22

Le groupe se remit en selle pour une ultime cavalcade. Mais la nuit avait apporté de subtils changements. Teneniel et Isolder voyageaient ensemble, comme Leia et Han. Luke partageait la monture de R2.

Avoir parlé à la jeune femme portait déjà ses fruits. Elle le délaissait, et il se sentait soulagé.

Autour d’eux, la forêt était silencieuse. Pas de petits reptiles, aucun chant d’oiseau. Sentant l’approche du combat, les animaux se cachaient…

Poussant les rancors à leurs limites, Luke et ses compagnons arrivèrent bientôt en vue de la forteresse. A l’aplomb de la vallée de la Montagne qui Chante, le ciel était rouge. Les Sœurs de la Nuit avaient mis le feu à la forêt.

Skywalker entendit la voix d’Augwynne dans sa tête :

« Luke, Teneniel, venez vite ! »

« Nous sommes en chemin ! » répondit-il.

Il poussa un peu plus son rancor.

Le Jedi sentait l’obscurité vers laquelle ils se ruaient. Au creux de son estomac, il éprouvait une sourde angoisse, un indéfinissable malaise. L’air charriait l’odeur des flammes et de la suie. Les cendres et la fumée tourbillonnaient dans le ciel couleur cuivre.

Luke enrageait de devoir faire un détour pour éviter l’incendie et la troupe ennemie, massée au sud pour attaquer.

Les rancors s’engageaient sur le flanc nord de la montagne quand le jeune Jedi sentit la présence de Sœurs de la Nuit non loin de lui. D’une main levée, il ordonna à la petite colonne de faire halte.

Le terrain était trop propice à une embuscade pour continuer sans précaution.

Au-dessus de leurs têtes, la fumée s’amassait, étrangement statique. Pour qu’elle bouge si peu, il fallait une explication surnaturelle. Luke comprit que les sorcières utilisaient la Force pour créer un écran protecteur.

L’air était chargé d’électricité.

— R2, ordonna le Jedi, effectue un balayage senseurs. Recherche une activité électronique.

L’antenne de l’astrodroïd commença à tourner.

— Maître Luke, intervint C-3P0, l’atmosphère est saturée d’électricité statique, et l’ionisation affole mes circuits. Je doute que R2 puisse capter grand-chose. Ce n’est pas un temps pour un droïd.

— Ça n’est un temps pour personne, répondit Luke, humant l’air.

Soudain, la masse de fumée et les nuages se déchirèrent. Un instant, le visage de Gethzerion s’imprima sur le ciel rougi par les flammes.

L’illusion ne dura pas, mais Luke garda l’impression désagréable que la sorcière était toujours là-haut, cachée derrière les nuages pour les observer.

Les rancors renâclèrent.

— Du calme, souffla Teneniel aux bêtes comme à ses compagnons. Gethzerion essaye seulement de nous inquiéter.

— Ah bon ? railla Han. En tout cas, ça marche !

R2 émit un bip, son antenne orientée vers le sud-est.

— Il détecte une colonne de bipodes dans cette direction, traduisit C-3P0.

Luke scruta l’horizon, puis étudia la falaise qu’il leur restait à escalader. L’ombre des multiples éperons rocheux les protégerait peut-être des regards humains, mais les senseurs des bipodes les repéreraient en une seconde.

S’il se chargeait de créer une diversion, cela laisserait le temps à ses compagnons de grimper.

Luke toucha l’encolure de sa monture. La bête était de nouveau bouillante. Il sentait sa fatigue et son trouble.

Utilisant de nouveau la Force, il rendit un peu de vigueur aux animaux. Alors, il parla à leur chef de horde :

— Tosh, que les deux meilleurs grimpeurs conduisent mes amis dans la forteresse. Je resterai ici avec les deux autres rancors pour retarder l’ennemi.

La matriarche donna quelques ordres dans son langage guttural. Les deux mâles la déchargèrent des générateurs. L’autre femelle, la fille de Tosh, réunit les lances et les filets qui allaient servir au combat.

— Han, dit le Jedi, Leia, Isolder, Chewie, toi et les droïds allez vous occuper du Faucon. (D’un geste de la main, Skywalker fit léviter R2, qui se posa entre le Corellien et la princesse.) Teneniel, tu les accompagnes…

— Qu’est-ce que tu racontes, gamin ? s’insurgea Solo. Je reste avec toi ! Un cerveau et un blaster de plus ne seront pas du luxe !

— Tu as un blaster, c’est vrai, mais pour ce qui est du cerveau…

Han prit un air offusqué.

— Mais… bêla-t-il.

L’orage éclata au-dessus de la forteresse. Des éclairs jaillirent comme des flèches d’énergie pourpre.

— Han, s’énerva Leia, réfléchis un peu ! Pour les sorcières, le Faucon est l’assurance de quitter la planète. Si nous voulons éviter un massacre, le mieux est de réparer au plus vite, et de partir !

— Je sais tout ça, grogna le Corellien. Malgré les plaisanteries douteuses de Luke, j’ai quelque chose dans le crâne. D’accord, on y va !

Au fond de son cœur, Luke le savait, Solo détestait abandonner un ami obligé de combattre.

Chewie et C-3P0 prirent place derrière Isolder et Teneniel. Quatre cavaliers n’étaient pas un problème pour un rancor. Le poids des générateurs, du bidon et des capteurs inquiétait davantage le Jedi.

— Ça ira ? demanda-t-il aux deux mâles.

Des grognements rassurants lui répondirent.

Une ombre passa sur le visage de Leia.

— Ne t’en fais pas, je vaincrai les bipodes…

— Je n’en doute pas un instant, mais fais bien attention à toi. Inutile de jouer les héros. Il y a des gens dangereux dans les environs. Je le sens avec mes pauvres petits pouvoirs…

Luke hésita, ne sachant que répondre. S’ils avaient jamais eu besoin d’un héros, c’était bien aujourd’hui…

— J’essayerai d’être prudent… finit-il par dire.

Enfourchant Tosh, le Jedi tourna le dos à ses amis et s’éloigna. La rancor parcourut une centaine de mètres, s’immobilisa, et huma l’air. L’endroit lui semblait un champ de bataille idéal ; Luke partageait son avis.

La femelle poussa un petit grognement dont le Jedi saisit sans peine le sens. Afin de se déplacer plus rapidement pendant la bataille, elle désirait qu’il mette pied à terre.

Elle s’accroupit et il sauta sur le sol.

Il sonda l’obscurité. Il ne voyait rien, ne sentait rien, même lorsqu’il avait recours à la Force.

Les rancors renâclèrent. Postés à mi-pente d’une colline, l’humain et les deux animaux savaient qu’ils n’auraient pas à attendre longtemps…

 

— Droit devant, sur la falaise ! cria un commando dans le micro de son casque.

Luke tourna la tête. Les deux rancors progressaient lentement, trouvant des prises là où des humains auraient basculé dans le vide.

Alors les canons-blasters ouvrirent le feu. Ce que Skywalker avait pris jusque-là pour des buissons était en fait un filet de camouflage dissimulant des pièces d’artillerie. Une dizaine de commandos en armure, quatre bipodes et une Sœur de la Nuit complétaient le dispositif d’attaque.

Luke savait qu’il y avait une multitude d’équipes semblables dans les environs. Il pria pour que la neutralisation de celle-ci suffise à gagner le temps dont avaient besoin ses amis.

Tosh et sa fille brandirent leurs lances et chargèrent, utilisant les détonations du canon pour couvrir le bruit de leurs pas. Se retournant une dernière fois, Luke vit que les deux mâles avaient évité les premiers tirs, sans doute au prix d’acrobaties à vous donner le vertige. Ecarquillant les yeux, le Jedi aperçut les lanières de whuffa qui pendaient des murs de la forteresse. Une aide providentielle dans ce genre de situation…

Rassuré, Skywalker suivit les deux rancors. Tosh était déjà au contact. Déchaînée, elle venait d’écrabouiller deux bipodes en un clin d’œil. Les commandos, d’abord surpris, avaient ouvert le feu, les décharges de fusils-blasters rebondissant contre la peau épaisse de l’animal.

Luke dégaina son blaster. Tirant par trois fois, il abattit les hommes en armure. Au même moment, la fille de Tosh fendit un bipode en deux d’un seul coup de son énorme lance.

Le dernier véhicule impérial ouvrit le feu avec ses canons-blasters jumelés. Le bras droit de la jeune rancor fut coupé net au niveau de l’épaule. Un os jaunâtre pointait de l’amas de chair sanguinolent.

Horrifiée, la fille de Tosh regarda sa blessure. Puis elle saisit son filet avec sa main gauche et le lança sur le bipode.

Enfin elle s’effondra, raide morte.

Le poids du filet déséquilibra le véhicule, qui bascula sur le côté. Tosh vint le piétiner, écrasant du même coup un commando affolé qui tentait de fuir.

Des gerbes d’étincelles s’élevèrent du bipode quand ses moteurs rendirent l’âme. Pourtant, rien n’arrêtait Tosh, avide de venger la mort de sa fille.

Luke abattit deux autres commandos. Soudain, il entendit le chant de la Sœur de la Nuit. Elle essayait par tous les moyens d’échapper à la fureur de Tosh.

Luke saisit son sabrolaser et l’activa.

— Toi ! cria-t-il. Ose m’affronter !

La sorcière se retourna, sa capuche glissant de sa tête. C’était une adolescente, presque une enfant. Le Jedi ne pouvait la voir comme une incarnation du mal absolu. D’ailleurs, il sentait sa terreur.

Mobilisant la Force, Skywalker obligea son adversaire à cesser de chanter. Elle se figea, sûre que sa dernière heure avait sonné.

— Ne m’oblige pas à te tuer ! implora-t-il. Promets simplement de quitter pour toujours Gethzerion et son clan.

La jeune fille hocha la tête. Captant sa peur et son désir de vivre, Skywalker la libéra.

Elle tomba à genoux et le regarda, les yeux brillants de rage. Le Jedi sentit combien elle avait été surprise de sa propre impuissance.

D’un simple geste, elle lança un sort qui arracha le sabrolaser des mains de Luke.

Skywalker tira. Eructant un sortilège, l’adolescente tenta de dévier le trait de sa main nue. Mais elle était trop inexpérimentée et trop faible. L’énergie destructrice pénétra sa chair, lui laissant une main à demi carbonisée.

La sorcière la regarda, incrédule.

Le sabrolaser décolla du sol, prêt à frapper Luke à la tête. Grâce à la Force, le Jedi désactiva la vibrolame au dernier moment et reprit l’arme par la garde.

— Je t’en prie ! cria-t-il. Arrête !

La sorcière entonna un nouveau sort. Hélas pour elle, Tosh surgit et l’écrasa comme un moustique d’un seul coup de sa gigantesque patte.

Ecœuré par le craquement des os broyés et le jaillissement d’un geyser de sang, Luke s’étonna du comportement autodestructeur de son ennemie. Si jeune, pouvait-on être déjà vouée corps et âme au Côté Obscur ?

Du bout d’une griffe, Tosh souleva l’humain et le posa sur son dos.

Puis elle se lança à toute vitesse dans la forêt…

 

Les sœurs de la Montagne qui Chante attendaient dans la salle de la forteresse où se trouvait la carte en relief. Quand Luke arriva, Han et les autres avaient déjà rejoint le Faucon.

Augwynne accueillit sobrement le Jedi. Il vit sur son visage combien contrôler son angoisse lui était difficile.

— Je suis contente de te voir, Luke Skywalker, déclara-t-elle tandis que ses compagnes continuaient de chanter. J’espérais bien que tu te presserais… Nous lançons un sort de découverte pour localiser les Sœurs de la Nuit et en savoir plus sur leur stratégie.

Du bout d’un bâton, elle poussa la maquette du speeder de Gethzerion plus près de la forteresse.

Si la matriarche ne se trompait pas, leur adversaire était à moins de deux kilomètres. Elle avançait entre deux colonnes de soldats, utilisant le speeder pour leur donner ses ordres directement.

— Avez-vous réussi ? demanda la vieille femme.

— Aussi bien qu’on pouvait l’espérer, répondit Luke.

— Parfait… Combien de temps faudra-t-il au général Solo pour réparer son navire ?

— Deux heures. Hélas, Gethzerion sait que nous disposons d’un vaisseau réparable.

— Je me doutais qu’elle l’apprendrait. Nous essayerons de la retenir jusqu’à ce que Han ait fini.

Une sœur du clan se pencha et posa dix-sept pierres noires au pied de la face est de la montagne. La stratégie de Gethzerion était rudimentaire. Disposés à intervalles réguliers, des avant-postes encerclaient la forteresse. Chacun comptait une sorcière dans ses rangs. Pour avoir vaincu un de ces détachements, Luke en connaissait parfaitement la composition. Afin de renforcer le dispositif, Gethzerion avait placé trois bataillons d’assaut face à la montagne. L’un visait directement l’escalier – la seule entrée accessible – les deux autres constituant ses flancs.

A l’évidence, Gethzerion projetait une attaque massive qui ne s’embarrasserait pas de subtilités. Une armée classique voulant jouer à ce jeu s’y serait cassé les dents. Connaissant le pouvoir de la Force, Luke savait que ce plan grossier avait des chances de réussir.

— Nous ignorons toujours où se trouve la plus grande partie des Sœurs de la Nuit. Il faudra rester vigilants.

Augwynne poussa le modèle réduit de speeder plus près du pied de la montagne, et sortit sur le balcon.

Luke vint la rejoindre, bientôt suivi par les autres femmes. A quelques minutes du lever de soleil, les nuages commençaient à s’effilocher. Avec la fumée qui continuait à monter de la forêt, Skywalker se demanda s’il y aurait vraiment une aube aujourd’hui.

Luke sentit ses paupières s’alourdir. Depuis combien de temps n’avait-il pas dormi ? Qu’importait… Au pied de la montagne, les bipodes ennemis se déployaient.

— Jedi, as-tu un avis à nous donner, ou un conseil ? demanda Augwynne.

— Utilisez vos pouvoirs au seul service de la vie, pour vous protéger et défendre ceux que vous aimez.

— Veux-tu dire que nous ne devons pas tuer les Sœurs de la Nuit ? demanda une sorcière.

— Oui, du moins si vous pouvez l’éviter. Aujourd’hui, je doute que ce soit possible. C’est pourquoi j’ai prévenu Gethzerion et sa bande…

— Nous avons fait de même, dit Augwynne. Ceux qui nous combattront mourront avec leur propre sang sur les mains. Pour ma part, je serai impitoyable.

Elle se tut. Teneniel vint se placer à côté de Luke et leurs doigts s’emmêlèrent.

— Tes amis travaillent aussi vite que possible. Luke, je le sens comme si j’étais près d’eux. Je crois… que je suis plus utile ici…

Le Jedi ne répondit pas, mais il lui serra plus fort la main.

 

L’attente ne fut pas longue. Supposant que Gethzerion serait d’abord venue parlementer, le Jedi fut presque surpris quand éclata l’avertissement d’Augwynne.

— Les voilà !

Les femmes de la forteresse commencèrent à chanter ; en bas, les Sœurs de la Nuit les imitèrent. Sentant de la poussière tomber sur ses cheveux, Luke leva les yeux : les nuages de suie venaient de crever.

Le Jedi prit des lunettes de protection à sa ceinture et les mit.

La Force gémissait comme un animal blessé…

Alors le vent se leva, charriant un maelström de suie et de gravillons. Les sœurs se protégèrent les yeux et battirent en retraite dans la salle.

Teneniel Djo entonna une incantation.

— Waytha ara quetha way… Waytha ara quetha way…

Des traits de blasters s’écrasèrent sur le parapet, juste sous Luke, qui n’avait pas quitté son poste d’observation. Un bipode s’élevait dans les airs pour tirer d’une meilleure position. A l’évidence, les Sœurs de la Nuit unissaient leurs forces pour le faire léviter.

Teneniel tendit les mains, les doigts écartés, et lança un sort. Un javelot de lumière bleue percuta le bipode, qui explosa. Les acolytes de Gethzerion cessèrent de le soutenir. Il tomba comme une pierre tandis que commandos et véhicules s’égaillaient en tout sens pour ne pas se trouver là quand il entrerait en contact avec le sol.

Luke se pencha pour mieux voir. Du haut de l’escalier, une petite formation de rancors jetait de gros rochers sur les envahisseurs. Touché de plein fouet, un bipode se renversa, déséquilibrant l’engin qui le suivait et plusieurs fantassins.

Skywalker s’étonna du mépris de la vie de Gethzerion. Cette attaque était un phénoménal gaspillage d’hommes et de matériel.

La voix d’Augwynne tira le Jedi de sa méditation.

— Ferra, Kirana Ti, allez défendre la porte principale. Nos ennemies avancent !

Luke se pencha un peu plus. Grâce à la Force, il repéra les trois Sœurs de la Nuit qui escaladaient la paroi à pic comme des araignées. A une vitesse incroyable, elles prirent pied sur le balcon.

Criant un avertissement à ses alliées, le Jedi dégaina son sabrolaser et recula d’un pas. Près de lui, une jeune femme manqua de réflexe. Une décharge de blaster la foudroya.

Luke coupa l’assaillante en deux d’un mouvement sec de sa vibrolame. A l’autre bout du balcon, Augwynne luttait contre une furie. Skywalker dégaina son blaster. Il n’eut pas besoin de s’en servir : la matriarche venait de propulser son adversaire dans le vide.

Alors Luke sauta à la poursuite de la dernière sorcière.

Les marches de l’escalier étaient jonchées de cadavres de commandos impériaux. Des traits de blasters destinés aux rancors jeteurs de rochers frôlèrent le Jedi.

Le palier qu’il visait arrivait à toute vitesse. Se réceptionnant près de deux Sœurs de la Nuit, Luke dégaina son blaster dans le même mouvement et tira.

La sorcière qu’il toucha resta debout, des flammes s’élevant de sa robe noire. Luke songea que la Force devait être très puissante en elle.

La deuxième détala sans demander son reste.

Gethzerion, car c’était elle, abaissa lentement sa capuche. Ses yeux rouges s’écarquillèrent de surprise.

— Enfin, cracha-t-elle assez fort pour dominer le bruit de la bataille, nous nous rencontrons. J’ai senti ta présence dans la Force, Jedi. J’ai toujours voulu combattre un de tes semblables. Pourtant, quand nous nous sommes croisés, dans la prison, je ne t’ai pas reconnu.

Elle étudia soigneusement Luke pour s’assurer qu’il était bien un Jedi.

— Gethzerion, j’ai vu des multitudes d’êtres comme toi. Ecoute mon conseil : détourne-toi du Côté Obscur avant qu’il soit trop tard.

La sorcière hocha pensivement la tête.

— Excuse-moi d’être si directe, Jedi, mais je ne te trouve pas impressionnant. Dommage que tu doives mourir avant de voir tes amis se tordre de douleur entre mes mains…

Elle pointa un doigt sur Luke. Avant qu’il puisse esquisser un geste, une vague de Force le percuta. Sa vision se troubla, il vit une lumière vive, et le côté droit de sa tête lui sembla avoir servi d’enclume à un marteau. Ses jambes se dérobant, il mit un genou à terre. Les détonations des blasters et les cris d’agonie qui montaient de toutes parts devinrent un lointain bruit de fond.

Gethzerion frappa une nouvelle fois.

Le marteau s’écrasa sur la tempe gauche de Skywalker. Il tomba lourdement sur le côté.

Une pluie de rochers s’abattit sur lui. Certains étaient propulsés par la Force, d’autres par les rancors qui défendaient toujours la forteresse.

Le temps sembla ralentir. Dans sa tête, les veines battaient au rythme affolé de son cœur.

Ses joues s’engourdirent. Avec un calme effrayant, le Jedi réalisa que les coups de Gethzerion avaient fait exploser les vaisseaux sanguins irriguant son cerveau. Il allait mourir au milieu des innombrables victimes d’une absurde bataille.

Ainsi, c’est ce qui se serait passé si Dark Vador avait voulu me tuer ?

Le jour de leur rencontre, Teneniel avait eu raison : il ne ressemblait pas à un guerrier, et d’ailleurs il n’en était pas un.

Ben, je t’ai trahi. J’ai déçu tout le monde…

Une vague de douleur lui traversa le crâne. Luke tenta de se rappeler à qui il parlait. Son esprit agonisant refusa de lui livrer un nom.

Il fallait qu’il appelle à l’aide !

Mais son cerveau était vide comme les grands déserts qui cuisaient sous le soleil de Tatooine, sa planète natale.