14

Seule dans la pièce, Jake regardait l’homme de l’autre côté de la vitre sans tain. Lui aussi était seul, immobile sur sa chaise, trop fatigué pour sembler nerveux, fixant Jake des yeux sans la voir. Se voyant lui dans la vitre, sans s’intéresser à son propre reflet, désormais familier après les longues heures d’interrogatoire. Il fumait paresseusement, comme quelqu’un qui, dans un aéroport, attend un vol différé d’heure en heure.

Elle lui enviait sa cigarette. De son côté de la vitre, fumer, même une cigarette sans nicotine, était strictement interdit. Le suspect risquait d’apercevoir le bout rougeoyant du mégot dans la vitre.

La porte de la salle d’observation s’ouvrit, et Crawshaw entra. Tout en étouffant un bâillement, il fit les quelques pas qui le séparaient de la vitre.

« John George Richards, dit-il. Son histoire tient debout, j’en ai peur. Il a bel et bien fait une livraison d’huile d’olive au magasin de Brewer Street le jour où Mary Woolnoth a été assassinée, mais aux environs de 15 h 30, soit juste au moment où l’on découvrait le corps. Une heure plus tôt, il était à Wimbledon, en train d’effectuer une autre livraison. L’ordinateur a enregistré son passage en lui rendant son bon de livraison. Il n’a matériellement pas pu en moins de deux heures venir de Wimbledon, porter son choix sur Mary Woolnoth, la tuer et livrer.

« Et puis, il y a les autres victimes : Richards était en vacances à Majorque quand Alison Bradshaw s’est fait tuer, et il était à l’hôpital en train de se faire arracher une dent de sagesse le jour où Stella Forsythe est morte. Autrement dit, on n’a rien contre lui.

— Vous avez sans doute raison, dit Jake avec réticence. Il n’y a plus qu’à le laisser partir. Dommage. Il avait la tête de l’emploi. »

Craswhaw approuva d’un air las tout en s’apprêtant à quitter la pièce.

« Oh, pendant que j’y pense, Ed, il vaudrait mieux remettre la librairie sous surveillance. »

De retour dans son bureau, Jake essaya de ramener ses pensées sur Wittgenstein. Elle relut un exemplaire dactylographié de leur première conversation ainsi que le rapport du psychiatre forensique qui concluait, comme Jake l’avait fait avant lui, à la personnalité asociale hautement structurée du sujet – un égocentrique qui détestait ses semblables, sans doute capable, du moins extérieurement, de s’entendre avec ceux qu’il côtoyait mais plein de ressentiment à l’égard de la société en général.

Quand sir Jameson Lang lui avait téléphoné la veille pour lui faire part de ses réactions face à ces conclusions, Jake n’avait pu s’empêcher de sourire. « Au vu de ce qu’en disent les psychiatres, avait-il dit, il a exactement le profil de l’universitaire moyen. À votre place, je mènerais mon enquête ici même, à l’université. »

Le rapport précisait qu’en dehors des meurtres proprement dits rien ne permettait de conclure à la folie. Le meurtrier tuait parce qu’il prenait plaisir à tuer. Il aimait la sensation de pouvoir que cela lui procurait. Il se prenait pour Dieu.

« Là, en revanche, nous avons quelque chose de différent, avait fait remarquer Lang. C’est une réaction typique du romancier moyen. »

Jake lui avait alors demandé comment il entendait conduire une deuxième conversation avec Wittgenstein, au cas où celui-ci rappellerait.

« Le côté philosophie morale ne semble pas devoir donner grand-chose. La prochaine fois, je pense adopter un point de vue phénoménologique, examiner de près des sens ou des essences qu’il a pu prendre comme allant de soi. Vous voyez ce que je veux dire : il conviendrait de se concentrer sur les éléments logiques objectifs de la pensée. C’est une méthode assez payante quand on cherche à comprendre des états d’esprit extrêmes. Juste ce qu’il faut s’il se révèle être existentialiste. Ce qui ne me surprendrait pas le moins du monde. »

Elle avait à peine eu le temps de se rasseoir à son bureau que Wittgenstein appelait ; et les choses devaient prendre une telle tournure que Jameson Lang n’eut pas l’occasion d’entamer une discussion avec lui.

D’emblée, Wittgenstein déclara qu’en réponse à la conférence de Jake au symposium de la CE concernant les techniques de maintien de l’ordre et les recherches en matière d’enquêtes criminelles il allait lui aussi donner une conférence, intitulée « Le crime parfait », qu’il prétendait avoir présentée récemment à la Société des criminophiles avertis.

Quand Jake essaya d’engager la conversation, Wittgenstein déclara tout net que soit on était prêt à l’écouter, soit il raccrochait et s’en allait de ce pas tuer quelqu’un d’autre. Dans l’espoir d’éviter un nouveau meurtre, mais aussi peut-être d’en apprendre davantage sur le compte de Wittgenstein, Jake accéda à sa demande non sans réticence.

Wittgenstein parla en tout pendant dix-huit minutes, comme si son auditoire, loin de se composer d’enquêteurs de Scotland Yard, était celui d’une réception somptueuse à l’hôtel de ville rassemblant cinq cents invités en tenue de soirée – dont les membres de la Société des criminophiles – et que lui, Wittgenstein, prononçait le discours d’ouverture.

Au bout de quelques minutes, Jake jeta un coup d’œil à sa montre. Elle n’appréciait guère les exposés, moins encore si l’intervenant était un tueur discourant sur les mérites du crime parfait. Elle fut tentée de l’interrompre pour discuter d’un ou deux points, mais s’abstint de peur que, pris de colère, il ne raccroche. Elle garda le silence, fascinée par l’occasion qui lui était donnée de pénétrer si avant dans l’esprit d’un multiple, jetant de temps à autre un coup d’œil à Stanley qui, lorsqu’il croisait son regard, se frappait la tempe du doigt de manière tout à fait suggestive.

Mais lorsque Wittgenstein annonça qu’à la fin de sa conférence il commettrait un nouveau meurtre, Jake n’y tint plus et se sentit obligée d’intervenir.

« Non, dit-elle. Je vous l’interdis.

— Pardon ? fit-il avec un petit rire.

— Je vous interdis de tuer qui que ce soit, dit Jake fermement.

— Puis-je poursuivre ? » reprit-il après un bref silence. On aurait dit un vieil universitaire desséché.

« À condition que vous me promettiez de discuter de cette affaire quand vous aurez terminé, dit Jake.

— Quelle affaire ?

— Ce nouveau meurtre éventuel. Vous me promettez d’en discuter ou je raccroche immédiatement. C’est compris ?

— Entendu, soupira-t-il après un nouveau silence. Puis-je poursuivre ?

— Nous en discuterons ?

— Je vous l’ai promis, non ?

— Très bien. En ce cas, continuez.

— Laissez-moi maintenant vous parler des crimes eux-mêmes…

— À votre aise », dit Jake.

Mais cette fois-ci Wittgenstein fit comme s’il ne l’avait pas entendue.

Jake se renversa dans son fauteuil et alluma une cigarette. De temps à autre, elle jetait un coup d’œil sur l’écran du vidéophone pour voir comment sir Jameson Lang réagissait à ce curieux exemple de conférence publique in absentia. Mais le philosophe cambridgien, le principal de Trinity College, ne trahissait rien d’autre que la fascination.

Elle se dit qu’il réfléchissait sans doute à la manière dont le héros de ses romans, Platon, conduirait l’affaire. Probablement mieux qu’elle, elle n’en doutait pas. Lang lui inspirait admiration et respect, mais l’intérêt qu’il portait au crime la déroutait. Elle savait pourtant qu’il était loin d’être le seul de son espèce. La fascination qu’exerce sur les Anglais le mystère qui entoure un crime était, comme le suggérait précisément Wittgenstein en cet instant, plus puissante que jamais. Elle n’avait rien d’autre à proposer pour éclairer ce curieux phénomène qu’une explication d’ordre purement sociologique : c’était là le produit d’une société décadente. Le discours tortueux de Wittgenstein en disait long sur le sujet. À l’irritation succéda un certain étonnement devant la perversité dont témoignait le meurtrier dans son argumentation.

L’étonnement fit bientôt place à l’envoûtement, et elle s’abstint de toute autre interruption. Plus tard, elle se dit qu’elle avait été bien naïve de croire qu’il tiendrait parole, car Wittgenstein n’eut pas plutôt prononcé les derniers mots de son discours, qui devait déroger à la tradition des toasts habituellement portés en l’honneur de meurtriers célèbres, qu’il raccrochait, laissant Jake l’injurier copieusement et le traiter de menteur.

Mais l’idée que, quelque part, il était déjà à l’œuvre, en train de commettre son douzième meurtre, était autrement effrayante que le sentiment de s’être fait berner.

Un peu plus tard dans la journée, Jake fut appelée à la City où l’on venait de découvrir, à côté d’un bar de Lower Thames Street, le corps non identifié d’un homme de race blanche, tué de six balles dans la tête. Il n’y avait pas grand-chose à voir si ce n’est constater que Wittgenstein avait frappé une nouvelle fois. Laissant là les spécialistes de l’identité judiciaire, Jake rentra au Yard.

Elle trouva le sergent Jones en compagnie d’un homme grand, au visage basané et mal rasé, qui l’attendait dans son bureau en mangeant des chips. Ils se levèrent quand elle entra et alla suspendre son manteau à une patère.

« À qui ai-je l’honneur ? demanda-t-elle.

— M. Parmenides, expliqua Jones. Je viens de prendre sa déposition, mais j’ai pensé que vous aimeriez entendre vous-même ce qu’il a à dire, madame. »

Jake s’assit à son bureau et se versa un verre d’eau minérale. « Je suis tout ouïe », dit-elle avec lassitude.

Jones encouragea l’homme d’un signe de tête.

« Il y a quelques jours, dit ce dernier, dont le nom et l’accent confirmaient les origines grecques, je crois que c’était lundi… bref, je suis parti travailler. Je travaille chez mon cousin, qui a un restaurant à Piccadilly. Je commence toujours vers 6 heures du matin. En chemin, je m’aperçois qu’un homme me suit. Je le vois d’abord dans le train Wandsworth-Victoria-Wandsworth, c’est là que j’habite. Et puis, je le revois, plus tard dans la journée, en sortant de l’Institut de recherches sur le cerveau. »

Hésitant, Parmenides jeta un œil du côté de Jones. « Z’êtes sûr que ça craint rien avec elle ?

— Ne vous inquiétez pas, dit Jones. L’inspecteur principal ne dira pas un mot sur vous. Vous avez ma parole.

— OK, dit le Grec, quelque peu rassuré. Je vous crois. Ce qu’il y a, inspecteur principal, c’est que je suis NVM-négatif. Vous savez ce que c’est, je suppose. »

Jake hocha affirmativement la tête.

« Je vais à l’Institut une fois par semaine suivre des séances de psychothérapie pour savoir ce que je dois faire quand je deviens violent. Comme quand je regarde le foot ou que je vois des Turcs. Je sais pas ce qui va m’arriver, mais… » Il haussa nerveusement les épaules.

« Poursuivez, je vous en prie, lui dit Jake avec intérêt.

— Bon, y a donc cet homme qui me suit. Je prends le métro à Victoria et, quand je sors à Green Park, voilà que je le retrouve. Et puis, comme je vous ai dit, je prends le long de Piccadilly, dans la direction du restaurant de mon cousin, et je me dis : “Pourquoi est-ce qu’il te suit ce type, Kyriakos ?” Alors, j’entre dans l’église qui se trouve là – je me rappelle plus le nom.

— Il s’agit de St James’s Church, madame, dit Jones.

— Oui, je la vois, dit Jake.

— Oui, c’est ça. Et le type, y me suit à l’intérieur. C’est là que je me dis que c’est bien après moi qu’il en a. Il s’assied derrière moi, plusieurs rangées derrière. Alors, je sens la colère qui monte, je me lève, je l’attrape à la gorge et je lui dis : “Pourquoi est-ce que tu me suis, espèce de salaud ?” J’ai peur, vous comprenez, dit Parmenides, accompagnant ses paroles d’un geste d’excuse. Peut-être qu’il a quelque chose à voir avec le programme Lombroso, peut-être qu’il est de la police secrète.

— Est-ce qu’il vous a dit quelque chose ? demanda Jake.

— Il me raconte qu’il fait du tourisme. Alors je le secoue un bon coup et je lui dis que je le crois pas. Je lui dis qu’y va me dire pourquoi y me suit, sans ça je vais lui abîmer le portrait. Et puis, y a ces deux personnes qui rentrent dans l’église et un moment je me dis qu’elles sont avec lui, et le moment d’après je me fais la réflexion, comme ça, que je me conduis pas bien, et dans une église en plus. Alors j’essaie de me rappeler ce que le psychothérapeute, y m’a dit, que je dois rester calme et pas m’énerver, et je le lâche et y part en courant. Après, je me dis qu’il était peut-être pédé et que je lui plaisais, allez savoir.

— Et qu’est-ce qui vous a convaincu, dit Jake avec une grimace, qu’il était peut-être autre chose ?

— Eh ben, parce qu’il a laissé quelque chose derrière lui dans l’église et que je l’ai ramassé. C’est un Londres de A à Z. Et quand je le regarde après, chez mon cousin, je prends peur parce que la rue où j’habite, à Wandsworth – en fait, c’est Balham –, elle est soulignée, dans le répertoire à la fin. Et le numéro de la maison aussi. Et puis y en a d’autres. Ça, c’est hier, OK ? C’est là que je prends mon courage à deux mains et que je finis par ouvrir cette lettre que mon psychothérapeute, y m’a donnée. Celle que la police a écrite, qui dit que je dois entrer en contact avec elle pour ma sécurité. Si je l’ai pas ouverte avant, cette lettre, c’est que j’ai peur que ça soit pour me déporter – pour isoler tous les gens comme moi, je sais pas, moi. Bref, je lis ce qu’elle dit, la lettre, et puis je me rappelle le guide et je me dis que peut-être bien ça a quelque chose à voir. Et que peut-être bien que le type du guide, c’est le même que celui qui tue des types en leur tirant dans la tête, et que ces types y sont comme moi. Alors, c’est pour ça que je viens vous voir aujourd’hui.

— Vous avez apporté l’A-Z ? »

Jones lui tendit une pochette en plastique transparente dans laquelle se trouvait le répertoire.

« Vous avez fait exactement ce qu’il fallait faire, monsieur Parmenides, lui dit-elle. Verriez-vous un inconvénient à me confier votre nom de code ?

— William Shakespeare, dit le Grec avec un sourire timide. C’est un grand honneur, non ?

— Eh bien, monsieur, je pense que vous avez eu beaucoup de chance de vous en tirer, dit Jake. Vous avez vu juste. Cet homme est celui que nous recherchons. Celui qui a tué tous les autres et qui vous aurait certainement tué, vous aussi, si vous n’aviez pas réagi comme vous l’avez fait. Je vous demanderai de ne rien dire de tout cela à qui que ce soit. Voyez-vous, nous ne mettrons la main sur lui que s’il ne se sent pas inquiété. S’il se doute que l’une de ses victimes potentielles l’attend, il ira se terrer quelque part, et nous risquons de ne jamais le retrouver. Vous me suivez ?

— Pour sûr, m’dame. Je comprends, dit Parmenides en hochant la tête. Pas de problème.

— J’aimerais vous demander un autre service, monsieur. Je voudrais que vous accompagniez le sergent Jones pour jeter un coup d’œil sur les portraits-robots. Vous serez peut-être en mesure d’y apporter quelques modifications. Après tout, personne d’autre à part vous ne l’a vu d’aussi près jusqu’ici.

— Je sais, comme ce qu’on voit à la télé. D’accord. OK.

— Et quand M. Parmenides en aura terminé, Jones, dit Jake avec un signe de tête vers celui-ci, faites-le raccompagner chez lui. Je veux qu’il soit protégé vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

« Simple précaution, expliqua-t-elle avec un sourire à l’adresse du Grec. Je pense que vous lui avez fait peur pour de bon, mais nous ne pouvons pas nous permettre de prendre des risques.

— Merci, dit le Grec en se levant. Merci beaucoup.

— Non. Merci à vous, monsieur.

— Allons-y, monsieur, dit Jones, le précédant pour sortir du bureau de Jake. Par ici, s’il vous plaît.

— Oh, sergent…

— Madame ?

— Savez-vous où est l’inspecteur Stanley ?

— Non, pas vraiment, madame.

— Eh bien, trouvez-le, voulez-vous ? Et dites-lui de venir me voir.

— Certainement. J’y pense, vous trouverez une liste de toutes les adresses soulignées sur votre bureau, madame. Voulez-vous que je fasse passer l’A-Z au labo, pour les empreintes ?

— Non, c’est bon. Je m’en occuperai. Et… Jones ? Félicitations.

— Merci, madame. »

Après le départ de Jones et du Grec, Jake parcourut la liste que le sergent avait tapée. Elle reconnut au passage quelques adresses comme étant celles de certaines des victimes.

Dix minutes plus tard, c’est un Stanley maussade qui se présentait devant elle.

« Où étiez-vous ?

— À la cantine, dit Stanley, l’air défait. J’espérais pouvoir avaler quelque chose aujourd’hui.

— Ce sera pour une autre fois, dit Jake. Le travail nous attend. » Elle lui expliqua ce qu’il en était de Parmenides et de l’A-Z qu’il avait trouvé. « En dehors de ceux qu’il a déjà éliminés, je veux que tous ceux dont les adresses figurent ici soient placés sous surveillance vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ne dites rien aux occupants. Il n’y a aucune raison de les alarmer inutilement. Mais si Wittgenstein s’avise de vouloir faire une nouvelle victime à Londres, nous l’aurons. »

Jake s’autorisa un petit sourire de satisfaction.

« Prions le ciel pour qu’il n’en ait pas assez de travailler à Londres, dit Stanley.

— Vous savez ce que l’on dit de l’homme qui en a assez de Londres10… ? » dit Jake avec un sourire.


10. « Quand un homme en a assez de Londres, c’est qu’il en a assez de la vie, car il y a à Londres tout ce que la vie est en mesure d’offrir », S. Johnson in Boswell, La Vie de Johnson, 20 septembre 1777.

Une Enquête Philosophique
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