CHAPITRE PREMIER
Aucun de nous n’aimait tendre une embuscade, parce que rien ne prouvait que nous ne serions pas victimes d’une désintégration surprise. Jusque-là, les Scélérats – les pirates alliés à l’ancien destroyer de classe Impériale Scélérat –, échappaient à tous les efforts de la Nouvelle République pour les contraindre au combat. Ils semblaient connaître par avance notre position, notre heure d’arrivée et la nature de notre armement, et planifiaient leurs raids en conséquence. Du coup, nous passions le plus clair de notre temps à recenser leurs méfaits, et ces salopards faisaient de leur mieux pour nous donner sans arrêt du boulot.
L’Escadron Rogue s’était planqué au milieu des plus gros astéroïdes du système K’vath. Un choix stratégique qui nous rapprochait beaucoup de la lune primaire de K’vath 5, Alakatha. Les moteurs au ralenti, nous avions basculé les capteurs en mode passif histoire d’éviter une détection par nos proies. D’après notre ordre de mission, les Renseignements de la Nouvelle République avaient appris qu’une partie de la flotte pirate de Leonia Tavira s’attaquerait à un luxueux navire de ligne en partance d’une station balnéaire, sur le continent nord d’Alakatha. Trois ans plus tôt, avant que Thrawn ne mette la Nouvelle République sens dessus dessous, Mirax et moi y avions passé notre lune de miel…
Je gardais de tendres souvenirs de l’endroit, me rappelant très bien les rivières de diamants qui scintillaient sur les plus belles gorges de l’élite de la Nouvelle République ou les bracelets en métal précieux que les privilégiés arboraient aux poignets.
Je jetai un coup d’œil au chronomètre de mon aile-X.
— Le Glitterstar est toujours dans les temps ?
Derrière mon cockpit, Whistler bipa avec un rien de dérision.
— Oui, je sais, je t’ai demandé de m’avertir au moindre changement… Et non, je ne pense pas que ça ait échappé à tes circuits. (M’obligeant à désengourdir mes mains gantées, je fis quelques rotations de poignets.) Je suis simplement anxieux.
Whistler bipa d’indignation.
— Ce n’est pas parce que la patience est une vertu que l’impatience est forcément un vice !
Je soupirai… et transformai ce soupir en un exercice Jedi de respiration que Luke Skywalker m’avait appris à l’époque où il tentait de me recruter. Inhalant par le nez le temps de compter de un à quatre, je retins mon souffle jusqu’à sept avant d’exhaler pendant huit secondes. À chaque inspiration, j’évacuai un peu plus la tension. Je recherchai la clarté d’esprit nécessaire à la bataille qui se préparait – à supposer que les pirates se montrent –, mais la lucidité m’échappait autant que les Scélérats…
Les événements continuaient de se précipiter. Mirax et moi nous étions mariés très vite. Si je n’avais aucun regret, le sort s’ingéniait à rendre notre vie de couple particulièrement ardue. Le grand amiral Thrawn et ses crétineries avaient gâché notre premier anniversaire de mariage. Sauver Jan Dodonna et tous ceux qui avaient été prisonniers, comme moi, à bord du Lusankya, m’avait éloigné de ma femme au moment de notre deuxième anniversaire. Puis, lors de l’attaque de l’Empereur Ressuscité contre Coruscant, un destroyer s’était écrasé sur notre maison.
Heureusement, nous n’étions pas chez nous, ce qui arrivait hélas trop souvent…
Être désigné pour traquer les Scélérats avait un seul bon côté : leur chef, l’ancienne Moff Leonia Tavira, semblait apprécier les vacances. Quand son Scélérat disparaissait, entre deux raids, nous bénéficions d’une semaine de détente avant de nous soucier d’une nouvelle attaque. Mirax et moi faisions le meilleur usage de ces plages de liberté, reconstruisant notre foyer et notre relation amoureuse. Mais cela entraîna des conséquences incroyablement dérangeantes – de mon point de vue.
Dérangeantes à la manière de Thrawn, si on voit ce que je veux dire…
Mirax décida qu’elle voulait des enfants.
Je n’ai rien contre les bambins, tant qu’ils retournent chez leurs parents à la fin de la journée. Le dire en ces termes à ma femme ne fut pas la meilleure idée de mon existence… mais une des plus catastrophiques. La douleur et le chagrin que je lus dans ses yeux me hantèrent longtemps. Au fond, je savais que je ne la dissuaderais pas. Et le voulais-je vraiment ?
Mais je m’entêtai, recourant à tout l’arsenal de l’argumentaire standard.
« C’est une mauvaise période avec tout ce qui se passe dans la galaxie » fut vite écarté. Nos parents avaient été placés dans une situation analogue et nous nous en étions très bien tirés. Les « incertitudes de mon job » furent balayées par l’étude de mon assurance-vie et de nos comptes – les vrais, ceux de l’entreprise d’import/export de Mirax. Ma femme souligna qu’elle pourrait aisément faire bouillir la marmite pour trois ou quatre personnes sans que j’aie à lever le petit doigt – sinon pour m’occuper des enfants. D’ailleurs, ajouta-t-elle, porter un bébé pendant neuf mois équivalait à 3,11 années de baby-sitting – en comptant des semaines de quarante heures ! – et j’aurais donc un sacré retard en la matière.
Elle déclara surtout que je ferais un père formidable. Mon géniteur avait bien travaillé avec moi. Ayant tout appris de lui sur l’art d’être un bon papa, je serais forcément merveilleux avec les gosses. Fine mouche, Mirax jouait sur du velours en invoquant l’amour et le respect que je vouais à l’auteur de mes jours. Ne pas procréer reviendrait à insulter sa mémoire.
Un argument qui ébranla mes défenses, ainsi qu’elle l’avait escompté.
Rétrospectivement, j’aurais dû baisser pavillon et nous épargner beaucoup de peine et de ressentiment à tous les deux. Mirax gagne sa vie – superbement bien – à convaincre sa clientèle que des cochonneries dont personne ne voudrait sont absolument vitales !
M’attaquant d’abord sur le front financier et logique du problème, elle trompa ma garde pour passer au niveau purement émotionnel. De fines spéculations sur le genre d’enfants que nos génotypes produiraient m’incitèrent à me lancer dans des investigations virtuelles. La déformation professionnelle d’un policier : mon entraînement m’obligeait à ne jamais laisser tomber une enquête avant de tenir la réponse.
Ou en l’occurrence, un enfant dans mes bras…
Mirax se débrouilla aussi pour activer les moniteurs de l’HoloNet chaque fois qu’il était question des jumeaux de Leia Organa Solo. Des gosses de trois ans affreusement mignons qui incarnaient le baby-boom dû à la création de la Nouvelle République. Je le savais, Mirax n’était pas en mal de maternité par jalousie ou pour rester dans le coup. Mais elle souligna qu’elle avait l’âge de Leia, le moment idéal de penser à assurer sa descendance.
Et les frimousses craquantes de Jacen et Jaina avaient l’art d’émouvoir… Les médias de la Nouvelle République, qui évitaient de montrer les jumeaux en train de baver, soulignaient au contraire tout ce qu’il y avait d’attirant chez eux. J’en arrivai à m’imaginer en train de bercer un bébé assoupi. Étrangement, je cessai vite de voir ça comme un cauchemar…
Conscient d’être foutu, je voulus gagner du temps. Mirax refusa catégoriquement de planifier les naissances – surtout parce que je raisonnais en années. Je recourus alors au conditionnel. Une fois les Scélérats hors d’état de nuire, nous arrêterions une décision. Elle le prit mieux que prévu, ce qui me donna des sueurs froides.
Bref, je me sentis coupable.
Une de ses nouvelles tactiques ?
Mais à ses yeux, la culpabilité était un banal marteau. Et elle maniait surtout la vibrolame.
— Whistler, rappelle-le-moi quand nous serons de retour : Mirax et moi devons nous décider au sujet des bébés. Maintenant, pas plus tard. Tavira ne me dictera pas ma vie…
Les bips joyeux de Whistler se transformèrent en ululements inquiets.
Alarmé, je jetai un coup d’œil à mon écran principal. Le Glitterstar avait quitté Alakatha et un autre vaisseau était apparu dans le système. Whistler l’identifia : un croiseur modifié, le Boucanier. À l’inverse du navire commercial aux lignes épurées, le croiseur était hérissé de protubérances aux allures de verrues. Des chasseurs qui s’en détachèrent promptement pour fondre sur le vaisseau de ligne.
J’appuyai sur la touche de mon unité com.
— Rogue Leader, le Vol Trois a un contact. Un croiseur et dix-huit Affreux foncent sur le Glitterstar.
Calme et raisonnable, la voix de Tycho monta de mon unité com.
— Bien reçu, Neuf. Attaquez les Affreux avec deux vols. Le Vol Un se chargera du croiseur.
Je passai sur le canal tactique du Vol Trois.
— Rogues, morts aux Affreux !
Je démarrai les moteurs puis basculai la puissance sur les répulseurs. Mon aile-X pointa le nez vers le vaisseau de ligne. Celle d’Ooryl tourna en hauteur sur ma gauche et mes deux autres pilotes, Vurrulf et Ghufran, arrivèrent sur ma droite.
Je poussai la puissance au maximum.
Un sourire éclaira mon visage. Toute créature saine d’esprit jugerait stupide et suicidaire de foncer dans la mêlée à bord d’un chasseur stellaire. Mais peu d’expériences peuvent se rapprocher d’une bataille – dans l’espace ou ailleurs. Le seul moment où la civilisation exige que nous lâchions la bride à notre nature animale pour la retourner contre des proies très dangereuses.
Faute d’être physiquement et mentalement à mon maximum, je risquais de mourir, entraînant peut-être mes camarades à leur perte.
Et je n’avais aucune intention d’avaler mon acte de naissance !
J’activai les lance-torpilles. Puis je sélectionnai une première cible et verrouillai le réticule.
Whistler bipa quand la visée passa au rouge.
J’écrasai la détente et lâchai ma première torpille à protons. Elle déchira l’espace, vite suivie par ses petites sœurs.
Dans ce genre de situation, contre d’autres chasseurs, certains pilotes désapprouvent l’emploi des torpilles à protons. Au sein de l’Escadron Rogue, cette tactique a toujours été tenue pour un bon moyen d’augmenter un peu les statistiques en notre faveur. Considérant nos chances d’en sortir vivants, ce n’était pas du luxe.
Les Scélérats utilisaient un appareil « customisé » appelé Tri-chasseur. Le cockpit « boule » et les moteurs à ions du chasseur TIE standard du système Seinar – un produit qui, après l’hydrogène et la stupidité, était le plus courant de la galaxie – associés à un trois lames angulaires disposées à 120 degrés d’écart. Les deux du bas servaient de train d’atterrissage, la troisième se dressant au sommet du cockpit. Les lasers jumelés du TIE étaient montés sous le cockpit, flanquant le canon à ions. Enfin, ces vaisseaux avaient des boucliers, contrairement aux TIE standards. Du coup, ils remportaient plus de victoires que les Mirettes impériales. Et les verrières latérales offraient au pilote une meilleure visibilité. Les trois lames semblant agripper le cockpit, on avait baptisé « Griffes » ces appareils.
Les boucliers et la visibilité supplémentaire n’aidèrent pas la Griffe que j’avais en ligne de mire. Ma torpille à protons s’engouffra dans la tuyère gauche et termina sa course dans le cockpit avant d’exploser. Le TIE disparut dans une boule de feu. Non loin de là, trois autres Griffes explosèrent. Puis trois se désintégrèrent à tribord, à l’instant où nos deux Vols arrivaient.
— Choisissez vos cibles avec soin, Vol Trois. Ooryl, à nous la paire d’ennemis à bâbord.
— Dix, bien reçu, Neuf.
Je redressai mon aile-X et tirai vers moi le manche à balai. Toute la puissance basculée sur les moteurs, je décrivis un cercle plus serré et virai à droite au moment où les pirates dévissaient. Quand je passai des torpilles aux lasers jumelés, un rectangle de visée jaune encadra aussitôt le chasseur ennemi de tête. Je réactivai l’armement et poussai le bouton de mon unité com.
— J’ai le chef dans ma ligne de mire…
Accusant réception, Ooryl me transmit un double clic sur son unité com.
Je tirai dès que mon rectangle de visée vira au vert. Deux rayons rouges firent mouche. Le premier grilla les circuits des boucliers ennemis. Telle une comète, la Griffe lâcha dans son sillage des gerbes d’étincelles. Mon second rayon transperça le cockpit. Un rien excentré, le point d’impact n’en fut pas moins efficace.
La Griffe tomba en vrille et disparut de ma vue.
Ooryl vira à bâbord au moment où l’autre Griffe volait en éclats. Je fis décrire une boucle à mon aile-X pour revenir sur ses arrières à l’instant où il ouvrait le feu. Les deux premiers tirs du Gand firent sauter les boucliers et roussirent la coque du TIE. Les deux suivants perforèrent les moteurs.
Le Tri-chasseur partit en vrille vers la ceinture d’astéroïdes.
À travers la moitié supérieure de la verrière du cockpit, je voyais la boule vert et blanc d’Alakatha, et le Glitterstar. À tribord le Boucanier paraissait embusqué dans l’espace tel un insecte nuisible. D’une tourelle, ses turbolasers crachèrent le feu sur une formation d’ailes-X, mais ces tirs ne mirent pas vraiment les chasseurs en danger. Le colonel Celchu, Hobbie, Wes Janson et Gavin Darklighter savaient comment s’y prendre avec ce genre d’adversaire. Tant que nous donnerions du fil à retordre aux chasseurs, le Boucanier n’aurait aucune chance.
Tycho et Hobbie passèrent à l’attaque. Après une série de tonneaux, chacun lâcha une torpille à protons sur les boucliers arrière de leur cible. Surgissant en sens inverse, Gavin et Wes martelèrent le vaisseau de salves de rayons laser. Ceux de Gavin pulvérisèrent la tourelle ventrale du croiseur et les tirs de Janson touchèrent ses réacteurs arrière. Le Boucanier était fait comme un rat. Mais il faudrait encore deux ou trois assauts avant que son équipage ne le comprenne et se rende.
Je suivis Ooryl en arrière, vers les combats qui avaient dégénéré en poursuite. Perdre sept vaisseaux avant même de repérer leurs ennemis avait décontenancé les pirates et égalisé les chances. Si les Griffes étaient plus maniables que les ailes-X – pas beaucoup, mais ça suffisait à compliquer la donne –, elles ne pouvaient pas nous battre de vitesse ou nous dominer en puissance de feu. Les pirates manquant de la discipline d’une unité entraînée comme l’Escadron Rogue, ils furent vite en déroute.
Et cela nous simplifia la tâche.
Ooryl en prit un en chasse et le canarda. La Griffe explosa. Mais une autre traversa la boule de feu pour affronter directement le Gand.
La Griffe téméraire échappa à un tir de canon à ions. Les boucliers d’Ooryl résistèrent un moment à la riposte, puis se désactivèrent. Le motivateur de son unité R5 se court-circuita et Whistler me signala que les moteurs de l’aile-X du Gand étaient en rideau.
— Ooryl, redémarrage !
J’ignorais s’il avait encore une unité com, mais après avoir crié ce conseil, je tirai sur la Griffe. Ayant visé trop vite, je frappai trop bas. Néanmoins, l’ennemi s’éloigna à toute vitesse.
Furieux, je me lançai à ses trousses.
— Ici Neuf. Qu’on couvre mes arrières !
— Bien reçu ! Je m’en charge ! répondit Vurrulf, le Klatooinan du Vol Trois.
Je me sentis moins exposé en traquant la Griffe. Une des pires erreurs, pour un pilote, est de s’obséder sur sa cible au détriment de ce qui se passe autour de lui. Quand notre conscience se focalise sur une proie à l’exclusion du reste, le chasseur devient vite gibier… Une erreur de bleu ! Et si je n’ai rien d’un débutant, on n’est jamais à l’abri de ce genre de faux pas.
Mon adversaire était doué et il aimait la vie. Whistler ne m’annonçant pas que le pilote avait désactivé son armement, je compris qu’il voulait la bagarre. J’essayai de me verrouiller sur lui, mais il joua de sa maniabilité supérieure pour m’échapper. Je lâchai deux ou trois salves… qui le manquèrent de beaucoup. J’avais beau faire, impossible de lui coller au train à cause de ses zigzags.
Je ralentis, histoire de le laisser gagner du terrain. Il multiplia les cabrioles, mais grâce à un balayage plus large, sa trajectoire saccadée dépassa à peine les côtés de mon réticule de visée. Je fis feu, lui balançant deux salves de lasers jumelés. La première transperça le bouclier arrière et bousilla son train d’atterrissage. Les deux autres rayons touchèrent ses réacteurs bâbords, diminuant sa maniabilité.
Whistler afficha la fréquence qu’utilisait la Griffe et je la tapai sur mon unité com.
— Ici, le capitaine Corran Horn des Forces Années de la Nouvelle République. J’accepte votre reddition.
— Ignorez-vous que les Scélérats ne capitulent jamais ?
Une voix de femme…
— Ce n’est pas vrai pour le Boucanier.
— Riizolo est un imbécile. Mais contrairement à moi, sa tête n’est pas mise à prix… (Elle ricana.) L’honneur est ma seule raison de vivre. Un duel, Horn, vous et moi.
— Vous mourrez.
Encore quelques tirs, et la maniabilité du chasseur, son unique avantage sur le mien, ne serait plus qu’un souvenir.
Mon adversaire le savait.
— Mais peut-être pas seule… (Sa Griffe cessa ses zigzags, se lançant dans une grande boucle.) Accordez-moi cet honneur.
Virant de bord, elle fonça sur mon aile-X.
J’aurais aimé accéder à sa requête, mais les Scélérats avaient depuis longtemps prouvé qu’ils étaient étrangers à l’honneur.
Je passai sur les torpilles à protons et poussai la détente. Jailli de l’aile-X, le missile fondit sur mon adversaire. Aussi bonne fût-elle, elle sut qu’elle ne l’éviterait pas. Mais elle tira avec ses lasers et me manqua. Au dernier moment, elle lâcha une salve de canon à ions sur ma torpille. L’impact grilla tous les circuits qui lui permettaient de localiser sa cible.
Une seconde, mon ennemie se crut tirée d’affaire.
C’est l’ennui, avec ce genre de torpille… Même si ses circuits lâchent, il lui reste toujours assez de vitesse acquise pour couvrir la distance. « Aveugle » ou non, quand elle explose, une masse pareille propulsée à une telle vitesse sur le cockpit d’une Griffe a l’effet d’une épingle sur une bulle de savon. La torpille arracha ses moteurs au chasseur, les faisant exploser dans l’espace. La coque vide tourbillonna lentement. Elle finirait par brûler dans l’atmosphère, procurant de délicieux frissons aux clients des stations balnéaires.
Whistler fit passer au vert mon affichage tactique, confirmant qu’il n’y avait plus de forces hostiles dans les parages. Le Vol Trois fit son rapport.
Ooryl revint vers moi.
Son bouclier avant refusait d’être réactivé. À part ça, le Gand s’en tirait bien. Vurrulf et Ghufran ne signalèrent aucune avarie sur leurs ailes-X. En définitive, seule Reme Pollar, du Vol Deux, avait été assez touchée pour devoir abandonner son chasseur. Elle attendrait d’être repêchée par la navette du Glitterstar.
Je passai sur la fréquence de commandement.
— Tout est vert par ici, Rogue Leader.
— Bien reçu, Neuf. Ce n’était pas l’embuscade que nous redoutions, on dirait…
— Non, monsieur.
— Que votre unité se prépare à rejoindre la flotte.
— À vos ordres, colonel.
Je transmis à mes pilotes. Mais avant que nous ayons pu atteindre le point de rendez-vous, la flotte fit un microsaut à la lisière de notre système. Dans l’espace, un croiseur calamarien et deux destroyers de classe Victoire formèrent un triangle au-dessus d’Alakatha. Nous avions abordé le système à bord du Home One, et recouru à des microsauts pour nous en rapprocher autant que possible.
Comme il était étonnant d’avoir eu des informations sur les intentions du Boucanier, nous avions redouté une embuscade. La flotte avait donc attendu de voir si les Scélérats sauteraient sur les Rogues.
Dans ce cas, nous aurions eu une chance de mettre ces pirates hors d’état de nuire une bonne fois pour toutes.
Je poussai le bouton de mon unité com.
— Mon colonel, puisque nous espérions que les pirates nous tombent dessus, ce qu’ils n’ont pas fait, peut-on considérer que cette mission est un succès ?
— Une bonne question, Neuf. Encore un cas où seuls les Renseignements pourront nous dire ce qu’il en est… (Tycho hésita.) Après tout, nos pertes se limitent à du matériel. Il n’y a pas eu de morts. En soi, c’est déjà une victoire.