16

Ce soir-là, les flammes crépitèrent dans la cheminée tandis que cuisait la chair du whuffa, bientôt servie sur des plats de terre avec des légumes et des noix.

Dans la forteresse de la Montagne qui Chante, Han, Chewie, Leia et C-3P0 se prélassaient sur des coussins de cuir.

Entre la fatigue, le crépuscule, et un estomac bien plein, le Corellien avait de plus en plus de mal à garder les yeux ouverts.

Les côtes bandées, Chewbacca dévorait à belles dents. En quelques heures, grâce au pouvoir de régénération des Wookiees, il avait davantage récupéré qu’un humain en deux semaines.

Par les fenêtres, Han voyait des éclairs zébrer le ciel dans le lointain. A l’aplomb de la vallée, les étoiles brillaient dans des cieux sans nuage.

Autour de lui, les sorcières riaient, murmurant des sorts à l’oreille de leurs jeunes sœurs. Ces débutantes, modestes, portaient des costumes plus simples que leurs aînées.

Avec leurs enfants, les sorcières s’humanisaient un peu. Les cheveux défaits, elles ressemblaient à de solides paysannes.

Leurs compagnons faisaient office de domestiques avec une efficacité tellement silencieuse que Han se demanda s’ils ne recevaient pas leurs ordres par télépathie.

Augwynne vint s’asseoir à côté de Solo et de la princesse. Elle avait remarqué les coups d’œil fréquents que le Corellien coulait à l’orage.

— N’ayez pas d’inquiétude, dit-elle. C’est Gethzerion qui se défoule. Mais elle est bien trop loin. Il n’y aura pas de tempête de Force cette nuit.

— Gethzerion produit ces éclairs ? demanda C-3P0, les yeux brillants. Quelle puissance il doit lui falloir !

Augwynne demeura impassible.

— Elle est très puissante, admit-elle, et fort en colère. Mais elle ne viendra pas avant d’avoir réuni toutes ses sœurs. (Elle changea abruptement de sujet.) Général Solo, votre titre de propriété sur Dathomir vaut-il réellement quelque chose ?

— Bien sûr, répondit Leia. Attendez seulement que la Nouvelle République ait conquis ce secteur…

— Et c’est prévu pour quand ? demanda Augwynne.

— Difficile à dire… répondit Han sans cesser de regarder le ciel. Trois mois, dix ans, nul ne le sait. Pourtant c’est écrit dans les étoiles. Zsinj est un grand guerrier, mais un exécrable gouverneur. Plus nous taillerons de croupières à sa flotte, plus ses mondes lui échapperont. Le voyant moins fort, ses officiers lui sauteront à la gorge.

Chewie grogna son approbation.

— Chewbacca pense que Zsinj n’en a plus pour un an, expliqua C-3P0. Selon mes processeurs, il tiendra encore quinze ans et quatre mois.

— L’estimation de Chewie me semble plus juste, intervint Han. Mais nos ennuis ne s’arrêteront pas tout à fait là…

— Général, fit Augwynne d’une voix énervée, comment puis-je vous racheter cette planète ? Voulez-vous de l’or ? Des pierres précieuses ? Nos montagnes en regorgent…

Autour d’eux, le silence se fit. Toutes les sorcières guettaient la réponse du Corellien.

Leia jeta un regard à Han, le pressant de donner son prix.

— Hum… Attendu que la planète m’appartient, cet or et ces gemmes sont déjà à moi. La planète est cotée trois milliards de crédits. Juste pour le fond, sans tenir compte des bâtiments et autres équipements…

Augwynne ne comprit pas qu’il plaisantait.

— Notre clan n’a pas d’argent, mais nous pouvons vous offrir nos services. Nommez les trois choses que vous désirez le plus au monde, et nous vous les procurerons, si c’est en notre pouvoir…

— Eh bien… commença Han.

Ces sorcières ne lui disant rien qui vaille, il demandait à voir avant de les prendre au sérieux. Néanmoins, il se lança :

— Tout d’abord, je voudrais fiche le camp de cette planète. Ensuite, un chargement d’or et de gemmes ne me déplairait pas. Disons jusqu’à concurrence de ce qu’un rancor peut porter… Enfin, j’aimerais épouser Leia.

Augwynne ne parut pas surprise.

— La princesse nous avait prévenues que tels seraient vos souhaits. Notre clan est prêt à tout pour posséder Dathomir, mais Leia ne fera pas partie du marché. Il n’est pas en notre pouvoir de la contraindre à vous aimer. L’or et les gemmes vous seront remis demain. A l’instant même, trois sœurs s’occupent de retrouver votre vaisseau. Votre ami poilu et vous pourrez le réparer.

— Pas si vite ! s’insurgea Han, réalisant qu’il était en train de se faire avoir.

— Trop tard ! triompha Leia. Elle avait bien dit : si c’est en notre pouvoir.

Chewie grogna et Han ouvrit la bouche pour protester.

— Ne soyez pas déçu par le prix, général, l’apaisa Augwynne. Nous le payerons sans sourciller, même s’il risque de coûter des vies au clan. Gethzerion nous mettra sûrement des bâtons dans les roues. C’est la raison des tempêtes de Force qui font rage sur le désert. Tant pis. Après examen de votre proposition, il fut décidé de l’accepter.

Le passé simple répondit à toutes les questions du Corellien. A présent, il comprenait pourquoi Leia avait discouru autant de temps avec les sorcières, le matin même, tandis qu’il se débattait avec son whuffa. Un coup monté, voilà de quoi il était victime.

Augwynne était rudement futée. Sûr qu’il ne l’oublierait pas de sitôt.

— Et que ferez-vous quand vous posséderez la planète ? demanda-t-il.

— Nous louerons des terres aux colons, et nous engagerons des professeurs venus des étoiles. Puis nous rejoindrons la Nouvelle République, qui nous apprendra la démocratie.

Ça sentait la réponse préparée. Pendant qu’il se ridiculisait avec son ver, Leia avait dû faire un peu de propagande.

— Je vous prie de m’excuser, flûta C-3P0, mais je me demande comment vous allez faire pour nous restituer le vaisseau ?

— Nos sœurs ont des rancors avec elles. Ils le remorqueront jusqu’ici. Par magie, nous le transporterons dans la forteresse, où vous pourrez le réparer sans être vus. Est-ce un bon plan ?

— Probablement… lâcha Han.

Il n’aimait pas l’idée de revendre sa planète, mais, considérant la présence des Sœurs de la Nuit, ça ne pouvait pas être une si mauvaise affaire que ça.

— Gare à vous, maugréa-t-il, si vos satanés rancors abîment mon petit bijou !

Augwynne sourit ; décidément, Leia en avait trop dit…

— Le Faucon vous sera rendu demain, et en l’état. Sachez que vous en serez d’autant plus en danger. Gethzerion a appris que vous avez un vaisseau. Elle fera tout pour l’avoir.

— Si les Sœurs de la Nuit décident d’attaquer, demanda Leia, combien de temps leur faudra-t-il pour être prêtes ?

— Nos ennemies sont prudentes, répondit Augwynne. Se regrouper devrait leur prendre environ trois jours. Vous devrez être partis avant expiration de ce délai.

— Ou bien ?

— Ou bien ?

— Ou bien nous mourrons tous ! En cas d’attaque massive, notre clan sera submergé. Nous avons des alliés dans la montagne, mais ils sont trop loin pour arriver à temps. Trois jours, général, ou ce sera la fin !

Han regarda ses compagnons. Cette fois, il les avait mis dans une sacrée mélasse. En fait, détruire le Faucon eût été la meilleure solution. Ainsi, Gethzerion aurait perdu toute raison d’agir.

En contrepartie, les naufragés risquaient de finir leur vie sur Dathomir. Han pouvait se faire à cette idée (surtout avec Leia dans les parages et Isolder à l’autre bout de la galaxie), mais Chewie avait de la famille, et il n’était pas juste de lui demander pareil sacrifice.

Quant à C-3P0, sans huile ni pièces détachées, il serait « mort » avant un an.

Pour finir, il y avait Leia, qui ne partagerait sûrement pas son goût pour la solitude à deux…

Solo se massa le front.

J’ai bien brouillé ma piste, songea-t-il, mais quelqu’un se lancera un jour ou l’autre à notre poursuite…

Omogg se douterait de sa destination. N’étant pas idiote, la Drackmarienne vendrait sûrement l’information à des chasseurs de primes.

Connaissant Mon Mothma, la Nouvelle République offrirait sans doute une petite fortune pour la capture d’un général félon.

Donc, ils ne risquaient pas d’être coincés à jamais sur Dathomir.

— Cette idée ne m’enchante pas, marmonna-t-il, mais peut-être devrions-nous donner le Faucon à Gethzerion pour qu’elle nous fiche la paix.

— Pas question ! s’insurgea Augwynne. Si elle accède aux étoiles…

— Han, coupa Leia, Augwynne m’a appris pas mal de choses. L’Empereur lui-même avait peur des Sœurs de la Nuit. C’est lui qui ordonna le sabordage de la flotte locale, coinçant ses hommes sur la planète. Zsinj est aussi effrayé que lui. Les vaisseaux qui nous ont accueillis sont là pour empêcher que quelqu’un quitte Dathomir.

— Détruisons le Faucon, se résigna Solo. Elle n’aura plus de raison de nous chercher des noises.

— Général, notre loi la plus sacrée est de ne jamais céder aux forces du mal. Chaque concession est une défaite. Gethzerion a les mains libres depuis trop longtemps. L’heure est venue de la combattre. Pour nous, du moins. Vous, il faut que vous partiez. Sachez que je ferai tout pour vous aider !

Han sortit l’holocube de sa bourse.

— Prenez ça, grogna-t-il. C’est à vous.

Disant ces mots, il se demanda comment il avait jamais pu croire acheter l’amour de Leia.

— Non, objecta Augwynne, nous ne l’avons pas encore mérité.

— Gardez l’holocube en sécurité. Bientôt, il vous reviendra.

— J’espère… murmura la sorcière.

Han se tut, soucieux. Après les bombardements et la destruction de la frégate, où trouverait-il des pièces détachées ? Avec ce qu’il leur fallait, Chewie et lui auraient réparé le Faucon en quelques heures. Mais…

Les composants électroniques ne l’inquiétaient pas trop. A coup sûr, il trouverait son bonheur dans les épaves des bipodes écrabouillés par les rancors.

Mais le réfrigérant ? Celui des véhicules impériaux ne correspondait pas aux spécifications des moteurs d’hyperdrive.

La prison, peut-être, si elle était équipée d’un spatioport, si petit fût-il. Dans ce cas, il dégotterait sans doute un ordinateur de navigation.

— Demain matin, j’examinerai mon vaisseau pour déterminer ce qu’il me faut. Ensuite, nous devrons aller piller la prison. Augwynne, pourrez-vous nous fournir un guide ?

— Général, dit la sorcière, je crois qu’il est temps de vous reposer. Demain est un autre jour…

Han bâilla. Remarquant que Leia avait les yeux baissés, il crut qu’elle réfléchissait. Il réalisa vite qu’elle somnolait.

— Leia, souffla-t-il, viens au lit.

Il se leva et lui retira son casque, surpris de le trouver si léger.

Leia le regarda, rouge jusqu’aux oreilles.

— N’escompte pas que je vienne au lit avec toi, Han Solo ! s’indigna-t-elle.

— Bien sûr que non, ma chérie. Mais dormir te fera du bien.

— Ah…

— Vous êtes tous épuisés, renchérit Augwynne.

S’emparant d’un chandelier, elle guida Han, Leia, Chewie et C-3P0 dans une grande pièce pleine de lits.

Un dortoir, reconnut Han.

Augwynne sortit sur le balcon pour sonder la nuit.

Se retournant, elle déclara :

— Gethzerion est bien agitée, ce soir. Des Sœurs de la Nuit rôdent autour de la forteresse. Je doublerai la garde. Dormez en paix…

— Grand merci, noble dame, susurra C-3P0. (Elle sortit.) Eh bien, voilà ce que j’appelle de l’hospitalité. Je me demande s’ils ont de l’huile, ces braves gens…

Ils entreprirent d’inspecter la pièce.

Leia se débarrassa de son blaster et se glissa sous les couvertures. Chewie gagna un coin de la salle, s’adossa au mur, et se laissa glisser au sol, l’arbalète-laser sur les genoux.

Han choisit une couche proche d’une fenêtre.

Ses sinus étaient en feu.

Super ! pensa-t-il. Je gagne une planète au jeu, et voilà que j’y suis allergique !

Soudain, C-3P0 s’approcha de Leia.

— Princesse, demanda-t-il, que diriez-vous d’un peu de musique pour vous endormir ?

Il dansait d’un pied sur l’autre, visiblement ému.

— De la musique ? répéta la princesse.

— Une chanson que j’ai écrite, précisa C-3P0. Je crois que vous l’apprécierez.

A son ton, Leia comprit qu’il serait mortellement vexé si elle refusait.

Han eut pitié de sa bien-aimée. Il n’avait jamais entendu chanter le droïd, mais ça ne devait pas être fameux.

— Quelle gentille attention, C-3P0, mentit la princesse. Vu l’heure, un couplet suffira peut-être…

— Bien sûr ! La ballade s’intitule : Les Vertus du roi Solo.

De la musique jaillit dans l’air. Han en resta bouche bée. Le droïd pouvait imiter les voix (il l’avait fait jadis pour raconter des histoires aux Ewoks) mais jamais encore il n’avait émis de la musique.

Et il ne s’en sortait pas si mal…

Esquissant un pas de danse, le droïd entonna[1], d’une voix proche de celle de Jukas Alim, la star de la galaxie :

— Just’le proprio

D’un’jolie planète

C’est un gars costaud

Qu’a un’sacrée tête !

Les Wookiees l’adorent

Les femm’le vénèrent

Mais plus fort encore

Y fascin’les vers

 

Il a l’air d’un dur

Et mêm’d’un méchant

Mais je vous assure

Y a pas plus charmant…

(Un chœur soutint le refrain : trois voix féminines imitant à la perfection celle de Leia.)

Han Han Han Solo

On vous le confesse

C’est c’qui s’fait d’plus beau

Pour une princesse !

C-3P0 finit en sifflant quelques notes et s’inclina.

Leia le dévisagea, partagée entre la stupéfaction et l’horreur.

— Fichtre ! s’exclama Han. Mais c’est sacrément bon ! Combien de couplets as-tu, Bâton d’Or ?

— Une quinzaine, général. Mais je peux continuer à l’infini…

— Essaye, et tu es un droïd mort, gronda Leia.

Chewie approuva d’un ululement.

— Si vous le prenez comme ça… gémit le droïd, se désactivant pour la nuit.

Han s’étendit, un sourire sur les lèvres. Il adorait le refrain.

Brave Bâton d’Or, il se sera donné du mal…

Un ronflement lui apprit que Chewie s’était endormi.

— Han… souffla la princesse.

— Oui ?

— J’ai beaucoup aimé que tu leur rendes la planète.

— Oh, s’étrangla à demi le Corellien, ça n’était rien.

— Parfois, tu peux être un chic type.

Han se dressa sur un coude.

— Heu… Ça veut dire que tu m’aimes ?

— Non, le doucha la jeune femme. Juste que tu n’as pas que des défauts…

Solo sourit de plus belle.

Puis il ferma les yeux…

 

Quand Augwynne regagna la salle du Conseil, ses sœurs avaient formé un cercle. Elle y prit sa place, un peu gênée par la présence des hommes et des enfants qu’elle avait juré de protéger.

— Vous avez toutes entendu les étrangers. A présent, il nous faut songer à remplir notre part du marché.

La vieille Tannath prit la parole :

— Tout à l’heure, tu as parlé de la loi qui nous interdit de céder devant le mal. Ce sont des mots, rien que du vent ! Gethzerion est puissante parce que nous l’avons laissée faire. Au début, il eût été facile de l’arrêter.

— Tais-toi ! lui intima Augwynne. Les erreurs passées ne peuvent être réparées. Nous pensions qu’elle reviendrait dans le droit chemin…

— Elle a violé toutes nos lois, s’indigna Tannath. Nous aurions dû tuer les Sœurs de la Nuit quand elles n’étaient qu’une dizaine. Ou du moins prévenir les Impériaux lorsqu’elles leur ont offert leurs services. Admets-le, Augwynne, tu aimais trop Gethzerion et nous en avions trop peur…

— Tannath, ne parle pas ainsi devant les hommes et les enfants. Veux-tu les traumatiser ?

— Foutaises ! Seront-ils moins traumatisés par les attaques de Gethzerion ? Je demande que le Conseil fasse preuve de fermeté !

— Tout le monde est d’accord, Tannath. N’avons-nous pas décidé d’aider les étrangers ?

— Oui, mais sommes-nous prêtes à payer le prix de notre courage ? Gethzerion ne nous concédera pas la victoire. Elle voudra se venger.

Quand une sœur enlevait à un autre clan un esclave mâle pour en faire son compagnon, l’usage prescrivait à la propriétaire d’accepter sa défaite. Tannath connaissait bien Gethzerion. Elle n’était pas du genre à s’avouer vaincue.

Son bébé dans les bras, la jeune Shen leva la tête.

— Il faudra fuir ! déclara-t-elle. Mettons à l’abri les enfants et les vieux. Qu’on les envoie au-delà de la Rivière Folle. Nous les rejoindrons en cas d’attaque.

— Tu abandonnerais le Faucon à Gethzerion ? demanda Tannath.

— Pourquoi pas ? répondit une sœur. Si elle quitte la planète, nous serons débarrassées d’elle.

— Pour combien de temps ? demanda sœur Azbeth. Elle rêve de puissance et de gloire, mais elle n’oubliera pas que nous sommes ses ennemies. Elle reviendra, et nous n’aurons rien gagné.

— Pourtant la fuite… commença une des femmes.

— … Est la pire solution ! grinça Tannath. Dans la nature, nous serons sans défense. Préparons-nous à résister là où nous sommes fortes !

— Mes sœurs, dit une vieille femme, vous êtes en train d’évoquer la guerre…

— Y a-t-il une autre solution ? s’énerva Tannath.

— J’ai peur que ce soit une guerre impossible à gagner, murmura Augwynne.

— Si nous nous dérobons, le résultat sera le même ! affirma Tannath. Qui est avec moi ?

Un long silence suivit. A force d’être différée, la décision de lutter devenait de plus en plus difficile à prendre. Pourtant, il était temps…

— Moi ! dit Shen. Je suis avec toi…

— Moi aussi !

— Et moi !

Les dés étaient jetés…

 

Han s’éveilla au son lointain du tonnerre. Dans la cheminée, le feu était mort. Leia se tenait sur le balcon, le dos au paysage.

— Han, viens me rejoindre.

Sa voix était étrangement forte, mais pas déplaisante du tout.

Solo se leva.

— Qu’est-ce que tu fais dehors ? demanda-t-il.

— Tais-toi et viens !

Han se décida à contrecœur. Leia semblait reposée, et tout à fait détendue. Ça n’était pas coutumier… Etait-ce la lumière de l’aube qui faisait paraître ses pupilles si larges ?

Elle lui tendit la main. Sa paume était plus froide, moins douce que dans son souvenir.

— Viens ! Je ne te laisserai pas tomber…

Elle commença à chanter et l’esprit de Han s’embruma. Enjambant le parapet, elle fit un pas en avant et resta suspendue dans l’air.

Han aurait dû être surpris. Pourtant il ne s’étonna pas de la voir flotter. Il voulut la rejoindre, mais ses genoux se mirent à trembler.

— N’aie pas peur… La chute est moins vertigineuse qu’il y parait. Je ne te laisserai pas te faire mal.

Han se sentit mieux. Il fit un pas en avant.

Une fine silhouette vêtue de cuir noir s’interposa. Une vibrolame fendit l’air, touchant Leia au visage. Elle perdit l’équilibre en poussant un cri de douleur.

Solo se dégagea juste avant qu’elle l’entraîne dans l’abîme.

La silhouette le poussa assez violemment pour qu’il s’étale de tout son long. Sortant un blaster, elle ouvrit le feu, semant la panique parmi les femmes qui escaladaient la muraille comme d’improbables araignées.

Han les vit battre en retraite et se laisser tomber sur le sol. Des guerrières se montrèrent à d’autres balcons et tirèrent à leur tour.

Les Sœurs de la Nuit s’égaillèrent.

La femme qui avait sauvé Han tourna la tête vers lui.

— Je savais qu’elles viendraient pour toi… souffla-t-elle.

A la lueur déterminée de ses yeux, Han sut qu’il avait affaire à la véritable princesse Leia.

— … Et elles reviendront…