Le renégat.
Deux chevaux qui n’avaient jamais connu
Que le grain amer de la servitude
Qui, lorsqu’ils mâchaient, avaient toujours eu
Le fer en bouche parmi la paille rude,
Un jour, comme ils tiraient leur chariot,
Virent sur la plaine un zèbre sauvage,
Ne connaissant ni licou ni garrot.
L’un s’écria : « Dieu ! Nous vivons un âge
De miracle ! » « Mais non, répondit l’autre,
Cette vision est d’un frère inférieur
Réduit à cet état par quelque faute,
Son âme est chevaline à l’intérieur,
Mais la loi, de son empreinte sévère
L’a marqué de ce triste décorum. »
L’autre pensa une heure tout entière,
Puis dit : « Peut-être a-t-il volé un homme. »