CHAPITRE V

Barnett déposa sur son bureau une mallette métallique.

— C'est ton petit déjeuner ? demanda Tyson, ironique. Mike ouvrit son bagage et en tira un mini-ordinateur qu'il déposa sur la table ainsi qu'une pile de papiers.

— Je préfère travailler avec mes instruments plutôt qu'avec des antiquités qui auraient plus leur place dans un muséum qu'ici.

A cet instant, le capitaine Kieffer pénétra dans le box vitré. Il arborait sa mine des très mauvais jours.

— Barnett, faites votre rapport sur les incidents d'hier. Le procureur Lynch le réclame en urgence. Au travail, ne traînez pas !

Prenant plusieurs feuillets, Mike les lui tendit.

— Il est prêt ! Trois exemplaires. Un pour le procureur, un pour vous et un pour mes archives personnelles. Interloqué, Kieffer approuva de la tête. Retrouvant un ton moins sec, il reprit:

— Parfait ! Cela occupera Lynch en attendant le rapport de Craig.

Il héla dans le couloir une jolie brunette fort occupée à

sourire à Tyson.

— Portez ce dossier au procureur et au galop !

Le capitaine ayant regagné son repaire, Tyson marmonna:

— Ne t'inquiète pas de sa colère apparente. Il est toujours d'humeur exécrable quand un membre de son équipe a été en danger. Tiens, voilà notre patronne.

Le lieutenant arrivait à grands pas pressés. Le visage sévère ne portait aucune trace des événements de la nuit. Mike prit un mince dossier et suivit Dana dans son bureau.

— Quoi de nouveau, sergent ? demanda-t-elle d'un ton impersonnel.

— Le capitaine réclame votre rapport. Pour le faire patienter, je lui ai déjà remis le mien.

Un soupir échappa à la jeune femme.

— C'est le sport que je déteste le plus !

— J'ai cru le deviner. Comme hier soir, je n'arrivais pas à trouver le sommeil, je me suis permis de rédiger votre texte. Je crois qu'il est correct. Je n'ai pas oublié de mettre au féminin certains passages. Vous n'avez qu'à relire ma prose et signer.

Surprise, Dana hésita avant de lancer d'un ton acide:

— Merci mais je sais encore écrire ! Je ne suis pas totalement analphabète !

Un instant de silence avant d'ajouter:

— Toutefois, cela fera gagner du temps. Voyons ce rapport. Elle ouvrit la chemise et étala les papiers sur la table. C'est l'instant que choisit le capitaine pour entrer en trombe. Avisant les feuilles, il les saisit avant que Dana puisse l'en empêcher.

— Enfin, je vais apprendre ce qui est arrivé, grogna-t-il. Un cadavre et deux blessés sérieux, cela ne passe pas inaperçu !

Il sortit en coup de vent, laissant Craig pétrifiée.

— Heureusement, il me reste un exemplaire pour découvrir ce que vous m'avez fait dire, grinça-t-elle. Désignant une pile de dossiers sur une étagère murale, elle ajouta:

— Emportez-les pour les étudier. C'est le travail de ces trois derniers mois. Aujourd'hui, nous ne patrouillons pas. C'est le tour de Tyson et Mac Nab. Nous sommes en réserve.

Resté seul dans le box vitré, Mike passa sa matinée à lire une succession de rapports. A travers une multitude d'incidents, la situation dans le quartier Nord lui apparaissait encore plus grave qu'il ne l'avait imaginée.

Le capitaine fit une nouvelle apparition, toujours aussi luxieux. Il agitait frénétiquement trois malheureuses feuilles de papier.

— Ce rapport est ridicule ! Je ne comprends pas un mot à votre charabia !

Les éclats de voix attirèrent Craig.

— Vous devriez surveiller votre équipier ! Voyez ce qu'il écrit: « Le premier individu me lança un coup de poing que j'ai esquivé avant de riposter par le coup numéro 27, paragraphe 3 du manuel de combat... En tombant, l'individu s'est cogné la figure sur le sol... Le second individu ayant sorti un pistolaser, j'ai voulu l'immobiliser par la prise répertoriée au numéro 42 du manuel. C'est en se débattant, bien qu'informé de son état d'arrestation, qu'il s'est lésé le coude. La douleur lui a fait perdre connaissance. »

— C'est un peu théorique mais..., tenta d'objecter le lieutenant.

— Attendez ! Il y a encore plus ridicule.

Il changea de feuillet pour lire:

— « Après avoir proféré les menaces que je viens de citer, le Dénébien dirigea vers moi son pistolaser. J'en ai alors déduit, en vertu de l'article 31 du code de procédure pénale, que je pouvais me considérer en état de légitime défense et j'ai fait feu... etc. etc. » Tout est dans le même style.

Une femme apparut alors dans le couloir. La cinquantaine, la silhouette large, le visage carré avec une mâchoire lui donnant une allure de bouledogue. Apercevant Kieffer, elle se dirigea vers le box vitré.

— Voici Madame Lynch, attendons-nous au pire, soupira Dana. Elle poussa la porte et lança aussitôt:

— Qui est le sergent Barnett qui a signé ce rapport ?

Mike se leva tandis que le capitaine balbutiait:

— Je lui disais justement d'apporter quelques modifications...

— Rien du tout ! C'est le meilleur rapport qui soit jamais sorti de votre service. Vous devriez le faire afficher pour servir d'exemple à vos anencéphales de subordonnés !

L'avocat de ces deux fripouilles arrêtées cette nuit avait décidé de vous attaquer pour brutalités injustifiées. I, es neurones électroniques de l'ordinateur judiciaire frétillaient d'aise en enregistrant ce très astucieux rapport. Il ne pouvait que vous donner raison, les règlements étant imprimés dans ses circuits sinon il obligeait à modifier tous les manuels d'instruction de la Sécurité Galactique. Continuez ainsi, mon garçon, et nous pourrons enfin faire du bon travail !

Se tournant vers Craig, elle ajouta:

— Vous vous améliorez, lieutenant. Pour la première fois, j'ai réussi à comprendre votre prose dès la première lecture.

Elle sortit aussi brusquement qu'elle était entrée, bien vite suivie du capitaine, heureux de savoir l'incident clos. Dana esquissa un petit sourire.

— Je crois que je vous demanderai souvent conseil. Toutefois, ce rapport que vous m'avez écrit était incomplet. Vous avez mentionné brutalités, menace de mort mais pas la tentative de viol.

— Une omission sans importance, dit Mike d'un ton négligent. Le Dénébien est mort donc l'action de la justice s'éteint. Quant aux deux autres, ils n'étaient pas présents dans la pièce et ils ne peuvent être accusés de complicité.

— Voilà un raisonnement qui plairait à Madame Lynch mais est-ce la seule raison de cet oubli ?

Mike la regarda avant de murmurer:

— Ce genre de rapport n'est pas confidentiel et nombreux sont ceux qui y ont accès. J'ai pensé préférable de vous éviter les commentaires faussement apitoyés ou les réflexions salaces de vos collègues.

— C'est bien ce que j'avais cru comprendre. Merci !

Elle s'ébroua et reprit son visage sévère.

— Au travail ! Que pensez-vous des archives ?

— Le trafic de lapis oniris s'est terriblement aggravé et il est la source de nombreux actes criminels. Vol et violence pour les acheter puis crises de folie furieuse en cas d'overdose. D'où viennent ces maudits cailloux car je ne pense pas qu'ils sont extraits sur Terrania VI ?

— Ce sont probablement des pirates solaniens qui les fournissent. Vous connaissez la situation très excentrique de Solan. Comme les dirigeants ont signé un traité d'adhésion à l'Union Terrienne, il est impossible à la Sécurité

Galactique d'intervenir là-bas sans une demande officielle des autorités. Ainsi, cette planète est devenue le pire repaire des écumeurs de l'espace.

— Comment les introduisent-ils sur Terrania VI ? Je doute qu'ils se posent sur l'astroport.

— Il existe de nombreux yachts civils. Ils peuvent rencontrer les pirates à l'abri de la cinquième planète dont la volumineuse masse fait écran aux radars. Ensuite le yacht regagne paisiblement notre planète.

— Des contrôles sont-ils pratiqués ?

— A de nombreuses reprises ! C'est le service de sécurité de l'astroport qui les effectue. Chaque fois ce fut un échec.

Elle émit un ricanement désabusé.

— Cela ne nous regarde pas ! On me l'a fait souvent comprendre. Nous sommes cantonnés dans le secteur Nord. Notre seul travail est de constater les dégâts. Un petit bourdonnement annonça l'arrivée d'un message sur un vieux télex. Craig saisit la feuille qui venait de s'imprimer.

— Les services anthropométriques ont identifié notre victime. Il s'appelle So-Wun et était citoyen de l'empire Dénébien. Là-bas, après une série de hold-up sanglants, il a réussi à fuir sa planète d'origine où il a été condamné à

mort par contumace. Ayant échoué sur Terrania VI, il est parvenu à obtenir l'asile politique. Une bien mauvaise décision ! Il a été accusé de meurtre à deux reprises mais jamais jugé faute de preuves. Ah ! Encore un détail. Il ne portait pas de plaque d'identité mais l'ordinateur a trouvé

une adresse à son nom.

Mike boucla son étui laser et enfila un blouson de toile.

— Ne pensez-vous pas qu'une visite domiciliaire s'impose ?

Dans le trans, Craig nota avec ironie:

— Ce So-Wun traitait ses affaires dans le quartier Nord mais il préférait résider dans le centre ville. Quinze minutes furent suffisantes pour arriver devant un immeuble moderne d'une trentaine d'étages. Un répertoire électronique précisa le numéro de l'appartement. Dans le couloir, Dana s'immobilisa subitement. D'un mouvement vif, elle dégaina son pistolaser, imitée avec un temps de retard par Mike. Elle montra du doigt la porte entrebâillée.

— Apparemment, il y a un visiteur imprévu, chuchotat-elle. Elle avança en silence, respira profondément puis, d'un coup de pied fit pivoter le battant.

— Sécurité Galactique ! Personne ne bouge !

Un homme mince était penché au-dessus d'un corps de femme. Le type se retourna comme piqué par un scorpion d'Antarès. Des réflexes anormaux tellement ils étaient rapides. Sa main tenait un fin pistolaser. Dana s'était laissée tomber à genoux et l'éclair rouge passa au-dessus de sa tête. Elle riposta à deux reprises, touchant son adversaire au cœur.

L'homme parut se figer puis s'écroula lentement. Il avait un visage émacié dans lequel les yeux paraissaient immenses. De nombreux capillaires avaient éclaté, leur donnant une couleur d'un rouge sinistre.

Mike se précipita vers la femme. Une douloureuse nausée lui tordit l'estomac. Elle paraissait jeune, vingt ans environ. Une bande de tissu élastique la bâillonnait. Ses joues avaient été lacérées et étaient couvertes de sang séché. Les cheveux blonds avaient été arrachés par poignées emportant des morceaux de cuir chevelu. Le plus horrible était son corps dénudé. Son tortionnaire s'était acharné sur les seins. De larges balafres striaient la fine peau et les mamelons avaient été arrachés. Deux longues entailles ouvraient le ventre et une anse intestinale affleurait la peau.

— Lieutenant, appelez vite une ambulance, dit Mike d'une voix enrouée par l'émotion.

Il entreprit ensuite de décoller avec douceur le pansement adhésif. La fille ouvrit les yeux et murmura:

— J'ai mal ! Je ne sais rien...

— Calmez-vous. Nous sommes policiers et dans moins de cinq minutes vous serez conduite à l'hôpital. Que voulait ce sadique ?

La fille referma les yeux puis dit d'une voix très basse qui obligea Mike à coller son oreille sur les lèvres.

— Il savait que j'étais la compagne de So-Wun. Il pensait qu'il m'avait laissé des documents... Mais je ne savais rien... Rien... C'était horrible !

Elle posa une main aux doigts écrasés sur celle de Barnett.

— Ne m'abandonnez pas... Tout mon corps me brûle... So-Wun ne m'a jamais rien donné...

Un triste sourire apparut sur ses lèvres.

— Sauf la semaine dernière, un ours en peluche... Ah !

Un faible cri, une contraction de la main qui se relâcha lentement. Mike se releva, les traits crispés. Deux infirmiers, poussant un brancard, arrivèrent à cet instant, escorté d'un jeune médecin qui grimaça de surprise devant le tableau.

— Trop tard, docteur. Elle vient de mourir, soupira Mike.

— Fichu travail ! C'est peut-être mieux pour elle. Nous n'aurions pu lui rendre sa beauté et elle serait restée mutilée. Il se pencha sur le corps du meurtrier.

— Un drogué en état de manque. Ils sont capables des pires folies et perdent toute notion de la réalité.

— Je ne comprends pas bien, docteur. Pour arriver à ce stade, il lui a fallu avoir au moins un lapis oniris. Alors pourquoi cet état furieux de manque ?

— Lorsqu'ils sont trop sollicités par les photons, les atomes du lapis oniris finissent par se modifier et perdent leurs propriétés oniriques. Le drogué doit donc se procurer une autre pierre pour le plus grand bénéfice des trafiquants. Se tournant vers ses aides, le médecin ajouta:

— Dès que les policiers auront terminé, emballez-les dans des sacs et conduisez-les à la morgue. Ce sera à mon confrère médecin légiste de travailler.

L'appartement de trois pièces avait dû être coquet mais maintenant il y régnait un désordre indescriptible. Tout avait été fouillé, retourné, saccagé, brisé.

— Je ne pense pas que nous trouverons quelque chose dans ce fatras, soupira Craig. Toutefois, je demanderai à

l'équipe technique de tout examiner.

Mike hocha la tête, les sourcils froncés.

— J'aimerais cependant jeter un coup d'œil dans les chambres.

— Allez ! J'entends nos collègues arriver. Je les recevrai. La chambre comportait un vaste lit dont le matelas antigravité perfectionné avait été lacéré. So-Wun avait le sens de son confort ! Dans un angle, une table coiffeuse supportait un miroir maintenant brisé, nombre de flacons d'eau de toilette, de pots de crème et de fard. Tous avaient été vidés. Sur la moquette épaisse, Mike ramassa un jouet. C'était une réplique miniature d'un ours d'Arcturus, ces cruels fauves au pelage d'un bleu éclatant. Le malheureux jouet avait été étripé et vidé de ses entrailles de mousse plastique. La tête fendue en deux montrait une cavité vide. A l'instant de le rejeter, Mike observa les yeux globuleux. Deux grosses billes jaunes mais la droite paraissait plus mate, moins brillante que sa voisine.

A l'aide d'un canif, il énucléa l'œil avec précaution. Sous une mince enveloppe plastique apparut un cristal taillé de la taille d'une noix. Un cristal mémoriel d'ordinateur !

Mike enveloppa sa trouvaille dans son mouchoir qu'il glissa dans sa poche. Deux policiers, les bras chargés de détecteurs, pénétrèrent dans la pièce.

— Encore un beau chantier, marmonna le plus grand. Videz les lieux, sergent, et laissez-nous travailler !

Mike retrouva Craig dans le living-room. Les cadavres avaient disparu.

—-Nous n'avons plus rien à faire ici, Barnett. Venez, nous retournons au bureau.

Avec un long soupir, Dana ajouta:

— Encore un rapport à rédiger !

Dans le trans mené rapidement, elle reprit:

— Je me demande ce que ce cinglé cherchait dans l'appartement. Il semble qu'il ne l'a pas trouvé puisqu'il continuait à torturer la malheureuse.

Extirpant le cristal de sa poche, Mike dit:

— J'ai déniché cela, caché dans l'œil d'un jouet en peluche. La malheureuse fille ne devait pas le savoir.

— Il faudra l'envoyer au laboratoire pour qu'il l'étudié.

— Auparavant, nous pourrions y jeter un coup d'oeil. Je pense que mon ordinateur personnel sera compatible.

— Curieux, dit Dana, je n'ai pas vu d'appareil dans l'appartement. So-Wun devait occuper un autre local pour entreposer ses marchandises illicites.

— Inutile de le chercher, ses complices ont déjà dû le déménager. Moi, je me demande qui a payé ce minable drogué pour torturer la fille.

— Hélas ! Il ne parlera plus. So-Wun était apparemment le distributeur de lapis oniris pour le quartier Nord mais ce n'était pas lui le grossiste.

— N'avez-vous aucun soupçon ?

— Des rumeurs circulent mais sans preuve aucune. Il se dit qu'Erwin Warren, une grosse fortune de New-Star, serait au mieux avec la pègre. La brigade financière a fait plusieurs enquêtes discrètes, toujours sans résultat. Ses affaires sont toutes respectables !

— Il y a plusieurs années que j'entends ce bruit, ironisa Mike. Dans la haute société, Warren n'avait déjà pas bonne presse.

— Un journaliste avait fait allusion à une origine douteuse de sa fortune. Il a été poursuivi et condamné pour diffamation. Depuis cet incident, la presse évite d'aborder le sujet.

— Fait-il toujours l'objet d'une enquête ?

— Certainement pas. Warren joue au philanthrope et arrose très généreusement toutes les œuvres de charité, y compris les orphelins de la Sécurité Galactique. De plus, il est au mieux avec certains hommes politiques dont le gou-verneur. Donc, son cas nous dépasse et vous devrez vous contenter de petits truands à votre tableau de chasse.

— Pour l'instant, cela me suffit largement ! Depuis mon arrivée je n'ai pas encore eu le temps de m'ennuyer. Arrivé à l'immeuble de la Sécurité Galactique, Mike gagna directement son bureau vide de tout occupant. Tyson cl Mac Nab étaient toujours en patrouille. Il alluma son ordinateur et plaça le cristal dans une encoche où il fut immédiatement aspiré. Il pressa deux touches et attendit.

— Alors ? s'exclama Craig.

— Un peu de patience, lieutenant. Il faut laisser le programme se charger. De fait, une minute plus tard, des signes commencèrent à apparaître sur l'écran mais totalement dépourvus de signification.

— C'est incompréhensible, dit Dana. Serait-ce un code ?

— Je ne sais mais cela ressemble à un alphabet dénébien.

— C'est possible, n'oublions pas que c'était la langue maternelle de So-Wun.

A cet instant, la porte du bureau du capitaine s'ouvrit. Il hurla d'une voix terrible:

— Craig ! Au rapport, immédiatement !

Mike resta quelques minutes à contempler l'écran, songeur. Puis il frappa sur plusieurs touches. Vingt secondes plus tard, le cristal mémoriel sortit de l'appareil. Il le saisit et le posa avec précaution dans un petit étui plastifié. Ensuite, il commença à dicter son rapport dont le texte s'inscrivait aussitôt sur l'écran.

Satisfait, il l'imprima puis dicta à nouveau. A peine terminait-il que le capitaine faisait irruption dans le box.

— Félicitations, sergent ! Vous vous entendez à merveille avec votre équipier. Deux nouveaux cadavres !

— Le lieutenant était en état de légitime défense.

— Je sais, ricana Kieffer. Article trente et un du code pénal.

— C'est exact, capitaine. Je puis en témoigner.

— A ce rythme, dans trois mois, il ne restera plus un malfaiteur à New-Star !

Le visage de Mike arbora un air surpris très bien imité.

— N'est-ce pas justement notre mission ?

Le capitaine s'immobilisa puis éclata de rire.

— Certes mais il serait préférable de donner quelques malfrats vivants au procureur.

— Rassurez-vous, il ne manquera jamais de travail. Les malfaiteurs ne disparaîtront pas aussi facilement. Un mort, un autre prend sa place.

— Sur ce point, je vous approuve.

Redevenant sérieux, le capitaine ajouta:

— Craig m'a dit que vous aviez trouvé un cristal mémoriel chez cette fille. Le laboratoire va s'en occuper. Mike lui tendit l'objet dans son étui.

— Merci ! Il me faudra également votre rapport.

— Le voici !

Devant la mine étonnée de son supérieur, il ajouta:

— Je n'ai pas besoin de plusieurs heures pour raconter une action d'une dizaine de minutes.

Désignant son mini-ordinateur, il ajouta:

— Ces machines sont très pratiques. Vous devriez en équiper votre service.

— Obtenez-moi d'abord les crédits nécessaires, grogna Kieffer. Je vais porter tout cela au commandant qui m'a convoqué. Il n'apprécie guère cette avalanche de cadavres.