Zhukov sait maintenant que je me trouve dans la maison.
Alexa insiste, de plus en plus paniquée :
– S’il te plaît, Nick, réponds-moi ! Ne me laisse pas enfermée ici ! Merde, ne t’en va pas sans moi !
Zhukov se déplace avec une souplesse de félin, les muscles tendus, prêt à bondir. Il examine la pièce méthodiquement, de haut en bas, puis il la quadrille du regard.
Tapi derrière la porte, je l’observe par le trou de la serrure, respirant sans bruit.
Je suis venu ici dans l’idée de sauver Alexa, mais désormais il s’agit surtout d’une question de survie.
Les balles à tête creuse dont je me sers ont peut-être une forte puissance d’arrêt, mais elles ne traverseront jamais le panneau qui me sépare de Zhukov. Elles se fragmenteront dès qu’elles toucheront le bois et, même si elles le transpercent, elles perdront trop de leur vélocité pour causer une blessure mortelle.
Autant dire que je suis sans défense.
Ma veste tactique n’est pas censée me protéger des projectiles de calibre 50. Les balles du Desert Eagle risquent de passer au travers, et à supposer qu’elle résiste, le traumatisme contondant me sera probablement fatal.
La respiration suspendue, je continue à le surveiller, attendant qu’il s’éloigne vers une autre partie de la maison.
Encore une fois, Zhukov inspecte la pièce et semble en conclure que je ne me cache pas dans le coin. Son regard se déplace vers la cuisine, il fait quelques pas dans cette direction.
Je relâche lentement mon souffle. Dès que je serai sûr qu’il est entré dans la cuisine, je ferai tourner délicatement le bouton de la porte, puis je sortirai aussi furtivement que possible.
Si je me débrouille pour le prendre au dépourvu, il me reste une chance de l’abattre du premier coup.
Avec précaution, je pose la main gauche sur la poignée, attendant prudemment qu’il ait quitté la pièce.
Je continue à le surveiller patiemment, retenant ma respiration.
Quelques secondes de plus, et il fait demi-tour. Son regard s’arrête sur le sol, comme s’il venait d’y découvrir quelque chose. Je sais ce qui a attiré son attention.
La chaise que j’ai écartée pour pouvoir m’introduire dans le sous-sol.
Il s’est aperçu qu’elle avait bougé.
Il relève lentement la tête. Son sourire révèle des dents brunâtres de castor.
Le Desert Eagle est pointé vers la porte du sous-sol, pile dans ma direction, à croire que ses yeux sont des rayons X capables de traverser le battant.
Il appuie sur la détente.
Bam, bam, bam.
Je m’esquive d’un bond, et tout le reste semble se dérouler au ralenti, les détonations assourdissantes, les boules de feu qui illuminent tout l’espace, la porte qui vole en éclats. Au moment où je lâche la poignée et la rampe d’escalier, basculant en arrière, je sens l’impact d’un projectile dans ma poitrine, atrocement douloureux, et un voile noir passe devant mes yeux.