PRÉFACE
Au hasard de ses collaborations pour différents journaux, à San Francisco, à Londres ou sur la côte Est1 , Ambrose Bierce rédigea des centaines de courts récits ou de petits contes, qu’il rassembla à la fin de sa vie sous le titre générique de Fables fantastiques. Quelques-uns de ces récits font directement allusion à des événements de l’époque et n’ont plus qu’un intérêt historique, mais la plus grande part, heureusement, reste d’actualité, car la satire sociale, politique ou religieuse trouve encore et de tout temps de nouvelles cibles, la nature humaine étant ce qu’elle est.
L’art de la fable est un art difficile, mais Bierce y était à l’aise ; il avait toujours affectionné ce type de récit, essentiellement voué à poser une situation et à ménager pour le lecteur la plus surprenante des chutes. Il s’y montre aussi en verve que dans le Dictionnaire du Diable. De nombreuses fables sont tout à fait remarquables, et certaines sont de purs joyaux.