17.
Rétrospectivement, O.P. était heureux d’avoir remis à plus tard la tâche de se couper les ongles. Parce que quand elle était apparue dans son salon, il aurait risqué de se couper carrément un orteil. Et même chez un démon, les orteils repoussent difficilement.
— Dieu du ciel ! Valère !
La jeune femme s’écroula sur ses genoux et se mit à vomir sur son tapis. L'ours se souvint alors des paroles de Didier : La Translocation n’est pas son truc. Chaque fois, elle dégobille tout ce qu’elle sait.
Il arracha la couverture qui recouvrait le canapé et la jeta sur les épaules de Wren. Pas pour couvrir sa nudité — personnellement, ça ne lui faisait aucun effet, et Wren n’était pas du genre à se vexer pour si peu —, mais plutôt parce qu’il faisait un froid de canard dehors et qu’à l’intérieur, ça n’était pas beaucoup mieux. C'est-à-dire que quand on possède une épaisse fourrure, on ne pousse pas franchement à fond les radiateurs.
— Là, ça va aller…
En fait, vu qu’elle continuait à être agitée de spasmes, ça ne devait pas aller très fort. Mais il ne savait pas, lui, ce qu’il fallait dire aux Talents qui surgissaient de nulle part et se mettaient à rendre leur dîner sur votre tapis. Parce qu’Emily Post n’en parlait pas dans ses bouquins.
— Seigneur Jésus !
— Non, c’est juste moi.
L'ours se trémoussa. D’accord, la blague était un peu usée, mais c’était tout ce qu’il avait en magasin pour le moment.
— Viens avec moi, Valère.
Elle se laissa guider jusqu’à la salle de bains. Puis il lui lâcha la main pour tirer le rideau de douche et ouvrit le robinet d’eau chaude à fond. Ça, c’était un détail dont il se souvenait, après s’être occupé de la jeune femme, pendant l’affaire Frants : elle aimait les douches chaudes.
Il se retourna. Wren n’avait pas bougé et se tenait là, immobile, les pieds nus sur les carreaux froids.
— File là-dedans.
Elle le regarda, complètement perdue au milieu de l’immense couverture qui l’enveloppait.
— Wren Valère ! gronda-t-il. File. Dans la douche.
La jeune femme frissonna, ouvrit la bouche, puis la referma sans rien dire. Avec un soupir, l’ours la prit par les épaules et la poussa doucement dans la douche. Et ça n’était pas parce qu’il avait l’air mignon qu’il n’avait pas de muscles !
En revanche, il retira la couverture une seconde trop tard.
— Bah, de toute façon, il faudra la nettoyer, grogna-t-il en contemplant le désastre.
Puis il tira le rideau et s’assit sur la cuvette des toilettes, déterminé à attendre. Visiblement, la jeune femme était en état de choc. Elle avait besoin de se remettre de son voyage impromptu. Donc, il restait à portée de patte. Juste au cas où.
Enfin, manifestement, Wren avait fini par intégrer ce qu’il lui avait dit. A savoir qu’elle pouvait compter sur lui. En toutes circonstances. Disons que son inconscient s’en était souvenu.
En réalité, Wren ne se souvenait absolument de rien. Son premier et unique souvenir était qu’elle se trouvait sous une douche brûlante, avec… du shampooing pour bébé dans la main.
— « Super démêlant » ? s’enquit-elle d’une voix un peu trop éraillée pour être vraiment la sienne.
— Mes poils font des nœuds, si tu veux tout savoir.
C'était rassurant d’entendre la voix bougonne de l’ours. Elle ouvrit les yeux et découvrit un mur carrelé blanc, un rideau de douche rayé vert et noir et, à ses pieds, une espèce de couverture gorgée d’eau, définitivement fichue.
— Où suis-je ?
— Dans ma douche.
— Comment suis-je arrivée là ?
— Bonne question. J’allais te la poser.
La mémoire lui revint d’un seul coup, et elle émit un bruit à mi-chemin entre le couinement et le hurlement.
— Et n’essaie pas de recommencer à vomir ! menaça O.P.
Ah, vomir… Par conséquent : Translocation. Sauf que cette fois, Wren était à peu près certaine d’avoir réussi sans l’aide de personne. En un sens, c’était rassurant, et puis, ça ouvrait des perspectives, non ? Subitement, elle écarquilla les yeux. Une pensée venait de la frapper. Sergueï ! Je l’ai blessé ! Une image se précisa dans sa tête : Sergueï allongé, en train de la regarder, et autant qu’elle pouvait en juger, nullement blessé.
— J’ai perdu le contrôle… J’ai dit que je contrôlerais, et j’ai échoué.
Elle avait parlé à voix basse, persuadée que le bruit de l’eau la protégerait des oreilles indiscrètes.
— Ça arrive à tout le monde de perdre les pédales, Valère.
Fichu démon ! Elle avait oublié qu’il avait l’ouïe fine, parce que en général, il était très doué pour ne pas entendre ce qu’il ne devait pas entendre. Wren essaya de trouver l’énergie de s’énerver, puis considéra que, compte tenu des circonstances, elle n’avait plus franchement le droit de se plaindre pour violation de la vie privée.
— Il y a des morts ? demanda-t-il.
Question assez pertinente. Elle réfléchit un instant.
— Non.
— Donc, tout peut s’arranger. Sors de là, Wren, ou tu vas finir par te noyer.
Elle attendit un moment, comme pour évaluer ses chances de noyade, puis tendit la main et ferma le robinet. Un courant d’air passa sur sa peau ; elle prit alors conscience qu’elle était nue et qu’elle avait froid.
— Tiens.
Une serviette apparut derrière le rideau. Bleue, moelleuse, et suffisamment grande pour l’envelopper des pieds à la tête.
— Merci.
— Tu trouveras de quoi t’habiller. Je vais mettre une soupe sur le feu.
Elle n’avait pas faim, mais l’idée d’avaler quelque chose de chaud et de salé pour nettoyer le goût de bile dans sa bouche — et réapprovisionner ses électrolytes qui devaient être à plat — était plus que tentante.
De plus, impossible de refuser quoi que ce soit à un hôte qui ne vous demandait pas de nettoyer les saletés que vous aviez faites chez lui. C'était prendre le risque qu’il change d’avis et ne vous refile une serpillière.
Wren déplia le bas de jogging rouge qu'O.P. avait laissé pour elle. En le retroussant trois fois et en serrant la ceinture au dernier cran, elle pouvait à peu près marcher sans se prendre les pieds dedans, ni le retrouver au niveau de ses chevilles. Elle préférait ne pas savoir comment cette chose avait atterri entre les mains d'O.P., ni à qui elle appartenait à l’origine.
Le pull, en revanche, c’était un cadeau qu’elle lui avait fait à Noël dernier : des ours polaires en bonnet rouge batifolant avec des pingouins, c’était chou, non ?
***
O.P. ne possédait pas de cuisine à proprement parler — le contraire l’eût étonnée. Mais enfin, sa gazinière suffisait amplement à réchauffer un peu de soupe.
— Tiens.
Elle prit le bol ébréché que lui tendait l’ours et s’installa sur le canapé. Le tapis avait mystérieusement disparu pendant son séjour sous la douche.
— Hmm, ça fait du bien…
Elle sentait peu à peu la chaleur revenir dans son corps.
— Tu veux en parler ?
— Non.
— O.K. Tu te matérialises chez moi nue comme un ver et aussi déboussolée qu’un marsupilami qui vient de faire les soldes chez Gucci, tu bousilles un tapis que j’avais depuis des années — une antiquité, d’accord, mais ce n’est pas une raison —, et tu ne veux pas me dire pourquoi ?
— Non.
— O.K.
Pendant un instant, on n’entendit plus que les bruits de cuillère et de déglutissement, qui procurèrent à Wren une réconfortante sensation de familiarité. Sa crainte d’exploser en mille morceaux, si elle esquissait un mouvement un peu trop brusque, finit par s’apaiser.
— Tu crois que tu pourrais m’appeler un taxi ?
— Euh… ce n’est pas toi, le taxi ?
Elle décocha un regard noir au démon, qui la fixa sans ciller de ses yeux rouges. Le plus souvent, elle oubliait qu’il n’était pas humain. Ce soir, au contraire, elle était particulièrement consciente de son étrangeté. Pourtant, elle n’en éprouvait aucun malaise. Dans les yeux de son compagnon brillait une tendresse chaleureuse identique à celle qu’elle pouvait voir… dans les yeux de sa mère.
— Ecoute, je ne sais pas ce que tu étais en train de faire, mais tu devais te sentir suffisamment à l’aise pour te balader à poil. Ce qui veut dire que tu étais chez toi… ou chez Sergueï. Si tu étais chez toi et que quelque chose t’a flanqué une trouille bleue au point que tu t’es servie de ton Courant pour t’enfuir, je dirais qu’il y avait cinquante pour cent de chances pour que tu débarques ici, et cinquante pour cent…
Il se tut et réfléchit un instant.
— Euh… Non, soixante-quinze ici, et vingt-cinq là-bas. Sauf que tu n’as pas eu l’air très surprise de te retrouver ici. Et tu ne m’as pas demandé d’appeler Sergueï.
La petite boule noire qui servait de nez à l’ours se mit à remuer à toute allure.
— C'est lui qui t’a fait ça ?
Wren comprit soudain que si elle répondait par l’affirmative, c’en était fini de Sergueï.
— Non !
Le démon cligna lentement des yeux, puis se détendit. De nouveau, il était O.P. Son ami. Son compagnon.
Son démon.
Cela aussi, elle venait de le comprendre.
— Ecoute, tout va bien maintenant. Je voudrais juste rentrer chez moi.
— J’appelle un taxi.


Le taxi que l’ours avait réussi à trouver était propre, le chauffeur sain d’esprit, et sa radio éteinte. Un vrai bonheur.
Wren n’avait pas ses clés. A dire vrai, elle n’avait rien sur elle, mis à part une paire de pantoufles, un jogging qui tirebouchonnait sur ses chevilles, et un élastique en caoutchouc pour maintenir ses cheveux.
A tout hasard, elle pressa le bouton de son Interphone.
Rien.
Alors, elle appuya sur celui de Bonnie.
— Wren ?
— Oui…
La porte vitrée s’ouvrit avec un déclic et Wren se glissa à l’intérieur. Bonnie l’attendait dans l’escalier.
— Oh, mon Dieu ! Ça va ?
— Juste besoin d’aller me coucher. Seule. Pour un jour. Et peut-être deux.
— Tu veux que je te prépare une soupe ou quelque chose ? Pour le déjeuner ?
L'aube pointait déjà. Wren n’avait pas la moindre envie de penser à la journée qui s’annonçait, encore moins à un quelconque repas.
— Bon, je passerai plus tard, reprit Bonnie. Va dormir.
Wren monta les dernières marches avec l’impression de peser une tonne. Elle se souvint vaguement d’une incantation dont elle s’était servie autrefois pour grimper sans fatigue les escaliers, mais elle était trop épuisée pour se rappeler les paroles exactes. Trop épuisée, même, pour utiliser son Courant.
D’ailleurs, elle ne voulait plus entendre parler de Courant. Jamais.
L'appartement était vide, ce qui ne la surprit guère. Elle lança les pantoufles dans un coin et se dirigea vers la salle de bains pour ôter ses vêtements et enfiler sa vieille robe de chambre. C'était moins chaud, mais l’odeur était rassurante, familière. Son odeur… et celle de Sergueï. Wren repoussa cette pensée. Pas maintenant.
Elle ne lut pas non plus le mot posé près de la machine à café. Simplement, elle le mit de côté, pour plus tard, et pressa le bouton de son répondeur.
— Salut.
Un long silence.
— Bon. Tu peux m’appeler, si tu veux. Ou tu peux venir pour qu’on s’énerve, qu’on crie, qu’on décharge notre trop-plein comme deux adultes émotionnelle-ment surchargés. Ecoute, je…
Elle pressa le bouton « arrêt ». Elle écouterait. Elle lirait. Mais… Pas maintenant.
Ce n’était pas sa faute. Seulement la mienne. Je savais qu’il le voulait et je me croyais suffisamment forte pour me contrôler. Le contrôler.
Pire encore. Pourquoi avait-il désespérément besoin de Courant, au point de risquer sa santé ? Et de mettre en danger sa propre maîtrise du Courant ?
Wren ouvrit la machine à café, y plaça un filtre et le remplit de café en y ajoutant une dose supplémentaire. Elle ne voulait pas penser. Elle ne voulait pas entendre les réponses que son cerveau en ébullition était en train de concocter.
Il l’aimait. Il avait quitté le Silence — et André. Pour elle. Jamais il n’essaierait de faire quoi que ce soit qui puisse la blesser, même s’il était trop stupide pour comprendre qu’elle essayait de le protéger, lui.
Oh, tout ça était absurde ! Mais… une fois que le doute s’était insinué, il progressait inexorablement, dévorant les obstacles que vous jetiez sur son chemin. La vérité, c’était que Sergueï était accro. Ou sur le point de le devenir. Or, les drogués étaient incapables de maîtriser leur propre destin.
Particulièrement si d’autres connaissaient ses besoins, ses manques. Aujourd’hui, Sergueï était accro à son Courant à elle, mais si elle refusait de le lui donner — et si son besoin grandissait…
Pire encore. Peut-être que ce besoin existait déjà depuis longtemps et qu’elle n’était que la source d’approvisionnement la plus récente de Sergueï… Lorsqu’il était au Silence, il travaillait avec des Talents. S'il était déjà intoxiqué…
Bon, il fallait procéder par ordre. D’abord, Sergueï avait quitté le Silence. Puis il s’était associé avec elle et il avait pénétré dans l’univers des Indépendants.
A travers elle, il avait fait la connaissance d’un certain nombre de Talents. Et quand elle avait accepté de s’impliquer dans la Cosa, il l’avait suivie. Pourquoi ? Par amour ?
Sergueï était d’abord et avant tout un homme d’affaires. Donc, il pensait en termes de profit. Pour ça, elle pouvait lui faire confiance.
Et la question du profit était bien celle que tout le monde se posait en ce moment, n’est-ce pas ?
Non.
Wren ne voulait pas s’aventurer sur cette voie-là, mais… trop tard, elle venait de s’y engager. Il fallait qu’elle aille jusqu’au bout. Le Silence employait des Talents. Etait-ce seulement pour leurs qualités un peu spéciales ? Ou l’organisation mijotait-elle quelque chose ? Et quelle était la position de Sergueï ? Sa déclaration d’indépendance était-elle… sincère ?
Ou bien le Silence avait-il cherché à placer un homme à eux au Quad ? Sergueï était-il leur instrument ? Après tout, il était le seul Profane à connaître aussi bien les rouages internes de la Cosa. Le seul aussi à bénéficier d’une véritable confiance.
De plus, le Silence semblait avoir des ambitions qui allaient au-delà du bien-être des individus. Sergueï avait-il… Son addiction avait-elle commencé bien avant leur rencontre ? Le Silence avait-il jeté Sergueï dans ses bras, il y a dix ans, avant de manigancer toute cette histoire du Conseil pour l’obliger, une fois qu’elle serait vulnérable, à faire appel à eux ?
— Bon sang, ça suffit !
Pas de doute, elle était en train de perdre les pédales. La machine cessa de gronder et Wren s’approcha pour retirer la cafetière. Sa main tremblait si fort qu’elle fut incapable de s’emparer du pot.
Des frissons convulsifs agitaient son corps tout entier. Il valait mieux s’asseoir, attendre que… Mais ses membres refusèrent de lui obéir et elle tomba lourdement par terre. Lentement, elle se recroquevilla sur le carrelage, grelottant et claquant des dents.
— Sergueï… Oh, Sergueï…
Peu à peu, ses tremblements disparurent, remplacés par une sorte de torpeur qui n’avait rien à voir avec le froid qui l’avait envahie. Elle n’arrivait plus à faire face, voilà tout. A l’intérieur d’elle-même, les portes se mirent à claquer, les verrous à coulisser, enfermant un à un tous les épisodes de sa vie auxquels elle ne voulait plus penser.
Puis une mince couche de gel la recouvrit, comme le givre sur les fenêtres, et son cerveau se remit en marche, glacé et lucide. Wren Valère, la Récupératrice, venait de retrouver le contrôle d’elle-même.
Lentement, elle se releva, serra les cordons de sa robe de chambre, sortit une tasse du placard et se servit un café. Le breuvage était âcre et corsé, et elle dut ajouter trois cuillerées de café pour le rendre buvable, mais c’était juste ce dont elle avait besoin pour filer dans le bureau, rafler les documents de la mission et retourner se fourrer au lit.
Les draps avaient été changés. Tapotant les oreillers, elle les empila soigneusement contre le mur et se glissa sous les couvertures. Puis, attrapant le premier dossier, elle commença à lire.
Le plan de la maison et du bureau de la cible était annoté dans la marge, avec une écriture fine et précise. Sergueï avait dressé la liste des obstacles et des opportunités possibles. Pour obtenir ces détails, il avait dû graisser des pattes à la mairie. Enfin, il fallait espérer que le prix n’avait pas été trop élevé… De toute façon, les frais étaient inclus dans la note finale que présenterait son partenaire.
Concentre-toi, ma fille !
« Bon… Si j’étais un type sournois et que j’avais mis la main sur une bombe, où est-ce que je planquerais la bombe en question, en attendant de la faire exploser ? Dans un endroit sûr, mais pas en évidence. Dans un endroit, en tout cas, où les membres de ma famille ne penseraient pas à regarder… »
Wren jeta un coup d’œil sur le pot de café. Oups ! Vide. Enfin, l’essentiel, c’est qu’elle avait à présent une idée claire de la façon dont elle procéderait. La question cruciale était donc : quand ? Ah, et puis aussi, il y avait cette petite touche qu’elle voulait ajouter… Une fois n’est pas coutume, non ? Donc, avant de partir, elle laisserait sa carte pour que la cible sache qui était l’auteur de cette charmante petite farce.
Wren préférait généralement laisser le moins de traces possible. Mais les politiciens avaient le don de l’exaspérer, et le besoin de donner une petite leçon à une certaine personne la démangeait.
Ouïe ! Son dos était douloureusement courbatu. Wren étira les bras au-dessus de sa tête et entendit les articulations craquer. Un de ces jours, il faudrait sérieusement qu’elle songe à retourner à la gym. Le dernier exercice physique auquel elle s’était livrée — sans compter la petite partie de pousse-couverture avec Sergueï —, c’est la bataille de boules de neige avec O.P. Qui s’était très mal finie.
Wren tourna le réveil vers elle et écarquilla les yeux. Bon sang, pas étonnant qu’elle ait mal au dos ! Elle avait travaillé sans discontinuer toute la journée. Il était tout simplement l’heure du dîner.
Elle consulta son ventre et décida que non, elle n’avait pas faim. Elle préférait s’endormir avec l’estomac vide et déjeuner demain, quand elle se lèverait.
Demain serait une autre journée. Une lourde journée.
Poussant les papiers de l’autre côté du lit, elle éteignit et se glissa avec délice sous les couvertures. Et si elle rêva de Sergueï, de dragons ou d’anges égorgés, elle évita soigneusement de se rappeler les détails, le lendemain au réveil.