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Je hélai un taxi. Cette fois, je le vis arriver et je le reconnus. Pas lui.

J’ouvris la portière arrière, jetai sur la banquette mon sac et mes deux musettes et m’installai. Il regarda mon cigare avec une grimace. Il allait dire quelque chose mais je le devançai :

— Il y a quelques jours, un type maigre vous a flanqué une raclée et vous a enfermé dans le coffre, vous vous en souvenez ?

Le regard dans le rétroviseur se figea.

Il se souvenait de la Momie.

Il s’en souviendrait toujours.

— Tout à l’heure, j’ai liquidé ce type de mes mains, alors ne me cassez pas les couilles et n’essayez pas de prendre le pistolet dans votre boîte à gants, un mort par jour c’est ma dose. Je n’ai pas l’intention de vous braquer, mais pas de provocation !

Il acquiesça avec obéissance et démarra. Je lui donnai l’adresse et à l’arrivée il m’aida à descendre mes bagages, faillit me demander quelque chose, mais se ravisa. Il ne voulait pas de mon argent, mais j’insistai. Je lui donnai un billet de cent.

— Avec la monnaie, vous n’avez qu’à acheter vos propres tangas pour vos shoots, dis-je.

Il crut me reconnaître, mais préféra ne rien dire. Arrivé au carrefour, il faillit renverser une boîte aux lettres, parce qu’il m’épiait dans le rétroviseur.

Certes, ce n’était pas un quartier chic, mais le cabinet se trouvait dans un immeuble ancien rénové ; passé le seuil, on sentait une distinction et une prospérité discrètes afin de ne pas choquer les clients. Sur la plaque, le nom de l’avocate : la porte obéit quand je l’ouvris. Dans la coquette salle d’attente, la porte vitrée opaque du bureau dessinait une silhouette qui s’adressait à un interlocuteur sur un ton de reproche et qui se tut quand je poussai la porte. Elle était ivre et parlait toute seule. Elle revêtit un air de dignité en phase terminale et se retourna. Voyant que c’était moi, elle digéra l’information et se demanda si elle devait sourire ou continuer de pleurer.

— Salut, Nina.

Elle ouvrit la bouche, mais fut incapable d’articuler un mot. Je posai mes bagages sur le tapis et jetai sur la table l’autre sac que la Momie m’avait montré.

— Dis-lui de venir, dis-je.

Elle prit le sac et passa dans le bureau contigu d’un pas incertain. J’allumai un cigare. Elle revint, la démarche raide, évitant de croiser mon regard.

La perruque rousse de travers lui donnait un air comique.

— Salut, Noelia. Tout le plaisir est pour toi.

Elle s’effondra sur la chaise et éclata en sanglots qui venaient de loin. Ce n’était pas, ce n’était plus de la comédie. Mais elle me devait une montagne de réponses que je connaissais déjà.

— Pourquoi, Nina, pourquoi ?

Elle pleura encore un peu et se mit à parler comme pour elle-même :

— Parce que cette fille de pute me prenait toujours tout. C’était la plus maligne, la meilleure pour draguer, la plus sale à l’intérieur. Elle renifla bruyamment et reprit : Le pire, c’est que personne ne connaissait la vraie Noelia ! Elle trompait bien son monde, cette salope ! Même moi, j’ai mis du temps à découvrir ses manigances. Elle me regarda dans les yeux pour la première fois. Tu sais de quoi elle est morte ? De l’appendicite ! Tu trouves ça sérieux ?

Je ne trouvais rien. Le dessin prenait forme, mais il manquait encore quelques pièces et il n’y avait plus de ciseaux pour arranger l’ensemble. Nina continuait de dévoiler son histoire :

— Elle est morte à Marrakech, il y a deux mois. Comme elle avait coupé les ponts avec ses tantes, on m’a prévenue. Elle a été enterrée là-bas. Et moi, pauvre idiote, j’étais déjà prête à lui pardonner ses saloperies quand j’ai découvert sa comptabilité parallèle et le dossier Menéndez, car elle était méticuleuse. J’ai vite compris l’embrouille. Et tu avais raison : la Momie avait dévalisé Financur et lui avait confié l’argent.

J’allais lui poser une question, mais elle la devina :

— Pourquoi j’ai monté toute cette histoire ? Parce que je n’ai touché le fric que la semaine dernière ! Elle avait tout arrangé pour que le paquet ne reste jamais au même endroit, tout était programmé et calculé. De cette façon, personne ne pouvait le lui piquer. Après l’avoir reçu (oui, elle avait adressé le paquet à mon nom), j’ai compris que la maison ne lui appartenait plus : elle la louait à l’agence immobilière à qui elle l’avait vendue. Le type m’a appelée pour encaisser le loyer et comme je cherchais un…

— … un abruti pour détourner l’attention de la Momie, tu as payé le loyer et la comédie a continué, complétai-je.

Elle baissa la tête.

— Plus ou moins. Mais tu vois le tableau : je découvre le pot aux roses et je sais que tôt ou tard la Momie apprendra l’existence de mon ancienne collaboration avec Noelia et qu’il viendra me demander des comptes. La seule solution que j’ai trouvée, c’était de la garder en vie pour qu’on la suive en attendant de prendre une décision. J’avais besoin d’une personne qui ne soit pas d’ici et qui ne puisse mettre personne sur la piste. Je me suis déguisée en Noelia et j’ai engagé trois détectives…

— Pour choisir un Latino de Madrid. Mais pourquoi moi et pas un autre ?

Elle rougit, sans cesser de renifler.

— Parce que tu m’as plu. Et tu lui aurais plu, à elle. Tu n’avais pas vraiment d’amis à solliciter et il a été facile de te manœuvrer. Tu te rappelles José, le jeune homme qui t’a donné les clés de l’appartement ? Je l’ai payé cinq cents euros pour te mener en bateau, je lui ai dit que j’avais envie de te mettre dans mon lit mais que tu m’ignorais, et comme il me connaît… Et le nom de Marisa Castro, il te dit quelque chose ?

— La Galicienne…

— Tout juste. Manifestement, elle t’en voulait. Je lui ai refilé cinq cents euros pour qu’elle te fiche dehors, mais je crois qu’elle l’aurait fait gratis. Elle a cru que je me vengeais d’un tour de cochon que tu m’avais fait. Et j’étais persuadée que lorsque tu verrais ce sac de nœuds, tu prendrais tes jambes à ton cou, comme n’importe quelle personne sensée…

Sensée. Elle m’avait dit sensée ! Elle me parlait, à moi, d’une personne sensée !

— Je connaissais toutes tes manies, Nicolás, même ton rendez-vous hebdomadaire à la poste, pour ne jamais trouver une lettre…

— Hier, il y en avait deux. J’en ai refusé une et je donnerais ma vie pour ne pas avoir reçu l’autre.

Elle ne comprit pas et continua. Elle avait beaucoup de choses à raconter :

— À l’origine, mon plan était d’attendre que tu te barres et, pour compenser les mauvais moments que tu aurais vécus, de t’envoyer de l’argent à ton nom poste restante. Mais quand j’ai reçu le paquet de Noelia avec le butin, j’ai été bien embarrassée. Et j’ai continué la comédie. Conclusion, j’avais le fric sous la main et je pouvais le rendre, s’il le fallait.

— Sous la main, je te crois, dis-je en sortant de mon sac à dos le grand sac du Corte Inglés roulé en boule, que je posai sur le bureau. Pourquoi n’as-tu pas payé quand les choses ont tourné au vinaigre ?

— Pour cette raison même, dit-elle avec une logique implacable. J’ai découvert que tu connaissais le détective, parce que tu parles en dormant. Je ne l’avais pas payé et j’ai eu peur qu’il parle trop et qu’il te mette sur ma piste. Le soir où tu es allé le voir, après son assassinat, je lui ai téléphoné en me faisant passer pour Noelia : je pensais t’éloigner en te lançant sur une fausse piste. Il m’a dit qu’il y avait des policiers marrons dans l’affaire, m’a redemandé de l’argent et m’a parlé de Lidia. Je me suis toujours méfiée d’elle et tu le sais.

Je faillis lui demander de respecter un peu mieux mon amie décédée, mais ce n’était pas ma Lidia qui s’était fourrée dans ce guêpier. En outre, j’étais étonné de la finesse de Philip qui, en fin de compte, connaissait son boulot. Je trinquai mentalement à sa santé, mais elle m’interrompit avant la deuxième tour­née :

— J’ai eu peur pour nous deux, quand j’ai appris la mort de Mar López. C’est pourquoi j’ai monté l’histoire du Maroc et essayé de te convaincre de nous enfuir ensemble. Seulement voilà : M. Sotanovsky voulait savoir. Elle se mit à pleurer doucement. Voilà toute l’histoire.

Elle se tut et spontanément je lui racontai tous les petits détails que je lui avais cachés. Je lui parlai de la mort de Lidia et de Manolo, du cd et de sa double voix qui m’attendaient à la poste, de ma méfiance après l’embuscade dans le souk (elle jura qu’elle n’avait rien à voir dans cette histoire et je changeai de sujet, car je savais que c’était l’autre Lidia qui m’avait trahi), du jour précédent avec sa kyrielle démentielle de quiproquos et de faux enlèvements.

— Tu es allé te livrer pour moi… murmura-t-elle avec tendresse. Tu es trop con, Nicolás.

Elle avait raison. Je ne lui parlai pas de la fin de la Momie et quand le bruit du passage d’une voiture l’effraya, je me contentai de lui dire qu’il ne pourrait plus nous nuire.

— Quand as-tu découvert que je prenais la place de Noelia ?

— Ce matin. J’avais déjà des indices, mais ça me semblait tellement absurde… La carte postale du Maroc, c’était exagéré, même si je te sais gré d’avoir voulu m’éloigner du danger. Je trouvais déjà bizarre que la rouquine apparaisse si souvent alors qu’elle était en cavale, mais en plus tu n’étais jamais là quand elle apparaissait… et tu sais qu’il y a deux domaines où je suis incollable : la biographie de Superman et les doubles personnalités.

Il n’y avait plus de flash-back à tirer au clair, et s’il en restait, ils étaient sans importance.

Mais il me manquait une réponse, sans doute la plus importante.

— Vas-tu me dire pourquoi, après avoir monté toute cette embrouille pour échapper aux soupçons de la Momie, tu as débarqué chez Noelia en te fourrant au cœur de l’histoire ? La vérité, Nina…

— La vérité passe par le con, je te l’ai déjà dit. Tu vas me croire si je te dis que je l’ai fait parce que j’ai regretté de t’avoir mis en danger ?

— Je te crois. Mais à moitié. Il y a autre chose.

Je la regardai dans les yeux. Elle baissa la tête et parla avec rage :

— Oui. Tout ce plan si parfait, toute cette froideur pour calculer et mesurer les risques, toute cette merde que j’avais inventée, ça ne me ressemblait pas. Quand j’ai compris que j’avais pensé comme Noelia, que j’admirais peut-être aussi son mensonge, je me suis rebellée et j’ai décidé d’apparaître – elle sourit comme une gamine. En plus, j’avais envie de toi…

Le moment que nous repoussions tous les deux était arrivé. Nina parla la première.

— Et maintenant, Nicolás ? Pourquoi le chevalier offensé voudrait-il se venger de l’affront ? Ne vaudrait-il pas mieux nous enfuir avec le fric et vivre comme des princes, faire dix fois le tour du monde, n’importe quoi ? Parce que toi, tu n’es pas sorti de l’auberge ! Il y a des flics qui y ont laissé leur peau ! – elle changea de tactique. Ça représente un paquet de pognon, réfléchis à tout ce que nous pourrions faire avec presque un million d’euros…

— Presque huit cent mille, rectifiai-je. J’en ai donné deux cents à Serrano : il est amoureux.

Elle secoua la tête avec amertume.

— C’est bien ce que je disais : M. Sotanovsky a des manières, de foutues manières de perdant…

— Des gens sont morts, Nina, beaucoup de gens.

— Je ne les ai pas tués, ils se sont mis tout seuls dans ce merdier. Et ne t’en déplaise, Lidia l’a bien cherché. Comme le policier, comme les tueurs, comme le détective. Bon, lui, un peu moins que les autres.

— Ça y est ? Tu as fini ta liste des responsables de ce jeu dégueulasse que tu as déclenché, exprès ou pas ?

Je cherchai dans le bureau l’annuaire téléphonique et je le feuilletai sous le regard de Nina.

Je sortis le petit pistolet argenté de mon sac à dos, le posai sur la table, à sa portée, et continuai de chercher dans l’annuaire, comme si je ne voyais pas du coin de l’œil qu’elle l’avait empoigné d’une main ferme :

— Tu n’as pas besoin de chercher pour appeler la police, dit-elle sur un ton sec. Il suffit de composer le 091…

Je ne répondis pas, parce que j’avais trouvé le numéro et je tendis le bras au-dessus de l’arme pour rapprocher le téléphone. Je composai le numéro en retenant ma respiration, car le reflet de Nina dans la fenêtre me montrait que le pistolet était maintenant contre mes reins. Dans le combiné, j’entendis la tonalité, comme une explosion. Et les sonneries. Une, deux, trois, quatre, Nina actionnant un petit levier à l’arrière du pistolet, cinq, enlevant le chargeur, six, expulsant les petites cartouches avec un pouce triste et vaincu, sept, huit, le reposant sur la table, vide et aussi beau qu’un ornement funèbre, neuf. Nina enleva la perruque rousse et la jeta par terre. Quelqu’un décrocha, à l’autre bout de la ligne.

— Voyages Argensitur ? demandai-je. Passez-moi Julio – la main posée sur l’auriculaire, je me tournai vers Nina. Dans cette agence, j’ai un ami qui peut nous conseiller. Ce n’est pas parce qu’on a un tas de fric qu’on va le gaspiller, non ? Tu ne crois quand même pas que le fric tombe du ciel comme vache qui pisse ?

On n’a pas fait dix fois le tour du monde, mais ce n’était pas si mal.

Et on prenait notre pied.

Deux ans plus tard, il ne restait presque plus d’argent : il part comme il arrive. Lors d’une escale à Madrid on constata que tout était rentré dans l’ordre. Les gros bonnets liés à l’argent volé formaient une chaîne si complexe que lorsqu’ils se mirent à s’entretuer, ils tombèrent les uns après les autres. Sur la mort de la Momie rien n’était sorti dans les journaux et à la poste restante je trouvai une carte postale de Serrano, envoyée des Canaries. Elle était écrite en vers.

Je proposai à Nina d’arrêter. Elle n’insista pas, ne demanda pas d’explications. Elle préférait ne pas savoir la vérité.

Et la vérité, c’était que Nina était une femme explosive, drôle et moins superficielle que je ne le croyais. Elle était formidable et j’aurais aimé tomber amoureux d’elle.

Mais la vérité, comme Nina me l’a appris, passe par le con ; la vérité, nous la connaissions tous les deux et voilà pourquoi on ne se l’était pas dite : j’étais irrémédiablement tombé amoureux de Noelia.

Lavapiés, Casa Tirso, 2011.

Un jambon calibre 45
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