans l’avoir vu.

Le lendemain matin leur réservait de bonnes nouvelles. Ils descendirent tous à huit heures pour prendre le petit déjeuner avec M. et Mme Gauthier, ce qui n’était pas le cas tous les jours. François regarda sa mère d’un œil interrogateur. Elle lui sourit.

« J’ai parlé à ton père, annonça-t-elle. À son avis, ce serait excellent pour vous de vous débrouiller tout seuls. Mais il vous faut deux roulottes ; vous ne pouvez pas vivre à quatre, plus Dagobert, dans une seule. Vous y seriez trop à l’étroit.

— Mais, maman, nous n’avons qu’un cheval ! objecta Annie.

— Nous en trouverons bien un autre, assura François. Merci beaucoup, papa. Nous sommes contents que tu acceptes de nous laisser partir seuls.

— Quand partons-nous ? Demain ? demanda impétueusement Claude.

— Ne sois pas si pressée, lui répondit François en riant. Il faut d’abord nous procurer deux roulottes, un autre cheval et préparer toutes nos affaires…

— Vous partirez la semaine prochaine, en même temps que nous, décida M. Gauthier. J’emmènerai votre mère à Paris. Ce sera très bien ainsi. La cuisinière ira se reposer dans sa famille. Vous nous enverrez une carte chaque jour pour nous donner de vos nouvelles et nous dire où vous êtes.

— Quelle chance que tout s’arrange ! » murmura Annie.

Elle voyait déjà, dans son imagination, les deux roulottes, les deux chevaux… Quel plaisir elle aurait à faire la cuisine en plein air !

« Je te rends responsable des autres, François, dit M. Gauthier gravement. Tu es assez grand pour cela.

— Oui, papa, répondit François, très fier de la confiance que lui témoignait son père.

— Vous autres, vous devrez l’écouter, ajouta M. Gauthier en se tournant vers Mick et les deux fillettes. Il faut que vous compreniez que François est chargé de veiller sur vous et de vous protéger. Faites ce qu’il vous dira !

— Oui, papa.

— Et puis, nous avons Dagobert, fit observer Claude.

— Ouah ! approuva Dagobert.

— Je suis sûr que, sans toi, on ne nous laisserait pas partir seuls, ajouta Mick en caressant le chien.

— C’est vrai, dit Mme Gauthier. Sans ce parfait chien de garde, vous ne seriez pas autorisés à partir. Nous savons qu’il vous défendra si c’est nécessaire. »

Tout s’annonçait pour le mieux. Dès que le petit déjeuner fut terminé, les enfants allèrent parler de leur projet dans le jardin.

« Il faut que nous cherchions le lac Vert sur la carte, déclara François. Nous aurions de la compagnie là-bas, et même une compagnie fameusement intéressante : celle des « Gens du Voyage » !

— Oui, approuva Mick. Nous pourrions nous installer assez loin d’eux pour ne pas les gêner, et assez près pour voir l’éléphant, les chevaux et les chiens savants faire leurs exercices !

— Je voudrais que Pancho devienne notre ami, dit Annie. Je le trouve gentil. Ce n’est pas comme son oncle ! Je ne comprends pas qu’un homme si déplaisant puisse être un bon clown !

— Je me demande comment nous nous procurerons les roulottes, déclara François. Quelle émotion, quand nous les verrons pour la première fois !

— Allons raconter tout cela à Nestor, dit Annie. Il sera sûrement enchanté de partir avec nous ! »