Une semaine plus tard
Les vagues se brisaient sur les rochers en contrebas, le vent soufflait en hurlant le long du promontoire. Le ciel plombé était d’un gris sinistre, la pluie menaçait de tomber d’un moment à l’autre.
Les vigiles armés avaient disparu, la guérite était vide. Je me suis garé sur l’allée circulaire et je suis allé sonner à la porte.
Comme personne ne répondait, j’ai retenté ma chance, et une minute s’est écoulée avant que Marshall vienne m’ouvrir. Il portait un cardigan gris et une chemise blanche toute froissée.
– Nicholas.
Il m’a souri, mais il n’y avait pas de joie dans ce sourire. Il semblait las et abattu. Ses traits s’étaient affaissés et ses dents d’un blanc artificiel paraissaient trop grandes pour sa bouche. Il avait le visage fripé, ses cheveux châtain roux se dressaient en mèches hirsutes sur sa tête. Apparemment, je l’avais tiré de sa sieste.
– Désolé de t’avoir réveillé. Je peux repasser plus tard, si tu préfères.
– Mais non, ne dis pas de bêtises. Entre donc. (Il m’a serré dans ses bras.) Merci d’être venu.
Les épaules voûtées, il m’a précédé vers l’autre côté de la maison, où on profitait de la vue sur la mer. Il faisait assez sombre dans le salon, éclairé seulement par la lumière déclinante de cette fin d’après-midi. Une couverture synthétique à l’emblème des Red Sox était roulée en boule sur un canapé.
– Elle ne parle toujours pas ? lui ai-je demandé.
Marcus s’est laissé tomber dans un fauteuil avec un profond soupir.
– Tout juste si elle sort de sa chambre. C’est à peu près comme si elle n’était pas là. Elle passe son temps à dormir.
– Après ce qu’elle a enduré, elle a besoin de se faire aider. Tu n’es pas obligé de choisir un des spécialistes conseillés par Diana, mais il faut qu’elle voie quelqu’un.
– Je sais, Nick. Tu réussiras peut-être à la convaincre. Tu as toujours eu de l’influence sur Lexie. Et toi, tu es rétabli ?
– Tout à fait, oui.
– Heureusement que tu portais ce gilet.
– Un vrai coup de bol, en effet. Tu sais, je pense que tu as fait le bon choix.
Il m’a lancé un regard perplexe.
– Oui, en acceptant de rencontrer le FBI.
– Oh, je fais ça parce que Schecky prétend pouvoir obtenir un compromis.
– Montre-toi coopératif avec Gordon Snyder et tu auras les fédéraux dans ton camp. Leur avis compte beaucoup pour le bureau de l’attorney général.
– À quoi je dois m’attendre ? Tu crois que je vais finir en prison ? Pauvre Alexa… Avec tout ce qu’elle a subi, si en plus on lui enlève son père…
– Tout dépend de ta bonne volonté. Il n’est pas impossible que tu restes en liberté.
– Tu dis ça sérieusement ?
– Ce sera fonction de la quantité de renseignements que tu leur fourniras. Tu vas être obligé de leur parler de Mercury. Ils en savent déjà pas mal sur le sujet.
– D’après Schecky, je n’ai pas à m’en faire tant que je respecte ses consignes.
– Et tu trouves que c’est dans ton intérêt ?
Embarrassé, il s’est tu pendant quelques instants. J’ai rompu le silence.
– Et Belinda, où est-elle ?
– C’est à cause d’elle que je t’ai demandé de passer. Elle est partie.