9

LE MOUROIR

Une pancarte fixée au-dessus du panneau d’information de l’UTI 9 proclamait :


CONSIGNE NON RESPECTÉE
=
COUPS DE PIED AU CUL


Quand les surveillants criaient « Fumeurs ! », les patients étaient autorisés à sortir de leur cellule pour se traîner jusqu’à la salle de jour, connue sous le nom de « salle des fumeurs ». Chacun devait rester assis avec les deux pieds bien à plat sur le sol. Si on souhaitait se rendre aux toilettes, lire ou poser une question, on devait lever la main et attendre la permission de parler. Il fallait demander celle de retourner dans sa cellule de la même manière.

L’équipe de garde des patients, surnommée « l’équipe des gorilles », avait tous les droits. Les surveillants géraient ce qu’ils appelaient des « fous dangereux » comme s’ils manipulaient des bouteilles de nitroglycérine.

Lorsque Milligan ouvrit les yeux dans une cellule d’isolement de l’UTI 9, il ignorait qui il était. On l’avait assommé de Thorazine, attaché à son lit par les chevilles et les poignets, et laissé dans le froid devant la fenêtre ouverte.

Aucun des Habitants ne savait pour quelle raison.

C’était une époque d’embrouilles.

Quand la lourde porte de sa cellule s’ouvrit enfin, la lumière aveugla Shawn. Faible, affamé et assoiffé, il n’avait pas encore parlé à qui que ce soit. Des formes indistinctes et sans visage émergèrent de la lumière. L’une d’entre elles tenait une seringue à la main. Il sentit la brûlure de l’injection dans sa chair. Les lèvres des apparitions remuaient, mais aucun son ne lui parvenait.

Les créatures en blouse blanche laissèrent la porte de sa cellule ouverte, mais Shawn demeurait paralysé. Il ne pouvait pas s’approcher de la porte, et elle ne pouvait pas venir à lui. Bah, reste donc où tu es, Porte, sur tes charnières rivées au mur ! Comme s’il en avait quelque chose à foutre... Il demeurerait ici, pour l’éternité. Dans le silence total.

Comment était-il arrivé dans cette nouvelle pièce, moins sombre que la précédente ? Bah ! Ici ou là... Une couverture recouvrait ses épaules. Cette salle grise et crasseuse était pleine de gens. Shawn ne regarda personne dans les yeux, car il savait qu’il n’était pas supposé le faire. Toujours pas le moindre son. Il était sourd. Et alors ? Qui s’en soucie ? Personne.

Son siège était grand, jaune et mou. Il voulut se lever, mais un homme avec un trousseau de clefs le repoussa sur son fauteuil.

Des horloges. Des livres et des sirènes. Fuites. Précisément ce que le Professeur avait ordonné. Qui est le Professeur ? Et qui pense ? Écoute donc un peu ! L’horloge indique qu’il est l’heure de partir... l’heure de dormir. Tu ne peux mélanger le temps, s’il n’existe plus. Tu échappes au temps pour t’échapper du présent. Le temps s’écoule et t’entraîne ailleurs.

Que se passe-t-il ? Qui pense ?

Peu importe, répondit la pensée.

Je veux savoir qui tu es.

Très bien, répondit la pensée, disons que je suis un ami de la famille.

Je te hais !

Je sais. Je suis toi.

Shawn donna un coup de poing au miroir de métal pour contraindre la caméra de son esprit à effectuer la mise au point. Il se mit alors à produire un son bourdonnant avec ses lèvres, afin de sentir les vibrations dans son crâne. Mieux que rien, mais toujours pas le moindre bruit extérieur.

Quand l’homme aux clefs quitta la pièce, Jason se redressa sur sa chaise pour étirer son dos endolori. Il se massa la tête et décida d’explorer la nouvelle salle de jour.

Mais lorsqu’il se leva, et posa ses pieds sur le lino, il réalisa avec terreur que le sol cédait sous son poids. Persuadé que le bâtiment tout entier devait être en train de s’effondrer, il battit l’air de ses mains pour trouver une prise à laquelle se raccrocher – en vain.

Un long hurlement de détresse sortit de sa gorge.

Ce qui lui arrivait ne pouvait être réel. Pourtant, il voyait, touchait, sentait...

Il heurta le sous-sol d’un bâtiment qui ne possédait pas de sous-sol. La violence de l’impact déclencha une explosion de douleur dans ses pieds. Quand, en se remettant debout, Jason sentit des pulsations de souffrance remonter dans ses genoux, il sut que ce qui lui arrivait n’était pas une simple création de son esprit.

Il se trouvait dans un tunnel.

Un tunnel d’entretien ? Non.

Derrière lui, le souterrain semblait s’étendre à l’infini. Une énorme porte en chêne se dressait en face de lui, entrouverte.

Il n’était pas en train de perdre le temps. Non, il occupait le projecteur, en ce moment même. Mais en avait-il la certitude ? Peut-être s’agissait-il d’un souvenir ? Non, c’était bien le présent. Peut-être, simple hypothèse, peut-être avait-il été libéré. Hors de prison. Plus de barreaux, ni de portes fermées. Mais dans ce cas, où était-il ?

La curiosité qui l’habitait se révéla plus forte que la peur, et il franchit la formidable porte.

La pièce, au sol recouvert d’un épais tapis aux longues fibres rouges, ressemblait à une gigantesque crypte funéraire octogonale. Une douce musique funèbre l’emplissait. Il y avait des étagères aux murs, et toutes les peintures qu’ils avaient réalisées pendaient à l’envers, ainsi que de nombreuses horloges, toutes sans aiguilles, certaines sans chiffres, les horloges de ses vies brisées...

Une sueur froide le tira de son engourdissement.

Il dénombra vingt-quatre cercueils, disposés tels les rayons d’une roue autour d’un grand disque de fourrure noire. Un rayon de lumière éclairait le centre de l’espace circulaire.

Le Projecteur.

Chaque cercueil différait des autres. Tous portaient le nom de l’un des Habitants. Jason vit la plaque de métal sur laquelle était gravé son propre nom. Mais ce ne fut pas avant d’apercevoir un minuscule cercueil doublé de soie rose, avec le prénom de Christine brodé sur le satin du petit oreiller, que les larmes lui montèrent aux yeux.

Jason frappa les murs jusqu’à ce que ses poings saignent, mais aucun son ne lui parvint.

« Où suis-je ? hurla-t-il. Qu’est-ce que c’est que cet endroit ? Que se passe-t-il ? »

Personne ne répondit, et il disparut.

En se rapprochant du centre de la pièce, Steve reconnut certains des autres Habitants qu’il ne connaissait que comme voisins, endormis dans leur cercueil. Christopher. Adalana. April et Samuel. Steve savait qu’ils n’étaient pas morts, parce qu’il les voyait respirer, mais quand il secoua Lee et Walter pour obtenir des explications, il ne parvint pas à les réveiller.

Quelqu’un lui tapota l’épaule. C’était David.

« Où sommes-nous ? lui demanda Steve.

— Nous devons quitter le projecteur pour en parler. » Steve secoua la tête.

— Comment veux-tu que nous sortions d’ici ? Ce couloir s’évanouit dans le néant ! »

Sans lui répondre, David traversa le mur. Quand Steve le suivit, il se retrouva seul dans sa cellule.

« Où es-tu, David ? »

Une voix répondit dans son esprit

« Je suis ici.

— C’était quoi, cet endroit ?

— C’est un endroit que...

— Quoi ? Un endroit que quoi ? »

David soupira.

« Je n’ai que 8 ans, bientôt 9.

— Mais ce lieu t’est familier. Plus que tu ne veux bien l’admettre.

— C’est un endroit que j’ai fait. »

Steve pivota avec vivacité sur lui-même, comme si ce mouvement lui permettait d’apercevoir David du coin de l’œil. « Comment ça, tu l’as fait ? Quand ?

— Quand on nous a envoyés dans cet horrible hôpital.

— À qui est-il destiné ? Pourquoi April, Walter et les autres dorment-ils dans des cercueils ?

— Parce qu’ils ont laissé tomber. Ils ne supportent plus de vivre ici, mais ils ne veulent pas se battre.

— Peuvent-ils quitter cet endroit ?

— Ils peuvent aller et venir, répondit David. Mais si tout le monde abandonne, au moment où la dernière personne entrera dans sa boîte de son plein gré – sans que personne ne l’y oblige – tout sera terminé.

— Qu’est-ce que tu veux dire par "terminé" ?

— Je ne suis pas sûr...

— Dans ce cas, comment peux-tu savoir que ce sera terminé ?

— Je le sens, fit David. Je le sais, c’est tout.

— Je dois avoir des hallucinations, décréta Steve. Je ne crois pas à toutes ces conneries de personnalités multiples. » David laissa échapper un soupir.

— Comment as-tu fabriqué cet endroit ? demanda Steve.

— Il est apparu tout seul quand j’ai cessé d’avoir peur. »

Steve sentit l’engourdissement qui l’avait paralysé remonter le long de sa colonne, glacer son cœur, puis sa gorge, avant d’atteindre son cerveau.

« Alors, dis-moi, c’est quoi cette pièce ?

— Je l’appelle : "l’Endroit où l’on meurt". »

Ces mots le heurtèrent avec la violence dévastatrice d’un coup de masse contre une statue de glace.

Et Steve, le sceptique, vola en éclats.

Un peu de lumière filtrait à travers les barreaux et le grillage de la cellule d’isolement. La petite pièce n’était plus aussi glaciale qu’auparavant – Tommy avait dû réussir à fermer la fenêtre –, pourtant, ses articulations raidies l’élançaient.

La porte s’ouvrit avec un cliquetis métallique. Un bol de porridge gluant posé sur un plateau glissa sur le sol. Il regarda la nourriture sans bouger durant quelques instants avant de commencer à l’enfourner dans sa bouche à l’aide de la cuillère en plastique. Quand l’ustensile se brisa, il utilisa ses mains à la place. Son corps se réchauffa en même temps qu’il apaisait sa faim. Il était en vie, bien qu’il ignorât pour quelle raison.

Il se releva d’un bond. Lorsqu’il posa les yeux sur le miroir métallique recouvert de crasse, il eut la surprise de tomber sur quelqu’un qu’il n’aurait jamais cru rencontrer ici, dans ce trou de merde oublié de Dieu.

Il s’était trouvé lui-même.

Le Professeur avait surgi pour arrêter la glissade vers la mort.

Avant de tenter de contacter qui que ce soit, il lui fallait reprendre ses esprits et assembler ses souvenirs. Il traversait la période la plus dangereuse de sa vie. Ses vingt-trois boucs émissaires étaient momentanément hors service. Cette fusion lui faisait l’effet d’une dose de sulfate de métamphétamine. Les événements lui revenaient avec autant de clarté que s’il les avait vécus lui-même. Il n’irait pas dans le mouroir créé par David. Il était assez solide pour survivre.

Mieux encore, il détruirait cette institution – pas uniquement pour lui, pour tous les autres patients aussi.

Mais chaque chose en son temps. Oui, chaque chose en son temps. Il se souvint que, dans un passé proche, il avait tenté de fusionner ses Habitants, mais les électrochocs avaient brouillé son esprit.

Bon Dieu, comme le Centre de santé mentale d’Athens et le docteur David Caul lui manquaient ! L’équipe soignante, là-bas, lui avait laissé entrevoir un avenir meilleur. Grâce à eux, il avait compris à quel point sa vie s’arrangerait s’il demeurait fusionné. Ces personnes avaient été les rencontres les plus bénéfiques de sa vie, mais il se trouvait maintenant confronté à leur complète antithèse.

Le docteur Caul avait tout juste commencé à briser la barrière entre le bien et le mal, essayant de lui ouvrir les yeux sur les salopards dont nous devons tous nous méfier. « Cesse d’être aussi naïf, Billy ! lui avait dit le docteur Caul. Pour chaque homme bien que tu rencontreras, il y aura un salaud qui essaiera de te nuire. Prends garde à lui, mais prends aussi garde à toi. Tu es quelqu’un de généreux, et les requins fondront sur toi à la première occasion.

— Que dois-je faire, docteur ?

— Survivre, lui avait répondu Caul. Tu finiras par fusionner et devenir un homme libre. »

Il ne laisserait pas cette institution le détruire.

Ni l’enterrer vivant avec les zombies du pavillon 9.

Il combattrait – que ce soit fusionné en son moi réel, ou non fusionné sous la forme de vingt-trois âmes perdues à la recherche de leur Professeur.

Les souvenirs affluaient. Les pensées lui revenaient à tire-d’aile, se fichaient en lui. Durant des jours, ni lui ni aucune de ses parties n’avaient prononcé un seul mot – aucun son n’avait franchi ses lèvres. Les surveillants pourraient contrôler son corps, mais son esprit resterait dissimulé hors de leur portée.

Quand son incarcération en cellule d’isolement prit fin, il se fit un devoir d’imiter en toutes choses les incohérents du pavillon. Il devait convaincre l’équipe qu’ils l’avaient brisé, décida-t-il. Qu’ils acquièrent la certitude d’avoir réussi à le transformer en l’un de ces morts-vivants. Puisque les surveillants le considéraient déjà comme un élément du mobilier, ils avaient dû rencontrer Mark, son zombie personnel. Dorénavant, il le savait, l’administration serait moins vigilante à son égard et finirait par baisser la garde.

Arrangeant ses testicules pour s’asseoir plus confortablement sur un tabouret de fumeur, le Professeur fit de son mieux pour fixer le mur opposé d’un regard éteint.

Ne pas manifester la moindre émotion. Demeurer silencieux. Conserver en toute circonstance un visage de pierre, pour convaincre les surveillants qu’il était bien devenu un légume décérébré supplémentaire. C’était foutrement difficile de simuler Mark – de laisser sa mâchoire pendre mollement et d’accomplir chaque mouvement au ralenti. Mais il se rendait compte, en écoutant les conversations des surveillants, que ceux-ci le considéraient déjà comme un trophée sourd et drogué de plus à leur tableau de chasse.

Au travers du brouillard médicamenteux qui engluait son esprit, il collectait des informations. Il écoutait. Observait. Absorbait. Ignorant les noms des surveillants (les demander lui aurait fait courir le risque d’être démasqué), il dut les numéroter, leur donner un surnom, et les imprimer dans sa mémoire.

Quand la période de marche obligatoire prit fin et qu’on le ramena dans sa cellule, il avait terminé ses associations mnémotechniques :

Numéro 1, GBL : Gros, Blond et Laid. Chique du tabac et joue au softball – un supporter des Stroh’s. Il dit que le nouveau surveillant chef de l’UTI sera Kelly – l’ennemi ultime. GBL raconte aussi qu’il baise l’une des standardistes.

Numéro 2, CCR : Crétin Courtaud Roux. Cheveux carotte, environ un mètre soixante-cinq. Reste assis avec un air niais pendant que les autres surveillants se foutent de sa gueule. Les seules informations qu’il a fournies sont ses scores au bowling et le fait que le surveillant n° 3 s’appelle Jack.

Numéro 3, JOC : Jack, l’Oreille Coupée. Une oreille manquante et un tatouage de serpent qui s’enroule autour de son bras gauche. De lui, j’ai appris que l’équipe thérapeutique se réunit deux fois par semaine à l’étage juste au-dessous du nôtre, que le docteur Lindner est le chef de cette équipe et Mme Grundig son infirmière en chef Et que tous les autres membres de l’équipe ne cessent de se tirer dans les pattes. Infos intéressantes et utiles...

Numéro 4, GP : Gros Porc. Porte des lunettes Coca-Cola. Assis au bureau du cercle, s’empiffre de junk food. A parlé de la nouvelle ordonnance fédérale qui régit cet hôpital. Elle vient d’être révisée et sera bientôt affichée dans tous les pavillons. Mais pour tous ceux qui bossent ici, ce n’est qu’une vaste blague. « Comment pourront-ils prouver quoi que ce soit ? a-t-il demandé en rigolant. Est-ce qu’ils vont se fier à la parole d’un taré ? Hé, peut-être qu’ils vont demander son avis à Milligan, là-bas !

— Les médocs et le Barbecue lui ont réglé son compte, a répondu Oreille Coupée. Tout le monde sait qu’on n’a plus à se soucier de sa sale gueule. »

Oh ! Comme ils se trompent !

Le Professeur sentait ses émotions fusionner de manière cohérente à présent, mais cette sensation l’angoissait. Il souffrait de penser au sort de Richard. Les mensonges qui avaient conduit son ami à se pendre suscitaient en lui une colère plus grande encore. Il enrageait au souvenir du passage à tabac infligé à Danny par le personnel, à celui des électrochocs de Tommy.

Le docteur Lindner s’était substitué à ses yeux au beau-père craint et haï de Billy, Chalmer Milligan.

Le Professeur tirait en revanche une étrange satisfaction du fait que le personnel et l’administration le pensaient réduit à l’état de zombie. Maintenant qu’ils croyaient avoir repris la main, ils commettraient des imprudences, des erreurs. Le Professeur ne leur montrerait pas qui il était vraiment, mais se contenterait d’observer en silence, sans cesser de manigancer et de les manipuler. Le simple fait de pouvoir formuler ces pensées démontrait qu’il n’avait pas abandonné la lutte, il le savait. Élaborer des plans témoignait de sa volonté d’escalader les parois du gouffre. Chaque morceau de lui-même palpitait d’une étincelle de vie se combinant avec les autres pour renforcer la totalité de son être.

Sa vie ne se terminerait pas ici. Il aurait un futur – l’avenir serait ce qu’il en ferait.

Il avait gravé dans son esprit la date du 14 avril 1980, à laquelle la loi imposait un nouveau passage devant la commission de révision des peines. À ce moment-là – s’ils n’avaient pas pu prouver qu’il représentait un danger pour les autres ou pour lui-même –, ils auraient l’obligation légale de l’envoyer dans une institution moins restrictive adaptée à sa pathologie, ou de le renvoyer chez lui.

Le Professeur n’ignorait pas que certaines personnes feraient tout ce qui serait en leur pouvoir pour empêcher cela.

Voilà pourquoi ils l’avaient jeté ici – au fond de la pire fosse dont ils disposaient : pour détruire ce qui lui restait de volonté de vivre.

Il les surprendrait.

Mais il devait se montrer prudent. S’il voulait saper de façon efficace cette structure répressive, la logique devait prendre le pas sur sa colère et sur son désir de vengeance. Il lui faudrait affronter non seulement les surveillants, mais aussi les administrateurs et l’institution tout entière, ainsi que les politiciens qui le manipulaient comme un pion. Il était un prisonnier politique bien résolu à survivre pour devenir la plus grosse épine dans le flanc du département de la Santé mentale de l’Ohio.

Une épine empoisonnée.

Les mille et une guerres de Billy Milligan
titlepage.xhtml
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_000.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_001.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_002.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_003.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_004.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_005.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_006.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_007.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_008.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_009.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_010.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_011.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_012.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_013.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_014.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_015.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_016.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_017.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_018.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_019.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_020.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_021.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_022.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_023.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_024.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_025.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_026.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_027.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_028.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_029.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_030.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_031.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_032.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_033.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_034.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_035.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_036.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_037.html
Les_mille_et_une_guerres_de_Bil_split_038.html