Rétrospectivement, O.P. était heureux d’avoir
remis à plus tard la tâche de se couper les ongles. Parce que quand
elle était apparue dans son salon, il aurait risqué de se couper
carrément un orteil. Et même chez un démon, les orteils repoussent
difficilement.
— Dieu du ciel ! Valère !
La jeune femme s’écroula sur ses genoux et se mit
à vomir sur son tapis. L'ours se souvint alors des paroles de
Didier : La Translocation n’est pas son truc.
Chaque fois, elle dégobille tout ce qu’elle sait.
Il arracha la couverture qui recouvrait le canapé
et la jeta sur les épaules de Wren. Pas pour couvrir sa nudité —
personnellement, ça ne lui faisait aucun effet, et Wren n’était pas
du genre à se vexer pour si peu —, mais plutôt parce qu’il faisait
un froid de canard dehors et qu’à l’intérieur, ça n’était pas
beaucoup mieux. C'est-à-dire que quand on possède une épaisse
fourrure, on ne pousse pas franchement à fond les radiateurs.
— Là, ça va aller…
En fait, vu qu’elle continuait à être agitée de
spasmes, ça ne devait pas
aller très fort. Mais il ne savait pas, lui, ce qu’il fallait dire
aux Talents qui surgissaient de nulle part et se mettaient à rendre
leur dîner sur votre tapis. Parce qu’Emily Post n’en parlait pas
dans ses bouquins.
— Seigneur Jésus !
— Non, c’est juste moi.
L'ours se trémoussa. D’accord, la blague était un
peu usée, mais c’était tout ce qu’il avait en magasin pour le
moment.
— Viens avec moi, Valère.
Elle se laissa guider jusqu’à la salle de bains.
Puis il lui lâcha la main pour tirer le rideau de douche et ouvrit
le robinet d’eau chaude à fond. Ça, c’était un détail dont il se
souvenait, après s’être occupé de la jeune femme, pendant l’affaire
Frants : elle aimait les douches chaudes.
Il se retourna. Wren n’avait pas bougé et se
tenait là, immobile, les pieds nus sur les carreaux froids.
— File là-dedans.
Elle le regarda, complètement perdue au milieu de
l’immense couverture qui l’enveloppait.
— Wren Valère ! gronda-t-il. File. Dans la
douche.
La jeune femme frissonna, ouvrit la bouche, puis
la referma sans rien dire. Avec un soupir, l’ours la prit par les
épaules et la poussa doucement dans la douche. Et ça n’était pas
parce qu’il avait l’air mignon qu’il n’avait pas de muscles !
En revanche, il retira la couverture une seconde
trop tard.
Puis il tira le rideau et s’assit sur la cuvette
des toilettes, déterminé à attendre. Visiblement, la jeune femme
était en état de choc. Elle avait besoin de se remettre de son
voyage impromptu. Donc, il restait à portée de patte. Juste au cas
où.
Enfin, manifestement, Wren avait fini par intégrer
ce qu’il lui avait dit. A savoir qu’elle pouvait compter sur lui.
En toutes circonstances. Disons que son inconscient s’en était
souvenu.
En réalité, Wren ne se souvenait absolument de
rien. Son premier et unique souvenir était qu’elle se trouvait sous
une douche brûlante, avec… du shampooing pour bébé dans la
main.
— « Super démêlant » ? s’enquit-elle d’une voix un
peu trop éraillée pour être vraiment la sienne.
— Mes poils font des nœuds, si tu veux tout
savoir.
C'était rassurant d’entendre la voix bougonne de
l’ours. Elle ouvrit les yeux et découvrit un mur carrelé blanc, un
rideau de douche rayé vert et noir et, à ses pieds, une espèce de
couverture gorgée d’eau, définitivement fichue.
— Où suis-je ?
— Dans ma douche.
— Comment suis-je arrivée là ?
— Bonne question. J’allais te la poser.
La mémoire lui revint d’un seul coup, et elle émit
un bruit à mi-chemin entre le couinement et le hurlement.
Ah, vomir… Par conséquent : Translocation. Sauf
que cette fois, Wren était à peu près certaine d’avoir réussi sans
l’aide de personne. En un sens, c’était rassurant, et puis, ça
ouvrait des perspectives, non ? Subitement, elle écarquilla les
yeux. Une pensée venait de la frapper. Sergueï
! Je l’ai blessé ! Une image se précisa dans sa tête :
Sergueï allongé, en train de la regarder, et autant qu’elle pouvait
en juger, nullement blessé.
— J’ai perdu le contrôle… J’ai dit que je
contrôlerais, et j’ai échoué.
Elle avait parlé à voix basse, persuadée que le
bruit de l’eau la protégerait des oreilles indiscrètes.
— Ça arrive à tout le monde de perdre les pédales,
Valère.
Fichu démon ! Elle avait oublié qu’il avait l’ouïe
fine, parce que en général, il était très doué pour ne pas entendre
ce qu’il ne devait pas entendre. Wren essaya de trouver l’énergie
de s’énerver, puis considéra que, compte tenu des circonstances,
elle n’avait plus franchement le droit de se plaindre pour
violation de la vie privée.
— Il y a des morts ? demanda-t-il.
Question assez pertinente. Elle réfléchit un
instant.
— Non.
— Donc, tout peut s’arranger. Sors de là, Wren, ou
tu vas finir par te noyer.
Elle attendit un moment, comme pour évaluer ses chances de noyade, puis
tendit la main et ferma le robinet. Un courant d’air passa sur sa
peau ; elle prit alors conscience qu’elle était nue et qu’elle
avait froid.
— Tiens.
Une serviette apparut derrière le rideau. Bleue,
moelleuse, et suffisamment grande pour l’envelopper des pieds à la
tête.
— Merci.
— Tu trouveras de quoi t’habiller. Je vais mettre
une soupe sur le feu.
Elle n’avait pas faim, mais l’idée d’avaler
quelque chose de chaud et de salé pour nettoyer le goût de bile
dans sa bouche — et réapprovisionner ses électrolytes qui devaient
être à plat — était plus que tentante.
De plus, impossible de refuser quoi que ce soit à
un hôte qui ne vous demandait pas de nettoyer les saletés que vous
aviez faites chez lui. C'était prendre le risque qu’il change
d’avis et ne vous refile une serpillière.
Wren déplia le bas de jogging rouge qu'O.P. avait
laissé pour elle. En le retroussant trois fois et en serrant la
ceinture au dernier cran, elle pouvait à peu près marcher sans se
prendre les pieds dedans, ni le retrouver au niveau de ses
chevilles. Elle préférait ne pas savoir comment cette chose avait
atterri entre les mains d'O.P., ni à qui elle appartenait à
l’origine.
Le pull, en revanche, c’était un cadeau qu’elle
lui avait fait à Noël dernier : des ours polaires en bonnet rouge
batifolant avec des pingouins, c’était chou, non ?
***
O.P. ne
possédait pas de cuisine à proprement parler — le contraire l’eût
étonnée. Mais enfin, sa gazinière suffisait amplement à réchauffer
un peu de soupe.
— Tiens.
Elle prit le bol ébréché que lui tendait l’ours et
s’installa sur le canapé. Le tapis avait mystérieusement disparu
pendant son séjour sous la douche.
— Hmm, ça fait du bien…
Elle sentait peu à peu la chaleur revenir dans son
corps.
— Tu veux en parler ?
— Non.
— O.K. Tu te matérialises chez moi nue comme un
ver et aussi déboussolée qu’un marsupilami qui vient de faire les
soldes chez Gucci, tu bousilles un tapis que j’avais depuis des
années — une antiquité, d’accord, mais ce n’est pas une raison —,
et tu ne veux pas me dire pourquoi ?
— Non.
— O.K.
Pendant un instant, on n’entendit plus que les
bruits de cuillère et de déglutissement, qui procurèrent à Wren une
réconfortante sensation de familiarité. Sa crainte d’exploser en
mille morceaux, si elle esquissait un mouvement un peu trop
brusque, finit par s’apaiser.
— Tu crois que tu pourrais m’appeler un taxi
?
— Euh… ce n’est pas toi, le taxi ?
Elle décocha un regard noir au démon, qui la
fixa sans ciller de ses yeux
rouges. Le plus souvent, elle oubliait qu’il n’était pas humain. Ce
soir, au contraire, elle était particulièrement consciente de son
étrangeté. Pourtant, elle n’en éprouvait aucun malaise. Dans les
yeux de son compagnon brillait une tendresse chaleureuse identique
à celle qu’elle pouvait voir… dans les yeux de sa mère.
— Ecoute, je ne sais pas ce que tu étais en train
de faire, mais tu devais te sentir suffisamment à l’aise pour te
balader à poil. Ce qui veut dire que tu étais chez toi… ou chez
Sergueï. Si tu étais chez toi et que quelque chose t’a flanqué une
trouille bleue au point que tu t’es servie de ton Courant pour
t’enfuir, je dirais qu’il y avait cinquante pour cent de chances
pour que tu débarques ici, et cinquante pour cent…
Il se tut et réfléchit un instant.
— Euh… Non, soixante-quinze ici, et vingt-cinq
là-bas. Sauf que tu n’as pas eu l’air très surprise de te retrouver
ici. Et tu ne m’as pas demandé d’appeler Sergueï.
La petite boule noire qui servait de nez à l’ours
se mit à remuer à toute allure.
— C'est lui qui t’a fait ça ?
Wren comprit soudain que si elle répondait par
l’affirmative, c’en était fini de Sergueï.
— Non !
Le démon cligna lentement des yeux, puis se
détendit. De nouveau, il était O.P. Son ami. Son compagnon.
Son démon.
Cela aussi, elle venait de le comprendre.
— J’appelle un taxi.
Le taxi que l’ours avait réussi à trouver était
propre, le chauffeur sain d’esprit, et sa radio éteinte. Un vrai
bonheur.
Wren n’avait pas ses clés. A dire vrai, elle
n’avait rien sur elle, mis à part une paire de pantoufles, un
jogging qui tirebouchonnait sur ses chevilles, et un élastique en
caoutchouc pour maintenir ses cheveux.
A tout hasard, elle pressa le bouton de son
Interphone.
Rien.
Alors, elle appuya sur celui de Bonnie.
— Wren ?
— Oui…
La porte vitrée s’ouvrit avec un déclic et Wren se
glissa à l’intérieur. Bonnie l’attendait dans l’escalier.
— Oh, mon Dieu ! Ça va ?
— Juste besoin d’aller me coucher. Seule. Pour un
jour. Et peut-être deux.
— Tu veux que je te prépare une soupe ou quelque
chose ? Pour le déjeuner ?
L'aube pointait déjà. Wren n’avait pas la moindre
envie de penser à la journée qui s’annonçait, encore moins à un
quelconque repas.
— Bon, je passerai plus tard, reprit Bonnie. Va
dormir.
Wren monta les dernières marches avec
l’impression de peser une
tonne. Elle se souvint vaguement d’une incantation dont elle
s’était servie autrefois pour grimper sans fatigue les escaliers,
mais elle était trop épuisée pour se rappeler les paroles exactes.
Trop épuisée, même, pour utiliser son Courant.
D’ailleurs, elle ne voulait plus entendre parler
de Courant. Jamais.
L'appartement était vide, ce qui ne la surprit
guère. Elle lança les pantoufles dans un coin et se dirigea vers la
salle de bains pour ôter ses vêtements et enfiler sa vieille robe
de chambre. C'était moins chaud, mais l’odeur était rassurante,
familière. Son odeur… et celle de Sergueï. Wren repoussa cette
pensée. Pas maintenant.
Elle ne lut pas non plus le mot posé près de la
machine à café. Simplement, elle le mit de côté, pour plus tard, et
pressa le bouton de son répondeur.
— Salut.
Un long silence.
— Bon. Tu peux m’appeler, si tu veux. Ou tu peux
venir pour qu’on s’énerve, qu’on crie, qu’on décharge notre
trop-plein comme deux adultes émotionnelle-ment surchargés. Ecoute,
je…
Elle pressa le bouton « arrêt ». Elle écouterait.
Elle lirait. Mais… Pas maintenant.
Ce n’était pas sa faute.
Seulement la mienne. Je savais qu’il le voulait et je me croyais
suffisamment forte pour me contrôler. Le contrôler.
Pire encore. Pourquoi avait-il désespérément
besoin de Courant, au point de risquer sa santé ? Et de mettre en
danger sa propre maîtrise du Courant ?
Wren
ouvrit la machine à café, y plaça un filtre et le remplit de café
en y ajoutant une dose supplémentaire. Elle ne voulait pas penser.
Elle ne voulait pas entendre les réponses que son cerveau en
ébullition était en train de concocter.
Il l’aimait. Il avait quitté le Silence — et
André. Pour elle. Jamais il n’essaierait de faire quoi que ce soit
qui puisse la blesser, même s’il était trop stupide pour comprendre
qu’elle essayait de le protéger, lui.
Oh, tout ça était absurde ! Mais… une fois que le
doute s’était insinué, il progressait inexorablement, dévorant les
obstacles que vous jetiez sur son chemin. La vérité, c’était que
Sergueï était accro. Ou sur le point de le devenir. Or, les drogués
étaient incapables de maîtriser leur propre destin.
Particulièrement si d’autres connaissaient ses
besoins, ses manques. Aujourd’hui, Sergueï était accro à son
Courant à elle, mais si elle refusait de le lui donner — et si son
besoin grandissait…
Pire encore. Peut-être que ce besoin existait déjà
depuis longtemps et qu’elle n’était que la source
d’approvisionnement la plus récente de Sergueï… Lorsqu’il était au
Silence, il travaillait avec des Talents. S'il était déjà
intoxiqué…
Bon, il fallait procéder par ordre. D’abord,
Sergueï avait quitté le Silence. Puis il s’était associé avec elle
et il avait pénétré dans l’univers des Indépendants.
A travers elle, il avait fait la connaissance d’un
certain nombre de Talents. Et quand elle avait accepté de
s’impliquer dans la Cosa, il l’avait suivie. Pourquoi ? Par amour
?
Sergueï
était d’abord et avant tout un homme d’affaires. Donc, il pensait
en termes de profit. Pour ça, elle pouvait lui faire
confiance.
Et la question du profit était bien celle que tout
le monde se posait en ce moment, n’est-ce pas ?
Non.
Wren ne voulait pas s’aventurer sur cette voie-là,
mais… trop tard, elle venait de s’y engager. Il fallait qu’elle
aille jusqu’au bout. Le Silence employait des Talents. Etait-ce
seulement pour leurs qualités un peu spéciales ? Ou l’organisation
mijotait-elle quelque chose ? Et quelle était la position de
Sergueï ? Sa déclaration d’indépendance était-elle… sincère ?
Ou bien le Silence avait-il cherché à placer un
homme à eux au Quad ? Sergueï était-il leur instrument ? Après
tout, il était le seul Profane à connaître aussi bien les rouages
internes de la Cosa. Le seul aussi à bénéficier d’une véritable
confiance.
De plus, le Silence semblait avoir des ambitions
qui allaient au-delà du bien-être des individus. Sergueï avait-il…
Son addiction avait-elle commencé bien avant leur rencontre ? Le
Silence avait-il jeté Sergueï dans ses bras, il y a dix ans, avant
de manigancer toute cette histoire du Conseil pour l’obliger, une
fois qu’elle serait vulnérable, à faire appel à eux ?
— Bon sang, ça suffit !
Pas de doute, elle était en train de perdre les
pédales. La machine cessa de gronder et Wren s’approcha pour
retirer la cafetière. Sa main tremblait si fort qu’elle fut
incapable de s’emparer du pot.
Des frissons convulsifs agitaient son corps
tout entier. Il valait mieux
s’asseoir, attendre que… Mais ses membres refusèrent de lui obéir
et elle tomba lourdement par terre. Lentement, elle se
recroquevilla sur le carrelage, grelottant et claquant des
dents.
— Sergueï… Oh, Sergueï…
Peu à peu, ses tremblements disparurent, remplacés
par une sorte de torpeur qui n’avait rien à voir avec le froid qui
l’avait envahie. Elle n’arrivait plus à faire face, voilà tout. A
l’intérieur d’elle-même, les portes se mirent à claquer, les
verrous à coulisser, enfermant un à un tous les épisodes de sa vie
auxquels elle ne voulait plus penser.
Puis une mince couche de gel la recouvrit, comme
le givre sur les fenêtres, et son cerveau se remit en marche, glacé
et lucide. Wren Valère, la Récupératrice, venait de retrouver le
contrôle d’elle-même.
Lentement, elle se releva, serra les cordons de sa
robe de chambre, sortit une tasse du placard et se servit un café.
Le breuvage était âcre et corsé, et elle dut ajouter trois
cuillerées de café pour le rendre buvable, mais c’était juste ce
dont elle avait besoin pour filer dans le bureau, rafler les
documents de la mission et retourner se fourrer au lit.
Les draps avaient été changés. Tapotant les
oreillers, elle les empila soigneusement contre le mur et se glissa
sous les couvertures. Puis, attrapant le premier dossier, elle
commença à lire.
Le plan de la maison et du bureau de la cible
était annoté dans la marge, avec une écriture fine et précise.
Sergueï avait dressé la liste des obstacles et des opportunités
possibles. Pour obtenir ces détails, il avait dû graisser des pattes à la mairie. Enfin,
il fallait espérer que le prix n’avait pas été trop élevé… De toute
façon, les frais étaient inclus dans la note finale que
présenterait son partenaire.
Concentre-toi, ma fille
!
« Bon… Si j’étais un type sournois et que j’avais
mis la main sur une bombe, où est-ce que je planquerais la bombe en
question, en attendant de la faire exploser ? Dans un endroit sûr,
mais pas en évidence. Dans un endroit, en tout cas, où les membres
de ma famille ne penseraient pas à regarder… »
Wren jeta un coup d’œil sur le pot de café. Oups !
Vide. Enfin, l’essentiel, c’est qu’elle avait à présent une idée
claire de la façon dont elle procéderait. La question cruciale
était donc : quand ? Ah, et puis aussi, il y avait cette petite
touche qu’elle voulait ajouter… Une fois n’est pas coutume, non ?
Donc, avant de partir, elle laisserait sa carte pour que la cible
sache qui était l’auteur de cette charmante petite farce.
Wren préférait généralement laisser le moins de
traces possible. Mais les politiciens avaient le don de
l’exaspérer, et le besoin de donner une petite leçon à une certaine
personne la démangeait.
Ouïe ! Son dos était douloureusement courbatu.
Wren étira les bras au-dessus de sa tête et entendit les
articulations craquer. Un de ces jours, il faudrait sérieusement
qu’elle songe à retourner à la gym. Le dernier exercice physique
auquel elle s’était livrée — sans compter la petite partie de
pousse-couverture avec Sergueï —, c’est la bataille de boules de
neige avec O.P. Qui s’était très mal finie.
Wren
tourna le réveil vers elle et écarquilla les yeux. Bon sang, pas
étonnant qu’elle ait mal au dos ! Elle avait travaillé sans
discontinuer toute la journée. Il était tout simplement l’heure du
dîner.
Elle consulta son ventre et décida que non, elle
n’avait pas faim. Elle préférait s’endormir avec l’estomac vide et
déjeuner demain, quand elle se lèverait.
Demain serait une autre journée. Une lourde
journée.
Poussant les papiers de l’autre côté du lit, elle
éteignit et se glissa avec délice sous les couvertures. Et si elle
rêva de Sergueï, de dragons ou d’anges égorgés, elle évita
soigneusement de se rappeler les détails, le lendemain au
réveil.