CHAPITRE XVI
Une découverte surprenante
Quelqu’un vient ! » dit Pancho. Bimbo poussa un grognement. On entendait des voix au loin, dans le chemin. Puis un chien aboya.
« C’est Dagobert ! » s’exclama François, tout heureux à la pensée de revoir son équipe. Il se leva et cria :
« Tout va bien ! Venez ! »
Claude, Dagobert, Mick et Annie arrivèrent en courant.
« Coucou ! fit Mick. Nous avons aperçu Lou et Carlos. On aurait dit qu’ils avaient le diable à leurs trousses… Tiens, voilà Bimbo ! »
Bimbo serra la main de Mick, et voulut tirer la queue de Dagobert. Mais celui-ci se méfiait…
« Bonjour, Pancho, dit Mick. Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? On dirait que tu reviens de la guerre !
— C’est à peu près ça », répondit Pancho avec un faible sourire.
Bimbo courut à Annie et lui serra la main longuement. Il essayait de faire la conversation avec elle, mais Annie ne comprenait pas son langage.
« François, dit-elle, je suis sûre qu’il s’est passé quelque chose…Ces deux vilains bonshommes sont venus ici, n’est-ce pas ?
— Oui, en effet. J’ai du nouveau à vous apprendre ! Mais d’abord, je vais boire un grand verre d’eau. Je n’ai rien bu de la journée !
— Nous avons tous soif. Je vais chercher des bouteilles de limonade », offrit Annie.
Tandis qu’ils se rafraîchissaient, François raconta comment il s’était caché sur le toit d’une roulotte, et ce qu’il avait surpris ensuite.
Tous l’écoutaient, fort intéressés. Quelle histoire !
Quand François eut expliqué que les deux hommes s’étaient endormis après leur déjeuner, Pancho prit à son tour la parole :
« J’ai failli tout gâcher en arrivant à-ce moment-là ! dit-il. Je voulais vous prévenir : Lou et mon oncle ont juré de tuer Dagobert en lui donnant du poison ou bien, s’il n’en veut pas, à grands coups de bâton sur la tête !
— Qu’ils y viennent ! » s’écria Claude, hors d’elle.
La fillette serra son chien contre elle, farouchement.
« Ils ont dit aussi qu’ils mettraient le feu à vos roulottes ! » poursuivit Pancho.
Les quatre enfants le regardèrent, horrifiés.
« Ils ne feraient pas une chose pareille ! dit Annie.
— Ils auraient affaire à la police, dans ce cas-là, ajouta François.
— Je vous répète ce que j’ai entendu, déclara Pancho. Vous ne savez pas de quoi ils sont capables ! Déjà ils ont tenté d’empoisonner Dagobert, et c’est le pauvre Flac qui… »
Sa phrase finit dans un gros sanglot.
« Est-ce que… ton chien va mieux ? demanda Annie, la gorge serrée.
— Non, répondit Pancho, quand il put de nouveau parler. Il va mourir, c’est sûr ! Je l’ai apporté à Lucilla, pour qu’elle le soigne. Elle est formidable avec les animaux. J’ai mis Flic avec les autres chiens. Comme ça il ne risque rien ! »
Pancho regarda ses amis d’un air désespéré. Sa bouche tremblait.
« Je n’ose pas rentrer, avoua-t-il à voix basse. Non, je n’ose pas. Qu’est-ce qu’ils vont encore me faire ?
— Reste avec nous, dit François d’un ton résolu. C’est vraiment chic de ta part d’être venu nous prévenir. Tu n’as pas eu de chance de te faire pincer. Tu es notre ami maintenant. Nous nous soutiendrons tous ! »
Pancho resta muet de surprise, mais son visage rayonna de joie. Il se frotta les yeux et sourit de toutes ses dents.
« Comme il est gentil ! pensaient les autres enfants. Pauvre Pancho ! »
Ils finirent leur limonade. François proposa :
« Maintenant, si nous explorions un peu le coin ? Nous découvrirons peut-être où Lou et Carlos sont allés. Qu’en pensez-vous ?
— Oh ! Oui ! s’écria Claude, qui s’était tenue tranquille un long moment. Regardons sous la roulotte, pour commencer !
— Bien sûr, dit François. Toi, Pancho, tu vas rester ici et monter la garde, pour le cas où Lou et Carlos reviendraient. »
Il ne pensait pas vraiment que les deux hommes se risqueraient à revenir si vite, mais il voyait bien que Pancho avait grand besoin de repos.
Pancho, lui, ne partageait pas ce point de vue. Il voulait participer aux recherches ! Cela l’intéressait au plus haut point. Aussi s’empressa-t-il de répondre :
« Dagobert saura bien nous prévenir s’ils arrivent, et Bimbo aussi ! Les animaux repèrent les gens à un kilomètre. Je veux venir avec vous ! »
Ainsi fut fait. Pancho se joignit aux autres. Tous se glissèrent sous la roulotte, dans l’espoir d’y trouver un indice…
Mais il était impossible aux enfants d’explorer aisément la bruyère, car ils ne pouvaient guère bouger. Tout comme Lou et Carlos, ils comprirent bientôt qu’il leur fallait dégager au moins une partie de l’emplacement.
Tout le monde poussa la roulotte, y compris Bimbo. Quand ce fut fait, ils arrachèrent de la bruyère. Les racines venaient sans peine, parce que les hommes les avaient déjà arrachées et replantées. Les enfants dégagèrent ainsi un mètre carré environ, et poussèrent soudain une exclamation :
« Tiens ! Il y a des planches sous la bruyère !
— Elles sont bien alignées. Comment cela se fait-il ?
— Dégageons-les ! »
Ils retirèrent toutes les planches l’une après l’autre. Alors, ils virent qu’elles masquaient un trou dans la terre.
« Je vais chercher ma lampe de poche », dit François.
Il y courut.
« Il doit y avoir quelque chose d’intéressant là-dedans, dit Claude, qui ne tenait plus en place. Quand on pense que nous avons justement placé l’une de nos roulottes dessus !
— Si c’est la cachette de nos bonshommes, on comprend leur colère ! On comprend aussi qu’ils nous aient proposé de changer de place et de retourner camper près du lac ! » ajouta Mick.
François revenait avec sa lampe de poche, il éclaira le trou large d’un mètre environ, qui s’enfonçait assez profondément dans la terre. D’un côté, il y avait des crampons, pour permettre de descendre au fond.
« C’est donc par là que ces deux misérables ont disparu ! Où cela peut-il conduire ? Ils ont été absents longtemps. Je ne sais pas comment ils ont pu replacer les planches et la bruyère quand ils se trouvaient dans ce trou », dit François.
Bimbo décida soudain d’aller explorer cette cavité.
Il descendit, en se servant fort adroitement des crampons, et regarda les enfants d’un air malicieux avant de disparaître.
« Hé, Bimbo ! Ne te perds pas là-dedans ! » lui cria anxieusement Pancho.
Déjà Bimbo ne pouvait plus être repéré avec la lampe de poche…
« Il va peut-être se perdre ! dit Pancho. On ne sait pas comment c’est, en bas. Je vais chercher ! Prête-moi ta lampe de poche, François !
— Je te suis, dit François. Claude, donne-moi ta torche électrique, s’il te plaît !
— Je l’ai cassée, malheureusement, avoua Claude piteusement. Elle est tombée par terre… Et nous n’en avons pas d’autre !
— Quel dommage ! s’exclama François. J’aurais voulu que nous explorions cette cavité, mais c’est impossible, avec une seule lampe de poche ! Je descends avec Pancho. Nous allons chercher Bimbo, regarder un peu autour de nous et revenir. Peut-être verrons-nous quelque chose d’intéressant ! »
Pancho descendit le premier. François le suivit. Les autres les regardèrent disparaître, en regrettant fort de ne pouvoir faire comme eux.
« Bimbo ! appela Pancho. Bimbo ! viens ici ! »
Quand ils furent au fond du trou, les garçons virent un étroit passage qui s’ouvrait d’un côté. Là se trouvait Bimbo. Celui-ci n’aimait pas les ténèbres, aussi n’était-il pas parti bien loin.
« Il y a sûrement des cavernes par ici, dit François, tandis que Pancho éclairait les parois. Nous avons constaté que de nombreuses sources jaillissent de la montagne. Il est probable qu’au cours des âges l’eau a creusé les parties de roche les plus tendres et formé des souterrains et des cavernes un peu partout. Quelque part dans une caverne, Lou et Carlos doivent cacher certaines choses. Des marchandises volées, probablement ! »
Le passage finissait en une petite caverne qui ne semblait pas avoir de prolongement. François reprit à Pancho sa lampe de poche et inspecta soigneusement cette caverne. Elle était vide. Sur une paroi, il remarqua des crampons qui montaient jusqu’à un trou dans la voûte, peut-être creusée par une source tarie…
« Passons par là ! décida François, ravi de cette découverte.
— Attends ! dit Pancho, ta lampe éclaire de moins en moins.
— C’est vrai ! » constata François, soudain inquiet. Il secoua sa lampe, mais la pile devait être usée, car la lumière ne s’améliora pas. Au contraire, elle baissa encore…
— Sortons d’ici en vitesse ! décida François. Je n’ai pas envie de me trouver là-dedans sans lumière. Ce ne serait pas drôle ! »
Pancho prit Bimbo par la main, et agrippa le pull-over de François. Il ne voulait perdre ni l’un ni l’autre de ses compagnons.
À peine étaient-ils arrivés dans le passage que la lampe s’éteignit. Maintenant, il leur fallait continuer leur chemin à tâtons, dans le noir…
Enfin, tout se passa bien, François retrouva les crampons et remonta lentement, prudemment. Il se félicitait de n’avoir pas entraîné Pancho plus loin. Peut-être se seraient-ils perdus… Quel cauchemar ! Quand il aperçut, au-dessus de lui, le reflet du jour, il se sentit mieux. Pancho suivait allègrement. Ils virent les visages anxieux des autres enfants penchés sur l’ouverture.
« Nous voilà ! cria François. Ma lampe de poche s’est éteinte. Nous ne sommes pas allés loin, mais nous avons retrouvé Bimbo, et c’est l’essentiel ! »
Quand ils furent tous trois sortis du trou, François conta sa découverte à Mick et aux deux filles.
« Demain, conclut-il, nous irons acheter des lampes de poche à la ville, et puis nous ferons tous ensemble une grande exploration du souterrain !
— Ça y est, nous allons avoir une aventure de plus, soupira Annie.
— Je le crois, dit François. Tu n’es pas obligée de venir avec nous, Annie. Tu peux rester chez Mme Monnier pendant ce temps-là !
— Si vous partez pour l’aventure, je vous suis ! déclara résolument Annie.
— Bon, c’est entendu, répondit François. Nous irons tous ensemble. Ce sera formidable ! »