CHAPITRE V

Malgré l’heure matinale, Wedge contacta Luke Skywalker, et nous fûmes invités dans ses appartements du Palais Impérial. Propriétaire d’un speeder, le général nous y conduisit par la voie des airs. Il pilota agressivement le long des gratte-ciel, fendant sans vergogne la circulation déjà dense.

Pendant qu’il pilotait, je jetai un coup d’œil à Wedge, qui avait l’air positivement ravi.

— L’escadron vous manque, on dirait.

Il me fit un clin d’œil.

— Voler me manque, mais composer continuellement avec les combattants et leurs egos commençait à me peser !

— Comme je vous comprends ! à présent, vous voilà occupé à composer avec les politiciens et leurs egos ! Vous vous attaquez à de gros morceaux !

— Vous avez raison… Bien plus que je ne le voudrais, mon ami…

À l’approche du palais, nous nous tûmes. Avec sa débauche de tours et de spires, on aurait dit un monument édifié à la gloire du pouvoir. Ce bâtiment était un authentique chef-d’œuvre d’architecture.

Le gouvernement de la Nouvelle République avait tenté de le rebaptiser. Les campagnes visant à le nommer « Maison de la République » ou simplement « Capitole » s’étaient succédé au fil des ans. En vain. Rien ne semblait approprié à part… « Palais Impérial ». Les autres noms n’avaient convaincu personne.

Wedge communiqua les codes d’atterrissage au contrôle, se posa puis me guida le long d’un dédale de couloirs jusqu’aux quartiers du Maître Jedi. Livré à moi-même, je me serais vite égaré dans ce labyrinthe. J’avais à peine conscience de traverser une tour, de descendre ou de monter, et je n’aurais pas pu évaluer les distances. En partie parce que les couleurs vives me désorientaient. L’écarlate Impérial prédominait, avec de l’or, de l’argent, du bleu et du vert pour le mettre en valeur.

Nous longeâmes des couloirs où des chefs-d’œuvre originaires de toute la galaxie étaient exposés dans des alcôves. Ces îlots de beauté sobre ressemblèrent vite pour moi à des oasis dans un désert.

Pourtant, ce n’était pas ma première visite ici… L’étrangeté de ma réaction me frappa. Avais-je déjà été dans cette tour ? Mais pourquoi utiliser des couleurs et des matériaux aussi agressifs ? L’Empereur avait-il vampirisé son entourage au point que celui-ci ait eu besoin de cet environnement criard ?

Depuis mes précédentes visites, le palais n’avait guère changé. Mais j’y étais toujours venu avec ma femme. Le goût de Mirax pour l’art, sa connaissance des pièces exposées, de leur style, de leurs origines probables et même de leur valeur marchande m’avaient fasciné. Grâce à Mirax, j’avais pu faire abstraction de tout ce qui m’irritait. Sans sa présence apaisante, ces bouffonneries m’agressaient.

Les appartements de maître Skywalker me sauvèrent. La porte s’ouvrit à notre approche et Wedge n’hésita pas à avancer dans la pénombre. Les lumières tamisées me firent soupirer de soulagement. Si les pièces conservaient leur facture Impériale, il n’y avait plus de meubles pour encombrer les coins, de sièges moelleux ni de tentures tapageuses. Les étagères encastrées dans les murs supportaient uniquement des datacartes et quelques souvenirs – un bâton gaffi, un casque de pilote d’aile-X plus deux ou trois artefacts que je me rappelais avoir vus dans le mausolée Jedi de l’Empereur…

Ce décor Spartiate me rappela l’appartement où Mirax et moi avions trouvé refuge. Cette sobriété était garante d’une certaine sensation de paix. Ici, le temps paraissait suspendre son vol. Pour la première fois depuis la disparition de ma femme, je n’eus plus l’impression qu’une tempête de sable soufflait dans ma cervelle…

Debout dans la petite cuisine, Luke nous sourit.

— Wedge, content de vous revoir ! Et vous aussi, capitaine Horn. Puis-je vous offrir quelque chose à boire ?

— Du café, si vous en avez. (De la main droite, le général étouffa un bâillement.) Il fait assez sombre ici pour m’inciter à m’écrouler de fatigue !

— Du café, entendu.

Au fond des prunelles bleues du Maître Jedi, je vis danser une énergie farouche. Lors de notre précédente rencontre, j’avais senti en lui beaucoup de puissance. Après ses contacts avec l’Empereur Ressuscité, son pouvoir avait encore augmenté. Sur le plan physique, cependant, il paraissait un rien émoussé, le coin des yeux tiré par de nouvelles ridules. Pourtant, je savais que nous avions à peu près le même âge. Mais question expérience. Luke me laissait loin derrière.

— Et vous, capitaine ? J’ai gardé pour Yan un peu de bière bleue de Gizer et je vais me faire du chocolat chaud.

J’hésitai puis secouai la tête.

— Il est un peu tôt pour boire, et j’ignore si j’arriverais à arrêter si je commence…

— Votre trouble est palpable. (Luke désigna les sièges et la table basse disposés en face de la cuisine.) Si vous m’exposiez le problème ?

Je pris un siège, Wedge s’installant à ma droite et Luke en face de nous. Les coudes calés sur les cuisses, j’inspirai à fond puis exhalai lentement.

— Ma femme a disparu. Elle était en mission pour le général Cracken. Objectif, découvrir le repaire du Scélérat et mettre Leonia Tavira hors d’état de nuire, (Hésitant, je me mordillai la lèvre inférieure.) Tout ça est ma faute, je l’avoue… Une fois les Scélérats éliminés, j’avais promis à Mirax que nous prendrions une décision sur notre descendance. Si je n’avais pas mis cette condition à son désir de maternité, elle ne se serait pas adressée à Cracken. Et on ne l’aurait pas enlevée.

Luke posa une main compatissante sur mon bras gauche.

— Calmez-vous… Vos présupposés ne sont pas valides.

— Que voulez-vous dire ?

— Vous revendiquez la responsabilité des actes de Mirax – alors qu’elle n’est en rien la vôtre. (Luke parlait à mi-voix, me forçant à tendre l’oreille pour mieux assimiler ses arguments.) Elle a pu vouloir s’opposer aux raids des pirates pour beaucoup de raisons. D’évidence, elle entendait contribuer à résoudre la crise. Vous supposez que votre comportement l’a poussée à agir ainsi. En réalité, elle désirait assurer la sécurité de vos amis et la vôtre.

Wedge acquiesça.

— Corran, l’analyse de Luke, c’est du Mirax tout craché !

— Vous avez raison… Ça ne veut pas dire que je ne suis pas à blâmer…

Luke serra plus fort mon bras.

— Votre sentiment de culpabilité est naturel, mais il ne faut pas qu’il vous paralyse. Une chose m’intrigue… Vous venez de dire que Mirax, sans vous, « n’aurait pas été enlevée ». Comment, savez-vous qu’elle l’a été ?

— Je l’ignore, et pourtant… je le sais ! Je m’étais endormi en attendant qu’elle rentre quand je l’ai entendue m’appeler… Puis elle a poussé un cri horrible. (Rouvrant les yeux, je les plongeai dans ceux du Jedi.) J’ai senti un grand vide. Elle n’était pas morte… plutôt coupée de moi. Puis j’ai commencé à oublier des détails sur elle et sur notre vie commune. Dans notre chambre, je pouvais identifier les objets ou les vêtements qu’elle avait utilisés, mais sans la moindre résonance émotionnelle ! Une dissolution de la mémoire !

Se redressant, Luke sirota son chocolat. Puis son visage se ferma.

— Très curieux.

— Quoi donc ?

— Cet effacement des souvenirs… J’aimerais tenter quelque chose… avec votre accord.

Je jetai un coup d’œil à Wedge, qui m’encouragea d’un signe de tête.

— Que dois-je faire ?

— Ouvrez-moi simplement votre esprit. J’aimerais le sonder. Vous sentirez une légère pression. Comme un « chatouillis », peut-être.

— Entendu.

Il prit une grande inspiration et la relâcha. Un sentiment de paix m’envahit. Alors que le Jedi baissait les paupières, je fis de mon mieux pour me détendre. Une présence douce et ferme s’imposa lentement à ma conscience. À un moment, la tension menaça de devenir douloureuse, mais elle s’évapora avant.

Luke se radossa à son siège.

Je l’interrogeai du regard.

— Alors ?

Il eut un sourire de gamin.

— Très intéressant. Tentiez-vous de me résister ?

Je secouai la tête.

— Non. Il y a eu un problème ?

— On peut dire ça… J’ai pu glaner quelques impressions superficielles, mais vous étiez tellement replié sur vous-même. Tentons une autre approche… Wedge, j’aimerais que vous parliez. De tout et de rien, peu importe. Des choses simples. Une plaisanterie, peut-être. Corran, concentrez-vous sur sa voix et sur les sentiments qu’elle éveille chez vous. Je ferai de même, ce qui devrait amener nos esprits à suivre des cheminements relativement parallèles. Et nous procurer une ouverture.

Je haussai les épaules.

— Ça vaut la peine d’essayer…

Nous nous tournâmes tous deux vers Wedge.

— Je ne suis pas un champion en plaisanteries.

Luke hocha la tête.

— Le son de votre voix sera notre focale. Nous faire rire n’est pas le but.

— Bon. C’est l’histoire d’un Bothan qui entre dans un tapcaf avec un gornt sous le bras…

Yeux clos, je me concentrai sur sa voix, me remémorant les nombreuses occasions où il m’avait prodigué ses conseils ou félicité, tous les dangers que nous avions bravés ensemble et les bons moments passés en compagnie l’un de l’autre. Je m’émerveillais de notre propension à réussir dans des situations catastrophiques, à remporter la victoire à un contre cent alors que même un Corellien n’aurait pas parié son cure-dent. Je repensais à tous ceux à qui nous étions venus en aide, aux vies sauvées et aux vies perdues. Celles de nos frères d’armes, au cours des combats…

Pendant ce temps, j’eus à peine conscience de la présence de Luke dans mon esprit. Au lieu de recourir à une approche frontale, comme la première fois, il laissa sa sonde suivre la direction de mes pensées. Mes défenses mentales, traversées en douceur, n’identifièrent pas vraiment cette présence étrangère. Quand Luke rencontra un souvenir où Mirax figurait aux côtés de Wedge, il s’en détourna vivement.

J’eus l’impression qu’un rancor venait de me mordre la cervelle…

Je dus perdre connaissance quelques secondes… Quand je me réveillais, je vis que Wedge était penché sur moi. Refoulant mes larmes, je découvris que j’étais sur le dos, ma chaise renversée.

J’agrippai si fort les accoudoirs que j’en eus mal aux phalanges et entendis le fiberplast craquer et se rompre. Mes poumons brûlaient. J’en oubliais de respirer.

Wedge s’agenouilla près de moi.

— Ça va, Corran ? Luke, comment ça se passe ?

— Je vais mieux que lui…

Le Jedi apparut près de moi, face au général, et posa la main gauche sur mon épaule. Mon corps se détendit aussitôt.

— Doucement, Corran… C’était dur. Je suis navré.

Je portai une main à ma bouche et y découvris un peu de sang. J’avais dû me mordre les lèvres. Et je me félicitais de n’avoir rien bu, vu l’état de mon estomac.

— Ce n’était pas… ce que vous attendiez ?

— Pas du tout.

Luke et Wedge m’aidèrent à me relever. D’un geste, le Jedi glissa un autre siège sous moi et je me rassis.

— Navré pour votre chaise…

— Ce n’est pas un problème.

— Qu’est-il arrivé ? demanda Wedge. Mon histoire drôle n’était tout de même pas si atroce !

Luke eut un petit rire poli et je souris.

— Non, Wedge. Même Corran en convient. J’ai réussi à percer ses défenses mentales et à utiliser un de ses souvenirs de Mirax. Ce faisant, j’ai ravivé chez notre ami une plaie à vif.

— Et sous le choc, j’ai réussi à vous expulser…

— Avec une grande force ! (Luke redressa sa chaise et se rassit.) Je crois détenir un indice sur votre neutralité émotionnelle à propos de Mirax.

— J’écoute…

— Une sorte de court-circuit mental… Le traumatisme que vous a valu son cri d’angoisse, suivi de sa disparition a effacé vos émotions. Votre esprit a automatiquement fermé certaines voies d’accès, afin d’éviter tout nouveau choc de cette nature. (Le Jedi haussa les épaules.) Vos défenses sont très fortes. Vous vous êtes barricadé contre vos émotions. Du coup, vous êtes devenu très difficile à atteindre.

— Ce n’est pas permanent ?

— Je ne pense pas… L’esprit peut se révéler très robuste.

— M’aiderez-vous à retrouver ma femme ?

— J’aimerais beaucoup… D’abord, il faut déterminer la cause de sa disparition.

— Elle a voulu en savoir plus sur les Scélérats, dit Wedge.

— C’est la base du problème, oui, mais pourquoi la capturer ? Pourquoi ne l’a-t-on pas exécutée sur-le-champ ? Parfois, par-delà de grandes distances, j’ai senti que des amis étaient en danger. Le plus horrible, ce fut quand Dark Vador tortura Yan, Leia et Chewbacca, prisonniers sur Bespin. Il voulait m’attirer à lui pour me faire basculer du Côté Obscur de la Force.

— Mais il savait que vous aviez déjà reçu un entraînement de Jedi. Et il supposait que vous seriez sensible à ce genre d’appât. (Je me désignai du pouce.) Dans mon cas, hors de l’escadron, presque personne n’est au courant de mon héritage Jedi. De plus, je n’ai eu aucune formation. En réalité, quasiment rien ne me lie aux Jedi.

Luke hocha la tête.

— Alors qu’est-ce qui relie Mirax à eux ?

Mon cœur eut soudain des ratés.

— Par l’engeance maudite de la Sith ! Elle a mon médaillon de Jedi ! Je le lui ai donné pour nos fiançailles… Quand elle part en voyage, elle le garde en sautoir, en guise de porte-bonheur.

— Ça pourrait tout expliquer… D’après ce que j’ai appris des traditions Jedi corelliennes, quand un Chevalier devenait un Maître, il faisait frapper de la monnaie. Sa famille, ses amis, son propre maître et ses étudiants recevaient des pièces commémoratives. Quelqu’un aura vu ce médaillon au cou de votre femme et aura réagi en conséquence.

— Mais pourquoi ? (À mes yeux, ça n’avait aucun sens…) Vous venez de dire que Vador avait torturé vos amis pour vous attirer dans son piège. Moi, je ne peux pas retrouver Mirax. Comment pourrais-je tomber dans un traquenard ?

Wedge secoua la tête.

— Un avertissement, qui sait ? On veut vous dissuader de tenter quelque chose…

— Oui, mais quoi ?

Luke leva une main.

— Nous n’en savons rien. Inutile de se perdre en conjectures ! L’exemple de Bespin risque de nous entraîner sur une mauvaise piste. Il pourrait s’agir d’une simple demande de rançon, un pirate ayant malheureusement reconnu Mirax. Votre femme et vous êtes des héros de la Rébellion. Les ravisseurs ignorent peut-être même que vous avez eu l’intuition de son enlèvement.

— Dans ce cas, nous avons l’avantage. Avec votre aide, nous retrouverons Mirax et nous réglerons cette crise avant que les choses ne s’aggravent.

— Je veux bien, mais il y a un problème.

— Lequel ?

— Je n’ai pas vos rapports avec Mirax… La brutalité avec laquelle votre lien fut coupé m’amène à penser qu’elle est plongée dans une stase. Je demanderai à Leia ce qu’elle a ressenti quand Yan fut congelé dans de la carbonite. Je sais qu’elle a affreusement souffert. Votre expérience doit être analogue.

Je serrai les bras autour de mon torse. Mirax, congelée dans de la carbonite et coincée dans un tube d’hibernation… L’éventualité me terrifiait.

— Nous n’avons aucun moyen de la repérer ?

— Pas pour l’instant et pas à cette distance.

— Alors… Elle est perdue…

— Je n’ai pas dit ça ! (Luke posa sa tasse sur la table). Je pense que vous la retrouverez. La Force vous le permettra, même si Mirax est en hibernation. Ses fonctions vitales ont pu être ralenties au point d’en devenir quasi indétectables, mais à travers la Force, vous y arriverez.

— Je dois la retrouver maintenant !

— Non… Pour l’heure, vous devez apprendre comment la détecter. (Se levant, Luke se campa derrière sa chaise.) J’ai beaucoup réfléchi sur les derniers événements. Leia, les enfants et moi ne pouvons pas assumer toutes les responsabilités qui nous incombent. Au fil des générations où les Jedi ont assuré la paix dans la galaxie, ils étaient nombreux. Des centaines, voire des milliers. Malgré tous les efforts que l’Empereur déploya pour les éliminer, il existe encore des gens sensibles à la Force. Exactement comme vous, Mara Jade ou moi. Il faut former plus de Jedi pour mieux partager les responsabilités.

Je vous avais demandé de suivre un entraînement à mes côtés. À l’époque, de bonnes raisons vous ont incité à refuser. Les événements survenus depuis ne m’ont pas permis de restaurer notre Ordre, mais l’heure est venue. Dans deux ou trois jours, je demanderai au Sénat son aval pour fonder une Académie Jedi. Sachez que j’ai déjà repéré beaucoup de candidats potentiels. Avec une dizaine de postulants, j’aurai de bonnes bases. J’aimerais que vous soyez de l’aventure.

— Comment voulez-vous que j’aie l’esprit à ça ?

— Réfléchissez une seconde, Corran, dit Wedge. Si son enlèvement est un message pour vous – du genre que seul un Jedi peut déchiffrer –, ses ravisseurs s’estiment certainement de taille à affronter les Jedi. Si vous ne suivez pas une formation dans les meilleurs délais, quelles seront vos chances de sauver Mirax ?

— Wedge a raison, approuva Luke. Et à supposer que vos liens naturels avec la Force vous aient vraiment donné une longueur d’avance sur les kidnappeurs, un entraînement renforcera cet atout. Vous mettrez toutes les chances de votre côté.

Une logique imparable. Mais me lancer dans cette aventure alors que mon épouse était en stase…

— Je ne sais pas…

Le Jedi sourit.

— Une réponse honnête. Je n’en attendais pas moins…

Il y a deux éléments à considérer, Corran. D’abord, quand Vador a torturé mes amis, c’était pour m’attirer à lui et me priver des bienfaits de mon entraînement. En quittant prématurément mon maître, j’ai commis la plus grave erreur de ma carrière. Ça m’a coûté la main droite, à défaut de la vie, et ça aurait pu gravement compromettre la victoire de la Rébellion. Face à un défi analogue, vous avez la possibilité de ne pas commettre la même faute que moi. J’espère que vous saurez saisir votre chance.

Sa sincérité me toucha.

— Et le second élément ?

— La tradition Jedi corellienne est très forte. Jadis, beaucoup de Jedi corelliens se sont distingués par leur sens du devoir. Ils avaient tendance à ne pas s’aventurer hors de Corellia – où ils avaient déjà beaucoup à faire. Mais leur sagesse et leur courage avaient un grand impact sur la population. Vous êtes l’héritier de cette tradition et j’espère la restaurer. En ralliant l’Académie, vous sauverez Mirax, et vous aiderez les autres aspirants à développer leur contrôle de la Force.

— Je comprends, maître Skywalker. Mais des problèmes se posent. (Je haussai les épaules.) Sans avoir l’aura de Yan Solo ou la vôtre, je ne suis pas un inconnu dans la Nouvelle République. Si les ravisseurs de ma femme apprenaient que je me suis inscrit à votre Académie, ils se hâteraient de se débarrasser d’elle.

— Et son passé de héros de la Rébellion aurait tendance à distraire les autres étudiants, renchérit Wedge.

— Exact… Mais ce n’est pas un problème insurmontable. (Luke sourit.) Teignez vos cheveux, laissez pousser votre barbe et vous aurez déjà une autre allure. Du temps de la CorSec, vous avez plus d’une fois rempli des missions sous couverture.

— Mais pas sous le nom de Corran Horn.

— Non puisque vous changiez d’identité. (Luke hocha la tête.) Au cours de mes recherches sur les Jedi de Corellia, j’ai remarqué un nom… Sans doute un de vos ancêtres. Vous pourriez même avoir été baptisé en son honneur : Keiran Halcyon. Vous pourrez reprendre ce patronyme, assez proche du vôtre pour ne pas vous gêner. Ce sera parfait, comme identité d’emprunt.

Keiran Halcyon…

— Ça pourrait marcher… Je dois réfléchir.

Le Maître Jedi me tapota l’épaule.

— Ce sera un tournant décisif de votre vie. Rentrez chez vous. Accordez-vous le temps de la réflexion… Pensez à vous réapproprier l’héritage dont l’Empire a prétendu vous spolier. C’est une occasion de prendre votre revanche et de devenir plus fort. Si vous désirez réellement que votre femme et vos enfants vivent dans une galaxie accueillante, vous apprendrez à devenir un Jedi. Il n’y a pas d’autre voie…