16
Ils se mirent en route pour Soho, mais furent obligés de se garer dans les environs de St James’s Square. Chung s’en excusa, mais le restaurant de son cousin n’était pas tout près.
« J’aime autant marcher, dit Jake. Un peu d’exercice ne me fera pas de mal.
— À moi non plus, approuva Chung. Ce n’est pas que j’en manque complètement. J’ai suspendu un sac de sable assez lourd au plafond du garage. Je tape dedans tous les matins. Ces temps-ci, je fais comme si c’était ma belle-mère. »
Ils gravirent la petite montée qui débouche dans Jermyn Street et prirent à l’est en direction de Regent Street et de Piccadilly Circus.
En face des magasins Simpson, Jake s’arrêta devant un immeuble de bureaux en brique rouge et désigna d’un geste la porte en verre fumé.
« Une fille a été assassinée ici. Il y a un mois ou deux de cela. Difficile à croire, non ? Tout semble tellement calme, dit-elle en parcourant la rue des yeux, tellement civilisé, tellement… » Son regard s’arrêta sur la muraille noire de St James’s Church.
« Quelque chose qui cloche ? demanda Chung.
— Non, rien », dit Jake d’un air vague. Mais, dans le même temps, elle commençait à revenir sur ses pas vers le portail de l’église qui ressemblait curieusement à l’entrée d’un théâtre. « Du moins je ne pense pas. »
Devant l’édifice, qui n’avait pas l’air d’une église avec son tableau d’affichage annonçant les orateurs à venir, Jake envisagea la chose, comme s’il s’agissait d’un syllogisme avec deux prémisses bien distinctes. Elle n’arrivait pas à voir comment la conclusion qu’elle avait à l’esprit pouvait logiquement découler de celles-ci. Mais, au moment même où elle se disait qu’une conversion aussi faussée ne pouvait mener qu’à un jugement tout aussi faux, elle restait convaincue de ce qu’il devait y avoir un moyen de prouver empiriquement la vérité de la proposition. La question était de savoir comment.
La voyant aussi absorbée, Chung garda le silence, même quand elle pénétra dans l’église pour ressortir de l’autre côté dans la cour dallée et traverser Piccadilly, et qu’il fut obligé de lui emboîter le pas. Elle remonta Sackville Street et s’arrêta devant la vitrine de la Librairie du Polar où, en dépit de l’heure tardive, traînaient encore de nombreux clients. Il remarqua qu’elle avait un petit sourire maintenant, et, quand elle se décida à parler, elle arborait un air de triomphe tranquille.
« Le crime est banal, et la logique rare, dit-elle.
— Est-ce que vous allez enfin me dire ce qui se passe ? demanda-t-il d’un ton pressant. Ou est-ce que j’appelle une ambulance ?
— C’est donc sur la logique plus que sur le crime qu’il convient de s’appesantir. » Elle montra du doigt non point la librairie, qui d’après Chung se serait davantage prêtée à cette remarque sibylline, mais le restaurant oriental qui se trouvait juste à côté. À l’intérieur, un homme était en train de gribouiller des tarifs sur la vitrine avec quelque chose qui ressemblait à un crayon de pastel rouge. Au-dessus de la porte s’inscrivait un nom : Parmenides.
« Ça vous ennuierait qu’on mange grec plutôt que chinois ? demanda-t-elle.
— Absolument pas. À condition que vous me disiez où vous voulez en venir, bon sang.
— Certainement. Mais ne restons pas ici. Il ne faut pas qu’il nous voie pour l’instant. » Elle l’entraîna jusqu’à une boutique de tailleur toute proche. « L’homme qui est derrière la vitrine du restaurant s’appelle Kyriakos Parmenides, lui expliqua-t-elle, mais son nom de code Lombroso est William Shakespeare.
— Il est NVM-négatif ?
Jake acquiesça.
— Il y a quelques semaines, Wittgenstein l’a suivi dans St James’s Church avec l’intention de le tuer. Parmenides a réussi à lui faire peur, et l’autre s’est enfui en laissant derrière lui son répertoire des rues, un A-Z. Celui-ci contenait toutes les adresses de ses victimes potentielles. Parmenides l’a trouvé dans l’église, sur le banc qu’avait occupé Wittgenstein. Au bout d’un moment, il a saisi l’importance du bouquin, et, en bon citoyen qu’il est, il est venu le remettre à la police.
« Mais réfléchissez bien, Yat. Parmenides travaille juste à côté d’une librairie où, une heure avant d’être sauvagement assassinée, Mary Woolnoth achetait un polar. Quand Wittgenstein a essayé de supprimer Parmenides, celui-ci se trouvait dans une église à moins de vingt mètres du bureau où a été découvert le corps de Mary. Le tueur a barbouillé son corps d’inscriptions avec un tube de rouge à lèvres. Et il était gaucher. »
Jake se pencha et fit un signe de tête en direction du restaurant.
« Et voilà que nous nous retrouvons face à un gaucher en train de gribouiller un menu sur sa vitrine avec ce qui ressemble fort à un tube de rouge à lèvres.
— Je vois ce que vous voulez dire, dit Chung en hochant la tête.
— Jessie Weston, la fille qu’il a tuée avant Mary Woolnoth, était elle aussi une fan de romans policiers. Je ne peux pas encore le prouver, mais je suis prête à parier qu’elle a également acheté un bouquin dans cette librairie. C’est là qu’il l’a vue. Je suis tout aussi prête à parier que, avant d’être tuées, toutes ces filles ont emprunté cette rue à un moment ou à un autre.
— L’hypothèse est intéressante, approuva Chung. Mais vous n’avez que des présomptions.
— Si j’ai vu juste, on devrait pouvoir l’amener à se découvrir sans trop de difficultés.
— Qu’est-ce que vous avez en tête ?
— Vous êtes armé ?
— Évidemment. Je suis flic, non ?
— Très bien, alors voici ce que je vous propose. Vous allez entrer dans le restaurant et commander. Je vous rejoins dans quelques minutes. Mais quand vous me verrez, faites comme si vous ne me connaissiez pas. »
Chung traversa la rue et pénétra dans le restaurant. Jake, elle, se dirigea vers la Librairie du Polar.
Dans la vitrine, un écriteau posé sur un chevalet annonçait aux passants que quatre auteurs célèbres de romans policiers dédicaçaient leur dernier ouvrage à l’intérieur du magasin. En franchissant le seuil, Jake jeta un bref coup d’œil aux noms des écrivains puis aux quatre individus, hommes et femmes, assis derrière une longue table où s’entassaient leurs piles de livres. Elle n’en reconnut aucun. Tous la suivirent pourtant d’un regard chargé d’espoir quand elle passa devant eux. Mais elle n’avait pas l’intention d’acheter quoi que ce soit. Elle n’avait même pas l’intention de jeter un coup d’œil à un livre.
Jake sourit à l’idée de ces quatre écrivains, gonflés du sentiment de leur propre importance, assis là comme les experts qu’invite la télévision pour certaines émissions, oubliés du public en général, dédaignés des clients du magasin, tandis qu’à deux pas de là, un tueur multiple en chair et en os, celui-là, allait bientôt être amené à se trahir.
Elle trouva ce qu’elle cherchait devant les quelques rayons qui abritaient temporairement les romans policiers postmodernes.
La femme était une grande brune musclée, vêtue d’une jupe et d’une chemise moulantes en jean. Le regard de Jake s’attarda sur les courbes pleines d’un sein nu que l’on devinait entre les boutons de perles. Un rouge à lèvres très rouge lui donnait un air vulgaire de pute.
« Vous me reconnaissez ? » demanda Jake tout bas.
L’agent jeta un coup d’œil hésitant à Jake, regarda à l’extérieur, puis fit un signe de tête affirmatif. « Vous vous appelez comment ?
— Agent Edwards, matricule 548, dit la femme.
— Où se trouve l’équipe de surveillance, Edwards ?
— Juste devant le magasin, madame, dans une fourgonnette bleue.
— Vous avez un émetteur ? »
La femme hocha la tête.
« Bien. Tout le monde peut donc m’entendre. C’est l’inspecteur principal Jakowicz qui vous parle. J’ai des raisons de croire que l’homme que nous recherchons, le Tueur au Rouge à lèvres, travaille dans le restaurant grec juste à côté.
— Ça se pourrait bien, madame, dit Edwards d’un ton égal. J’y suis allée l’autre jour pour prendre un café, et un des types derrière le comptoir m’a regardée d’un air bizarre.
— Vous avez un tube de rouge à lèvres sur vous ? »
Après avoir acquiescé d’un signe de tête, l’agent fouilla dans son sac et lui tendit son tube.
« Edwards et moi-même nous apprêtons à entrer à côté, expliqua Jake à ses auditeurs invisibles. Il y a déjà un officier sur place, un dénommé Chung. Je veux que vous soyez prêts à cueillir le tueur s’il tente de s’échapper.
— Qu’est-ce que vous avez l’intention de faire, madame ?
— Vous le verrez bien. »
Jake sortit la première, repassant devant la table chargée de livres non dédicacés et devant les auteurs déconfits. Elle s’arrêta en apercevant la fourgonnette bleue et, comme si celle-ci n’attendait qu’une occasion, la vitre du passager se baissa, révélant le visage de l’inspecteur Crawshaw. Il lui fit signe que tout était OK. Jake de son côté lui adressa un clin d’œil entendu et, suivie d’Edwards, pénétra dans le restaurant.
C’est l’odeur d’huile d’olive qui la frappa d’abord. Puis elle remarqua Chung assis tranquillement dans un coin, occupé à mastiquer consciencieusement une grande pita fourrée.
Le sourire accueillant de Parmenides s’estompa quelque peu quand il s’aperçut que l’une des clientes appuyées au comptoir en Inox n’était autre que Jake. Derrière lui, sur une étagère, trônait une bouteille d’huile d’olive vierge extra de la Sacred Oil Company.
« Bonjour, inspecteur principal, fit-il, un peu nerveux. Qu’y a-t-il pour votre service ? » Il eut un coup d’œil en direction d’Edwards, déglutit péniblement et ajouta : « Vous l’avez attrapé ce type ? Celui qui me suivait ?
— Non, pas encore. En fait, dit Jake, je viens de rencontrer une vieille amie à moi, dans la librairie à côté, et nous nous sommes dit que nous pourrions aussi bien venir prendre un café ici. »
Parmenides sembla se détendre un peu. Il désigna de la main une des tables en Formica rangées le long du mur recouvert de miroirs. « Je vous en prie, dit-il, asseyez-vous. Je vous les apporterai. Cappuccino ? Expresso ?
— Deux cappuccinos », dit Jake.
Le Grec s’inclina légèrement et mit la machine en route. Les deux femmes s’assirent à une table, l’une en face de l’autre. Loin de prêter attention à Chung, Jake s’empara d’un exemplaire de l’Evening Standard qui traînait sur une chaise et le mit sur la table. Dès que Parmenides leur eut tourné le dos, elle sortit le tube de rouge à lèvres et écrivit en grandes lettres majuscules rouges sur le plateau couleur crème de la table le nom de « MARY », qu’elle recouvrit ensuite avec le journal.
Quelques minutes plus tard, le Grec arrivait avec les deux cafés. Au moment où il se penchait avec un sourire pour les poser sur la table, Jake retira prestement le journal.
Balthazar lui-même n’aurait pas eu l’air plus interloqué. Le visage de Parmenides se décomposa. Sa mâchoire tomba, puis ce fut le tour des cafés. Il pivota sur lui-même et se précipita vers la porte, saisissant au passage un long couteau qui traînait sur le comptoir, Jake, Edwards et Chung sur ses talons.
Une fois dehors, Jake dégaina et hurla les sommations d’usage. Parmenides continua de courir et voyant que deux hommes, qui agitaient des armes et des insignes, lui barraient le passage, il leva son couteau.
Jake s’arrêta net, attendit une fraction de seconde que son bras ne tremble plus et visa les jambes. Elle vit Crawshaw et l’autre officier s’écarter vivement de sa ligne de tir. Elle sentit sous ses doigts le contact froid de la détente, retint sa respiration un millième de seconde et appuya.
Parmenides s’abattit sur le trottoir, portant les mains à sa cuisse, qui se couvrit immédiatement de sang. Crawshaw s’approcha aussitôt et du pied écarta le couteau. C’était sans importance maintenant. Avant même que Jake soit arrivée à la hauteur de Parmenides, avant même qu’elle ait eu le temps de se pencher pour regarder la blessure, elle savait que la balle lui avait sectionné l’artère fémorale – le sang qui coulait à flots était on ne peut plus éloquent.
Sous sa barbe, le visage du Grec était d’une pâleur mortelle. Il ne semblait pas souffrir. À le voir, on l’aurait plutôt cru sous anesthésie. Ses yeux accrochèrent brièvement le regard de Jake, ses paupières se mirent à battre, puis se fermèrent pour se rouvrir à nouveau. L’espace d’un instant, il sembla lui sourire. C’était un sourire qu’elle avait déjà vu auparavant, sur le visage de son père, se mourant d’une tumeur au cerveau. Un sourire chargé de mépris silencieux.
Crawshaw arracha son écharpe et se servant de sa matraque pour serrer au maximum fit un garrot autour de la cuisse. Il fit de son mieux pour stopper l’hémorragie, mais la blessure était trop grave. L’homme était mort avant qu’Edwards ait fini d’appeler une ambulance.
Jake rejoignit la fourgonnette banalisée où, suivant le règlement, elle remit calmement son automatique à Chung. « Pour l’enquête », précisa-t-elle.
Chung acquiesça et empocha le pistolet.
« Je ne voulais que le blesser, s’entendit-elle murmurer. Il avait son couteau. J’ai cru qu’il allait s’en servir contre les deux autres policiers.
— Vous n’avez rien à vous reprocher, dit-il. Vous avez suivi les consignes : viser les jambes de l’interpellé si celui-ci refuse de se rendre aux sommations. C’est pas de chance que vous l’ayez atteint juste à cet endroit. Un centimètre plus à droite ou plus à gauche, et il serait assis là sur le trottoir à vous traiter de tous les noms. »
Jake s’appuya contre la fourgonnette : elle prenait lentement conscience du fait qu’elle venait de tuer un homme. Elle se dit qu’elle aurait dû éprouver davantage de remords, en dépit du fait que Parmenides avait assassiné six femmes. Il y avait autre chose qui la gênait et compliquait fâcheusement la situation : l’absence d’aveux de la part du meurtrier. Elle n’avait plus qu’à espérer que les policiers chargés de l’enquête trouveraient suffisamment de preuves pour convaincre le coroner qu’elle avait agi à bon escient.
La rue, barrée aux deux extrémités par un cordon de police, s’était mise à grouiller de policiers qui multipliaient, un peu tard, les précautions. Jake se demanda comment ils avaient fait pour arriver aussi vite sur les lieux. Puis elle se rappela que le commissariat de Vine Street était juste au coin de la rue. C’était sans doute là qu’il lui faudrait se rendre maintenant pour faire sa déposition.
« Ça va ? » lui demanda Chung d’un air inquiet.
Jake le regarda, comme si elle ne comprenait pas la question. « Moi ? Mais ça va très bien. »
Il était presque minuit quand elle rentra du commissariat. Tout dans l’appartement respirait le froid de la solitude, mais le chauffage central ne tarda pas à fonctionner et elle se sentit soulagée à l’idée de ne plus avoir à expliquer et réexpliquer ce qu’elle avait fait. La sonnerie du vidéophone se fit entendre une ou deux fois, mais elle ne bougea pas, préférant brancher la télévision et se verser un grand verre de whisky pour essayer de se changer les idées.
Elle aurait dû se douter que le dernier journal télévisé parlerait de la fusillade. En revanche, elle n’avait aucune raison de penser que le reportage ferait preuve d’une brutalité et d’un voyeurisme aussi outrés. Elle n’ignorait pas qu’après minuit les émissions n’étaient plus tenues de se conformer à un quelconque code de décence. Ce qui expliquait le taux anormalement élevé de films pornographiques au-delà d’une certaine heure. Mais elle n’aurait jamais cru que la même licence pouvait s’appliquer aux journaux télévisés.
L’équipe de tournage était arrivée sur les lieux, à Sackville Street, moins de quinze minutes après le départ de Jake. Traitant l’incident de manière chronologique, elle avait d’abord filmé le restaurant, puis le trottoir le long duquel Parmenides avait tenté de s’enfuir. Ensuite, gros plan sur le couteau, suivi d’un deuxième sur un pistolet, qui n’était pas le Beretta de Jake, puisqu’elle l’avait laissé au commissariat de Vine Street, mais un autre, identique, qu’exhibait l’un des nombreux policiers restés sur place. Pour finir, caméra au poing, l’opérateur avait fait un travelling sur la rue jusqu’à l’endroit où gisait encore le Grec dans une mare de sang : nouveau gros plan sur la cuisse mise à nu, le garrot de Crawshaw, et le trou, gros comme une pièce de monnaie, laissé par la balle de .45. Enfin – et c’était là le plus choquant –, le journaliste avait saisi la tête du mort par les cheveux pour mieux exposer ses traits sans vie à la caméra.
Le commentaire était à la hauteur des images.
« Cette ordure, ce criminel, aboyait le reporter, secouant Parmenides par les cheveux, est sans doute responsable de l’assassinat de six jeunes femmes. »
Il se pencha en hurlant dans l’oreille maculée de sang. « Fumier, tu n’étais qu’une bête ignoble. C’est trop facile de t’être fait abattre comme ça, espèce de merde. Il aurait fallu que tu en baves, saligaud, comme ces femmes que tu as tuées. J’espère qu’on va décorer le flic qui t’a descendu. Et si, par hasard, ta saloperie d’âme peut encore m’entendre, nous espérons tous que tu es en train de brûler en enfer, fumier. Avec ce que tu as fait, tu aurais dû être… »
Jake s’empara de la télécommande et éteignit le poste. Puis elle vida son verre. Ce qu’elle venait de voir lui donnait la nausée. Finalement, il avait fallu qu’elle le revive à la télévision pour arriver à se pénétrer de l’idée qu’elle avait tué un homme.
Au bout d’une ou deux minutes, elle prit conscience d’une sensation de vide au creux de l’estomac et ses mains se mirent à trembler. Elle sentit le froid l’envahir puis, sans transition, eut des bouffées de chaleur. De façon tout à fait absurde, elle se surprit à repenser à certaines notes qu’elle avait prises au cours de sa première année à l’université : à son hypothalamus qui, pareil à un minuscule indicateur de température, allait essayer de contrôler les réactions nerveuses de son corps aux récents événements ; à Descartes qui assimilait les êtres humains à des automates. Bizarre la manière dont une idée en amenait une autre.
Ce sourire qu’elle avait vu sur les lèvres de Parmenides. Le sourire sardonique de son père. Ce seul souvenir la remuait jusqu’aux tréfonds.
Des larmes lui gonflèrent les yeux, et quand elle se dirigea vers la salle de bains, elle sentit ses jambes se dérober sous elle. Elle n’était pas arrivée à mi-chemin qu’elle vomissait déjà.