De Juliet à Sidney
10 juin 1946
Cher Sidney,
Je viens de recevoir un colis magnifique de la part de ta nouvelle secrétaire Billee Bee Jones ? Peu importe son nom, elle est fantastique. Elle a trouvé deux livres de poupées à découper. Et pas n’importe lesquelles : une poupée Greta Garbo et une poupée Autant en emporte le vent avec des pages et des pages de belles toilettes, de fourrures, de chapeaux et de boas. Oh, elles sont absolument splendides ! Billee Bee a joint au colis une paire de ciseaux à bouts ronds – ça ne me serait jamais venu à l’esprit, quelle gentille attention. Kit s’en sert en ce moment même.
Ceci n’est pas une lettre, mais un mot de remerciements. J’en écris un autre à Billee Bee sur-le-champ. Dis, comment t’es-tu dégoté une secrétaire si efficace ? J’espère qu’elle est aussi potelée et mère poule que je me la représente. Elle a joint une note dans laquelle elle affirme qu’on ne risque pas de loucher à vie, que ce sont des histoires de grands-mères. Kit est ravie et envisage de loucher jusqu’au souper.
Avec toute mon affection,
Juliet
P.S, : Suite à certaines insinuations glissées dans ton dernier courrier, je tiens à te faire remarquer que Mr. Dawsey Adams n’apparaît nulle part dans cette lettre. Je n’ai pas vu Mr. Dawsey Adams depuis vendredi après-midi, lorsqu’il est passé prendre Kit et qu’il nous a découvertes parées de nos plus beaux bijoux, nous pavanant dans la pièce sur la marche d’Edward Elgar que jouait le phonographe. Kit lui a confectionné une cape avec un torchon, et il s’est joint à nous. Je crois qu’un aristocrate se cache dans les branches de son arbre généalogique ; il est capable de regarder dans le vide de manière convaincante.