CHAPITRE XXII
 
La fin de l’aventure

 

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NON, DAGOBERT n’était pas blessé. La balle avait frôlé son oreille et s’était perdue dans la paroi de la caverne. Aussitôt, le chien riposta en mordant Lou à la jambe. L’homme tomba avec un cri rauque. Son fusil lui échappa des mains. François l’entendit rebondir sur le sol, à son grand soulagement !

« Claude, éclaire-nous vite ! » cria-t-il.

Carlos poussa une exclamation de terreur quand la lumière soudain revenue lui permit de voir le chimpanzé qui se précipitait sur lui. L’homme rassembla ses forces et tenta d’abattre le singe d’un magistral coup de poing à la face. Puis Carlos prit la fuite, se demandant avec angoisse où il pourrait se mettre hors de portée du chimpanzé, si celui-ci était encore capable de combattre.

Pendant ce temps, Lou se défendait contre Dagobert, qui semblait vouloir l’égorger…

Carlos n’alla pas loin. Un homme en civil et trois gendarmes à la stature imposante surgissaient du passage, conduits par Mick ! L’un des gendarmes tenait un revolver à la main. Carlos ne fit aucune résistance. Il leva les bras en l’air.

« Dagobert ! Assez ! Viens ici ! » commanda Claude, lorsqu’elle vit les gendarmes.

Dagobert la regarda d’un air plein de reproche. Il semblait dire :

« Laisse-moi faire, voyons ! C’est si bon de mordre un bandit ! »

Puis le chien se mit à aboyer furieusement après les nouveaux arrivants. Quoi ! encore des ennemis ! Il les mangerait tous !

« Que s’est-il passé ? demanda l’homme en civil, qui était inspecteur de police. Allons, relevez-vous ! » poursuivit-il en s’adressant à Lou.

Lou se mit debout, non sans difficulté. Dagobert l’avait mordu à différents endroits, notamment aux jambes. Ses cheveux pendaient sur ses yeux, ses vêtements étaient déchirés. Un peu étourdi, il regarda les gendarmes et se demanda comment ils étaient entrés dans le souterrain. Puis il vit Mick, et comprit tout.

« Ainsi, tu as réussi à filer et tu as rebouché l’ouverture ! explosa-t-il, conscient d’avoir perdu la partie. Attends un peu ! »

Il esquissa un geste menaçant. Deux gendarmes se saisirent de lui. Solidement maintenu, il ne pouvait plus nuire, mais il se mit à injurier les enfants avec la dernière violence.

« Taisez-vous, dit sévèrement l’inspecteur. Vous parlerez quand on vous interrogera. Vous aurez sûrement des choses très intéressantes à nous dire !

— Mick ! Comment as-tu fait pour revenir si vite ? demanda François, en s’approchant de son frère. Je ne t’attendais pas avant longtemps !

— Je suis allé jusqu’à la ferme des Monnier, j’ai tambouriné à la porte jusqu’à ce qu’on m’ouvre, et de là, j’ai téléphoné à la gendarmerie.

Les gendarmes sont arrivés très vite en voiture, avec M. l’inspecteur. Où est Annie ? et Pancho ?

— Les voilà ! » répondit François, en les éclairant.

Tous deux sortaient de la galerie où ils étaient restés tapis.

Mick aperçut le petit visage d’Annie, pâle et encore marqué d’angoisse.

« C’est fini, Annie, dit-il. Fais-nous un sourire, maintenant ! »

Annie se força à sourire, pour plaire à son frère. Bimbo prit la main de la petite fille et lui tint un discours qui devait être très affectueux. Annie, tout à fait rassurée, se mit à rire franchement.

Claude rappela son chien près d’elle, car elle se rendait compte qu’il mourait d’envie de mordre Lou une fois de plus. Lou la regarda fixement. Puis il se tourna vers Mick et François, et enfin vers Annie.

« Il n’y a qu’une fille ! grogna-t-il. Pancho, pourquoi nous as-tu fait croire qu’il y avait deux garçons et deux filles ?

— Parce que c’est la vérité », répondit tranquillement Pancho. Il désigna Claude du doigt : « Elle n’en a pas l’air, mais c’est une fille ! Une fille qui est aussi brave qu’un garçon ! »

Claude fut très fière du jugement de Pancho. Elle regarda Lou d’un air de défi.

L’inspecteur posa quelques questions à François, et nota sur son carnet les réponses du jeune garçon.

« Sortons d’ici, maintenant, » dit l’inspecteur, quand ce fut terminé.

François ouvrit la marche. Ils arrivèrent devant la cachette des voleurs. Les gendarmes prirent avec eux les objets qui restaient. Carlos ne pouvait s’empêcher de marmotter des injures entre ses dents.

« Est-ce qu’on va les mettre en prison ? demanda Annie à Mick.

— Bien sûr ! répondit celui-ci. Il y a longtemps qu’ils devraient y être ! Depuis quatre ans, leurs vols ont mis la police sur les dents ! »

Les enfants avaient hâte de quitter le souterrain. Ils furent tout heureux d’apercevoir les étoiles briller au-dessus de leur tête, lorsqu’ils sortirent enfin du trou, l’un après l’autre.

Les gendarmes passèrent les menottes aux deux voleurs et les firent monter dans la voiture de police qui les attendait non loin de là. « Qu’allez-vous faire maintenant, les enfants ? demanda l’inspecteur. Vous ne devez guère avoir envie de rester seuls ici, après une telle aventure. Voulez-vous venir avec nous à la ville ?

— Non, merci beaucoup, dit François poliment. Nous avons l’habitude des aventures. Nous serons très bien ici, avec Dagobert et Bimbo !

— Hum ! Je ne crois pas que j’aimerais beaucoup la compagnie d’un chimpanzé, dit l’inspecteur. Nous reviendrons demain matin pour vous poser quelques questions complémentaires.

— À votre disposition, monsieur, dit François.

— Merci de nous avoir aidé à capturer ces dangereux bandits ! ajouta l’inspecteur.

— Que faites-vous de la camionnette dans laquelle Lou et Carlos ont mis les objets volés ? Allez-vous la laisser ici ? » demanda Mick.

L’inspecteur désigna un gendarme pour emmener le véhicule qui contenait le précieux butin des voleurs. Les enfants la regardèrent s’éloigner sur la route, derrière la voiture de police.

« Je suis bien content d’être sorti du souterrain ! déclara François. Mon vieux Mick, quelle bonne idée tu as eue de téléphoner à la ferme ! »

Tous les enfants se sentaient terriblement las, après une telle aventure. Il était plus de minuit. Pourtant ils ne voulurent pas se coucher sans prendre un léger repas. Quand ce fut fait, personne n’eut le courage de se déshabiller. Chacun d’eux tomba sur son lit et s’endormit aussitôt.

Cette nuit-là, aucun rôdeur ne vint les déranger !

— Le lendemain matin, vers neuf heures, les enfants furent réveillés par quelqu’un qui frappait à la porte de la roulotte de François. Celui-ci s’assit brusquement sur son lit et cria :

« Qui est là ?

— C’est nous ! » dit une voix familière.

La porte s’ouvrit. M. et Mme Monnier parurent sur le seuil. Ils montraient un visage anxieux.

« Nous nous demandions ce qui s’était passé après le coup de téléphone de Mick, dit le fermier.

— J’aurais dû retourner vous le dire, reconnut Mick. Excusez-moi, j’étais si fatigué ! La police est venue arrêter les voleurs dans le souterrain. Elle a emporté tout leur butin. Quelle nuit ! Merci encore de m’avoir laissé téléphoner !

— C’est tout naturel, dit Mme Monnier. Tenez ! Je vous ai apporté de quoi reprendre des forces ! »

Elle posa sur le sol deux paniers débordants de bonnes choses. À cette vue, Mick se sentit tout à fait réveillé et fort affamé.

« Oh ! merci, dit-il. Que vous êtes gentille ! »

Pancho et Bimbo surgirent brusquement de dessous leurs couvertures. Mme Monnier poussa un cri de surprise :

« Qu’est-ce que c’est ? Un singe ?

— Un chimpanzé, madame, dit poliment Pancho. Il ne vous fera pas de mal ! Bimbo ! Veux-tu lâcher ce panier ! »

Bimbo, qui espérait pouvoir se régaler d’une friandise sans être vu, se couvrit la face de sa main velue et regarda Mme Monnier à travers ses doigts écartés.

« Qu’il est drôle ! dit Mme Monnier à son mari. On dirait un petit enfant qui a fait une bêtise ! »

Claude et Annie, réveillées par Dagobert, accouraient pour voir qui était là.

Après quelques minutes de joyeuse conversation, les fermiers voulurent se retirer, car ils avaient beaucoup de travail.

« Revenez nous voir, les enfants ! dirent-ils. Vous serez toujours les bienvenus chez nous ! »

Quand ils furent seuls, les enfants décidèrent de faire un magnifique petit déjeuner. François voulait apaiser sa fringale avant de se laver ; mais Annie protesta :

« Ce sera bien meilleur quand nous serons propres ! Nous sommes tous dans un état lamentable.

— D’accord, maman ! » répondit Pancho en riant.

Ils se lavèrent dans le ruisseau. Puis ils revinrent près des roulottes et s’attaquèrent allègrement aux provisions que Mme Monnier leur avait apportées.

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