De Pilate à son cher Titus
Toujours rien.
Je me lève avec le soleil et me couche avec lui. Dans l’intervalle, je marche. Notre foule va à l’orient, puis à l’occident, monte, descend. Tous nos mouvements sont vains mais la fatigue, chaque nuit, nous empêche d’y songer et le sommeil nous recharge en espoir. En fait, personne ne sait où Yéchoua réapparaîtra. Et moi, j’ignore où m’attend Claudia.
Plusieurs fois, lors des haltes, je remarquai qu’étaient dessinés des poissons sur le sable. Je n’y prêtai d’abord pas attention, mais lorsque je perçus la répétition systématique de ce dessin, sa multiplication sous forme de cailloux assemblés, de coquilles disposées, je soupçonnai qu’il y avait là un signe.
Cachant autant que possible mon accent romain, je demandai à une femme qui portait un poisson en pendentif ce qu’il signifiait.
— Comment ? Tu l’ignores ? C’est la marque de Yéchoua. « Poisson » en grec se dit « ίχθύς», et cela donne les initiales de : « Yéchoua-Christ-Fils de Dieu-Sauveur ». Nous l’utilisons comme marque de ralliement.
J’ai songé à Fabien… Selon lui, le futur roi du monde qu’annonçaient tous les astrologues avait un lien avec le signe des Poissons. Fabien aurait-il abandonné la piste de Yéchoua s’il avait eu connaissance de ce code secret ?
Porte-toi bien.