CHAPITRE XIV
Dès l'aube, des cris éveillèrent les prisonniers. Le colosse vêtu de cuir noir fit claquer son fouet.
— Debout, esclaves. Si vous voulez manger, il faut d'abord travailler.
Les prisonniers furent poussés à l'extérieur et ils durent se ranger en colonne par deux. Ils avancèrent vers la base de la colline. Déjà, une file de mineurs pénétrait par l'unique entrée devant laquelle se tenaient deux cosmatelots. Ils discutaient entre eux dans la langue de Solan. Grâce à son ouïe électronique, Ray percevait leur conversation.
— J'en ai assez de jouer le garde-chiourme sur cette planète.
— Patience, l'astronef d'Ar-Ko doit venir dans trois jours et nous serons relevés. Pense à la fabuleuse prime que nous toucherons. Je prévois une première soirée mémorable. Rien que du vrai whisky et des filles de grande classe, des vraies femmes du monde, celles qui demandent plus de cent dois pour une nuit.
Le gardien-chef avait deux séides à son côté. Il clama ironiquement:
— Deux hommes par équipe. L'un prend une brouette, l'autre un pic et une pioche. Ceux-là vous montreront votre lieu de travail. Quand la brouette est pleine, vous l'amenez devant ce pavillon et il vous sera donné à boire et à manger. Ensuite, vous retournez au travail et tout recommence jusqu'à la tombée de la nuit. Ne vous faites pas d'illusions, aucune resquille n'est possible. Je surveille personnellement les distributions. Enfin, ceux qui préfèrent crever de faim plutôt que travailler n'auront pas une mort paisible car ils tâteront de mon fouet.
Marc et Ray pénétrèrent dans la galerie éclairée par de mauvaises torches fumeuses. Elle s'enfonçait loin sous la colline. Tous les cinquante mètres environ s'ouvrait une galerie latérale d'une hauteur juste suffisante pour laisser passer un homme.
Les Terriens marchèrent près d'un kilomètre dans une lourde atmosphère d'étuve. Aucune ventilation n'avait été
prévue. Des rigoles de sueur ne tardèrent pas à couler sur le dos de Marc. Il eut la satisfaction de constater qu'il en était de même pour le gardien qui les accompagnait. Ce dernier s'immobilisa en grognant:
— Avancez encore de cinquante mètres et prenez la galerie sur la droite. Ce sera votre poste de travail. Dépêchez-vous de remplir votre brouette si vous ne voulez pas crever de soif. Les premiers jours, la chaleur est difficile à supporter. Prenez cette torche pour vous éclairer. Arrivé sur le front de taille, Marc s'assit sur le sol après s'être assuré que le gardien regagnait la sortie. Dans la roche noirâtre, une veine plus claire d'environ un mètre d'épaisseur était visible.
— C'est toujours la même curiosité géologique, dit Ray après avoir détaché d'un coup de pioche un gros fragment. Ses doigts puissants émiettèrent la roche, faisant apparaître une émeraude et un rubis ainsi qu'un cristal gris plus terne. Il le saisit et l'examina un instant par transparence à
la lueur de la torche.
— Aucun doute, c'est bien un lapis oniris.
— Dépêche-toi de remplir la brouette, grogna Marc, j'ai besoin d'aller respirer un peu d'air frais.
— Recule un peu pour ne pas inhaler trop de poussières. Pendant que I'androïde s'activait, Marc tentait d'écha-fauder un plan d'action qui n'enfreindrait pas trop la loi de non-immixtion.
Une demi-heure plus tard, la brouette était emplie à ras bord mais Marc patienta encore car il ne voulait pas qu'un zèle intempestif attire l'attention des gardiens. Quand il jugea que le délai écoulé était raisonnable, il regagna la sortie. L'intense luminosité du soleil contrastant avec l'obscurité de la mine l'éblouit un instant. La voix ironique du gardien-chef résonna à son oreille.
— Pas mal pour un début. Vous avez encore l'énergie des nouveaux arrivants. Portez votre chargement là-bas et vous aurez droit à une ration d'eau et un morceau de pain. Devant un bâtiment sans étage s'entassait un petit stock de minerai. Par la porte grande ouverte, Marc put voir des hommes et des femmes qui, dans une semi-obscurité, brisaient les roches avec de petites masses pour en extraire les pierres précieuses.
Sous un abri de branchages, se trouvaient un tonneau empli d'eau sale et une table portant des petits pains, le tout surveillé par un gardien qui grogna:
— Deux mesures d'eau et un pain par personne.
De retour à son poste au fond de la galerie, Marc murmura:
— La vie d'esclave étant totalement dénuée de charme, nous nous évaderons ce soir. Je veux prévenir le colonel Parker qu'un pirate viendra prendre livraison d'un chargement dans trois jours.
— J'approuve ta décision car je suis inquiet. Depuis notre précédent séjour dans cette mine, aucun travail sérieux d'entretien n'a été effectué. Ils ouvrent de nouvelles galeries sans songer à combler les anciennes ni à les étayer.
Trois fois, ils apportèrent leur chargement de minerai. Ray devenait de plus en plus nerveux, scrutant sans cesse les parois et dosant avec parcimonie la force des coups de pic.
— Les suintements sont de plus en plus importants, grogna-t-il. De fait, le sol de la galerie se transformait en un véritable bourbier.
— Il doit exister dans cette colline une poche d'eau ou un lac souterrain qui cherche une issue.
Une petite source jaillit soudain de la roche en face de Marc. Ray lui saisit le bras en criant:
— Filons ! Je perçois des craquements inquiétants. A peine avaient-ils fait une trentaine de pas que le fond de la galerie s'effondra.
— Branche ton écran protecteur et cours vers la sortie, hurla l'androïde.
— Il faut avertir les autres, lança Marc.
— Je m'en charge mais surtout ne t'arrête pas. Des pierres se détachaient de la voûte et, sans son écran, Marc aurait été touché à plusieurs reprises. Maintenant, des hurlements retentissaient de toutes parts et nombre d'esclaves se bousculaient pour gagner l'unique sortie. Englué
dans le flot des fuyards, Marc finit par émerger à l'air libre. Surpris, le gardien-chef regardait la fuite des esclaves sans en comprendre la raison. L'explication ne tarda pas. Un nuage de poussière jaillit de la mine, vite suivi par une trombe d'eau qui balaya tout sur son passage, les hommes comme les gardiens.
Prudent, Marc dès la sortie atteinte, avait obliqué vers la droite et le flot ne fit que lui éclabousser les bottes.
— Il était temps, soupira-t-il. Ne peut-on aider les malheureux restés dans la mine ?
Etonné de l'absence de réponse, il se retourna. L'androïde n'était pas à son côté.
— Ray ! Ray ! émit-il psychiquement de toute la puissance dont il était capable. Le silence, le néant. Un bloc de glace se forma dans la poitrine de Marc, coupant sa respiration. Un instant d'incrédulité. Un nouvel appel, intense, pathétique, tout aussi vain. Brutalement, il prit conscience de la réalité. Son ami était là-bas, écrasé par des tonnes de roche, broyé par ces pierres maudites. Il se laissa tomber sur le sol tandis qu'un long sanglot déchirait sa gorge.
Le gardien-chef, couvert de boue et la mine défaite s'inclina devant le cosmatelot.
— Une épouvantable catastrophe, seigneur. Toute la mine s'est effondrée et nous avons perdu de nombreux esclaves.
— Faites déblayer et reprenez l'exploitation.
— C'est impossible, seigneur. Une rivière s'écoule maintenant de la montagne, ce qui rend toute approche impossible.
— Ouvrez une autre galerie !
Le gardien-chef, le visage décoloré, murmura:
— Je ne sais comment procéder. Je ne suis que surveillant. Il faudra nous guider et nous donner des instructions précises. Le cosmatelot hésita avant de murmurer en solanien à
son acolyte:
— C'est le gros pépin. Connais-tu quelque chose à
l'exploitation minière ?
— Rien ! Quand Ar-Ko viendra prendre livraison de sa marchandise, nous lui demanderons de contacter un spécialiste. En attendant, ordonne à ce type de regrouper les esclaves et de faire soigner les blessés. Nous en aurons besoin pour reprendre le travail.
Le cosmatelot donna sèchement ses instructions tandis que l'autre marmonnait:
— Nous allons avoir des ennuis avec Ar-Ko. Il ne va pas apprécier l'arrêt de la production. Je crois qu'il va pro-longer notre séjour sur Hark jusqu'à ce que la mine soit remise en activité. Tu aurais dû surveiller de plus près cet imbécile.
— Je pensais qu'il avait quelques notions du travail à
fournir. Jusqu'à présent, tout se déroulait fort bien. Nous ne pouvons rien faire de plus en attendant l'arrivée d'Ar-Ko.
— Messire Marc !
L'exclamation arracha le Terrien à son désespoir. En la personne de ce personnage maigre et au visage dévoré par une barbe, il eut beaucoup de peine à reconnaître le jeune seigneur qu'il avait connu autrefois.
— Duc Valmo ou plutôt devrais-je dire roi Valmo. Le malheureux secoua la tête, les yeux perdus dans le vague.
— Il n'y a plus de duc ni de roi, seulement une misérable créature qui mène une vie d'esclave jusqu'à ce que la mort vienne le saisir. Quand êtes-vous revenu ?
— J'étais à Sippar depuis deux jours quand les gardes du nouveau roi nous ont arrêtés et conduits ici. Après un instant d'hésitation, Valmo murmura:
— Pouvez-vous me donner des nouvelles de la reine ?
— Bien peu. Il se dit qu'elle est prisonnière dans le château et que Norkas garde votre fils en otage.
— Le chien ! Seul l'espoir de me venger m'a permis de survivre dans cet enfer. Vous-même semblez fort marri. Marc ne put retenir les larmes qui montaient à ses yeux.
— Mon meilleur ami vient d'être enseveli dans l'éboulement de la mine. Valmo posa doucement la main sur l'épaule de Marc.
— Je comprends votre peine. Depuis un an, j'ai vu disparaître beaucoup de fidèles compagnons. Venez, la nuit tombe et le repas va nous être distribué. Il importe de conserver nos forces si nous voulons pouvoir un jour châtier tous ces misérables. L'idée de vengeance donna à Marc la force de ne pas succomber au désespoir. Il se leva lentement et suivit Valmo. La file d'attente devant la table où les écuelles étaient distribuées était moins longue que d'ordinaire en raison des disparitions. Chaque prisonnier reçut donc une assiette bien remplie. Comme c'était prévisible, la nourriture était infâme mais Marc s'obligea à l'avaler pour conserver ses forces. Il ne pouvait plus compter sur les tablettes nutritives de Ray.
Le voyant rester immobile, Valmo le saisit doucement par le bras.
— Venez, ami, il nous faut regagner notre baraquement. Les gardiens frappent sans pitié ceux qui traînent. Dans la longue salle éclairée par de rares chandelles régnait une atmosphère chaude, lourde et nauséabonde. Valmo entraîna Marc dans un angle à proximité d'une étroite ouverture tenant lieu de fenêtre.
— Ici, nous pouvons respirer un air un peu moins vicié. Nombre d'esclaves, épuisés par le travail et les émotions, dormaient déjà, comme en témoignaient les ronflements entrecoupés de gémissements. Le dos calé contre la paroi, Marc ne pouvait trouver le sommeil. Plusieurs heures s'écoulèrent avant qu'il ne sombrât dans une demiinconscience. Un appel psychique l'obligea à s'éveiller. Il se frotta les yeux en maugréant:
— J'ai fait un cauchemar !
Non ! L'appel revint, faible, lointain.
— Marc ! Marc, j'ai besoin de ton aide.
— Ray ! Où es-tu ?
— Sur la colline, une centaine de mètres au-dessus de l'entrée de la mine.
La conversation fut brutalement interrompue. Un silence angoissant. Les appels intenses de Marc restèrent sans réponse. Il se leva brusquement, éveillant Valmo.
— Où allez-vous, ami ?
— J'ai besoin de sortir. La porte est-elle verrouillée ?
— Non mais prenez garde. Les gardiens et les maîtres effectuent souvent des rondes et châtient férocement tous ceux qu'ils surprennent à tenter de fuir.
Marc ne sembla pas entendre et poussa la porte qu'il referma en silence. L'esplanade devant la mine paraissait déserte. La maigre lune délivrait une discrète lumière, suffisante pour trouver son chemin. Avançant d'un pas pressé, Marc atteignait presque la nouvelle rivière quand un faisceau lumineux l'éblouit.
— Un petit malin qui cherche à s'esquiver, dit une voix grinçante.
L'homme utilisait l'idiome de Hark mais son accent restait solanien. Un des cosmatelots sans aucun doute. Marc continua à avancer.
— Tu espérais fuguer mais je vais te faire danser un beau ballet.
L'homme tenait à la main un boîtier noir. Avec un sourire vicieux, il appuya sur une touche. Une, deux secondes. Le sauvage était maintenant tout près de lui, nullement incommodé par l'onde douloureuse qu'il avait déclenchée. Le cosmatelot poussa un juron et saisit dans sa poche son pistolet thermique. Il n'eut pas le temps de presser sur la détente. Une force d'une violence inouïe le frappa comme s'il avait été heurté par un camion lancé à pleine vitesse, le plongeant dans un définitif néant. Pressé et sans pitié, Marc avait branché son écran protecteur à pleine puissance, créant une gigantesque onde de choc. D'un coup de talon rageur, il écrasa le boîtier noir tombé sur le sol et il ramassa le pistolet thermique qu'il glissa dans sa ceinture. Sans un regard pour le corps ensanglanté qu'il laissait derrière lui, il remonta la rivière. Arrivé à l'ancienne entrée de la mine qui vomissait un flot grondant, il entreprit d'escalader la colline. Il progressa péniblement car la roche était escarpée et souvent aux arêtes tranchantes. Lorsqu'il estima avoir grimpé d'une centaine de mètres, il émit psychiquement:
— Ray ! Ray !
Ce fut une voix faible qui lui répondit.
— Ici, une vingtaine de pas sur ta droite.
L'androïde, allongé sur le sol, avait piètre allure. Ses vêtements étaient en lambeaux, laissant voir par endroits la peau arrachée. Marc se jeta sur lui pour l'étreindre.
— Ray, que t'arrive-t-il ?
— Mon générateur est totalement épuisé, murmura-t-il. Je ne peux bouger et j'ai dû interrompre tous mes circuits. Dans une heure, ce sera terminé pour moi mais je suis heureux de savoir que tu me survivras. La révolte chassa le désespoir dans l'esprit de Marc.
— Tiens bon, vieux frère, j'appelle le module.
— Il arrivera trop tard. Adieu, Marc, murmura l'androïde d'une voix à peine audible.
— Non ! J'ai une idée.
Saisissant le pistolet thermique, il arracha le chargeur énergétique qu'il appuya sur les doigts de Ray.
— Je sais que la quantité d'énergie sera minime mais cela nous fera gagner quelques minutes.
Il ferma les yeux et concentra son esprit. Les créatures extra-terrestres qui lui avaient donné le Mercure l'avaient doté de commandes psychiques. Il pouvait ainsi donner des ordres à grande distance.
— Voilà, le module est en route.
L'androïde restait immobile mais son regard était fixé
sur son ami. Il cligna des paupières, preuve qu'il restait une étincelle d'énergie dans sa carcasse.
Marc suivait par la pensée la course du module. Ray avait trouvé refuge sur une plate-forme circulaire d'une dizaine de mètres de diamètre. Faire atterrir l'engin demandait attention et précision. Quand il prit enfin contact avec 155 LES PIERRES DU DIABLE
le sol, Marc poussa un soupir de soulagement. La porte pivota avec un discret chuintement.
— En voiture, ironisa Marc en saisissant son ami par les épaules.
Il dut effectuer un rude effort pour le hisser dans la carlingue puis il ôta le cache métallique qui protégeait le générateur. Il posa l'index de Ray près d'une borne.
— Bon appétit, vieux frère !
Dix minutes s'écoulèrent dans un silence total. Enfin, Ray esquissa un mouvement.
— Ne sois pas trop gourmand, ironisa Marc. Laisse au générateur assez d'énergie pour nous ramener au Mercure.
— Ne t'inquiète pas, mes circuits recommencent à fonctionner mais je préfère que tu pilotes le module pour le retour car j'ai besoin de les tester.
Installé aux commandes, Marc fit décoller l'engin. Trois minutes plus tard, il brancha le pilote automatique.
— Nous arriverons au Mercure dans un quart d'heure. Peux-tu m'expliquer pourquoi tu es dans ce piteux état ?
— Dans la mine j'étais une quarantaine de mètres derrière toi, essayant de rameuter les malheureux qui traînaient encore dans les galeries latérales. Soudain, la voûte s'est effondrée. Je n'ai eu que le temps de brancher mon écran protecteur. Toutefois, le poids était tel que mon générateur s'épuisait à grande vitesse. Je savais que je ne pouvais avancer aussi j'ai imaginé une autre solution. Avec mon désintégrateur, j'ai foré un tunnel vers le haut. Ainsi, à
chaque avancée, le poids qui pesait sur mes épaules diminuait. J'ai cru que je ne parviendrais jamais à atteindre l'air libre. Cela a été très tangent. Lorsque j'ai émergé de la colline, le générateur était pratiquement à sec d'énergie. C'est alors que je t'ai contacté.
— Tu peux te vanter de m'avoir donné une belle peur. Attention, nous approchons du Mercure.
Après avoir installé son ami dans la soute près du géné-rateur, Marc gagna le poste de pilotage et brancha la vidéoradio. Une minute plus tard, un visage austère s'imprima sur l'écran. Le colonel Parker haussa un sourcil en reconnaissant son interlocuteur.
— Vous n'avez pas le droit d'utiliser cette fréquence, dit-il d'une voix sèche. Elle est réservée au grand amiral.
— C'est lui qui me l'a communiquée pour que je puisse vous appeler en cas de nécessité. J'ai un besoin urgent d'aide.
L'hésitation du colonel fut de courte durée.
— Où vous trouvez-vous ?
— Sur la planète Hark.
Après avoir consulté rapidement son ordinateur, Parker répondit:
— Impossible ! Ce monde est protégé par quatre satellites tueurs.
— Neuman m'avait fourni le code pour les inactiver. Malheureusement, un petit malin a réussi à le changer.
— Dans ce cas, comment avez-vous pu atterrir ?
De mauvaise grâce, Marc expliqua sa technique. D'ordinaire impassible, le visage de Parker exprima une profonde stupéfaction.
— C'est dément, soupira-t-il enfin.
— C'est ce que m'a dit Ray mais nous nous sommes posés dans une région déserte.
— Que voulez-vous de moi ?
— Une mine de lapis oniris est en exploitation et je sais qu'un pirate nommé Ar-Ko doit arriver dans deux jours pour embarquer un chargement. Il est important que vous l'interceptiez avant qu'il ne se pose sur Hark.
— Je rends immédiatement compte à l'amiral et
j'arrive.
— Mieux vaudrait ne pas appeler maintenant. Neuman pense qu'il y a une taupe dans son entourage. C'est pourquoi il m'a envoyé ici à l'insu de tous. Le colonel ne put dissimuler un haut-le-corps.
— Bien que l'idée d'une trahison dans notre service soit fort désagréable à envisager, je suivrai votre conseil. Mon croiseur n'est pas loin du système de Hark et je serai sur place dans moins de cinq heures.
— Je le sais. J'avais demandé à l'amiral de vous placer en attente à proximité.
Nouveau sursaut de Parker.
— Est-ce à vous que je dois cette mission dans ce système inintéressant ?
— J'avais besoin d'une couverture et je savais pouvoir compter sur vous. Rassurez-vous, je préviendrai l'amiral mais d'une manière détournée. Faites bonne chasse ! Il me serait très désagréable de voir arriver ce pirate. Marc modifia la fréquence de la vidéo-radio pour appeler le S. S. P. P. L'opérateur de permanence haussa les sourcils en reconnaissant son interlocuteur.
— Nous ne vous savions pas en mission, capitaine Stone.
— Je suis en permission mais je dois contacter le général Khov.
— Je vous ferais remarquer qu'il est minuit à New York. Si vous ne craignez pas de vous faire virer du service, je peux vous brancher sur son domicile. Une minute plus tard, le visage d'une jolie blonde s'imprima sur l'écran. Elle paraissait âgée d'une quarantaine d'années mais les fines rides autour des yeux trahissaient qu'elle en avait bien dix de plus. Sans laisser le temps à
Marc de prononcer un mot d'excuse, elle expliqua avec un sourire:
— Non, vous ne nous réveillez pas. Je m'étais absentée pendant deux jours et j'expliquais au général combien il m'avait manqué. Je l'appelle.
Elle se recula sans chercher à masquer la caméra, dévoi-lant une belle nudité. Khov avait les traits tirés et de petites gouttes de sueur perlaient sur son crâne totalement lisse.
— Même en permission, il faut que vous me dérangiez la nuit, grogna-t-il. Que vous arrive-t-il encore ?
— Il se trouve que j'effectue en ce moment une mission pour l'amiral Neuman.
— Vos occupations pendant votre temps de repos ne me regardent pas.
— Il faudrait que vous transmettiez un message à l'amiral dans la plus grande discrétion.
— Entendu, soupira Khov, je l'appellerai cette nuit même. Il est juste que je ne sois pas le seul à être réveillé.
— Il serait préférable que vous lui rendiez visite et n'utilisiez pas le vidéo-phone car une fuite est toujours possible. Le visage du général s'empourpra de colère puis il éclata de rire.
— Pourquoi pas ? Une promenade me fera du bien et me permettra de récupérer quelques forces avant de regagner le lit conjugal. Que dois-je dire ?
Marc fit un résumé de ses tribulations depuis son arrivée sur Hark.
— Je commence à comprendre vos soucis, grimaça Khov. Restez dans votre astronef en attendant les ordres. Les événements qui se déroulent sur une planète primitive me concernent également et je vais en discuter avec l'amiral bien qu'il n'ait pas cru utile de m'en informer. Dès la communication interrompue, Marc alla dans la soute. Ray poursuivait son plein d'énergie.
— Je me sens renaître. J'ai maintenant besoin d'un peu de temps pour effectuer quelques réparations. Tu peux aller te reposer.