CHAPITRE XIX

Mike éteignit l'ordinateur avec un soupir excédé. Depuis une semaine, cloîtré dans une minuscule pièce surchauffée mise à sa disposition par Minski, il avait étudié les fiches de tous les voyageurs arrivés ces deux derniers mois ainsi que la liste des marchandises débarquées.

Craig pénétra dans le bureau, la mine sombre et fatiguée.

— Pour la sixième fois, j'ai inspecté les systèmes robotiques de sécurité. Ils fonctionnent parfaitement !

— Je crois que nous faisons fausse route. Les lapis oniris ne passent pas par ici.

— Alors par où ? C'est le seul astroport de Terrania VI !

— A nous de faire preuve d'imagination.

— Auriez-vous une idée ?

— Pas encore, hélas !

Rink passa sa figure réjouie par l'entrebâillement de la porte.

— J'effectue une patrouille de routine dans une demiheure et le capitaine m'a demandé de vous emmener. Il pense qu'un peu d'air vous fera du bien après une semaine dans ce placard. Vous pourrez dire aux autorités que nous faisons correctement notre travail même s'il n'a rien de glorieux.

Mike bondit sur ses pieds en s'exclamant:

— Excellente idée ! Je ne suis pas mécontent de me dégourdir les jambes. Je vous rejoins dans une minute, juste le temps d'enfiler un blouson.

Le trans traversa l'astroport à vive allure pour freiner à

peu de distance de l'aviso. Igor sortit du bâtiment et tendit un casque à Matt.

— Tout est en ordre, lieutenant. Vous emmenez des touristes ?

— Ils ont mérité un peu de distraction. Ouvre le sas d'accès !

Télécommandée, une échelle se déplia. Le poste de pilotage était de petite dimension mais comportait trois sièges.

— Asseyez-vous et bouclez vos sangles magnétiques. Vous risquez d'être un peu secoués.

S'installant sur le siège du pilote, Rink enclencha une série d'interrupteurs. Un doux ronronnement s'éleva devenant rapidement plus aigu.

— Attention ! Nous décollons.

L'appareil bondit vers le ciel. En dépit du système antigravité, les policiers eurent l'impression qu'un poids immense écrasait leur poitrine. Enfin, de longues minutes plus tard, la pénible sensation s'atténua. Le premier, Matt se redressa et fit face à ses passagers.

— On ne vous confiera jamais un yacht de croisière, ironisa Dana. Les touristes débarqueraient à la première escale.

— Désolé, répondit Rink avec un curieux sourire, mais j'étais pressé. Je ne veux pas manquer un rendez-vous. Craig porta la main à la boucle de sa ceinture pour se libérer.

— Non!

L'exclamation avait jailli, ferme, impérieuse. En même temps, un pistolaser apparaissait dans la main droite du pilote.

— Ne bougez pas sinon je vous descends !

— Vous êtes fou ! Que voulez-vous ?

— Vous êtes prisonniers. Dans quelques minutes, je vous enverrai sur un autre astronef.

— Il sera repéré par les radars de Terrania VI, intervint Mike.

Un sourire ironique éclaira le visage du rouquin.

— Regardez l'écran de visibilité extérieure.

Une grosse sphère rougeâtre s'y dessinait.

— C'est la cinquième planète du système solaire. Un énorme congélateur ambulant constitué d'ammoniaque et d'hydrogène. Il fera obstacle entre nous et les ondes radar. C'est très pratique pour les rendez-vous discrets. Croyezmoi, je l'ai expérimenté à plusieurs reprises sans éveiller le moindre soupçon.

L'appareil, toujours en accélération maximale, approchait de la planète. Sa volumineuse masse accentuait encore la vitesse.

— Dès que mon ami arrivera, une navette apportera un chargement de lapis oniris. Au retour, elle vous transférera à son bord. Il vous interrogera en utilisant, si besoin, son sondeur psychique. Le chef veut savoir comment vous avez été informés du jour et du lieu de la dernière transaction. Il n'a pas apprécié qu'on lui confisque sa livraison avant d'avoir été payé. Ensuite, Ar-Ko s'occupera de vous. Un sourire égrillard étira ses lèvres.

— Tel que je le connais, il s'amusera avec vous, Craig. Il adore dresser les filles rétives. Croyez-moi, il est plein d'imagination et il est capable de vous violer cinq fois de suite dans toutes les positions, sans ressentir de fatigue. Un vrai tempérament solanien ! Vous aurez au moins la consolation d'être toujours vivante alors que votre ami se promènera dans l'espace... sans scaphandre.

— Comment expliquerez-vous notre disparition ?

demanda Mike.

— Tout simplement, je dirai qu'un pirate m'a attaqué

par surprise en lançant une gerbe de missiles. Je n'ai eu que le temps de gagner un canot de survie alors que vous, paralysés par la peur, n'avez pu me suivre malgré mes exhorta-tions. Dès que mon engin de secours se sera écarté, l'aviso explosera. Inutile de vous dire que j'aurai programmé son autodestruction.

Tandis que l'astronef contournait la planète, Rink sortit de sa poche des menottes magnétiques.

— Je vais vous attacher. Si l'un de vous tente de m'en empêcher, je le tue. Il suffit qu'il en reste un pour répondre aux questions que le patron désire poser.

Avant d'avancer, Matt jeta un regard sur l'écran de visibilité extérieure qui restait désespérément vide. Les sourcils froncés par la contrariété, il procéda à plusieurs réglages.

— C'est la première fois qu'Ar-Ko est en retard à un de nos rendez-vous, grogna-t-il.

— La vie d'un pirate est pleine d'aléas, ricana Mike. Il peut même rencontrer la Sécurité Galactique.

Soucieux, Rink brancha la vidéo-radio.

— Renard appelle Lynx... Renard appelle Lynx... Devant l'échec de sa tentative, il maugréa:

— Je suis obligé de modifier mes plans. Je dois vous tuer maintenant sauf si vous parlez.

Dana éclata d'un rire grinçant.

— Me prenez-vous pour une imbécile ? Dès que vous aurez votre renseignement, vous nous éliminerez. Le dialogue avait détourné l'attention du rouquin. Très doucement, Mike plongea la main dans la poche de son blouson pour en retirer une petite sphère de verre de trois centimètres de diamètre. Il la laissa tomber sur le sol. Le bruit minuscule qu'elle fit en se brisant passa inaperçu. Rink leva son arme avec un sourire cynique.

— Il n'était pas défendu d'essayer mais vous êtes trop intelligente. Adieu.

Soudain, il secoua la tête, fronça le nez. Ses paupières battirent à plusieurs reprises. Lentement, le bras armé

retomba comme si le pistolaser devenait de plus en plus lourd.

— Qu'arrive-t-il ? murmura le rouquin d'une voix pâteuse avant de s'écrouler d'un coup.

Mike déboucla vivement les sangles magnétiques qui le retenaient. Sur le siège voisin, Dana dormait également. Le premier geste de Barnett fut de récupérer le pistolaser lâché

par Rink puis de hisser ce dernier sur le fauteuil qu'il venait de quitter. Les attaches bouclées, il se pencha sur Dana pour introduire sous la langue un petit comprimé

blanc qui se délita aussitôt. Peu après, elle ouvrit les yeux.

— Que m'est-il arrivé ? demanda-t-elle en jetant un regard étonné autour d'elle.

— Grenade anesthésiante. Je vous ai administré l'antidote, répondit laconiquement Mike qui s'était installé à la place du pilote. Secouez-vous et mettez les menottes à

notre ami. Dans l'air constamment régénéré de la cabine, les effets du gaz ne vont pas tarder à se dissiper. Les traits crispés, il pesa sur les commandes pour faire virer l'astronef. Tandis que Dana s'exécutait, une série de jurons traduisit le retour à la conscience du rouquin. La grosse planète contournée, l'astronef se dirigeait à

vive allure vers Terrania VI.

— Attention, hurla Rink. Nous allons nous écraser. Laissez-moi reprendre les commandes si vous voulez sauver votre vie.

— La vôtre car si j'ai bien compris, vous nous aviez déjà condamnés. Si nous devons périr, il me sera agréable de savoir que vous serez avec nous.

Le rouquin, le visage décoloré, gémit:

— Un astronef ne se pilote pas comme un hélijet. Je vous en supplie...

Mike intervint sèchement:

— Lieutenant, voudriez-vous enfermer ce traître dans une soute ? Ses vociférations intempestives risquent de me gêner lors des manœuvres d'atterrissage.

Pistolaser à la main, Dana déboucla les sangles qui liaient le rouquin à son siège.

— Debout ! Si tu fais l'imbécile, je me ferai un plaisir de te griller les pieds.

Dès qu'ils eurent quitté le poste de pilotage, Mike brancha la vidéo-radio.

*

* *

Craig revint dans le poste, portant deux gobelets.

— Mission accomplie ! J'ai enfermé Matt, entravé par de triples liens magnétiques. Il sera un peu ankylosé à

l'arrivée mais nous serons tranquilles. J'ai aussi déniché

près des distributeurs alimentaires une bouteille de whisky. Je crois que vous avez mérité de fêter ce retournement de situation.

Quelques gorgées plus tard, elle reprit:

— Avez-vous averti l'astroport de notre aventure ?

— Non ! C'est à vous de décider mais je ne pense pas qu'il est indispensable d'informer les civils de problèmes propres à la Sécurité Galactique.

Craig réfléchit une minute avant de murmurer:

— Vous avez sans doute raison. Nous ferons notre rapport au capitaine. Une trace d'inquiétude perça dans sa voix quand elle reprit:

— Pensez-vous pouvoir atterrir sans aide ?

— Ne vous tourmentez pas, j'ai passé les brevets de pilote d'astronef.

— Comment est-ce possible ?

— Lorsque j'étais sur la Terre, mon père a beaucoup insisté pour que je prenne des leçons. Il prétendait qu'un homme d'affaires doit pouvoir mener son yacht sans aide. C'est ce qu'il faisait. C'est lui qui m'a initié au pilotage.

— Une sage précaution ! Vous êtes un garçon plein de ressources. Ainsi, c'est Rink qui introduisait les lapis oniris sur Terrania VI.

— Je m'en doutais un peu. L'astroport est fort bien surveillé. Le seul endroit non soumis à une fouille systématique était son chasseur. C'est pourquoi, quand il nous a invités en promenade, j'ai préféré prendre des précautions. Bien que d'un modèle non homologué par le service, ces petites grenades anesthésiantes sont très pratiques, à condition d'avaler avant l'antidote.

— Vous auriez pu m'en parler !

Un brin d'acidité dans la voix.

— Il est délicat d'accuser un collègue sans preuve. Le globe bleuté de Terrania VI emplissait maintenant tout l'écran.

— Attention ! Il me faut débuter les manœuvres d'approche.

Les mains crispées sur les accoudoirs de son fauteuil, Dana regardait alternativement les écrans et le visage de Mike. Il agissait avec calme et précision mais de minuscules gouttes de sueur perlaient à son front. Lorsque les étais télescopiques prirent contact avec le sol, il partit d'un rire satisfait.

— Pas mal ! Je n'ai que dix mètres d'écart avec le point atterrissage idéal.

— Si cela ne tenait qu'à moi, s'exclama Dana, je vous décernerais toutes les décorations que vous souhaitez. Il est bien agréable de se sentir encore en vie ! Allons prévenir Kieffer !

Au pied de l'échelle, les deux policiers virent Stanov qui était sorti de son hangar. Ce dernier dévisagea les arrivants.

— Où est Matt ?

— Le lieutenant est en état d'arrestation, dit sèchement Craig. Je dois demander au capitaine Kieffer de venir d'urgence ici. Conduisez-moi au vidéo-téléphone. Sans marquer d'étonnement, Stanov répondit:

— Je me charge de l'appeler. Allez dans la salle de détente où il y a un bloc sanitaire. Je ne sais ce qui vous est arrivé mais vous n'avez pas bonne mine.

De fait, les rigoles de sueur avaient laissé des sillons sombres sur les joues. Dana accepta la proposition non sans recommander:

— Appelez-moi dès que vous l'aurez en ligne.

Elle ressortit du bloc quelques minutes plus tard, rapidement rejointe par Mike. Stanov les attendait avec une bouteille et des gobelets.

— Je pense que vous avez besoin de boire un verre pour vous remonter le moral. Le capitaine n'était pas à son bureau mais je lui ai fait transmettre le message de vous rejoindre ici dès que possible.

Effectivement, à peine eurent-ils le temps de goûter un alcool de mauvaise qualité qu'un trans de la Sécurité

Galactique apparut. Les deux policiers se portèrent à la rencontre du véhicule qui s'immobilisa dans un ultime et violent coup de frein. Un homme en jaillit, pistolaser au poing, visant Dana.

— Terry, s'exclama-t-elle, que signifie cette comédie?

Où est Kieffer ?

Négligeant de répondre, il lança:

— Ne bouge pas sinon je jure de te couper une jambe !

Se tournant vers le mécanicien, il ordonna:

— Passe des menottes au type. S'il fait l'imbécile, c'est elle qui en subira les conséquences.

Docilement, Mike se laissa entraver les poignets.

— Bien, il est raisonnable. Maintenant, va chercher leur trans. Il faut que les caméras automatiques de surveillance enregistrent leur sortie. Ensuite, tu délivreras Matt puis tu me rejoindras à notre lieu habituel de rendez-vous. Deux minutes plus tard, Terry obligea Dana à s'asseoir au volant avec Mike à son côté. Il se dissimula à l'arrière, appuyant le canon de son arme contre le dossier.

— Une erreur, Dana, et je te cisaille la colonne vertébrale. On n'en meurt pas toujours mais tu te promèneras dans une petite voiture le reste de ta vie.

Craig démarra lentement tandis que Terry reprenait:

— Tu marqueras un temps d'arrêt à la sortie puis tu tourneras à gauche pour prendre la route qui traverse la forêt.

Tandis que le trans avançait à allure raisonnable, Dana soupira:

— Ainsi, tu es un traître !

— Pas de grands mots, ricana-t-il. Je fais seulement des affaires qui vont me permettre de gagner vite beaucoup d'argent.

— La bombe dans mon trans est une de tes inventions ?

— Le patron trouvait que tu devenais gênante. Tu peux te vanter d'avoir eu de la chance. Pourtant je n'ai pas ménagé ma peine.

— Je sais ! Les tueurs à mon domicile puis le chantage sur mon indic.

— Exact ! On est toujours trahi par la maladresse des exécutants. Je me demande comment toi et ton équipier êtes encore en vie. D'autant plus que tu devrais être en ce moment passagère d'un vaisseau pirate. Qu'est-il arrivé à

Ar-Ko ?

— Il a oublié de se présenter au rendez-vous, ricana Mike.

— Warren, c'est aussi toi ? dit Dana.

Terry émit un petit rire sarcastique.

— Le patron était furieux de son arrestation imprévue. C'est lui qui a imaginé l'opération. J'ai donné à Maître Shark une capsule, disant que c'était un produit qui simulerait une crise cardiaque. Warren serait alors transféré à

l'hôpital. Sur le chemin, l'ambulance serait attaquée et lui délivré. L'avocat nous a crus et c'est sans méfiance qu'il a donné du poison à son client avec ordre de le prendre à

onze heures du soir.

— Tu lui avais fixé rendez-vous dans le parc ?

— Il pensait que je viendrais avec Warren. Je ne lui ai guère laissé le temps de constater son erreur. Attention !

Dans cent mètres, tu prendras à droite un chemin de terre battue.

Ils ne tardèrent pas à arriver devant une minable cabane de planches posée au centre d'une petite clairière cernée par une forêt dense.

— Descends le premier, ordonna Terry à Mike.

Il s'extirpa du trans sans cesser de viser Dana. Lorsque la jeune femme eut mis pied à terre à son tour, il lança:

— Allez vous appuyer face au mur.

Plusieurs minutes s'écoulèrent dans un silence seulement troublé par les bruits de la forêt. Enfin, le ronronnement d'un moteur fut perceptible. Stanov ne tarda pas à

rejoindre le groupe.

— J'ai libéré Matt. C'est Barnett qui a fait échouer son plan mais il est exact qu'Ar-Ko n'est pas venu. Le patron arrivera à la tombée de la nuit. Tu peux commencer à les amollir.

Une lueur féroce dans le regard, Terry approcha de Mike. Ce dernier ironisa:

— Vous prenez des risques ! Il faudrait d'abord me faire attacher les pieds. Ainsi, vous auriez peut-être une chance de me battre.

Le visage de Terry s'empourpra. Piqué dans son orgueil, il ordonna:

— Enlève-lui les menottes, Igor.

— Ce n'est pas prudent...

— Fiche-moi la paix ! Je vais lui passer une raclée dont il se souviendra... tant qu'il vivra. Tu verras que le patron le trouvera très loquace à son arrivée. Pendant ce temps, surveille la bonne femme. Je m'occuperai d'elle ensuite. Elle aura droit au magnifique corps à corps qu'elle m'a toujours refusé et je saurai enfin si elle est aussi frigide qu'elle en a la réputation.

Mike, à peine libéré, se frottait les poignets marqués de sillons brunâtres. Terry frappa aussitôt. Les coups se succédèrent, vifs, précis, de plus en plus rapides, obligeant Mike à reculer. Il saignait de la bouche et du nez. Satisfait du tableau, Terry s'immobilisa pour reprendre son souffle.

— Alors, ton maître Itachi ne t'a rien appris de mieux ?

— Il m'a appris ceci.

Le bras gauche de Mike s'écarta du corps, se leva lentement tandis que sa main se creusait. Les doigts raides ressemblaient à un bec d'oiseau s'ouvrant et se fermant par instants. Surpris, Terry suivait le mouvement du regard et tentait de deviner le piège. Soudain, Mike poussa un grand cri et ce fut le bras droit qui se détendit. Le poing percuta avec une violence phénoménale le thorax de son adversaire dans la région du cœur. Le bruit ridicule des trois côtes fracturées passa inaperçu.

Terry s'immobilisa, toussa légèrement. Le visage blême, il s'écroula d'un bloc. Sidéré, Stanov regarda un instant le grand corps étalé dans la poussière. Toutefois, il réagit aussitôt quand Craig esquissa un geste.

— Ne tentez rien, hurla-t-il d'une voix aiguë, chevrotante. Tous les deux, allez vers cette porte de la cabane. Vite ou je tire !

Dana lui jeta un regard méprisant.

— Obéissons, Mike. Il crève de peur et il n'en est que plus dangereux.

Les deux policiers se retrouvèrent dans une pièce sombre sans fenêtre. Une faible lumière provenait de minces interstices dans la paroi de planches mal jointes. La serrure de la porte claqua avec un bruit sec. Dana fit quelques pas avant de soupirer:

— Lorsqu'il se réveillera, Terry vous fera payer très cher son K. O. Il n'hésitera pas à vous torturer avec férocité.

— Il ne se réveillera pas, ricana Mike, il est mort !

Le lieutenant hoqueta de surprise tandis que son coéquipier poursuivait:

— Enfoncement thoracique et rupture du cœur.

— Pourquoi ce geste de la main gauche ?

— C'est un leurre pour détourner l'attention de l'adversaire et permettre de focaliser toute son énergie sur le poing droit.

Mike s'assit sur le sol, le dos calé contre le mur.

— Il ne nous reste plus qu'à attendre. Dans moins d'une heure, nous rencontrerons le grand patron des trafics de Terrania VI.

— Cela risque d'être très désagréable pour nous car il ne prendra jamais le risque de nous laisser en vie. Avezvous une idée de son identité ?

— Un gros soupçon tout au plus mais nous ne tarderons pas à être fixés.

Mike dégrafa son blouson et saisit une petite plaque métallique suspendue à son cou par une chaînette. Elle était dorée, carrée, de quatre centimètres de côté. Dans un angle était enchâssée une pierre jaune.

— Qu'est-ce ? demanda Dana curieuse.

— Un porte-bonheur primitif. Il m'a été donné par un ami.

—-Je doute qu'il nous soit de grande utilité, ironisat-elle.

— Qui sait ? Un proverbe dit que la foi peut soulever des montagnes. Pourquoi n'aiderait-elle pas de malheureux prisonniers ?

Haussant les épaules, Dana vint s'asseoir près de Mike.

— S'il devait nous arriver malheur, murmura-t-elle, je veux que tu saches que j'ai été très heureuse de t'avoir rencontré. Il passa un bras par-dessus ses épaules et l'attira contre lui.

— Moi aussi ! Nous aurons encore de très beaux jours devant nous. Je te le promets !